mercredi, mars 31, 2010

LES CROYANTS DANS UN CANADA SOCIALISTE

vol. 10, no. 14, 5 avril 2010, LUNDI DE PÂQUES, $ 1.00

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Statistiques Canada révélaient il y a quelques années que 10 millions de Canadiens se définissaient comme catholiques; la population du pays est de 33 millions d’habitants. La majorité des catholiques sont concentrés au Québec qui a, lui, une population de 7,6 millions d’habitants. Bien sûr, comme le disent les pratiquants, on ne voit plus que des « têtes grises » lors des offices religieux, souvent le prêtre est une personne consacrée provenant d’un autre pays, y compris parfois d’un pays en voie de développement; il a souvent plus d’une paroisse à desservir, ce qui révèle que les vocations se font rares.

Les marguilliers et les personnes préposées au développement de leur paroisse, mise à part l’évangélisation, constatent qu’il est de plus en plus difficile d’entretenir physiquement le patrimoine religieux, à commencer par les lieux de culte. Ce qui pèse lourd dans le panier des soucis des diocèses; sans compter les scandales à connotation sexuelle (les cas de pédophilie) et le rejet de la pratique religieuse par la jeunesse.
(Photo: ancienne école catholique, transformée en centre communautaire à Montréal).
Pourtant, l’Église catholique romaine du Canada encourage des mouvements sociaux, issus du sérail, comme Développement et Paix aidant les populations des pays en voie de développement. La Jeunesse ouvrière catholique (JOC), encadrant les adolescents et les jeunes dans des activités d’apprentissage et de découverte des réalités contemporaines - comme le monde du travail- joue un rôle tout aussi méritoire au Québec.

Mais la religion que bon nombre ont rejetée n’est pas tombée dans l’oubli chez la majorité des travailleurs canadiens-français. Ils sont prudents et rusés : si, après tout, il y avait une vie après la mort et que Dieu existe vraiment; que se passerait-il sans les sacrements? Aussi, plusieurs se marient toujours à l’Église, -journée grandiose pour la mariée qui est la plus belle de toutes-, font baptiser leurs rejetons et assistent à leur confirmation. On ne sait jamais après tout… Les travailleurs demeurent profondément croyants, mais réservés et attachés à la liberté d'assister ou pas à la messe, entre autres.

La foi, cette espérance en un Dieu sauveur, apporte énormément à la conscience de comment l’on conçoit le monde. Question d’un croyant : comment les savants ou les athées peuvent-ils affirmer que Dieu n’a pas créé l'univers? N’y a-t-il pas un monde de sérénité, de paix et de bonheur au ciel après toutes les misères que l’on doit endurer sur terre? Sur qui peut-on compter lors d’épreuves, avoueront même certains sceptiques?
Un peu d’histoire
Le philosophe grec Platon (427-347 av. J.-C.), qui a colligé les discours de Socrate dans son œuvre La République, n’a-t-il pas poursuivi dans la voie de son maître par ces mots : « Ne savez-vous pas […] que notre âme est immortelle et ne périt jamais? » (Penguin Classics, Toronto, 1987, p. 378). Ce qui ne signifiait pas pour autant qu’il devait y avoir un métissage de l’État avec l’Église. Nous sommes dans l’Antiquité où les cités grecques sont « protégées » par une pléiade de dieux. Aristote (384-322 av. J.-C.) pour sa part, dans La Politique, et succédant à Platon dit à ce propos : « Un État est l’association de personnes semblables dont le but est la vie la meilleure possible. Le mieux est le bonheur, et être heureux c’est la réalisation de la vertu et de la jouissance la plus adéquate possible. » (Penguin Classics, Toronto, 1992, p. 413).
(Photo SolidNet: manifestation en Grèce pour souligner le 8 mars, Journée internationale des femmes).

Karl Marx, abordant la question de la séparation de l’Église d’avec l’État, déclara : « Cette séparation de la religion de ces dogmes et institutions équivaut à l’affirmation que l’esprit général de la loi doit prévaloir dans l’État sans considération des lois particulières et des institutions légales positives. » (Collected Works, Volume 1, International Publishers, New York, 1976, p. 200). Illustrons cette approche par une sortie récente du Centre justice et foi, prononcée peu avant les Jeux Olympiques de Vancouver précisant que les évêques catholiques de la Colombie-Britannique et du Yukon : « […] rappellent aussi que le Concile Vatican II considérait comme une infamie ‘tout ce qui est offense à la dignité de l’homme, comme les conditions de vie sous-humaines, les emprisonnements arbitraires, les déportations, l’esclavage, la prostitution, le commerce des femmes et des jeunes; ou encore les conditions de travail dégradantes qui réduisent les travailleurs au rang de purs instruments de profit’ », (Prions en Église, Ottawa, février 2010, p. 188).
(Photo: église catholique à Montréal, paroisse St-Enfant-Jésus).

Les communistes se rangent derrière cette prise de position. Dans la foulée, Lénine a établi de plus que « nous pouvons avoir du monde une vision correspondant véritablement au sciences de la nature et au matérialisme. Précisons : 1. Le monde physique existe indépendamment de la conscience humaine et exista bien avant l’homme, bien avant toute ‘expérience des hommes’; 2. Le psychique, la conscience, etc., est le produit supérieur de la matière (c’est-à-dire du physique), une fonction de cette parcelle particulièrement complexe de la matière qui porte le nom de cerveau humain. » (Œuvres, tome 14, Éditions du Progrès, Moscou, 1976, p. 236).
Lénine dira plus loin : « Dieu est sans contredit le dérivé de l’expérience socialement organisée des êtres vivants ». (Œuvres, p. 238). Cependant comme en témoigne l’ouvrage collectif Lénine, La philosophie et la culture : « il assurait les croyants du respect de leurs convictions, acceptait l’adhésion de religieux au Parti et avançait la thèse de la subordination de la lutte pour l’athéisme aux exigences de la lutte des classes. » (Éditions sociales, Paris, 1971, p. 120).
Avant lui, Jean-Jacques Rousseau, dans son écrit Du contrat social témoignait du fait que : « Le Christianisme est une religion toute spirituelle, occupée uniquement des choses du Ciel; la patrie du Chrétien n’est pas de ce monde ». (Librairie Larousse, Paris, -1762-, p. 110). Diderot, l’Encyclopédiste français a rédigé un court texte, La morale de l’athée, où il invite le lecteur à comparer le discours d’une dévote à celui du philosophe Crudeli -qui n’est autre que lui-même-. La Maréchale. À la bonne heure; mais quel inconvénient y aurait-il à avoir une raison de plus, la religion, pour faire le bien, et une raison de moins, l’incrédulité, pour mal faire? Crudeli. Aucun; si la religion était un motif de faire le bien, et l’incrédulité un motif de faire le mal. » (L’œuvre de Diderot, Extraits, Librairie Hachette, 1953, p.101). Voltaire dans sa Prière à Dieu n’a pas été en reste : « Puissent tous les hommes se souvenir qu’ils sont frères! Qu’ils aient en horreur la tyrannie exercée sur les âmes, comme ils ont en exécration le brigandage qui ravit par la force le fruit du travail et de l’industrie paisible! (Œuvres philosophiques, Extraits, Classiques Larousse, Paris, p. pp. 76-77).

L’éveil du monde arabo-musulman

On parle beaucoup de l’Iran ces jours-ci. On entend le point de vue des États-Unis et de leur allié Israël au Moyen-Orient. Ils font campagne pour que le monde entier adopte des sanctions pénalisant le régime en place -le nucléaire oblige!- soit le gouvernement islamiste qui a confisqué la révolution du peuple persan contre la dictature sanguinaire du shah, en 1979. Malheureusement, le peuple iranien n’est pas encore au bout de ses peines. Ainsi Tudeh News, le Bulletin international du Parti Tudeh d’Iran (communiste), de février-mars 2010, publié à Londres, ne mâche pas ses mots pour dénoncer virulemment la ségrégation fondée sur le sexe, des garçons et des filles, tant les étudiants et que les élèves en Iran, projetée par le pouvoir en place. Comme le dit le bulletin : « Les militantes féminines croient fermement que la ségrégation sexuelle dans les universités sera certainement défaite. Le but de plan est de faire pression sur les étudiants et de bloquer la présence active de la jeunesse, et particulièrement des étudiantes universitaires, sur la scène sociale ». Ce n’est qu’un des aspects du régime fondamentaliste et rétrograde du gouvernement d’Ahmadinejad; pourtant la démocratie ne jaillira pas des pressions des États-Unis; elle viendra du peuple et le peuple a une grande et longue tradition de luttes populaires; il est capable de résoudre ses problèmes sans passer par les puissances étrangères qui n’ont, après tout, que le pétrole iranien dans la ligne de mire.

Confrontés aux prétentions et à la volonté d’hégémonie dans la région, certaines couches de la population du Moyen-Orient se sont réfugiées, entre autres, dans la religion. Ils campent dans un intégrisme religieux et les musulmans qui immigrent pour trouver un havre de paix et une vie meilleure importent souvent avec eux le pire de leurs coutumes nationales; ce qui a de quoi faire sursauter les habitants des pays d’accueil. C’est cela qui se passe au Québec maintenant. Jean-Jacques Rousseau, pour revenir à sa pensée, ajoutait dans Le Contrat social (p. 111) : « Pour que la société fût paisible et que l’harmonie se maintînt, il faudrait que tous les Citoyens sans exception fussent également bons chrétiens. » Ici, on ne peut souscrire à son jugement.
À cet effet, la chargée de cours en sociologie à l’Université du Québec à Montréal (UQAM), Mariam Hassaoui, souligne dans le quotidien La Presse du jeudi 25 mars que « les femmes musulmanes qui portent le foulard constituent 10% des femmes de culture musulmane québécoise, qui elles-mêmes représentent 2% des femmes au Québec ». Il faut ajouter que le monde arabo-musulman est, -l’existence de communistes en Iran ou en exil le prouve-, traversé par des courants politiques et sociaux. Au Canada, la population d'accueil est assez sensibilisée aux prébendes des seigneurs de la guerre en Afghanistan, maintenant les populations dans un régime féodal et asservissant la femme. Il y a eu des allégations de fraude et de corruption à l’égard du gouvernement Karzaï, en ce qui concerne le détournement possible de l’aide internationale. Ceux et celles qui l’ont dénoncé ont été menacés de mort par des milieux obscurantistes qui désirent le statu quo, y compris la présence militaire étrangère, dont le contingent canadien. Ça justifie leur survie et renforce leur mainmise au sein des clans tribaux.
(Photo L'Humanité: villageois en Afghanistan).

L'immigration mal vécue, l'arrivée mal comprise

Étant immigrées au Canada, les femmes musulmanes désirent protéger leur identité nationale par le port du voile ou des vêtements moins discrets; ce qui donne lieu à une incompréhension mal dissimulée chez les Canadiens-français. On monte en épingle les cas les plus spectaculaires, comme cette jeune femme expulsée d’un cours de francisation parce qu’elle portait un voile dissimulant son visage, sauf les yeux. Afin de ne pas être taxé d’inertie par des citoyens chauffés à blanc par certains médias, une certaine presse jaune, le gouvernement du Québec a présenté un projet de loi établissant les grands principes qui guideront le Québec : « l’égalité entre les hommes et les femmes et la neutralité religieuse de l’État. Toute demande d’accommodement sera subordonnée à ces deux principes », dixit La Presse. Enfin, le projet de loi exige que tous « doivent avoir le visage découvert », bénéficiaires des services de l’État et fonctionnaires, y compris le corps policier.

À ce sujet, on peut mentionner que dans les années Reagan aux États-Unis, le mouvement pour la paix dans la province de Colombie-Britannique avait organisé une grande manifestation à laquelle s’était jointe une cohorte de policiers de Vancouver portant un macaron assez surprenant: « Cops for Peace » - Les policiers pour la paix-. Aussi, ce n’est pas sans étonnement que La Vie Réelle a pu lire dans La Presse du jeudi 25 mars que la Confédération des syndicats nationaux (CSN) et le Syndicat de la fonction publique étaient contre les signes ostentatoires religieux, comme la croix ou la kippa (la calotte juive), et réitéraient que les employés de l’État « ne peuvent, au nom d’une obligation de réserve, afficher leur allégeance politique ». Évidemment, la permission de porter des signes religieux ouvre la porte au port de signes politiques, mais n’est-ce pas sain dans une société libre et démocratique? Comment le lecteur interprétera-t-il les salutations de cet opérateur de métro de Montréal, lors de la grande manifestation du 20 mars 2010 à Montréal, dirigées vers les participants, quittant la station, avec son encouragement. Visiblement, il était enthousiaste; probablement que son supérieur n’a pas apprécié. Mais n’est-ce pas cela la lutte pour faire avancer le droit d’expression et de liberté de parole?
La Vie Réelle se félicite de l’ouverture du gouvernement Charest. Quand la poussière se sera déposée, le dialogue sera possible parmi les croyants. Il sera tout aussi fécond entre croyants et athées.
Ainsi, l’Église catholique a établi les balises et les normes de vie pour la société canadienne-française de la conquête de 1760 jusqu’à la révolution tranquille dans les années 1960. Aujourd’hui, après quelques années de laxisme, la Commission scolaire de Montréal (CSDM) « veut inculquer à ses élèves des valeurs de solidarité, d’entraide et d’engagement », afin d’en faire des citoyens responsables.
Anecdote avant de conclure : nous sommes en 1996, dans le métro de Montréal, une étudiante musulmane portant le voile retourne chez elle après le cours de français qui se termine assez tard le soir. Elle est assise devant l’auteur de ces lignes, pas du tout croyant. Elle fouille dans son sac à dos, le signe très visible des jeunes, et en sort son souper. Voyant ma curiosité, elle m’offre une galette de pain genre pita avec une garniture abondante. On goûte; mais c’est très bon. Nous avons bavardé un peu. On n’a pas cherché à savoir ce qui nous séparait, mais il y avait cette faim qui nous tenaillait, nous unissait, nous fit pouffer de rire et bien rigoler. Elle aussi c’est une Québécoise. (Photo: cathédrale Marie-Reine-du-Monde, au centre-ville de Montréal; sanctuaire très visité, notamment par de nombreux touristes).
Cet article a commencé par un retour en arrière sur Platon. Laissons donc aux Grecs anciens le soin de le terminer. Il s’agit d’une référence à Antigone de Sophocle (Dover Publications, New York, 1993, p. 3). À l’époque les femmes occidentales n’en « ramaient pas large ». Écoutons Ismène : « We must remember we are women born, Unapt to cope with men; and, being ruled by mightier than ourselves...” (Nous devons nous rappeler que nous sommes nées femmes, inhabiles à rivaliser avec les hommes; somme toute dirigées par plus puissants que nous...)

Donnons donc un peu de temps aux Musulmanes voilées!
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mercredi, mars 24, 2010

75 000: LE COMPTE EST BON

vol. 10, no. 13, 29 mars 2010, $ 1.00



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Quiconque a visité ou vit à Montréal, sait qu’en mars la température n’est guère certaine dans la métropole des Canadiens-français du Québec. Bon, voilà il fait doux, et puis les vents froids se lèvent et s’engouffrent dans le centre-ville où s’agglutinent les gratte-ciels et les hôtels de luxe. La pluie peut être encore glaciale.

(Photo: regroupement des syndiqués avant la manifestation de mars 2010)
Mais des bouches de métro : Peel ou Bonaventure, accompagnés des arrivants des régions, les manifestants –de bonne humeur-, s’approchaient du Parc du Canada. Ce fut le point de départ d’une des plus grandes manifestations que le Québec ait connu depuis des lustres. Ça fait tout de même pas mal de monde « à la messe » comme on dit ici : plus de 75 000 syndiqués qui en ont gros sur le cœur. L’équivalent à Paris aurait été, compte tenu de la taille de la population, de 750 000 personnes.

Ensemble pour les services publics

Le bulletin syndical Webdo Info (publié par la Confédération des syndicats nationaux, ndlr) n’a pas été avare d’information sur le conflit en cours. Il nous apprend que depuis octobre 2009, les 475 000 employés de l’État, notamment des secteurs de la santé et de l’éducation ont amorcé leur négociation avec le gouvernement du Québec. C’est un moment important. Comme ils l’affirment : « il y aura en effet quatre ans, le 15 décembre (2005, ndlr), le gouvernement Charest imposait, par loi spéciale et sans raison légitime, deux années de gels de salaires, de faibles augmentations pour les autres années ainsi que de nombreux reculs dans les conventions collectives. Elles viendront à échéance le 31 mars 2010 ». Tout est dit… En pratique, ce fut un gel des salaires déguisé.

En février 2010, les économistes du mouvement financier Desjardins prévoyait « pour les cinq prochaines années, au final, la perte de leur pouvoir d’achat […] entre 3,5% et 5%. »
D’ailleurs un comité consultatif, désigné par le gouvernement, n’y est pas allé de main morte pour réviser la fiscalité eu égard à la participation des travailleurs. « Parmi les mesures proposées : 1,5 cent le kilowatt-heure, une contribution santé de 25$ par visite, la hausse des frais de garde de 7 $ à 10 $ et celle des droits de scolarité pour rejoindre la moyenne canadienne de 1668 $ à 5350 $. »

Bien sûr, les cyniques diront que l’on ne peut s’attendre à mieux de la part des Libéraux au pouvoir, mais dans le cas des droits de scolarité, même l’ancien Premier ministre et chef du Parti québécois (nationaliste), Lucien Bouchard, a appuyé ce projet. Pour la Confédération des syndicats nationaux (CSN), ces « droits de scolarité […] imposeraient un modèle nord-américain très éloigné des valeurs d’équité de notre société. » Les étudiants de niveau postsecondaire partagent ce point de vue.

(Photo: arrivée des manifestants près des bureaux du Premier ministre du Québec à Montréal)
Mais le gouvernement libéral du Québec ne fait pas cavalier seul, puisque le gouvernement conservateur, et minoritaire, du Canada a présenté un budget en mars 2010 qui ne rassure pas. « Ce budget marque l’obsession du gouvernement à retrouver l‘équilibre budgétaire à coups de compressions colossales dès l’année prochaine. Il persiste et signe dans sa volonté de réduire les impôts des particuliers et des sociétés, y compris ceux des pétrolières et des financières. »
Notons que la part réservée au volet militaire est largement en hausse, Afghanistan oblige!

L’avenir du Québec et du Canada anglais

Si le lecteur ignore tout de la vie politique au Canada, ou encore que ce ne soit pas « sa tasse de thé », il sera peut-être perplexe. En effet, que font les Québécois, par exemple, pour s’extirper d’une pareille catastrophe économique et sociale; à part leurs luttes syndicales, bien entendu. Dans le cas de la CSN, elle appuie ponctuellement le parti Bloc québécois, nationaliste et centriste. Incidemment, lors des élections fédérales, c’est généralement ce parti qui l’emporte au Québec, au nom de la défense des « intérêts québécois ».

Mais la plaque d’argile commence à glisser sur le roc. En émerge le Parti communiste du Canada (PCC). Derrière sa bannière dénonçant l’Organisation mondiale du commerce, le Fonds monétaire international et la Banque mondiale qui ont influencé les décisions des divers gouvernements au Canada, ses militants ont vendu et distribué son journal en langue française, Clarté; c’est un retour, le journal a été requinqué et séduit davantage. À preuve : les ventes militantes ont rapporté plus de 200.00 $ lors de la manifestation des employés de l’État, et des dizaines d’exemplaires ont circulé parmi les manifestants.
(Photo: les communistes québécois dénonçant le véritable Axe du mal).

Le Comité central du PCC attache une grande importance aux luttes des travailleurs québécois. Le PCC a tenu son dernier congrès en février 2010 qui se traduit par une énergie nouvelle. Un nouvel organisateur, qui met les bouchées doubles pour apprendre le français – et agit aussi comme secrétaire général de la Ligue de la jeunesse communiste (LJC), Johan Boyden, - a impulsé un mouvement très dynamique à Montréal. D’anciens membres qui avaient quitté ou s’étaient éloignés lors de la crise du mouvement communiste international ont été rejoints. Désormais, le Comité central veut rebâtir l’organisation.

Il faut dire que le Québec, c’est la patrie des canadiens-français. La population est de 7,6 millions d’habitants, ce qui en fait la deuxième province du Canada par ordre d’importance, après sa voisine, l’Ontario –anglophone-. Le Québec est particulièrement développé en aéronautique et dans les communications; 40% de sa main-d’œuvre est syndiquée. La CSN, que nous avons cité, a 300 000 adhérents; sa partenaire dans l’organisation de la manifestation et associée dans la négociation avec le gouvernement du Québec s’appelle la Fédération des travailleuses et des travailleurs du Québec (FTQ) regroupe, elle, 500 000 membres. Les communistes, avant la crise des années 1980-1990, étaient très actifs dans le mouvement syndical québécois; idem, pour ce qui est du mouvement ouvrier à travers le Canada.

Au Québec, la langue nationale –et il ne faut vraiment pas passer cela sous silence- c’est le français; peut-être un peu rocailleux, mais ne vous y trompez pas, c’est en français que ça se passe au Québec. Les communistes qui avaient d’ailleurs souligné la Fête du Québec dans leur presse anglophone en 2009 (cf. People’s Voice) ne manqueront sûrement pas de récidiver en 2010. La langue n’est pas qu’un mode de communications, c’est une façon de vivre. La culture québécoise (cinéma, théâtre, chanson, arts de la scène en général –on connaît le Cirque du Soleil-, est très riche et très variée. Ce n’est pas sans raison que les travailleurs canadiens-français sont fiers de ce qui se fait « ici », d’où la popularité de la chanteuse Céline Dion.

On comprendra l’intérêt entre autres de faire venir des documents et publications de France pour alimenter la curiosité des ouvriers canadiens-français. De là toute la sympathie de La Vie Réelle pour le Pôle de Renaissance Communiste en France (PRCF), animé notamment par le philosophe communiste français Georges Gastaud, dont l’ouvrage Sagesse de la Révolution a été distribué –modestement, certes- mais réellement distribué au Québec. Bien sûr, les communistes québécois respectent profondément les militants et les travailleurs associés au Parti communiste français. En Amérique du Nord, on présume qu’éventuellement l’unité reviendra dans la grande famille communiste internationale et que la discussion sera possible –puisque souhaitable et nécessaire- sur l’héritage légué par la révolution d’Octobre, le triomphe de la révolution cubaine; bref, sur tous ces difficiles questions qui sont tues et nuisent à la conversation libre et démocratique.

Cap sur le Premier Mai!
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jeudi, mars 18, 2010

LE BRAS DE FER DU CAPITALISME

AVANT-PROPOS: le 22 mars 1975 était fondée, à Québec, l'Association nationale des étudiants du Québec (ANEQ). Elle est née de la lutte des étudiants de niveau postsecondaire pour un meilleur système de prêts et bourses. Ils ont eu gain de cause. L'unité des étudiants de niveau universitaire et collégial, anglophones et francophones a permis cette victoire. L'année suivante, ils réclamaient la gratuité scolaire.

vol. 10, no. 12, 22 mars 2010, $ 1.00

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Le capitalisme ne se rend pas. Aux États-Unis, certains –peut-être avec raison- s’accrochent à l’idée que Barack Obama sauvera le peuple de l’abysse. On peut l’illustrer par le témoignage d’une enseignante montréalaise, Grace Sealey, originaire de Trinidad, qui s’est rendue à l’assermentation du président l’an dernier et qui témoigne dans The Gazette en janvier 2010 « qu’il a fait beaucoup, qu’il s’est fait des ennemis en changeant les règles du jeu pour l’assurance-santé, les guerres et que l’inaction lui en aurait valu tout autant ». (Photo People's World: manifestation en 2009 pour la présentation du film de Michael Moore sur le capitalisme).

Pendant ce temps-là, « le Pentagone a récemment remis en question les relations entre la Chine et les USA -sous la présidence de Barack Obama- en approuvant […] la vente pour 6,4 milliards $ de missiles Patriotes, d’hélicoptères Black Hawk, de navires de chasse anti-mines et autres armes », au gouvernement de Taiwan. Pour la porte-parole du Département d’État US, Laura Tischler, cela « contribue au maintien de la sécurité et de la stabilité dans le détroit de Taiwan » (sic). The Gazette s’en est fait l’écho au début de février.

On peut dire que, somme toute, les travailleurs ne sont pas tous dupes de ces méthodes à l’échelle internationale. Ce qui explique peut-être qu’en prévision des élections législatives en République tchèque en mai 2010, le parti communiste de Bohême et de Moravie (KSCM), troisième force politique au pays, est victime de campagnes visant à le disqualifier pour l’exclure du spectre des partis parlementaires démocratiques. Il faut comprendre qu’on essaie de « détourner l’attention [de la population] des problèmes croissants, des affaires et de la corruption et d’éliminer les tensions sociales qui montent dans la société à cause de la crise économique ».
Aujourd’hui ce parti compte sur la solidarité internationale. D’ailleurs, leur message a été diffusé par SolidNet, réseau international d’échanges des partis communistes et ouvriers en janvier 2010 pour le Comité central du KSCM. Ceux-ci ont manifesté leur soutien.

En Russie aussi, autre pays anciennement socialiste, la situation se corse. Des milliers de travailleurs et de retraités ont répondu à l’appel du parti communiste pour protester contre la détérioration rapide des conditions de vie de la population; « des dizaines de millions de citoyens font face à la montée du chômage et à la poussée scandaleuse des prix et des coûts des services publics », a déclaré le secrétaire général du parti communiste de la fédération russe, Gennady Zyuganov. Les dernières élections régionales confirment la grogne alors que le parti communiste a doublé son score électoral dans de nombreuses régions du pays. Encore une fois, c’est le quotidien The Gazette qui rapporte les mouvements sociaux dans une livraison de février dernier.

Un retour à la fin des années 1980

À l’époque, on ne donnait pas cher de la peau du mouvement communiste international. Tous les idéologues de la droite et de l’extrême droite le tenaient pour mort ou condamné au trépas ad patres. C’est un peu comme de dire à quelqu’un qui n’a jamais vu la chute des feuilles des arbres à l’automne -comme celles de nos beaux érables- : ces arbres se meurent; alors qu’en réalité, ils entament une vie différente moins glorieuse et moins flamboyante. Un peu à l’écart, ils se préparent à l’hiver pour reprendre de nouvelles forces.

Nous sommes ainsi parvenus à une étape différente : c’est le printemps. La sève monte dans les membrures des arbres, des forêts de feuillus; la sève chauffée par le soleil nourrit l’érable dont on fait le sirop d’érable, du moins dans le nord de l’Amérique, notamment au Québec. On nous a assez rabâchés les oreilles avec la fin des idéologies, en particulier du communisme, mais le printemps, ce grand printemps des peuples se prépare et l’été prolongera l’élan.
(Photo Josette Thibault: forêt canadienne vers la fin de l'été).

Il n’existe pas de « petit catéchisme » pour déterminer la voie exacte à suivre, mais les progressistes du monde entier doivent s’entraider.

C’est dans cet esprit que les communistes du Québec devraient voir les relations futures avec le mouvement communiste français. Bien sûr, il n’y a aucune comparaison possible quant au nombre des membres et militants : la France l’emporte, mais peut-être que le Québec a des recettes de son crû qui plairont au palais de nos camarades d’outre-Atlantique. L’Internet et le Capital rapprocheront les « modernes » des deux continents; et puis la belle saison favorise les voyages.

Nos camarades de France doivent savoir que leur histoire politique jouit d’un prestige important au Québec et que leurs victoires ont toujours été un peu considérées comme nos victoires, pour les communistes québécois. Il n’y a pas que les francophones qui s’intéressent à l’Europe, et à la France en particulier, les démocrates anglophones (de Vancouver, de Toronto…) veulent en connaître davantage sur les progrès des ouvriers et des travailleurs français dans leur ensemble.
Vraiment, comme disaient les hockeyeurs soviétiques dans les années 1970 à l’égard des joueurs canadiens : « nous sommes venus pour apprendre ». Les communistes canadiens également pourraient dire la même chose à nos « sans-culottes » de l’Hexagone. En ce moment, les communistes québécois doivent se regrouper, lire des ouvrages et périodiques marxistes et appuyer le parti Québec solidaire et se réunir pour définir des actions et des campagnes précises.
En automne 2011, il y aura à Lyon en France, un très important congrès international où les psychiatres ayant une vision progressiste du monde se réuniront pour partager leurs connaissances sur les enjeux reliés aux problèmes psychiques nés de la mondialisation. En France, le psychiatre Bernard Doray a invité des collègues québécois à y participer. Voilà, le genre d’activités qui en marge pourrait favoriser des rapprochements. Assurément, d’autres prises de contact peuvent avoir lieu. Les rencontres organisées par l’Office franco-québécois de la jeunesse ont bien servi la cause, idem.

Alors dites-nous, que faites-vous dans vos chaumières pour vous sustenter?
(Photo SolidNet: manifestation en Grèce, prélude au mouvement de 2010. Les communistes grecs tout comme les communistes français ont joué un rôle important au Québec pour le développement des idées de gauche).
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jeudi, mars 11, 2010

QUESTIONS DE NATIONS ET DE NATIONALITÉS

vol. 10, no. 11, 15 mars 2010, $ 1.00

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Dans une lettre à son ami Frédéric Engels, en 1867, -tiens l’année de la fondation du Canada!-, Karl Marx écrivit : « Auparavant, je considérais la séparation de l’Irlande d’avec l’Angleterre comme impossible. Aujourd’hui, je la considère comme inévitable, dût-on, après la séparation, aboutir à une fédération. » J’entends les applaudissements des « souverainistes » qui ne comprennent pas pour autant que c’est d’abord pour l’émancipation du peuple travailleur irlandais que Marx entrevoyait cette réalité; il en irait de même pour la classe ouvrière québécoise qui doit prendre la direction politique du mouvement national.

Lénine, qui a poursuivi le combat de Marx, a renchéri dans un ouvrage célèbre Du droit des nations : « Les larges couches de la population connaissent bien, par leur expérience quotidienne, l’importance des liens géographiques et économiques, les avantages d’un vaste marché et d’un vaste État, et elles ne penseront à se séparer que si l’oppression nationale et les frictions nationales rendent la vie commune absolument insupportable et entravent les rapports économiques de toutes sortes. » (Photo SolidNet: en Europe, le grand capital veut asservir les millions de travailleurs du continent, par une union forcée et frauduleuse; au Canada, l'union qui existe pourrait se transformer politiquement et garantir des droits égaux aux nations au-delà du carcan corporatif des sociétés multinationales, au premier chef).

On doit remercier le philosophe communiste français, Georges Gastaud, qui a bien fouillé le dossier pour son essai Patriotisme et internationalisme publié en 2009. Il collabore à la revue ÉtincelleS publiée par le « Pôle de Renaissance Communiste en France », en tant que Directeur de publication adjoint. Il correspond avec La Vie Réelle depuis au moins une bonne dizaine d’années.

Mais pour revenir à la situation en Grande-Bretagne, c’est avec beaucoup de joie qu’on souligne qu’en février 2010, les partis communistes d’Irlande et d’Angleterre (Britain, ndlr) ont émis un communiqué conjoint en solidarité avec les travailleurs grecs, affirmant que « la classe ouvrière grecque est maintenant en première ligne dans la lutte de résistance aux politiques antipopulaires dictées par l’Union Européenne, imposées par le gouvernement du PASOK (parti socialiste grec), soutenues par Démocratie Nouvelle (conservateurs) et tous les secteurs de la bourgeoisie grecque, pour faire payer au peuple grec la crise du système [capitaliste]. »

Question nationale oblige, on ne peut gommer l’histoire récente de Chypre où les Casques bleus canadiens ont d’ailleurs été déployés jusqu’à tout récemment, au nom de l’Organisation des Nations Unies (ONU); pour contenir les forces armées turques dont le gouvernement avait ordonné l’agression contre Chypre et l’occupation par celles-ci d’une partie de son territoire. Les forces de l'ONU devaient aussi maintenir la paix entre les deux communautés. Maintenant, « AKEL (le parti communiste cypriote, ndlr) lance un appel à nos compatriotes cypriotes turcs pour qu’ils exercent leur influence sur [l’autorité cypriote turque], et aussi sur Ankara (capitale de la Turquie, ndlr), demandant le respect de l’accord prévoyant une solution fédérale bi zonale et bi communale qui permettra de réaliser la réunification de notre pays, dans la paix durable et la sécurité pour tous les Cypriotes et la prospérité de notre pays et de notre peuple. » (cf. AKEL Bulletin, no. 29, Feb. 2010, Nicosie, Chypre, p. 11).
(Photo SolidNet: manifestation de fonctionnaires turcs en 2009; au sortir d'un long servage).

Le Canada à la croisée des chemins

Cette question de principe anime les communistes cypriotes. Pour le très conservateur The Gazette de Montréal, la nation canadienne-française ne semble pas mériter un pareil traitement, tel que le droit à l’autodétermination, jusqu’à et y compris la sécession. Au contraire, le quotidien appelle à « la considération d’un pacte entre les partis fédéralistes au Québec ». Ici, il s’agit de calculs mesquins du genre : « mais en termes de leur enracinement et de leur couverture par les médias, chacun des partis (libéral et conservateur, ndlr) devraient concentrer ses ressources en consolidant ses châteaux-forts ». Le journaliste, M. MacDonald, estime que c’est le moyen le plus sûr pour défaire le Bloc québécois, nationaliste. Mais il feint d’ignorer que c’est d’abord et avant tout le contenu populiste du Bloc québécois qui lui vaut autant d’appuis et non pas son penchant indépendantiste. Le Québec, et surtout sa jeunesse, est ancrée à gauche et croit très fermement en des valeurs démocratiques, même si elles sont assez souvent anarchistes et petites bourgeoises.

Dorénavant, le « nouveau » peuple québécois veut bâtir lui-même son nid et établir par lui-même ses relations et ententes, y compris à l’étranger. Ainsi, beaucoup de démocrates québécois seraient bien d’accord si les communistes d’ici rapportaient, à l’instar du Parti communiste du Brésil- PCdoB, (cf. Bulletin Internacional, Sao Paulo, Nr. 5, September 2009, p. 4) « que de 2006 à 2009, nous pouvons souligner la coopération avec le Parti communiste grec en ce qui regarde le mouvement pour la paix et l’organisation des Rencontres des partis communistes et ouvriers, et la coopération avec le Parti communiste portugais ».

Malgré les dissensions entre partis communistes européens sur des questions telles le rôle de Joseph Staline, le caractère de la République populaire de Chine ou la nécessité de la dictature du prolétariat, le PCdoB rend compte qu’ « En Europe, nous avons mis l’accent sur les relations avec les deux partis communistes italiens, le Parti communiste français, les Partis communistes espagnols, le Parti communiste de la République tchèque et le Parti communiste de la Fédération russe, entre autres. Le Parti a aussi maintenu des relations importantes avec les intellectuels marxistes à travers des réseaux et des fondations. » (Photo SolidNet: manifestation de gauche en Grèce contre les mesures d'austérité).

Errances et immigration

Les pays ouest-européens ont accueilli de nombreux immigrants depuis la défaite du socialisme en URSS et le début de la crise économique. Le cas de l’Allemagne est assez révélateur. D’après Argenpress du 27 janvier 2010, « un habitant sur cinq en Allemagne en 2008 était immigrant; soit 15,6 millions sur un total de 82,1s ». Les chiffres ont pour origine le Service fédéral de la Statistique allemand. La majorité des immigrants viennent de Turquie (2,9 millions). Les anciens pays socialistes ne sont pas en reste : URSS, 2,9 millions; Pologne, 1,4 millions; et Yougoslavie, 1,3 millions. À cette liste, il faut rajouter la présence de travailleurs temporaires qui sont citoyens de l’Italie (795,000 personnes) et de Grèce (391 000). Le Parti communiste allemand a des contacts privilégiés avec tous ces travailleurs migrants et saisonniers.

Des affrontements politiques et idéologiques

Même si la conclusion de cette chronique n’est pas directement liée aux questions nationales et de nationalités; on ne peut passer sous silence que tous ces affrontements se font la plupart du temps au nom de la démocratie : le droit de conserver sa langue, le droit de s’établir ailleurs… Tous reconnaîtront que la liberté d’expression est sans conteste, le droit le plus prisé.

The Gazette rappelait récemment que : « La liberté d’expression est un droit humain selon la Déclaration universelle des Droits de l’Homme. C’est le droit de parler sans censure, de partager des idées et de l’information sans interférence. Au Canada et ailleurs dans le monde civilisé, la liberté d’expression est partie prenante de la foi, un rempart contre les forces de la tyrannie […] L’antidote à la liberté d’expression se fonde sur davantage de liberté d’expression. »

Le dramaturge allemand Bertolt Brecht, dans une polémique avec l’auteur anglais Herbert Wells, souligna qu’ « À Londres, il suffit au gouvernement, s’il veut que la parole reste sans effet, que le porte-parole n’ait pas de salle ou pas de journal. » (cf. Les Arts et la révolution, L’Arche, Paris, 1970, p. 69). Qui a vu le film de Costa-Gravas, Z, sur le coup d’État des colonels en Grèce dans les années 1960, comprendra ce que signifiait d’avoir un problème de salle! On peut dire que depuis de nombreuses années maintenant, le Parti communiste du Canada n’a plus de publication régulière en français. Ce qui explique sans doute que, pour bon nombre, ce parti n’existe pas au Canada; on ignore ses politiques eu égard à la crise, à titre d’exemple. Ceci donne le champ libre au cynisme des capitaines d’industrie qui, par leurs moyens colossaux, -et compte tenu de l’opinion publique-, cherchent à faire « partager » les coûts indésirables et « imprévisibles » de la crise sur la place publique auprès des travailleurs, des chômeurs et des retraités.

C’est peut-être très « démocratique » comme procédé, mais cela n’a pas empêché plus d’un travailleur états-unien de crier bien fort en février dernier : « J’en ai marre des rassemblements, je veux batailler! » Ce sont les mots d’un directeur, pour l’État de l’Ohio, de la Fédération américaine du Travail-Congrès des organisations industrielles (AFL-CIO), en s’adressant aux centaines de personnes qui avaient bravé le froid pour soutenir la campagne en faveur d’un nouveau système de santé publique.
(Photo People's World: manifestation syndicale en faveur d'un meilleur système de santé aux USA).

Les sondages d’opinion révèlent que 66% des Américains veulent que la réforme soit adoptée.

Si Obélix se rendait à New York, il dirait sûrement : « mais ils ne sont pas fous ces États-Uniens!
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mercredi, mars 03, 2010

LE BESOIN D'INFORMER

LES FAITS DIVERS NE SONT PAS VRAIMENT NÉCESSAIRES

vol. 10, no. 10, 8 mars 2010, $ 1.00
JOURNÉE INTERNATIONALE DES FEMMES

if you wish to read in English: http://wwwlavienglish.blogspot.com/
Qu’enseignait-on dans les facultés de journalisme en URSS dans les années 1970? Eh bien, voyons plutôt un bulletin de nouvelles, style soviétique, qui pourrait être lu, en ondes, dans une station de radio au Québec.
MOSCOU -- Le président de l’Association russe des historiens de la Seconde Guerre mondiale, Oleg Rjechevski, ancien combattant, « considère toujours que, malgré ses erreurs et sa ‘répression infondée’, Staline était ‘un leader digne pour les forces armées du pays’. [Le journal montréalais La Presse qui a publié récemment un article sur le sujet, poursuit :] l’image de Staline sera à nouveau reproduite à même les fonds publics et affichée dès le mois d’avril dans le centre-ville de Moscou. Des stands d’information expliqueront son rôle dans la victoire. » Notons que 2010 marque le 65ème anniversaire de la fin de la Seconde guerre mondiale; celle-ci a emporté la vie à plus de 25 millions de civils et de militaires soviétiques.

(Photo SolidNet: meeting de solidarité en Grèce à l'occasion de la Jounée internationale de la femme, pour le 8 mars 2010).

BARHEÏN-- Le réseau communiste international, SolidNet, a fait connaître une triste nouvelle en provenance des Îles Bahrayn. Ce petit pays, de plus de 500 000 habitants, dont la capitale est Manama, s’étend au nord-est de l’Arabie saoudite, à laquelle il est relié par un pont depuis 1986. C’est une place financière et le pétrole joue un rôle économique crucial. L’arabe en est la langue nationale; le pays se trouve dans le golfe Persique face à l’Iran. Depuis 1971, il est indépendant, après avoir été une colonie de l’Empire britannique.
Un des opposants au régime colonial, le grand musicien et communiste, Majeed Marhoon, vient de mourir, le 23 février dernier, à l’hôpital Sulaymaniyah. Ce dernier a lutté contre l’emprise britannique, pour l’indépendance nationale et la liberté. Il a été incarcéré pendant 22 ans, suite à un procès irrégulier. Membre de la Tribune progressiste démocratique (Progressive Democratic Tribune), il s’est employé, en prison, à enrichir le fonds musical de l’Archipel en travaillant entre autres sur son Dictionnaire musical, qui est reconnu comme étant parmi les travaux les plus marquants de la littérature arabe. Un volume a déjà été publié par le Centre du Sheikh Ibrahim Al-Khalifa.
La Presse canadienne, dans un autre registre, informe que le ministre israélien de la Défense, Ehoud Barak « juge peu probable une éventuelle frappe nucléaire de l’Iran sur Israël ». Ces propos plutôt réalistes contredisent la thèse officielle martelant l’opinion contraire, et ce, depuis quelques années. Point de vue, que semblait partager la direction des États-Unis, jusqu’à tout récemment, appuyant certaines sanctions contre le régime fondamentaliste iranien.
(Photo SolidNet: des pêcheurs égyptiens en arrêt de travail en Grèce pour dénoncer leurs conditions de travail. La paix au Moyen-Orient n'est jamais bien loin de leurs revendications générales).

La « social-démocratie » bat de l’aile

MONTRÉAL-- Le quotidien Métro rapporte, fin février 2010, que « le Parti québécois (opposition officielle, ndlr) se propose de ranger bien loin le concept d’État providence et de faire un pas vers la droite […] C’est ce qui se dégage des propositions du cahier de réflexion qui doit alimenter les discussions entre membres du PQ. »

Dans la foulée, l’ancien Premier ministre péquiste, Lucien Bouchard, en quête de « changement » a déclaré dans le débat sur le financement de l’Université : « Le gouvernement a fait sa part. […] Il faut se tourner vers les étudiants. » Le journal souligne qu’ « une telle mesure se traduirait, pour 80% des étudiants, en une hausse de 2 200 $ des droits de scolarité par année. »

La droite conservatrice, l’Action démocratique du Québec (ADQ), opposition reconnue, précise : « Il est intéressant de voir des gens [soi-disant progressistes] adopter maintenant les mêmes idées que nous. »

Les jeunes et les Associations étudiantes trépignent : « L’accessibilité aux études supérieures [pourraient être) compromise par la hausse des droits de scolarité ». La Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) estime que « déplafonner les frais de scolarité amènera une baisse des inscriptions et bloquera l’accès à l’université aux jeunes de la classe moyenne inférieure ».
« L’Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ) a pour sa part dit craindre une américanisation du système universitaire québécois ».
En 1975, les étudiants du niveau postsecondaire au Québec, se sont levés pour l’amélioration du régime des prêts et bourses. À l’époque, ils ont fondé l’Association nationale des étudiants du Québec (ANEQ), qui, forte de ses 110 000 membres, a réclamé la gratuité scolaire. Finalement, ils ont accepté le gel des frais de scolarité, mais dans une école de qualité. Le mot d’ordre à l’époque était : Des sous pour l’école, pas pour les monopoles!
(Photo SolidNet: lycéens français protestant dans la rue leur mécontentement contre les mesures du gouvernement français, en 2009).

C’est un peu inquiétant de voir un parti comme le Parti québécois s’engager sur la voie indépendantiste, promettant mers et mondes, et alors qu'il est toujours dans l’opposition, revendiquer déjà des reculs sociaux. Qu’est ce que ce serait s’il était au pouvoir dorénavant?
C’est au tour du parti Québec solidaire de faire désormais entendre sa voix!

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