vendredi, octobre 30, 2009

LE STRESS

Avant-propos: le psychiatre français, Bernard Doray, est partie prenante dans l'organisation d'un Congrès international des cinq continents qui aura lieu en octobre 2011 sur le thème: Troubles psycho-sociaux, La santé mentale et effets psychiques de la globalisation. D'ici là, La Vie Réelle vous tiendra informés de la marche des travaux préparatoires, en particulier de la participation de psychiatres et psychologues du Canada.
vol. 9, no. 31, 2 novembre 2009, $ 1.00

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Le journaliste Patrick Coupechoux du quotidien communiste français l’Humanité a écrit un excellent article: « De l’usage du concept de stress ». Son article publié par l’Humanité in English, explique qu’en confinant le stress au domaine du médical, « ça rend possible d’esquiver le débat politique et social et de « médicaliser » le problème : s’ils ne peuvent en arriver à contrôler leur stress, les employés n’ont qu’à consulter un docteur ou un thérapeute. » En fait, l’individu devient seul responsable de son état. (Photo: homme seul - face au local des Métallos, à Paris)

La Presse canadienne rapportait en août que « le nombre de suicides en milieu de travail a bondi de 28 pour cent l’an dernier aux États-Unis », selon des données rendues publiques par le département américain du Travail; ce, quand les employés ont dû composer avec les difficultés de leur entreprise, en plus de voir plusieurs de leurs collègues être mis à pied. Ne pourrions-nous pas y voir un exutoire au stress et à l’angoisse profonde?

D’ailleurs comme en témoigne l’Humanité in English: souffrant au travail, un jeune technicien, âgé de 28 ans s’est suicidé. Pour ses collègues ainsi que les syndicalistes, les conditions de travail sont à blâmer. « Nicolas 28 ans, n’a fait qu’ajouter son nom à la liste sinistre; il est le 20ème employé de France Telecom à se suicider depuis février 2008 », selon eux.

En Russie, il semble que les citoyens ont jeté leur dévolu dans l’alcool qui a pris les dimensions d’une catastrophe nationale, d’après le président Dmitri Medvédev, confirme Argenpress. " C’est impossible de vaincre l’alcoolisme dans un pays pauvre. En même temps, il a reconnu que les Russes buvaient moins dans la décennie 1990, quand ils vivaient pire. » N’est-ce pas parce qu’ils espéraient tant des changements que leur promettaient les nouveaux dirigeants avec la contre-révolution qui venait tout juste de s’installer en URSS? Aujourd’hui, c’est le cynisme et la fatalité. Ils noient leur chagrin comme le veut l’expression… et le stress par le fait même.

Aux États-Unis, devant les chiffres record de suicides et la vague de dépressions parmi leurs soldats, l’Armée prépare peu à peu des formations spécialisées destinées à redonner du chien à leurs militaires pour qu’ils soient plus résistants au stress émotionnel, relié aux situations de guerre.

Signe des temps, la chaîne IKEA dans sa dernière publicité livrée aux domiciles ne se gêne pas pour nous faire voir un grand lit accueillant au dessus duquel est écrit Journée stressante? (On a prévu le coup).

L’authenticité, la crédibilité et l’intégrité

En juin 2009, s’est tenu le colloque Le trauma : un symptôme de notre civilisation. Le psychiatre Bernard Doray, y a présenté une allocution fort captivante s’intitulant Les traumatismes : état des lieux – 2009. Tous ces « suicidés » auraient bien aimé qu’on leur dise : « Ne pas dénier que le clinicien est quelque part dans le même bain que le patient car le monde humain est un, n’invalide certes pas le regard distancié, qui est indispensable pour la rationalité de l’acte clinique. […] Il arrive par exemple que la neutralité du thérapeute soit toxique, surtout si elle s’accompagne d’une ignorance de ce qu’a vécu le patient et de l’intime certitude que ce qui lui est arrivé ne pourrait en aucun cas lui arriver à lui-même. Il est des situations où la fraternité est thérapeutique. »

Citant le docteur Sylvestre Baramcira, sur les tristes événements du génocide rwandais, M. Doray, à propos des survivants, dit que le docteur Baramcira a expliqué: « Ceci signifie que la personne est dans un état de mort-vivant, elle est morte parce qu’on l’a tuée, même s’il elle reste vivante. Cela rend difficile le traitement. Il faut que les patients aient confiance et qu’ils considèrent pratiquement le thérapeute comme l’un des leurs, sinon ils ne s’expriment pas. Il faut, que vous déclariez votre réprobation de ce qu’il a vécu. »

En somme, même dans des conditions qui ne sont pas extrêmes, le thérapeute doit permettre au patient de savoir « à qui il va se confier ». Dans un pays comme le Canada, il n’y a pas de torture, de guerre civile, mais il y a des exclusions sociales: vous ne vivez pas aussi bien que la majorité des citoyens du pays si vous êtes Amérindien dans les réserves ou même en ville; un regard torve peut se manifester sur votre passage si vous êtes Noir et, de nos jours, de mépris si vous êtes Maghrébine portant le voile. Alors que dire des communistes qui sont connus, veulent s’exprimer et n’ont pas appris à le faire -sans être rejetés- dans une société où tout respirait l’anticommunisme le plus primaire? (Photo: Corinne et Dominique, communistes français et Daniel, communiste québécois - mêmes luttes au quotidien)

Bernard Doray évoque l’idée qu’ « une longue fréquentation de la problématique de la néoténie humaine, autrement dit du fait que la constitution de l’individu humain s’achève dans la culture et non pas dans la nature sous la loi du code génétique, pourrait rendre compte de cette névrose de l’humanité. » Il note au passage : « Et qui plus est, chaque type de scène traumatique comporte une charge de déshumanisation particulière. »

Son discours se termine de façon optimiste sur la « thérapie de resymbolisation bien active ». À vrai dire, on parle de guérison; dans certains cas, on dira le rétablissement, comme ici en Amérique du Nord. Néanmoins, il appert que l’acte médical est une intervention dans la psyché qui est plus que thérapeutique. Elle est idéologique, politique et sociale. Ce n’est tout de même pas pour rien que les communistes ont souvent parlé, surtout pendant la guerre froide, de lutte psychologique entre l’Est et l’Ouest. Il en reste des relents au Canada, mais ce qui remontent à la surface maintenant, c’est l’ignorance et la volonté des travailleurs et de la population en général de connaître qui était l’adversaire en cause, et ce qu’il voulait en bout de piste. « Et vous les communistes, que voulez-vous au juste? » supplante le carcan de la peur. On casse les tabous partout. C’est peut-être cela la catharsis…
(Photo: café public à Paris - thérapie de choc pour les communistes)

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samedi, octobre 24, 2009

LES VRAIS ROIS DE LA "POP"

UN POINT DE VUE COMMUNISTE

Attention: La Vie Réelle a eu vent que certaines personnes ont commencé à dénigrer le parti Québec solidaire sous prétexte que des communistes, des progressistes et des démocrates y militent. Voilà comment Adolf Hitler a débuté sa carrière politique, en poursuivant la gauche; on connaît la suite dans l'Histoire.
Il y a eu une chasse aux sorcières en Amérique du Nord, il n'y en aura pas deux. Que l'extrême droite se le tienne pour dit!

Ce qui nous amène à la prochaine élection municipale, le 1er novembre 2009, en particulier dans la métropole. La Vie Réelle encourage à voter pour Louise Harel et le parti Vision Montréal. Notons qu'elle sera la première mairesse dans l'histoire récente de la ville et sa présence redonnera du lustre à cette grande ville que nous aimons tant: MONTRÉAL.
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vol.9, no. 30, 26 octobre 2009, $ 1.00
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Antonio Guerrero (un des Cinq de Cuba)

L’effondrement récent du « géant » de l’automobile nord-américain, General Motors, ainsi que le coup d’État militaire au Honduras ont été éclipsés par la diffusion obsédante et massive de clips aliénants –tel « Thriller »- de Michael Jackson, cet artiste de la musique « pop »; et par le rappel sans arrêt du parcours détaillé de sa vie artistique, ainsi que de sa mort surprenante et foudroyante à 50 ans, et jusqu'aux dernières mises au point en vue d’une tournée mondiale à laquelle il se préparait.

II

Dans la foulée de la mort récente et étrange de Michael Jackson, élevé au titre de « Roi de la Pop», ont refait surface les circonstances autour du chanteur rock Elvis Presley, retrouvé mort dans sa baignoire, par son ex-épouse Priscila Presley. Certains commentateurs objectifs du milieu artistique ont précisé le fait que dans le cas de Michael Jackson, les grands moyens de communication et les grandes entreprises du disque, et de la vidéo comme Sony Music, ont profité du décès pour réaliser une promotion juteuse de ses disques et de ses vidéos parmi ses « fans », engrangeant des gains de plusieurs millions. (Photo du Comité international de solidarité: Antonio Guerrero)

De plus, sa mort, les pleurs de ses proches, les paroles noyées de larmes d’un de ses enfants, en âge mineur, et jusqu’aux déclarations de l’un des enfants dont les parents ont négocié le silence pour 20 millions de dollars, ont permis d’éviter le scandale eu égard aux dénonciations de pédophilie dont il était l’objet. Cela se serait produit dans le parc de « Neverland »; parc construit par le chanteur, marqué par le personnage mythique de Peter Pan, auprès duquel il s’évadait de son enfance teintée de sacrifices et de pressions psychologiques. Tout cet échafaudage médiatique a contribué à accroître les profits faramineux des multinationales du spectacle en milliards de dollars et d’euros, comme cela s’était produit au décès d’Elvis Presley.

De surcroît, et pour cette raison, elles ont donné suite aux souvenirs pleins de larmes de milliers de jeunes. Elles ont produit non seulement des disques et des vidéos, mais aussi des chemisettes, des jouets, des affiches, des photographies… avec lesquels les grandes entreprises capitalistes ont converti l’image de Presley en une icône mondiale pour la jeunesse, plongée dans les rythmes et les chansons mélodiques: à l’eau de rose, suggestives et portant sur les thèmes tels que l’amour romantique, sensuel, érotique, porté par ses mouvements, sa voix, ses yeux langoureux, utilisant ainsi son charisme pour faire grossir leurs comptes bancaires millionnaires.

III

Sous un autre rapport maintenant, à l’époque de la révolution technologique, à l’échelle mondiale -la télé, le câble, l’Internet, les IPOD, DVD et DCR-, l’impérialisme et les grandes entreprises multinationales du spectacle de masse produisent toute une gamme de moyens et d’instruments digitaux, dont ils font usage pour aliéner la jeunesse et s’enrichir tout en introduisant l’individualisme qui de nouveau les plonge dans la décomposition sociale, dans la dégénération sexuelle, la toxicomanie et dans le je-m’en-foutisme face aux problèmes sociaux profonds hérités des fermetures d’entreprises décidés par le capitalisme qui a congédié des milliers de travailleurs d’usines aux États-Unis et en Europe… Mises à pieds occultées par l’image du talentueux Michel Jackson bougeant ses pieds, ses hanches, chantant avec rythme ou sensuellement; ce qui a servi à l’impérialisme, à la fois pour accroître ses profits millionnaires et pour utiliser habilement sa mort, en manipulant la jeunesse et les peuples du monde entier.
(Photo: ensemble folklorique irlandais Riverdance, une culture différente)


IV

Depuis l’enfance, sous la pression de son père pour s’extirper de la misère dans laquelle était plongée sa famille au sein des faubourgs humbles des Noirs issus de l’esclavagisme, Michael Jackson, comme beaucoup d’artistes Noirs de valeur et de qualité (Louis Armstrong, Ray Charles…), a démontré ses riches qualités artistiques comme danseur, chanteur, créateur, interprète, musicien et compositeur. Bien qu’il ait été élevé artificiellement à la qualité de « génie» par la presse à potins des transnationales de la musique, Jackson fut néanmoins un grand artiste, utilisé pour promouvoir le système capitaliste à travers le rythme trépidant de la musique pop qui l’a enrichi et détruit en tant qu’être humain, le plongeant dans sa mythique image individuelle et intime. Le monde hallucinant, qui absorbe la majorité des artistes de la bourgeoisie dans un système mercantile perfectionné de l’art bourgeois, aura même exploité, par le biais de ces grandes chaînes musicales et artistiques du capitalisme de masses, les circonstances dans lesquelles il mourut.



V

En réalité, les dernières années et surtout les derniers jours de Michael Jackson comme ceux d’Elvis Presley démontrent la décadence morale, éthique du système capitalisme qui manipule, détruit les vies de ceux qui possèdent un talent artistique après les avoir plongé dans un monde illusoire, où ils se sont enrichis et se sont perdus. Ni Michael Jackson, ni Elvis Presley ne sont morts de crise cardiaque; il s’agit seulement de l’effet de deux vies plongées dans l’utilisation et la consommation de barbituriques, de drogues qui calmaient leurs profondes souffrances spirituelles résultant du monde illusoire de la célébrité qui les entourait; miroir de la profonde solitude de deux vies détruites idéologiquement, moralement et spirituellement.

La majorité de ces artistes talentueux surgis des entrailles du peuple sont manipulés et servent aux monopoles du spectacle artistique bourgeois pour qu’ils s’enrichissent. Ils profitent de leur talent, de leurs qualités artistiques, dans le domaine où ils excellent, pour réaliser des créations artistiques très belles, lesquelles sont offertes selon un plan et des objectifs de consommation et d’enrichissement mercantile précis à travers lesquels les peuples s’évadent ou oublient la réalité de leur vie quotidienne.

Les grandes entreprises du spectacle comme Sony Music extraient jusqu’à la moelle les qualités artistiques, manipulent les dons musicaux, de la danse, de ces artistes maintenant à flot la décadence de l’esthétique bourgeoise qui privilégie la forme, les filigranes, les effets spéciaux, le son, les lumières, la fumée pour donner du relief à la vision individualiste de l’amour, de l’érotisme, du sexe qui s’exprime de façon naturelle à la jeunesse, en les déformant, les aliénant et pour cela, elles réalisent de grands investissements technologiques qui rapportent des profits mirobolants. (Photo: artiste québécois lors d'une fête du parti communiste du Canada)


(Traduction d’Argenpress du 1er août 2009 par Daniel Paquet)

Titre original : La extrana muerte de Michael Jackson : La proliferante difusion de su baile y musica « pop » expresan la decadencia del arte y la estetica burguesas.

vendredi, octobre 16, 2009

LES PAYS DITS DU TIERS-MONDE

Que connaissons-nous des pays dits du Tiers-Monde?

vol. 9, no. 29, 19 octobre 2009, $ 1.00

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Pour l’éminent professeur d’économie politique du développement, Samir Amin, « Marx n’a jamais été aussi utile ». Et ce n’est pas le premier venu qui s’exprime ainsi; il enseigne l’économie à l’Université de Poitiers, de Paris et celle de Dakar. Pour lui, « le capitalisme historique est tout ce qu’on veut sauf durable. Il n’est qu’une parenthèse brève dans l’histoire. »

Aujourd’hui, les pays en voie de développement se regroupent et agissent notamment au sein du Mouvement des non-alignés. Cuba était président du Mouvement jusqu’à juillet 2009. À ce titre, le président Raoul Castro Ruz a présenté le bilan de son pays depuis la prise en charge par son frère Fidel, il y a trois ans. (Photo : Réunion de l'Association de Culture Berbère à Paris en 2009)

Pour le président Castro, le Mouvement a « affirmé sa croyance ferme que chaque pays, et non pas seulement quelques uns, devrait participer dans la recherche de solutions efficaces et justes face à la crise en cours. » D’autant plus que des centaines de millions de personnes dans le monde, surtout dans nos pays, sont les victimes de l’analphabétisme, du chômage, de la faim, de la pauvreté et de maladies curables qui condamnent les êtres humains vivant au Sud de la planète à une espérance de vie plus courte et plus dure que ceux du Nord industrialisé. »

Il a ajouté que « la force du Mouvement repose sur sa capacité de réaliser des consensus comme résultat de discussions ouvertes. Chaque membre a eu la possibilité d’être impliqué dans la mise en œuvre et la défense de nos accords et les lignes d’action. » S’il y avait 25 pays membres en 1961, aujourd’hui, il y a 118 États membres. Il a rappelé le rôle réactionnaire et agressif joué par le gouvernement des États-Unis. On peut ouvrir ici une parenthèse pour démontrer que les pratiques actuelles n’ont pas vraiment encore changé. Ainsi « la succursale états-unienne de Philips, le puissant conglomérat multinational d’équipements électroniques, a été pénalisé pour 128 750 $ par l’administration de Barack Obama pour la vente d’équipements médicaux à Cuba en violation des règles de l’embargo […] Bien que durant les premières semaines du gouvernement Obama, le Ministère du Trésor se soit montré prudent eu égard aux amendes contre les entreprises et citoyens états-uniens violant l’embargo contre Cuba, on rapporte une augmentation des pénalités notablement depuis mars dernier. »

Le président a poursuivi en insistant sur le fait que « nous avons rejeté les méthodes antidémocratiques et le manque de transparence ainsi que les obstacles nuisant à la pleine participation et la discrimination des négociations et des discussions multilatérales. » (Photo : Ernesto « Che » Guevara)

Il a tenu à rappeler qu’ « en ce moment, presque 51 mille travailleurs Cubains oeuvrent dans 98 pays pour sauver des vies, pour prévenir les maladies et contribuer au développement alors que 32 milles jeunes de 118 pays, principalement du Tiers Monde, étudient à Cuba, gratuitement dans nos établissements scolaires, 78% parmi eux dans des écoles médicales. »


Le Canada est dans le champ

Rappelons qu’au mois d’octobre de l’année en cours, une importante réunion sur le réchauffement climatique a eu lieu et « la position que défend Ottawa [selon la Presse canadienne] en matière de lutte contre le réchauffement climatique est si controversée qu’un groupe de 77 pays en voie de développement a décidé de quitter une importante réunion sur le sujet […], à Bangkok, avant même que la délégation canadienne n’ait eu la possibilité de la faire valoir. » Le protocole de Kyoto prévoyait que le Canada allait réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 6% d’ici 2012. Or, le gouvernement conservateur de Stephen Harper ne fixe plus la limite qu’à 2% jusqu’en 2020 à partir de 2010, avec un retard sur l’échéancier de l’Accord international qui, et c’est un peu technique, débute en 2006 au lieu des années 1990. Le gouvernement canadien se justifie en affirmant qu’on obligera les grandes entreprises à réduire l’intensité de 18% d’ici 2010.

La Vie Réelle remercie Antonio Guerrero (un des Cinq de Cuba) pour avoir pris le temps d’envoyer le discours intégral du Général des Armées Raoul Castro au Sommet du Mouvement des Non-alignés en Égypte, un peu hâtivement parce que comme il l’indiquait: « remember, pretty soon, I should be transferred to Miami for the resentence. » D’ailleurs, nos meilleurs vœux l’accompagnaient. Le couperet est tombé mi-octobre : la sentence est désormais de 22 ans de pénitencier au lieu de la sentence originale qui prévoyait une peine à perpétuité jugée trop dure par la cour d’appel.

Tout récemment, une délégation du parti communiste d’Israël a visité Cuba, dont Jamil Abu Ras, membre du Bureau politique du PCI et du Secrétariat national de la Confédération générale du Travail d’Israël (Histadrut). Les communistes israéliens ont reconnu « le rôle actif de Cuba dans la défense de la juste cause du peuple palestinien, condamnant le blocus cruel et inhumain yankee contre l’Île socialiste et exigeant la libération immédiate des Cinq Héros », dont notre ami Antonio.

Le président vénézuélien Hugo Chavez qui apporte un soutien indéfectible à Cuba, « dans une interview exclusive au Figaro, appelle les États-Unis à mettre en place un grand plan Marshall en faveur de l’Amérique latine. »

Pour sa part, « le président cubain, Raoul Castro, a demandé à ses compatriotes de se plaindre moins du blocus imposé depuis un demi-siècle par les États-Unis et faire produire davantage la terre pour « compenser les importations d’aliments ». […] Nous avons la terre, à nous de voir si nous travaillons ou pas, si nous produisons ou pas; il n’est pas question de crier « patrie ou la mort », « à bas l’impérialisme », le blocus nous frappe et nous avons la terre, qui attend notre sueur » a dit Castro.

Pour ce qui est de la nourriture de l’esprit, la Société Radio-Canada avait transmis un câble à l’effet que « à La Havane, la Place de la Révolution a été prise d’assaut par des mélomanes venus assister […] au Concert pour la paix du chanteur colombien Juanes. L’AFP rapporte que plus de 500 000 Cubains ont afflué vers ce site des célébrations du régime communiste de ce pays. Le concert a été retransmis en direct en Europe, en Amérique latine et aux Etats-Unis. »

Mais la musique cubaine vient aussi au Canada. Le compositeur et pianiste cubain Jesus (Chucho) Valdés a commencé une tournée dans plusieurs villes canadiennes, en compagnie d’un quartet et de la chanteuse Mayra Caridad Valdés.

Enfin, les jeunes Canadiens ne sont pas en reste. L’organisation Canada Cuba Sports & Culture Festivals a pour président Jonathan Watts. Celui-ci a déclaré que la récolte « se trouve à l’échelle humaine ». En effet, les jeunes vivent une expérience unique, étrangère aux « stéréotypes qui sont véhiculés sur Cuba à l’extérieur », et confirment des valeurs en rapport avec le respect et la diversité culturelle. Ces derniers se sont joints à des chœurs et groupes musicaux du pays avec leurs collègues cubains. (Photo : Alain Foix, artiste des Antilles françaises oeuvrant en France)

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vendredi, octobre 09, 2009

CRITIQUE DE REVUE

En pensant à la Révolution d’Octobre de 1917 en Russie

vol. 9, no. 28, 12 octobre 2009, $ 1.00

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Tim Pelzer (Vancouver, Canada anglais)

Revue Political Affairs (USA)

Critique de revue: Labour/Le Travail/ Revue d’études sur le travail 63, Printemps 2009.
Publié par le Comité canadien sur l’histoire du monde du travail


Les lecteurs canadiens de Political Affairs seront comblés par le dernier numéro de Labour/Le Travail. Celui-ci présente des articles nombreux et engagés sur l’histoire du Parti communiste du Canada, et davantage.

L’historien Stefan Epp par son ouvrage: Un Communiste dans le Conseil municipal: les politiques municipales communistes, ethnicité et la carrière de William Kolisnky jette un coup d’œil au premier élu du PCC. Se présentant en tant que candidat du parti pour le Conseil municipal de Winnipeg, Kolinsky fut élu en novembre 1926. Le vote proportionnel –que les électeurs de la Colombie Britannique viennent de rejeter lors d’un référendum à travers toute la province- existait à Winnipeg à ce moment-là et permis sa victoire électorale.

Kolisnky est né en Ukraine en 1887 et a immigré au Canada en 1898. Il est devenu un des chefs du parti dans les années 1920, résultat de son travail dans la communauté ukrainienne et il était un orateur populaire lors des activités du parti, selon Epp. Il gagnait sa vie comme petit commerçant de vélos dans sa propre boutique.
(Photo: petit commerce russe à Paris)

Alors qu’il siégeait, Kolisnky a lutté pour un transport en commun abordable et accessible et un meilleur filet de sécurité sociale pour les chômeurs. Il a aussi défendu le droit de se syndiquer pour les cols bleus de la municipalité. Après la grève générale de Winnipeg en 1919, le Conseil municipal a interdit aux cols bleus de se syndiquer. Kolisnky a travaillé étroitement avec les échevins du Parti indépendant du travail (ILP). À ce moment-là, l’Association du progrès civique appuyée par le milieu des affaires dominait le conseil.

« Au lieu d’être un gauchiste isolé, Kolisnky oeuvra avant tout pour les besoins de la communauté ouvrière du North End », écrit Epp. Le PCC était d’abord et avant tout basé à Winnipeg Nord à l’époque et regroupait un grand nombre d’Européens pauvres et immigrants.

En 1928, les électeurs ont reconduit Kolisnky au Conseil.

Kolisnky était un échevin au franc parler qui n’avait pas peur de critiquer ses alliés de gauche dont l’ILP social-démocrate. Il a accusé un échevin de l’ILP de trahir les chômeurs. Cela se solda par une résolution exigeant la destitution du Conseil de Kolisnky à moins qu’il ne s’excuse. Il a refusé et fut expulsé par un shérif, ce qui entraîna un conflit interminable au sein du Conseil. En 1930, Kolisnky fut défait lors de sa troisième course à l’élection au Conseil. Une des faiblesses de l’article de Epp est son échec à analyser le nombre de votes que ce dernier a perdu et d’avoir spéculé sur les raisons de sa défaite.

Kolisnky n’est plus jamais remonté dans l’arène électorale – même s’il le voulait- en raison de l’opposition de sections de membres à la base du parti. Kolisnky fut un personnage controversé au sein du PCC, selon Epp. (Photo: Roman de Alexandre Pouchkine, auteur russe de portée universelle)

Quand le gouvernement fédéral a rendu illégal le parti en juillet 1940, la police l’a arrêté ainsi que d’autres leaders communistes. Kolisnky, dont la santé a toujours été fragile, est devenu aveugle en détention. Il a passé le reste de sa vie en Colombie Britannique où il a travaillé pour l’Institut national pour les aveugles jusqu’à sa mort en 1967.

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Brèves :

Dans « Un compagnon de route: Un pêcheur de la Colombie Britannique écrit chez soi du Bloc de l’Est, en 1952", l’historien de l’Université de Victoria Benjamin Isitt jette un coup d’œil sur les voyages d’Elgin Scotty Neish à travers les anciens pays socialistes en route pour une conférence pour la paix à Pékin, en Chine. Neish était membre du Parti progressiste du travail – tel que fut connu le PCC de 1943 à 1959 – et président de la section de Victoria du syndicat des pêcheurs unis et des travailleurs associés- dont les voyages ont duré près de cinq semaines – il a voyagé à Prague, Moscou, Ulan Bator (Mongolie) et finalement à Pékin. Le journal de son syndicat, The Fisherman, a publié régulièrement des lettres de Neish sur son voyage qui ont largement inspiré Isitt. Il rapporte que les communistes ont tenté avec beaucoup de détermination à bâtir un monde de paix dans les années 1950.

L’historien britannique Kevin Morgan dans « le problème avec le révisionnisme: ou l’histoire des communistes compte tenu de l’histoire de la gauche en général », réfute de manière convaincante l’idée que les partis communistes soutenaient mécaniquement les visées de Moscou dans les années 1920 et 1930.

L’économiste Ingo Schmidt présente une analyse pertinente sur la classe ouvrière après la deuxième guerre mondiale dans l’Allemagne de l’Est et dans l’Allemagne de l’Ouest.

Le dernier numéro de Labour/Le Travail est bien fouillé et fascinant à lire. (Photo: vignette publiée par le Parti communiste des États-Unis d'Amérique)

(traduit par Daniel Paquet, 23 juillet 2009)
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vendredi, octobre 02, 2009

CONNAISSEZ-VOUS DON QUICHOTTE?

POUR L'AMOUR DE LA LIBERTÉ ET DE LA JUSTICE

vol. 9, no. 27, 5 octobre 2009, $ 1.00

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MISE AU POINT: Comme l'a fait remarquer avec justesse une lectrice de La Vie Réelle, le ton du bulletin donne la fâcheuse impression qu'il est braqué contre le président Obama, le monde occidental et les États-Unis et ce, sans discernement. La remarque a fait réfléchir en profondeur. En fait, le bulletin est plutôt "impatient" de voir se réaliser les promesses du président Obama; tout en espérant que des accords interviendront en faveur du peuple de Palestine; et souhaite que les États-Unis renoueront avec leurs grandes traditions de solidarité nationale et de justice: que ce soit en se rappelant l'élan pour briser les effets de la grande crise et le grand mouvement populaire contre la guerre au Viet Nam. Loin de nous l'idée de suggérer que le peuple américain a rompu avec son histoire. Le fait même que M. Obama ait été élu, alors qu'il est le premier président noir témoigne de la volonté de changement dans ce pays. Mais là, comme ailleurs dans le monde, les peuples veulent de l'action et des mesures énergiques pour briser avec l'héritage de Reagan à Bush.
N'hésitez pas à communiquer vos commentaires car ils sont bien reçus et donnent l'occasion de mieux cerner la pensée de La Vie Réelle et améliorer sa contribution dans le débat démocratique pour la justice et la liberté.
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Bon, soyons respectueux! Après tout, on ne badine pas aux États-Unis. Ne voilà-t-il pas que certains dans ce pays croient, on peut l’envisager, sinon leur appât du gain donnerait la nausée même à l’estomac le plus solide, que le pays est menacé; alors ne voilà-t-il pas que des robots remplaceront les soldats. Dans l’Antiquité romaine, ce sont les esclaves qui remplaçaient les citoyens pour éviter le devoir de servir et de mourir pour la patrie.

Ainsi en 2020, le pays sera pourvu de mille bombardiers et d’avions de chasse F-22 et F-35 de dernière génération au sein de sa flotte de 2500 avions militaires. « Ils seront opérés par des robots. »

D’après un article de Fidel Castro dans Argenpress du 20 juillet: « En 2008, environ 1,5 millions de millions de dollars (sic) ont été investis dans la défense [dont] 607 mille millions par les États-Unis. »

Par ailleurs, le quotidien Métro, publié la fin de semaine suivante ne peut s’empêcher de souligner - de façon étonnante- que: « Selon les chiffres provisoires du recensement américain en 2008, les États-Unis comptent près de 38,8 millions de personnes pauvres. »
(Photo: avions de ligne opérés par des robots?)

Quelques semaines auparavant, le « boutefeu » Joe Biden, vice-président des États-Unis, avait déclaré que : « Washington ne fera pas obstacle si Israël juge nécessaire de mener une action militaire pour éliminer la menace nucléaire iranienne, [en] insistant sur le fait que l’État hébreu était un pays souverain. » Immédiatement, « le président américain Barack Obama a affirmé […] que les États-Unis n’avaient « absolument pas » donné leur feu vert à Israël pour attaquer l’Iran afin de l’empêcher de se doter de l’arme nucléaire, dans une interview à la chaîne de télévision CNN. »


Aussitôt, l’agence de presse russe Ria Novosti a fait connaître le point de vue du Ministère des Affaires étrangères de Russie, à savoir que : « Les déclarations faites par Biden nous étonnent beaucoup, en ce qu’elles divergent profondément de l’attitude proclamée par le président des États-Unis, Barack Obama, eu égard au règlement de la situation à propos du programme nucléaire de l’Iran, en particulier par la disposition des États-Unis d’entamer un dialogue avec l’Iran pour chercher une solution à ce problème par des voies politiques et diplomatiques. […] Les déclarations de Biden contredisent toutes les résolutions du Conseil de Sécurité de l’ONU sur l’Iran. »

Incidemment, l’Agence France-Presse rapporte que: « sur la question du nucléaire iranien, objet d’inquiétudes croissantes de la communauté internationale, la déclaration du G8 se borne à rappeler que l’option diplomatique reste privilégiée et ne parle pas de nouvelles sanctions.» Fin septembre 2009, le président Obama a réitéré son point de vue: "J'ai toujours dit que nous n'écartons aucune option quand il s'agit des questions de sécurité nationale américaines, mais je veux à nouveau insister sur le fait que ma préférence va à une solution diplomatique." Ces propos ont été recueillis par l'Agence France-Presse. (Photo: colombes de la paix)

Mais Argenpress a indiqué plus tôt au mois d'août que: « Israël était intéressé à adopter le « modèle indien », qui permit de construire un réacteur civil contrôlé internationalement, pendant qu’il éviterait d’être contrôlé pour les autres capacités nucléaires. »

Il y a de quoi s’interroger sur les « indécisions » de l’administration Obama, d’autant plus qu’ailleurs dans le monde, soit en Colombie, le projet d’établir sept bases militaires états-uniennes risquent de « provoquer un conflit armé entre deux peuples frères ». Ce serait une grande tragédie pour le Venezuela et la Colombie, soudés historiquement par des batailles contre les colonisateurs, repoussés sous le commandement de Simon Bolivar.

Heureusement, des événements, tout aussi expressifs, mais culturels cette fois ont lieu sur le territoire des États-Unis; ainsi l’exposition Desde mi Altura, comprenant des tableaux d’Antonio Guerrero, un des Cinq cubains injustement prisonniers aux Etats-Unis, a été présentée dans la ville de Berkeley, Californie, sous l’égide de l’écrivaine nord-américaine Alice Walker.

Nous vous accordons encore un peu de répit, M. Obama, mais avouez que vous ressemblez de plus en plus au Don Quichotte de Don Cervantès qui luttait contre les moulins à vent… Vous avez déjà votre dulcinée, il ne manque à votre peuple que la paix, le progrès et la liberté. Serez-vous capable d’être présent au rendez-vous historique avec le peuple états-unien? (Photo: moulin à vent dans l'est de Montréal)

Et pour revenir aux robots militaires, Fidel Castro a tenu à vous écrire que ces robots pourraient remplacer des membres du gouvernement et du Congrès de votre pays, en concluant que : « Sans doute, ils seraient meilleurs et moins chers. »

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