jeudi, mars 26, 2009

DE TOUT COEUR AVEC NOTRE CULTURE

vol. 9, no. 13, 30 mars 2009, $ 1.00

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La Société Radio-Canada, c’est officiellement un « poste de TV » qui diffuse des programmes sur le petit écran. Mais c’est beaucoup plus que cela. C’est un membre de la famille; un membre important. Dès la petite enfance, nous avons plongé dans le monde imaginaire, traversant les siècles et les époques, de Pépinot et Capucine qui nous enseignait le bien et le mal contre ce méchant Panpan qui n’était pas vraiment le meilleur.

Franfreluche a suivi, et ses contes merveilleux nous emmenaient vers des aventures insoupçonnées. Marie Quatre-Poches et ses amis nous ont ravi de leurs intrigues. Et j’allais oublier Sol et Gobelet! Tous ces personnages étaient des complices qui nous attendaient au retour de l’école pendant que maman préparait le souper et que nous attendions le retour de papa. Oh, papa ce n’était pas un intellectuel, c’était (et c’est toujours, car il vit) un ouvrier de la construction qui ne voulait pas que ses enfants écoutent ou regardent n’importe quoi à la télévision. Question de moralité…

Dans les années 1970, avec la crise d’octobre, nous avons appris ce qu’était l’information. Comme la majorité du monde, je suppose, nous voulions savoir ce qui se passait. On nous interpellait directement. La guerre du Viet Nam faisait rage et au sortir de l’adolescence, la planète semblait plus petite, l’homme ne venait-il pas de franchir la barrière de l’espace? En 1968, les événements de mai en France, le printemps de Prague, tout le monde bougeait et notre télévision était présente.

Il y eut une grève de ses employés et des films merveilleux, dont Alexandre le Bienheureux, se sont bousculés au petit écran. En 1976, on a découvert avec plus de force que la télévision pouvait nous faire vivre des événements particulièrement significatifs comme les élections de 1976 au Québec.

On ne peut oublier les rencontres sportives comme la série du siècle au hockey opposant le Canada à l’URSS, un pays à peine connu ici et la réciproque était probablement vrai là-bas. Pour aboutir aux Jeux Olympiques de 2008 à Pékin où notre télévision a su démontrer avec brio toute l’expérience et le talent de nos travailleurs de l’information.

Et on pourrait revenir sur les Beaux Dimanches, le Théâtre Alcan… Que de beaux souvenirs la Société Radio-Canada a su créer pour nous. On a grandi avec elle, on a appris avec elle; elle a fait de nous des personnes à la fois plus instruites et disons-le des personnes meilleures.

Alors quand on nous dit qu’il faut procéder à des coupures de poste (et quoi d’autre se prépare-t-il?), nous disons non. Maintenant, on jette par-dessus bord Les coulisses du pouvoir produit à Ottawa; est-ce que demain on se débarrassera de RDI en direct week-end, ou encore de Maisonneuve à l’écoute?

Nous commençons seulement maintenant à mieux comprendre le monde. Ce n’est pas de coupures budgétaires que nous avons besoin, c’est plutôt le contraire! Combien de films ne seront pas produits dans les années à venir en raison de ces politiques? Quels talents ne seront-ils pas reconnus parce qu’ils n’auront plus la tribune pour les manifester? Nous avons besoin de notre « TV ». Elle n’est probablement pas parfaite; alors pourquoi ne pas en discuter publiquement et démocratiquement à travers tout le pays?

Même si le point de La Vie Réelle sur la question nationale n’est pas partagé par tous les auditeurs de la télévision publique au Canada -nous croyons à la redéfinition d’un Canada bi-national et égal-. Alors même si ce point de vue n’est pas partagé par tous, sûrement maintenant, la majorité comprendra que toute la Société d’État et la Canadian Broadcasting Corporation méritent de garder le pied bien en place dans l’étrier.

Voilà!

Cet article ne comporte pas beaucoup de chiffres. Ce n’est malheureusement pas la force de La Vie Réelle dans ce cas-ci; c’est difficile d’avoir une approche comptable quand on est en amour. Nous défendons la Société Radio-Canada, parce que nous aimons ceux qui l’animent à tout moment du jour. La Société Radio-Canada: Radio, Télévision et Internet, en français ou en anglais avec tous ses créateurs (y inclus les correspondants à l’étranger), c’est quelque chose et nous sommes fiers de dire que ce sont des gens de chez nous qui construisent cela jour après jour, d’un océan à l’autre, 24 heures sur 24 heures. Merci aux employés et comptez sur nous!

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samedi, mars 21, 2009

LA CORNE D'ABONDANCE. POUR QUI?

vol. 9, no. 12, 23 mars 2009, $ 1.00

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Pendant que les travailleurs traversent une crise particulièrement sournoise, certains dirigeants d’entreprise « ambitionnent sur le pain béni » comme le veut l’expression populaire au Québec. Le Parti communiste, lui, n’y va pas par quatre chemins : « Alors que des millions de travailleuses/eurs perdent leurs emplois, leurs maisons et les pensions, les gros PDG obtiennent d’énormes primes et des salaires exorbitants. Le budget conservateur présenté à la fin de janvier est en train de donner des milliards de dollars aux actionnaires alors que la plupart des travailleurs licenciés de ces entreprises n’ont même pas droit aux prestations d’assurance-emploi. » (Déclaration sur la crise, 12 mars 2009). Il propose dans le même élan de « transférer le fardeau fiscal des travailleuses/eurs aux grandes entreprises et aux nantis. »

La Société Radio-Canada, en date du 17 mars 2009, confirme que « la pression monte contre l’assureur américain AIG. De plus en plus de voix s’élèvent pour que les hauts dirigeants de la compagnie remettent les primes mirobolantes qu’ils ont reçues […]
Le procureur général de New York, Andrew Cuomo, a déclaré mardi que l’assureur avait créé plus de 73 millionnaires en 2008. »

Par ailleurs, pour Argenpress de Buenos Aires « l’économie canadienne affrontera une situation difficile en 2009 même si elle s’avère en meilleure forme financière que celle de beaucoup d’autres pays industrialisés, affirme le Fonds monétaire international (FMI) dans un communiqué diffusé ce mercredi [12 mars 2009]… » Le Canada est confronté au fait « que les réductions de ses exportations et les faibles prix des matières premières auront des répercussions sur l’emploi et le revenu, pendant que l’incertitude sur les perspectives d’avenir à court terme limitera les investissements. » Le Canada n’est pas le seul pays à écoper de la conjoncture. « L’agence de presse britannique Reuters [dont la nouvelle est reprise par Argenpress],
que personne ne peut soupçonner d’être anticapitaliste, publie aujourd’hui que l’Amérique Latine croîtra substantiellement moins cette année, frappée par un fort ralentissement ou sera touchée par la récession dans certaines de ses principales économies, après des années de prospérité marquées par des hausses de prix pour les matières premières. »

L’hebdomadaire People’s Weekly World, paru le 20 mars 2009, cite le président Obama qui précise que « la crise n’est pas le résultat d’un retour normal du cycle commercial, et non plus d’un accident de l’histoire. » Lors de la présentation du budget, il a insisté sur le fait que ce budget marque la fin des coupures de taxes de Bush pour les États-Uniens les plus riches, notamment les compagnies pétrolières.

On doit souligner aussi que désormais des pays pourraient suivre l’exemple de la Biélorussie et de la Chine qui « effectueront leurs paiements mutuels dans leurs propres devises : le rouble biélorusse et le yuan chinois. » On considère d’ailleurs dans cet échange que la Chine est appelée à devenir un « leader de l’économie mondiale. » La devise états-unienne perd du lustre…

Le 8 mars, fête internationale de la femme, The Gazette soulignait que sous un autre angle, « la présidente [Kim Gandy] de la National Organization of Women (NOW), forte de son demi-million de membres, le plus grand groupe féminin de pression aux Etats-Unis, appelait instamment les Américains à ne pas céder aux laissés-pour-compte de l’économie du pays pour réécrire les priorités des USA […]
Selon NOW, environ deux tiers du milliard de personnes dans le monde, vivant d’un dollar ou moins par jour, sont des femmes. »

Enfin, pour certains quand l’économie tourne mal en termes de profits et que la défense des marchés ne semblent plus se faire aisément par la diplomatie, on a recourt à la guerre. Ainsi, tous les efforts ou presque semblent se tourner vers l’Afghanistan. De ce pays, The Gazette dit que « le gouvernement afghan de Hamid Karzai est d’une façon croissante inefficace en raison de sa propre corruption […]
Mais si au bout du compte un nouveau président U.S. et de surcroît démocrate, demande au Canada de demeurer aux côtés des U.S.A. au-delà de 2011, ce sera très difficile pour soit Harper ou encore Michael Ignatieff d’ignorer la demande. »

Et pas trop loin dans la région, la Presse canadienne du 17 mars, rapporte que « le ministre russe de la Défense Anatoli Serdioukov [fustige le] soutien actif [qui] a été donné aux procédés visant à pousser la Russie hors de la sphère de ses intérêts traditionnels. » Il est clair que Moscou s’oppose férocement à la volonté de l’Ukraine et de la Géorgie d’entamer le processus pour entrer dans l’OTAN. Les dirigeants russes espèrent aussi qu’Obama renoncera au projet de bouclier anti-missile en Pologne et en République tchèque.

Ce compte-rendu hebdomadaire ne se terminera pas sur une note amère. Citons People’s Voice, publié par le Parti communiste du Canada à la mi-mars, qui informe ses lecteurs que le premier avril sera une journée internationale d’actions et de manifestations organisée par la Fédération syndicale mondiale (FSM) qui regroupe 400 millions de membres à travers le monde entier. L’organisation exige l’arrêt des guerres, du financement de l’OTAN et de la vente d’armes, pour investir davantage dans le secteur productif, la création d’emplois et le développement des peuples. La FSM demande aussi la fin de l’occupation militaire et le retrait sans conditions des troupes de l’Irak, de la Palestine et des territoires arabes, et de l’Afghanistan ainsi que le plein respect de la souveraineté et de l’autodétermination des peuples.

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samedi, mars 14, 2009

CHAQUE MAMAN, UNE ÉCONOMISTE

vol. 9, no. 11, 16 mars 2009, $ 1.00



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« La richesse des sociétés dans lesquelles règne le mode de production capitaliste s’annonce comme une ‘immense accumulation de marchandises’. […] La marchandise est d’abord un objet extérieur, une chose qui par ses propriétés satisfait des besoins humains de n’importe quelle espèce […] Il ne s’agit pas non plus ici de savoir comment ces besoins sont satisfaits, soit immédiatement, si l’objet est un moyen de subsistance, soit par une voie détournée, si c’est un moyen de production. » Ainsi débute la première section du Livre premier du Capital de Karl Marx (Éditions Sociales, Paris, 1971, p. 51).

On parle régulièrement de capitalisme, des éditorialistes états-uniens entre autres condamnent certaines mesures de Washington comme étant socialistes, notamment les nationalisations dans le secteur bancaire; mais que savons-nous du socialisme? Quelles en sont nos connaissances après la contre-révolution en Union Soviétique et dans les autres pays socialistes européens (République démocratique allemande, Pologne…). Aujourd’hui les partis communistes sont de plus en mesure de faire le point sur cette période. Ainsi, « le 14ème Congrès du KKE (1991) et la conférence nationale de 1995 ont formulé l’autocritique suivante: nous n’avons pas évité, en tant que parti, l’idéalisation et l’embellissement du socialisme, tel qu’il a été construit au 20ème siècle. Nous avons sous-estimé les problèmes que nous avons observés, les attribuant principalement à des facteurs objectifs, les justifiant comme des problèmes de croissance du socialisme, ce qui a été prouvé comme non conforme à la réalité. […] La victoire de la révolution socialiste, initialement dans un pays ou dans un groupe de pays, résulte du fonctionnement de la loi du développement économique et politique inégal du capitalisme. Les conditions pour que la révolution socialiste soit à l’ordre du jour ne mûrissent pas simultanément au niveau mondial. La chaîne impérialiste se brisera à son maillon le plus faible. » (Thèses sur le socialisme, Comité central du Parti communiste de Grèce, pour le Congrès de février 2009).

Car le système capitaliste est malade et de plus en plus moribond. La crise financière mondiale en est un symptôme. Toutefois, il faut sortir des sentiers battus qui consistent à répéter ad nauseam que le socialisme est l’alternative. Il faut aussi expliquer ce qu’est le socialisme concrètement. Voilà pourquoi le titre de cet article. Chaque maman ou chaque femme, parce que ce sont elles qui généralement administrent le budget familial, sait ce qu’est la planification. Un bon point de départ pour le socialisme: planifier l’économie. Il faut voir à l’emploi pour chacun des travailleurs; voir aux transports (collectifs ou individuels); voir au logement (abordable et de qualité); garantir l’accès aux soins de santé (n’est-ce pas honteux le sort réservé aux Premières Nations?) et gérer une économie saine et prospère. Bien sûr, il y a d’autres exigences. Mais notre maman, au sein de la famille pourrait tout aussi bien administrer les revenus et dépenses de la grande famille élargie qu’est la classe ouvrière du Canada et résoudre démocratiquement avec la participation de tous les membres les conflits particuliers que sont les inégalités nationales (par exemple la place du Québec dans la Confédération).

Les syndicats peuvent jouer un rôle déterminant pour que les travailleurs s’initient à la gestion de l’État. Avoir une vision d’un Québec et plus largement d’un Canada plus démocratique et vraiment libre des attaches vis-à-vis des multinationales étrangères, c’est aussi être prêts à dénoncer et lutter aux côtés des travailleurs d’autres pays, comme ceux de Turquie qui, par exemple, ont « célébré » le 12 mars dernier l’anniversaire du coup d’État dans leur pays (1971). Savons-nous que « des milliers de personnes ont été jugées par les tribunaux militaires de la loi martiale sous l’inculpation de délits pour la plupart antérieurs à la proclamation de l’état d’exception; et que 28 personnes ont été tuées dans la rue par les forces de l’ordre, dans des circonstances douteuses? » Cela, dans les deux ans après la prise du pouvoir par les militaires. Et la liste des crimes de l’État est longue. La dénonciation vient de Belgique où vivent des réfugiés démocrates, militants de la Fondation Info-Türk.

En Irlande, à Dublin la capitale, fin février, plus de 100 000 travailleurs ont manifesté contre les coupures budgétaires du gouvernement à l’appel de l’Irish Congress of Trade Unions. Le gouvernement veut une réduction de 7 pourcent du salaire des employés de l’État pour financer les pensions. Le quotidien français l'Humanité a largement couvert l'événement.

Au Canada, le Parti communiste s’est lancé dans une campagne pour faciliter l’obtention des prestations d’assurance emploi à un niveau correspondant aux besoins réels des chômeurs de plus en plus nombreux. D’ailleurs, il souligne que « la crise ne fait que commencer. Au moins 50 millions de travailleurs perdront leur emploi dans le monde entier cette année. La production a chuté de près de 50% dans certains pays, et les pénuries alimentaires se répandent. Une véritable reprise économique mondiale pourrait ne survenir que dans plusieurs années. » (Le Parti communiste du Canada, Sur la crise, Toronto, mars 2009).

Au Québec, le parti Québec solidaire prend des mesures pour s’enraciner et donne de l’étoffe à son programme économique; parler économie, c’est entrevoir l’avenir politique et social de la majorité de la population. Avant tout, il urge que les banques, les compagnies pétrolières et les autres multinationales exploitant et transformant les ressources naturelles du Canada soient mises au pas. Nationalisées? Mais pourquoi pas? C’est une question de volonté politique; après tout le Canada n’est pas une succursale des Etats-Unis. Le ciel ne nous tombera pas sur la tête parce que les rentrées d’argent dévolues au grand secteur privé seront orientées vers les pouvoirs publics. Même si Hydro-Québec est une société d’État –qui abuse certes parfois- elle est tout de même bien solide et profitable pour tous les Québécois. Toutes les mamans pourraient vous en convaincre…

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samedi, mars 07, 2009

AU CANADA, LA GAUCHE N'EST PAS PRÊTE

vol. 9, no. 10, 9 mars 2009, $ 1.00

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Oui, au Canada la gauche n’est pas encore prête à prendre le pouvoir. Alors, ce sont les institutions traditionnelles (un euphémisme discret pour désigner le capitalisme) qui mènent le jeu et nous gardent sur le qui-vive. En cascades, on apprend par Argenpress le 2 mars que d’après Statistiques Canada « le produit intérieur brut (PIB) se contracte de 3,4 pour cent dans le quatrième trimestre de 2008, la chute la plus forte enregistrée par l’économie canadienne depuis 1991. » Le quotidien montréalais Métro n’est guère plus rassurant en annonçant que « la Banque du Canada est donc revenue sur ses prévisions et a admis que la reprise économique surviendra plus tard que ce qui avait été estimé au départ. » Le journal 24 Heures emboîte le pas et rapporte que « la Banque écrit que les perspectives économiques à l’échelle du globe ont continué à se détériorer depuis la publication de la mise à jour du Rapport sur la politique monétaire en janvier dernier […] La nature de la récession aux États-Unis, dont les secteurs de l’automobile et du logement sont fortement déprimés, est particulièrement préoccupante pour le Canada, dit la Banque. » Les informations publiées dans ces journaux sont parues le 4 mars. Mais auparavant, dès janvier l’éditorial de la revue L’Itinéraire soulignait que « tout n’est pas noir. L’élection d’Amir Khadir de Québec Solidaire dans Mercier ravive l’espoir que la justice sociale fasse davantage partie des programmes des autres partis politiques. »

Malgré tout, la partie ne sera pas facile si on en juge par le communiqué de presse de « Democracy Watch » du 4 mars relatant que « depuis la semaine dernière, les grandes banques du Canada annoncent des profits et des bonus à coups de millions de dollars pour les dirigeants de celles-ci » alors que le gouvernement conservateur leur a littéralement donné 300 milliards $ (sic) en subventions avec la promesse que cela ne s’arrêterait pas là. Comme le signale le président de la Canadian Community Reinvestment Coalition, Duff Conacher:
« les Conservateurs clament que pour aider l’économie, ils doivent couper les taxes pour nous redonner l’argent, mais ils ne font rien pour que les grandes banques cessent de nous arracher l’argent de nos poches, et leur donnent des centaines de milliards de cet argent sans condition de retour. »

À Cuba, pas de complaisance

En date du 3 mars, l’Agence France Presse (AFP) titrait avec « allégresse » -car c’est toujours un bonheur pour certains de pouvoir dénigrer la révolution cubaine-, que deux dirigeants cubains ont été libérés de leur fonction; l’agence de presse reprend de façon alambiquée les termes de la presse cubaine. Par exemple l’AFP parle du changement parce que ces personnes ont eu des « ambitions qui les ont conduits à jouer un rôle indigne. » Sans reprendre toute l’explication de Fidel Castro, arrêtons-nous juste ici quand il dit que « le goût du pouvoir, pour lequel ils n’ont connu aucun sacrifice, a réveillé en eux des ambitions qui les ont conduit à un rôle indigne. » On a beau prétendre que l’on ne parle pas très bien l’espagnol, il y a différence de sens! D’autant plus que très souvent Fidel Castro a insisté sur la responsabilité et l’intégrité des dirigeants investis de la confiance du peuple cubain. Ce n’est quand même pas pour rien que celui-ci accorde depuis si longtemps sa confiance à Fidel, depuis 50 ans…

En français cette fois, le journal du parti communiste de Cuba, Granma (que l’on peut lire sur Internet) disait le 24 février 2008: « […] Les institutions constituent un des piliers de l’invulnérabilité de la Révolution sur le terrain politique, ce qui nous oblige à travailler à son perfectionnement constant. Ne jamais croire que ce que nous avons fait est parfait […] il est nécessaire de continuer à étudier la nouvelle structure du gouvernement dans le but d’en réduire progressivement l’envergure, tout en augmentant son efficacité. » En un mot: éviter toute bureaucratie!

La lutte au terrorisme

Puisque nous survolons la situation cubaine, lisons une partie de la lettre ouverte envoyée par Livio Di Celmo au procureur général des Etats-Unis Éric Holder :

« Monsieur Holder,
Je vous écris en tant que frère de Fabio Di Celmo, citoyen italien et résident canadien, qui a été tué dans une attaque terroriste à La Havane, Cuba, le 4 septembre 1997, à l’Hôtel Copacabana, dans le cadre d’une des nombreuses attaques qui ont eu lieu cette année-là contre les installations cubaines de tourisme
[...] »

La Vie Réelle a déjà parlé des 5 de Cuba dépêchés par le gouvernement cubain sur le sol américain pour observer la scène et faciliter le travail des autorités états-uniennes; travail qu’elles se refusaient à faire, complaisantes devant les agissements de certains ressortissants cubains vivant en Floride et préparant des actes hostiles de tous genres contre la République de Cuba.

Parlant de terrorisme, on ne peut que remettre en question le bien-fondé de l’occupation des Forces canadiennes en Afghanistan. C’est le monde à l’envers, mais même le Premier ministre canadien, Stephen Harper, qui -bon, bien sûr, il traduit la volonté de la majorité des citoyens canadiens- et parle sûrement avec l’aval des dirigeants de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) soutient désormais, en visite aux Etats-Unis: « À mon humble avis, nous ne vaincrons jamais les insurgés. » Il a raison et la suite revient à un mouvement que nous connaissons encore peu au Canada et qui pourtant est très représentatif. Il s’agit de la Revolutionary Association of Women of Afghanistan (RAWA): les femmes révolutionnaires de l’Afghanistan, dont le siège en exil était jusqu’à tout récemment au Pakistan. Elles connaissent le terrain et savent ce qu’il y a à faire pour ramener la paix et la stabilité dans le pays.

On ne peut passer sous silence non plus l’effort de guerre de milliers et de milliers de jeunes États-uniens qui sont allés en Irak, beaucoup croyant à la cause. L’hebdomadaire de gauche de Chicago People’s Weekly World, paru le 28 février, traduit le désespoir de l’un d’entre eux qui ne se gêne pas pour affirmer que l’ironie dans tout cela fait en sorte que lorsque Bush parlait à la télévision pour dire que le pays était en Iraq pour se débarrasser des armes de destruction massive, arrêter le terrorisme et propager la démocratie, celle-ci s’amenuisait aux États-Unis Le vétéran en question, José Hill, ne mâche pas ses mots aujourd’hui et dit:
« J’ai servi mon pays de façon honorable aussi dans l’espoir de revenir à la maison et maintenant on me dit que je n’ai pas le droit d’être représenté par un syndicat. La compagnie a rejeté toutes les cartes et ils ne nous ménagent pas si nous essayons de défendre nos droits. »

People’s Weekly World
du 7 mars soulève aussi un épineux problème: la résurgence de l’organisation la plus terroriste de tous les temps : le mouvement nazi en Allemagne. Ainsi le correspondant du journal à Dresde rapporte que « maintenant, cependant, avec l’horreur des atrocités à Gaza et en Palestine en croissance (malgré l’alliance officielle allemande avec le gouvernement israélien), les Nazis essaient de biaiser ces sentiments pour semer l’anti-sémitisme. Une des ruses de propagande des « législateurs » (certains siègent dans des fonctions publiques, ndlr) est de comparer la destruction de Dresde [pendant la deuxième guerre mondiale] à un Holocauste, en rabaissant ainsi l’ampleur du véritable Holocauste, en attisant les émotions encore fortes des citoyens de la ville, dont certains d’entre eux ont perdu des parents ou des grands-parents lors des bombardements aériens [de 1945].
Ainsi chaque année les Nazis organisent une marche commémorative à Dresde pour souligner l’événement. »

Mais il existe, même à l’extérieur de l’Allemagne, des gens qui se souviennent de l’horreur et de la hideur des actes commis par les Nazis. Dans la revue Notre-Dame du Cap de mars 2009, on s’adresse aux lecteurs pour éveiller en eux la compassion et le courage de dénoncer les exactions et la « banalité » des groupes de droite et d’extrême droite d’aujourd’hui: « Le silence et l’oubli encouragent les futurs criminels et en ce sens, ils tuent deux fois leurs victimes. Le prêtre (Patrick Desbois, ndlr) espère d’ailleurs, par ses actes, avertir les éventuels candidats aux crimes contre l’humanité. ‘Qu’ils sachent que leurs massacres finissent toujours par être mis en lumière, où qu’ils soient commis. ‘ Un génocide, souligne-t-il, n’est pas un tsunami ou un phénomène naturel. « On peut dès à présent contribuer à le prévenir."


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