vendredi, juin 01, 2007

IL ÉTAIT UNE FOIS

vol. 7, no. 6-7, Juin 2007

Daniel Paquet

«Tu vois, la Belle, le temps est venu d’aller au village voisin, chez ta tante. Tu reverras ainsi ton promis. Je me fais vieux et il n’y a plus beaucoup de charpentiers ici. Le village a besoin de relève, même s’il n’est pas «de la place»!

- Oui, justement, père, les prétendants d’ici me houspillent sans cesse. Entre autres, le fils du contremaître du chantier forestier me répète depuis toujours, que le village doit demeurer à l’écart des gens vivant ailleurs et surtout des villes. Le fils du banquier, lui, m’a dit que l’important pour avoir une vie agréable, c’est de ne pas épouser n’importe qui, mais avant tout un fils de banquier. J’ai la tête qui me tourne…
- Calme-toi la Belle. Écoute ton cœur! Je sais que celui que tu aimes, ne parle pas très bien le patois du coin et qu’il a un fichu accent. Mais, il t’aime. Il travaille fort et en bâtira de belles maisons. Vous aurez de beaux enfants, des bâtisseurs. C’est ce que le pays a besoin.»

Le père hésita et puis, après un court moment, il se tourne vers la Belle. Il pense à la forêt dense qui se dresse entre les deux villages; et avouons-le, c’est dangereux et périlleux.

«Tu devras être très prudente dans la forêt, la Belle. Ce matin, mon grand ami de Huron est venu me parler. Il m’a dit que, depuis peu, un loup affamé hante les bois. Il a déjà dévoré une vache, m’a-t-il affirmé, - et il veillera sur toi, car le loup n’est pas seul. Une meute le suit. Maintenant, puisque nous avons perdu l’habitude de combattre les loups, surtout ceux qui se cachent sous la défroque d’un chien, vous aurez à redoubler d’attention. De toute façon, les Indiens vont bientôt organiser une grande battue avec nous, pour repousser ces bêtes. Ne sois pas trop inquiète; d’autant plus, que mon ami t’a toujours considéré comme sa propre fille. Et il connaît très bien la forêt, de surcroît.
- Papa, ce n’est pas tout.
- Qu’y a-t-il?
- Je ne veux pas être la servante de William, mon amoureux…
- D’après ce que ta tante m’a dit, il habite peut-être un village, mais ils ont l’Internet. Alors, tu comprends que les choses ont bougé par là aussi et que tu pourras réaliser tes rêves, y compris d’ouvrir une garderie, comme tu nous en parles si souvent. Tu seras son égale.
- Comme dirait Linda Lemay, c’est mon père qui est le plus fort. Goodbye!»


Le lecteur aura rapidement compris qu’il s’agit d’un petit conte. Et si les choses étaient aussi simples, malgré l’intemporalité de l’intrigue… Il n’en demeure pas moins que le loup, c’est Mario Dumont, le chef de l’Action démocratique du Québec (ADQ). L’imbroglio politique est demeuré le même au Québec depuis les dernières élections, malgré que les sondages indiquent un mouvement -une valse des appuis- selon les humeurs de l’électorat. Fondamentalement, le Québec est toujours en crise. Quant à Québec solidaire, le parti social-démocrate, il a encore une chance unique de se faire valoir. Toutefois, il doit mettre la pédale douce sur son option indépendantiste. Il est possible que le Parti québécois, avec Mme Pauline Marois à sa tête, n’en soit plus qu’à son baroud d’honneur, lors des prochaines élections. Le Parti libéral du Québec est fort affaibli et régionalisé comme en témoignent les résultats des élections de mars 2007 et ce, même s’il forme le gouvernement… minoritaire.

Avec l’ADQ, c’est la démocratie, telle que nous la vivons encore, qui est fragilisée. Par contre, ailleurs au pays, le Congrès du Travail du Canada (trois millions de syndiqués) a réuni des centaines de travailleurs, le mercredi 30 mai, sur les deux rives de la rivière Outaouais, près d’Ottawa, la capitale fédérale, pour protester contre les pertes massives d'emplois, notamment au Québec et en Ontario.

La Vie Réelle tient à vous souhaiter de belles vacances d’été, tissées de chaleur et de retrouvailles. Au plaisir de vous revenir à la rentrée de septembre. A la prochaine!

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