vendredi, juin 25, 2010

MOÉ VLÉ BONHÈ TOUTTE L'UMANITÈ

Je veux le bonheur de toute l’humanité
(traduction du créole d'Haïti)

vol. 10, no, 10, Nouvelle édition, 28 juin 2010, $ 1.00

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À Montréal, il y a un arrondissement qui s’appelle Montréal-Nord; par dérision, les racistes l’appellent « Montréal-Noir » C’est blessant pour toutes ces femmes et ces hommes –des milliers- que la pauvreté et le désir de mieux vivre ont poussé vers le Québec. Heureusement, et la solidarité lors du séisme de l’hiver 2010 à Haïti l’a démontré, les Canadiens-français, surtout ceux des milieux modestes, ont beaucoup de compassion pour eux. Ces Haïtiens sont – toujours avec les formes- discriminés dans le logement et l’emploi. Mais ils nous apportent tant, ne serait-ce qu’un don précieux : celui d’aimer la vie!

Quelle différence avec Cuba, que cette minorité raciste! Quelques mois après le tremblement de terre, l’ambassadeur de Haïti dans la grande île antillaise, Jean-Victor Généus, en se référant à une exposition de peinture populaire Amanece sobre Haiti (Le jour se lève Haïti), de l’artiste cubaine Bertha Dora Lemus, a déclaré : « C’est un hommage à Haïti et au peuple haïtien dans un geste de solidarité très forte […] Il faut aussi rappeler que la peinture est l’âme du peuple haïtien… (Cubarte, 18 juin 2010). Le cœur de notre peuple frère palpite.

Ailleurs dans le monde, il s’indigne, comme le rapporte le quotidien parisien DirectMatin Plus, du 5 mai 2010. La presse a largement rapporté les actions de protestation des travailleurs grecs au printemps : « Brandissant le drapeau rouge, environ 200 militants communistes avaient occupé […] le célèbre site de l’Acropole, déployant une banderole sur laquelle on pouvait lire : ‘Peuples de l’Europe, soulevez-vous’. […] Le chômage devrait augmenter, les budgets et les salaires baisser ». (Photo SolidNet: manifestation en Grèce, centre des communications des partis communistes et ouvriers).
Dans un autre ordre d’idées, d’après les lois canadiennes, il est illégal de « fournir ou récolter par quelque moyen que ce soit des fonds pour quiconque aurait été soupçonné de terrorisme selon la liste 1267 de l’Organisation des Nations Unies (ONU). En réponse, « les dirigeants du Congrès du travail du Canada, du Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes et la section canadienne de l’Association internationale des machinistes ont annoncé […] que leurs syndicats embauchaient Abdelrazik, violant consciemment la législation canadienne mettant en application le régime 1267 au Canada. Ils payent Abdelrazik pour qu’il travaille à documenter son histoire afin de conscientiser [les Canadiens] ». Celui-ci a été détenu et torturé au Soudan avec l’implication du gouvernement du Canada. La Ligue des Droits et des Libertés du Québec soutient sa cause.

Bienvenue au Québec

À la veille de la Fête nationale du Québec (24 juin, ndlr), on pouvait lire : « Depuis 20 ans, vous faites confiance au Bloc Québécois pour défendre avec vigueur les intérêts du Québec et nous continuerons de travailler afin de réaliser la seule voie d’avenir pour la nation québécoise : la souveraineté. Dans un Québec souverain, nous serons maîtres de notre destinée, nous assurerons l’épanouissement de notre langue et de notre culture, notre poids politique sera de 100% et personne d’autre que nous ne parlera en notre nom dans le monde. » C’était le mot du chef, Gilles Duceppe.
Bien sûr, c’est inquiétant! Pour les citoyens un peu avertis, pour les ouvriers, il y a toujours une certaine frayeur à lire de tels propos. Mais, entre les deux grands partis bourgeois : le Parti conservateur (au pouvoir) et le Parti libéral (opposition officielle), il n’y a pas encore de choix. Pour l’instant, on ne peut voter que pour le parti le moins pire. Le Parti communiste du Canada est cependant en remontée. Il faut qu’il retrouve son influence au sein des organisations de masse.

Chez les jeunes, la flamme est toujours là, comme en témoigne le journal étudiant Montréal Campus du 24 mars 2010; des revendications attendent d’être prises au sérieux par le gouvernement du Québec, par exemple : « la bonification des bourses pour les parents étudiants, le gel des frais d’admission imposés aux étudiants étrangers et la gratuité scolaire […] Et si jamais le mouvement étudiant devait à nouveau se mobiliser, le président de la FEUQ (Fédération étudiante universitaire du Québec, ndlr), Jean Grégoire, est persuadé que ses membres seraient au rendez-vous. « Je pense que lorsqu’il est question d’endettement et que la situation est bien expliquée, les étudiants sont prêts à se mobiliser. »
Alors que le courant majoritaire au sein de l’Église catholique du Canada est plutôt ouvert et libéral, récemment le Primat de l’Église au Canada, le cardinal Marc Ouellet souhaitait « la reprise du débat sur la criminalisation de l’avortement et a salué la décision du gouvernement de Stephen Harper de ne pas financer, dans le tiers-monde, les programmes de santé où l’on offre l’interruption des grossesses ». La ministre responsable de la Condition féminine au Québec, Christine St-Pierre a réagi vivement : « Pourquoi remettre dans l’actualité un dossier réglé? L’avortement est une question personnelle qui ne regarde que la femme. Tant les femmes que les hommes du Québec n’accepteront pas le retour à la clandestinité de l’avortement. » Voilà en substance ce qu’a rapporté le quotidien Métro en mai 2010.

Québec solidaire

Alors que pour l’ensemble du Canada, les communistes privilégient certaines actions communes avec les socialistes du Nouveau parti démocratique; ne serait-ce que pour casser la glace et juger de ce que l’on a en commun, dans la province francophone du Québec, les communistes ont rejoint le parti Québec solidaire et ébauchent avec lui un programme électoral; en santé, par exemple.
Tout récemment, en tant que membre de ce parti, j’invitais deux amis français, dont une ancienne députée du Parti communiste français au Parlement européen à assister à un café-rencontre public organisé par l’Association de Québec solidaire de la circonscription de Gouin, là où la présidente du parti, Françoise David milite pour être élue députée.
Quelle ne fut pas notre surprise que d’entendre un des invités, Éric Pineault (professeur au département de sociologie de l’Université du Québec à Montréal –UQÀM), affirmer que les travailleurs du Québec devaient apprendre à gérer la décroissance. En clair : se serrer la ceinture pendant la crise. Un peu plus et nous tombions de notre chaise. Non pas que ses propos nous scandalisaient; ne faut-il pas s’attendre à cela de nos distingués professeurs universitaires?, mais bien qu’il les distille tout bonnement devant un auditoire de « gauche » et qu’il soit applaudi…
(Photo: si les Canadiens-français aiment bien revivre l'histoire d'un jour leur passé, ils ne veulent pas revenir en arrière et dans la misère).
Deux semaines plus tard, ce qui faisait vraiment la manchette, c’était que les ouvriers de la construction du Québec accueillaient dans leur équipe de négociation, la FTQ-Construction. En effet, elle se joint à l’alliance syndicale. Ensemble, ils représentent la majorité des plus de 100 000 ouvriers de la construction québécois qui espèrent obtenir une entente avec le patronat le plus tôt possible avant le congé estival annuel. Un des porte-paroles de l’Alliance syndicale a déclaré : « Ce front commun constitue une première dans l’histoire de la construction au Québec ». Un des principaux enjeux, d’après Métro, est le fonds de retraite, très affecté par les pertes à la Caisse de dépôt et placement, - "géré" par le gouvernement du Québec-, dans le tourbillon de la crise financière qui a aussi touché le Québec.

La construction, ce n’est pas qu’un métier, c’est un mode de vie. Ainsi, alors que débutait le long congé estival pour les élèves – j’avais alors 13 ans-, j’ai dit à ma mère que je ne voulais pas prendre part aux activités de loisirs de la municipalité : trop ennuyantes! Mon père, ouvrier et petit entrepreneur, alerté a tranché : tu ne traîneras pas cet été; tu as le choix : ou tu te rends aux activités de la municipalité ou tu viens travailler avec moi. Tu décides maintenant et je n’ai pas de temps à perdre…
(Photo: Donat, ouvrier de la construction et père de Daniel Paquet; fils d'Eugène, peintre-débosseleur d'automobiles et syndicaliste; aussi petit-fils de William Harris, débardeur dans le port de Québec et fier Irlandais).
Par bravade? Par défi? Je lui ai dit que je l’accompagnais. J’ai donc nettoyé des chantiers tout l’été pour $ 20.00 par semaine. Je me suis payé une bicyclette toute neuve et mes parents étaient contents. J’ai travaillé pendant sept ans. Je suis devenu apprenti charpentier-menuisier. J’ai été témoin de grèves et de menaces. On ne rigole pas toujours sur les chantiers au Québec. Il y a beaucoup d’argent en jeu.
Mais ce n’était pas ma « hache » comme m’a dit beaucoup plus tard mon père. Je bavardais trop en travaillant et je retardais les autres ouvriers. Et puis, on m’a élu à la direction de l’Association nationale des étudiants du Québec-ANEQ. Coquetterie masculine : le travail physique, le grand air et les efforts répétés ont développé la force et la charpente musculaire. Bref, après plusieurs années, je n’avais plus l’air d’un gringalet; ça devait plaire aux filles, me suis-je dit.
J’ai aimé le métier, mais surtout j’aime les ouvriers de la construction. Ils sont simples et sans détours. Ainsi tout récemment lors d’une manifestation à Montréal, j’ai croisé un groupe d’ouvriers membres d’un grand syndicat. J’ai voulu « faire mon comique » comme dirait mon père et je leur ai raconté une blague qui laissait croire que les gens du métier étaient des ignares en matière religieuse, voire des mécréants. Ils n’ont pas ri. Un d’entre eux m’a regardé bien fixement et m’a dit : attention, on est tous des croyants ici!
J’imagine que ça prendra tout un professeur d’université pour les gagner à l’idée qu’ils doivent « gérer la décroissance »! Car eux, ils mettent encore au monde des enfants, qu’ils aiment par-dessus tout, même si le travail d’ouvrier de la construction n’est pas la « hache » de leur progéniture.
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jeudi, juin 17, 2010

MAIN BASSE: LES CONSERVATEURS!

MAIN BASSE : LES CONSERVATEURS DÉBARQUENT
vol. 10, no. 9, Nouvelle édition, 21 juin 2010, $ 1.00

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Ils nous en réservent toute une. Qui donc? Les conservateurs de Stephen Harper. Même le quotidien centriste La Presse annonce : « L’intimidation, elle vient plutôt, selon bien des fonctionnaires et du personnel politique, du bureau du premier ministre, qui a érigé en culte le contrôle maladif de l’information […] On se croirait à Moscou dans les belles années du régime soviétique. »
Et encore, le Parti conservateur au pouvoir est minoritaire. Le journal Le Devoir (nationaliste) rapporte que « l’entourage du premier ministre canadien s’est fait prendre en flagrant délit de contrôle de message […] Des jeunes affirment que leurs questions (préparées dans le cadre des sommets du G8 et du G20, ndlr) ont été réécrites par le bureau de M. Harper de manière à en extraire les éléments potentiellement embarrassants. » On a retiré toute référence à l’avortement.
Maintenant, le gouvernement canadien ne se cache plus sur le choix de ses amis. Le Devoir, rapporte ainsi que « le premier ministre israélien, Benjamin Nétanyahou, n’a pas quitté le Canada aussi rapidement que ce que l’on aurait pu croire hier. En fait, il a effectué l’essentiel de sa visite à Ottawa, démontrant ainsi à quel point le gouvernement Harper est devenu un allié précieux et apprécié par Israël. »
(Photo SolidNet: manifestation de communistes israéliens en mars 2010; les vrais amis des peuples arabes et de celui de Palestine).

Ce journal, toujours, révèle que suite à l’agression israélienne contre la flottille de la paix pour Gaza, « la réaction canadienne a été l’une des plus douces de la communauté internationale ». Le gouvernement fédéral a déclaré : « Le Canada regrette profondément les pertes de vie et les blessures causées dans cet incident. » (sic)

Est-ce cette attaque en mer, surtout dans les eaux extraterritoriales? Toujours est-il que, selon Argenpress, « le Canada a révélé une stratégie de construction de vaisseaux qui coûteront plus de 30 000 millions de dollars canadiens pendant les prochaines 30 années pour construire 28 navires de grande envergure pour la Garde côte et la Marine canadienne, et 100 embarcations mineures, selon le ministre de la Défense, Peter MacKay. »
Pourtant, le Canada a ceci de particulier en termes militaires, qu’il est indéfendable, tant par mer que par terre. Sa frontière très étendue avec les États-Unis en fait une proie facile. On peut dire que c’est un secret de Polichinelle. Nos lecteurs auront vite compris que les seules victimes seront les bénéficiaires des programmes sociaux; le Ministre des Finances a confirmé les coupures budgétaires au printemps.
La flottille

Fidel Castro a déclaré au sujet de l’agression israélienne eu égard à la flottille : « Le dimanche 30 mai dernier, alors que j’écrivais la Réflexion L’Empire et la drogue, l’attaque brutale contre la flottille n’était pas encore survenue; celle-ci transportait des vivres, des médicaments et des articles pour le million et demie de Palestiniens confinés dans l’espace restreint de ce qui avait été leur propre patrie durant des milliers d’années. »
(Photo: dirigeants communistes du Canada, à partir de la gauche -Pierre Fontaine, Bill Sloan et Johan Boyden-, ils sont solidaires du peuple palestinien et rejettent le sionisme des autorités israéliennes).


Pour sa part, le secrétariat du Conseil mondial de la paix, établi à Athènes, Grèce, a condamné « l’attaque militaire durant laquelle plus de 16 civils de différentes nationalités ont perdu la vie et plus de 60 ont été blessés […] Le Conseil mondial de la paix exprime sa solidarité avec le peuple palestinien dans sa juste cause pour l’établissement d’un État indépendant dans les frontières de 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale. »
Du coq à l’âne

Dans un numéro précédent, (Paris au printemps, vol. 10, no. 5, Nouvelle édition, 25 mai 2010), l’auteur de ces lignes disait à propos d’un livre écrit par Jean-Paul Sartre, Situations, que l’ouvrage était un peu ennuyeux… mais qu’il allait le lire en entier.

Ce fut en premier lieu une lecture par souci d’honnêteté; mais par la suite, mue par une curiosité non feinte. Sartre évoque des événements, dont l’insurrection de Budapest en Hongrie fin les années 1950, ainsi que les politiques sordides, -voire criminelles- des dirigeants « communistes » de l’époque, tant dans ce pays qu’en URSS et la complaisance de leaders du PCF qui ont lourdement pénalisé le mouvement communiste par la suite à l’échelle internationale, y compris au Canada.

Et ce n’est pas parce qu’elles ont pénalisé ou ralenti le mouvement qu’elles devaient être condamnées, mais bien plutôt parce qu’elles juraient avec les valeurs profondes du communisme et ses idéaux de démocratie et de bonheur que ce soit pour la classe ouvrière, l’intelligentsia progressiste et tous ceux qui partagent cette vision du monde.
Les Hongrois qui ont quitté leur mère-patrie, lors de ces années plombées, n’étaient pas tous des fascistes. Beaucoup sont venus à Montréal, au Canada. Ils ont quitté cette ville à regret lors des évènements d’octobre 1970 au Québec, lorsque le Front de libération du Québec (FLQ) a enlevé le ministre du travail québécois, Pierre Laporte et un attaché commercial britannique, James Richard Cross. Ce groupuscule, terroriste, a joui dans un premier temps de la sympathie de la jeunesse urbaine et intellectuelle; leurs valeurs anarchistes et nationalistes corrodaient toute pensée politique démocratique. Nos immigrants hongrois, craintifs et échaudés par l’Histoire ont choisi de fuir en masse à Toronto dans la province anglophone de l’Ontario (Canada central).

D’ailleurs, même si le Parti communiste du Canada ne semble pas avoir beaucoup de membres à Montréal maintenant, il ne faut pas oublier que de nombreux immigrants, sûrement des centaines, et des milliers de Canadiens-français seraient prêts à l’appuyer par différents moyens si on les convainc du caractère démocratique du parti, de ses pratiques transparentes et de ses objectifs dans l’esprit de Karl Marx et de Vladimir Lénine. La preuve en est l’influence qu’a eue le parti dans les années 1970 au Québec alors que ses membres exerçaient des fonctions réelles dans les organisations de masse. Ce n’est donc que partie remise.
(Photo SolidNet: manifestation en mai 2010 au Portugal pour les droits des travailleurs. À Montréal, les travailleurs portugais ont joué un rôle très significatif au sein du Parti communiste du Canada).
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Jean-Paul Sartre, Situations, VII, problèmes du marxisme, 2, Gallimard, Paris, 1965

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jeudi, juin 10, 2010

LE GRAND CAPITAL EST PLUTÔT INQUIET

vol. 10, no. 8, Nouvelle édition, 14 mai 2010, $ 1.00

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Fidel Castro écrivait récemment que le « président Obama peut faire des centaines de discours, s’évertuant à accommoder des contradictions irréconciliables au détriment de la vérité; ou il peut rêver de la magie de ses phrases bien articulées en faisant des concessions à des personnalités et des groupes manquant d’éthique. Il peut aussi faire le portrait de mondes fantastiques n’existant que dans sa tête, semés là par des conseillers au fait de ses tendances… » Malgré tout le pire est à prévoir. Sur Wall Street, on mesure soigneusement la valeur des interventions du président : sera-t-il capable de contenir le peuple états-unien longtemps, à commencer par la classe ouvrière?

Au Québec, le quotidien centriste La Presse, propriété de la multinationale canadienne Power Corporation, sonne la fin de la récréation pour les partis pro-business à l’Assemblée nationale et les somme de « s’attaquer au problème de fond (le financement des partis politiques, ndlr) plutôt qu’à jouer aux vierges offensées, endommageant davantage le peu de crédibilité qui reste à la classe politique. » Il faut comprendre ici : la crédibilité des partis bourgeois, car le parti de gauche Québec solidaire a vu, lui, son soutien s’élever dans les sondages d’opinion.
Le mouvement syndical, dont la Confédération des syndicats nationaux (CSN) a saisi la balle au bond pour que le gouvernement du Québec revienne sur sa décision d’imposer une taxe régressive en matière de santé publique. Le ministre des Finances, selon Webdo Info, « semble vouloir reculer », au moment d’aller sous presse.

Le patronat a bien frais en mémoire que des dizaines de milliers de personnes ont marché à Montréal lors de la traditionnelle manifestation du Premier mai, Fête internationale des travailleurs. Ailleurs, c’est la Grèce qui est en ébullition. D’ailleurs un représentant du mouvement syndical grec, PAME, viendra à Toronto et à Montréal, à l’invitation du Parti communiste du Canada pour insuffler ici l’énergie des « sintrofé » (camarades) de la péninsule hellénique.
(Photo SolidNet: manifestation organisée par le PAME en Grèce, 2010).

Ailleurs, plus de 300 000 de travailleurs ont occupé le centre de Lisbonne, à l’appel de la Confédération des travailleurs portugais, dans un élan d’indignation, de protestation et de lutte contre les politiques visant l’appauvrissement de l’ensemble de la classe ouvrière de ce pays.
Non, non, non, pas ce cauchemar! Se désespère le grand patronat anglo-franco canadien, dont Power Corporation.
La question nationale au Canada

Les nationalistes québécois aimeraient bien détourner cette grogne à leur profit. Comme le rapporte le journal Le Devoir : « M. Duceppe (chef du Bloc québécois à Ottawa, ndlr) ne désespère pas de voir le Québec accéder un jour au concert des nations. Citant en exemple l’effondrement brutal du mur de Berlin, en 1989, il a fait une remarque un brin philosophique », précisant qu’il y a des heures qui valent une décennie. Gilles Duceppe est un ancien chef syndical québécois; il fut le chef d’un parti maoïste. Tout comme ses amis, il attend son heure de gloire et la séparation du Québec d’avec le Canada anglais; concrètement la fin des liens entre la classe ouvrière québécoise et la classe ouvrière canadienne-anglaise!
Au Québec, le parti de gauche Québec solidaire a une possibilité réelle de faire élire plusieurs candidats lors des prochaines élections législatives, mais il devra mettre de côté son orientation nationaliste. Les travailleurs sont en faveur de l’égalité nationale entre les deux peuples fondateurs du Canada et le droit à l’autodétermination jusqu’à et y compris l’indépendance, mais ils comprennent qu’un grand marché dans un État qui ne les agresse pas du point de vue de leur origine nationale, mérite que les Canadiens d’expression anglaise et les Québécois poursuivent leurs échanges à tous les niveaux. Ajoutons que les ouvriers québécois sont beaucoup moins « frileux » que les petits-bourgeois de la Belle Province craignant, eux, d’affirmer leur culture et leur langue française où que ce soit au Canada. D’ailleurs, c’est à la classe ouvrière organisée que le Canada doit en très grande partie ses réalisations démocratiques, dont les programmes sociaux. Il faut bien dire les choses telles qu’elles sont!
(Photo: Pierre Fontaine, président du Parti communiste du Québec; une belle interprète inconnue et le leader du Parti communiste du Canada, Miguel Figueroa).
Quant aux nationalistes du Parti québécois (PQ), œuvrant sur la scène provinciale et parti de l’opposition officielle, La Presse dit de lui que le « recentrage amène les péquistes carrément sur le terrain des libéraux, celui du contrôle des dépenses, de la remise en cause des façons de faire de l’État. En fait, le PQ comble un vide. Les libéraux sont impopulaires, surtout en raison de la multiplication des allégations de favoritisme […] Le message qu’a envoyé Mme Marois (chef du PQ, ndlr) ce week-end, c’est qu’un gouvernement péquiste ferait mieux qu’un gouvernement libéral pour bien gérer les finances publiques et améliorer les services. »
La démocratie

Parlant de démocratie, il faudra de nouveau monter au créneau car le gouvernement central conservateur, selon le quotidien Métro, « cherche à trouver une façon de surveiller le contenu des discussions en ligne portant sur des sujets politiques afin de corriger les informations jugées inexactes. »

Au Québec, les communistes ne peuvent être d’accord avec certaines personnes qui, -on ne sait trop comment- ont pu représenter, aujourd’hui, des travailleurs comme à la Confédération des syndicats nationaux (CSN). Celles-ci ont pesé lourd, pour que « la CSN revendique (d’après Webdo-Info, ndlr) la mise en place d’une charte de la laïcité qui comprendrait des balises claires. Elle partage la recommandation du rapport Bouchard-Taylor (commission nommée, à toute fin pratique, par le gouvernement provincial pour étudier les relations entre les Québécois dits de souche et les immigrants, ndlr) voulant que les personnes qui occupent des fonctions d’autorité ne portent aucun signe religieux distinctif, comme les policiers, les magistrats et les gardiens de prison. Les enseignantes, les enseignants et les éducatrices en garderie qui constituent des modèles pour les jeunes élèves devraient être ajoutés à cette liste. »

Les signes distinctifs sont un faux débat. Les femmes musulmanes qui portent le voile sont semblables, si on se souvient réellement de l’histoire religieuse du Québec, aux femmes qui « avaient pris le voile » et entrer dans les ordres dans un passé pas si lointain. Leur tenue ne scandalisait personne. En France, c’est le président Nicolas Sarkozy, de droite, qui s’élève le plus virulemment contre les musulmanes et agite le « drapeau national ». Est-ce un tel mépris et cette haine des femmes, de ces femmes, dont nous avons besoin au Québec? Alors que le respect, l’accueil et l’amitié favorisent la compréhension mutuelle!

Comme l’affirmait Johanne, une amie de La Vie Réelle, récemment et fière de sa féminité : « ces femmes, ce ne sont pas des gourdes, elles ont fait un choix et ce choix n’est pas irréversible, mais ce n’est pas à nous d’en juger; laissons-leur ce droit! » Cette femme, elle-même coordinatrice d’un centre accueillant près de 1300 participations par semaine, est compétente; les clients masculins sauront vous le confirmer…
Enfin, La Vie Réelle a l’occasion de revenir sur un sujet « épineux » pour les nationalistes et bien simple pour les gens ordinaires : l’apprentissage de l’anglais. La majorité des Québécois veulent apprendre à parler l’anglais. Même, s’ils sont fiers de leur langue française, ils sont conscients que c’est une porte ouverte pour les voyages et le travail, même au Québec. Sans compter la connaissance de la culture anglophone, tant du Canada anglais que des États-Unis, nos deux nations voisines.

Le Québec a une population de 7,6 millions d’habitants. Selon La Presse, « depuis 1978, le nombre d’élèves aux écoles anglophones est passé de 250 000 à 100 000 ». En ce moment, on doit prendre des subterfuges pour étudier l’anglais, grosso modo en fréquentant l’école privée de langue anglaise avec les coûts que cela entraîne, alors qu’avant l’élection du Parti québécois dans les années 1970, l’école anglophone était accessible librement. Qui pourrait dire aujourd’hui que les finissants de ces écoles ont dilapidé leur fonds francophone et perdu toute notion de fierté nationale?
(Photo: Université du Québec à Montréal, UQÀM, 40 000 étudiants, la majorité des finissants ne sont pas bilingues ou fonctionnels en anglais!)

Par contre, Pauline Marois, chef du Parti québécois, désireuse de diriger le Québec, -un îlot dans la mer, faut-il préciser-, ne connaît pas cette langue. Il y a une lacune ici qui rend mal à l’aise le moins farouche des partisans du statu quo. Qu’est-ce qui se passe dans ce parti?

Rassurez-vous chers amis nationalistes, le rédacteur de ce bulletin n’est pas un "méchant" immigrant du Maghreb ou du Canada anglais, il ne s’agit que d’un Canadien-français bien ordinaire qui parle –et je m’en excuse- cinq langues, dont l’anglais, l’allemand, l’espagnol, le russe et évidemment le français tout en ayant des bases en italien et en grec moderne. Après tout, il n’y a pas de honte à y avoir, m’a dit un jour ma mère, même si la France, c’est un peu notre mère-patrie, n’en déplaise à ces Québécois d’obédience péquiste…


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vendredi, juin 04, 2010

LA RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CANADA

vol. 10, no. 7, Nouvelle édition, 7 juin 2010, $ 1.00

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Petit récit de science-fiction à l'intention des sceptiques et des résignés

Nous sommes dans le domaine de la culture et de la création littéraire. Voici donc un court récit de ce qui pourrait se produire au Québec ou au Canada en général, si… Après des années de conservatisme et de recul sur les droits acquis et les programmes sociaux, la population du Canada a décidé de porter au pouvoir le Parti communiste. Un certain soir, à Montréal, la Société Radio-Canada annonça que si la tendance se maintenait dans le dépouillement des bulletins de vote, le Parti communiste formerait le prochain parti de gouvernement. Le Comité central réuni à Montréal, discuta de la situation nouvelle, mais prévisible dès le début de la campagne électorale.
L’aile fédérale du parti Québec solidaire, regroupant les forces de gauche en général et agissant conjointement avec les communistes salua la victoire. Celle-ci reposait d’abord sur l’engagement de la classe ouvrière unie au parti Québec solidaire plongeant ses racines au sein de la jeunesse petite bourgeoise et intellectuelle des villes, -comprendre en premier lieu Montréal-, laissée pour compte par un capitalisme en pleine débandade qui n’avait pas de place pour elle. La gauche s’adressa rapidement aux éléments patriotiques des autres formations politiques : des partis libéral (bourgeois), du bloc québécois (nationaliste), du nouveau parti démocratique (social-démocrate), et même des cercles démocratiques du parti conservateur (bourgeois pro-USA). Le but : former un large gouvernement de coalition; le cabinet ministériel en tiendrait compte. L’idée : imposer le contrôle du gouvernement central sur les grandes corporations, les banques et les sociétés multinationales, surtout téléguidées des États-Unis.
(Photo Michel Faust: discussion entre le député du parti Québec solidaire à l'Assemblée nationale, Amir Khadir-au milieu- et Daniel Paquet, sous le regard de Catherine Deschamps, porte-parole de la Maison l'Échelon, ressource en santé mentale à Montréal; mai 2010).

Pendant la nuit, les dirigeants du Parti communiste –majoritaire- ont rencontré les officiers supérieurs de l’État-major des Forces canadiennes. Ceux-ci se rangeaient derrière le nouveau gouvernement. À sa demande, les troupes furent mises en état d’alerte et… le 22ème régiment royal composé principalement de soldats canadiens-français, se mit en branle vers la métropole, Montréal. Le mouvement de troupe se poursuivit toute la nuit, avec le transport des blindés sur de lourds fardiers par l’autoroute 20 entre Québec et Montréal. Les soldats avaient déjà quitté leur base via des vols spéciaux; si bien qu’aux petites heures, les militaires occupaient les lieux stratégiques du poumon industriel et économique du Québec : ports de Montréal et de Québec, aéroports Pierre-Elliott-Trudeau et Jean-Lesage, le quartier des affaires au centre-ville, le secteur des sociétés de communications (radio, télévision…) et les postes frontaliers avec les États-Unis. Bref, rien ne fut laissé au hasard.
Vers 5h00 du matin, les directeurs des chaînes et des moyens de communications de masse, communautaires et ethniques en particulier, furent réunis dans un grand amphithéâtre dans la tour de la Société Radio-Canada. Le porte-parole de la direction communiste y lut le premier communiqué d’importance du gouvernement coalisé : assise principale de la politique du pouvoir – la paix, message en direction des citoyens des États-Unis-. De plus, le gouvernement décrétait immédiatement le relèvement des salaires, à commencer par le salaire minimum; les vacances payées s’étendraient au moins sur cinq semaines pendant l’été et le contrôle des prix était désormais en vigueur afin de juguler l’inflation et préserver le pouvoir d’achat des familles ouvrières notamment. Cette annonce se termina sur la musique de van Beethoven, « Figlio Perduto », le temps que chacune des stations radio, télé, en anglais, en français, dans la langue des Inuit ainsi que des communautés immigrantes puissent reprendre l’antenne; qu’elle soit, enfin, publique ou privée.
(Photo: siège de la Société Radio-Canada/Canadian Broadcasting Corporation à Montréal, dans le quartier des télécommunications).

Cette prise du pouvoir par les communistes au Canada surprit beaucoup à l’étranger, en France pour ne nommer que ce pays. En effet, en 1990, un philosophe communiste français, Lucien Sève, avait fait paraître un livre Communisme, quel second souffle? (Éditions sociales, Paris) où il écrivait en relation avec l’effort de déraciner le courant révolutionnaire ici et là : « Mais à des degrés et sous des formes variables, il l’est un peu partout dans le monde, et en particulier dans toutes les grandes nations capitalistes développées sans exception. Il l’est aux USA, au Canada, en Grande-Bretagne, en RFA (Allemagne, ndlr), où les partis communistes, malgré leurs mérites, ont le plus grand mal à décoller. » (pp.10-11).
C’était ignorer ce qu’a décrit D. Zatouski, dans L’art du roman et le XXe siècle, paru dans Recherches Internationales (Paris, no. 87), à savoir, eu égard à la société occidentale : « Apparemment, l’ordre y règne, il est ‘prospère’, remplie d’une multitude de choses utiles : automobiles avions de ligne, autoroutes en béton, grands magasins à plusieurs étages, réfrigérateurs, téléviseurs, ascenseurs. Tout est pratique et beau, adapté, ajusté, fonctionne impeccablement. Mais l’homme doit y vivre dans la solitude et l’absence de confort. Il éprouve constamment la peur. Sous un sourire standard, optimiste, se cache la grimace nerveuse du raté. » (p. 168).
Pour les gens qui craignaient l’instauration du socialisme, le Parti communiste souligna encore une fois que « la propriété privée de biens personnels, y compris le droit de posséder une maison, un chalet, des économies, un fonds de pension et des polices d’assurances, sera garantie. Le peuple décidera, à la lumière des circonstances, de toute compensation à verser aux grands capitalistes pour les propriétés qui leur auront été expropriées. »
Pour les sceptiques, dubitatifs sur les sources de financement nécessaires pour réaliser toutes ces réformes, le parti a répété : « En supprimant le lourd tribut extorqué par la classe des capitalistes sous la forme de profits, de loyers, d’intérêts et de spéculations parasitaires, et en éliminant le terrible gaspillage qu’entraînent la production militaire et les guerres (dont celle en Afghanistan, ndlr), les crises économiques, la surproduction, l’obsolescence planifiée de marchandises vendues aux consommateurs, le chômage, la rivalité acharnée, la publicité compétitive, entre autres; l’État socialiste mettra à la disposition de la société d’immenses ressources actuellement gaspillées. » (Programme du Parti communiste du Canada et du Parti communiste du Québec, Toronto, 2001, pp. 98 et 99).
La principale inquiétude reposait sur la possible absence de liberté. Le porte-parole du Parti communiste rappela alors ce qu’ont toujours dit les marxistes : « plus le jugement d’un homme est libre sur une question déterminée, plus grande est la nécessité qui détermine la teneur de ce jugement; tandis que l’incertitude reposant sur l’ignorance, qui choisit en apparence arbitrairement entre de nombreuses possibilités de décision diverses et contradictoires, ne manifeste précisément par là que sa non-liberté, sa soumission à l’objet qu’elle devrait justement se soumettre. La liberté consiste par conséquent dans l’empire sur nous-mêmes et sur la nature extérieure, fondé sur la connaissance des nécessités naturelles; ainsi, elle est nécessairement un produit du développement historique. » (Friedrich Engels, Anti-Dühring, Éditions sociales, Paris, 1950, pp. 146-147). Et ça n’exclut pas d’avoir son petit commerce!
(Photo: réplique d'une classe de niveau élémentaire au début du XXème siècle au Québec. L'Église catholique contrôlait le secteur de l'éducation. Elle imposait une discipline implacable et autoritaire. Il y avait bien peu de libertés... Elle a changé depuis).

Il avait fallut travailler inlassablement au cœur des Forces canadiennes pour qu’elles se rangent derrière le nouveau pouvoir. De nombreux exemples abondaient à l’échelle internationale sur le patriotisme des soldats : au Portugal dans les années 1970 avec la révolution des capitaines, de jeunes officiers brillants appuyant le peuple pour instaurer la démocratie; le soutien des soldats russes à la cause des communistes lors de la révolution d’Octobre 1917; l’appui à Hugo Chavez au Venezuela…
Ce qui avait été le plus décisif dans la prise de position des soldats reposait sur le fait que durant leur séjour au pouvoir, les chefs conservateurs s’en remettaient directement et constamment au gouvernement des États-Unis; c’était là où reposait le véritable lieu de décisions. Les soldats canadiens étaient d’accord pour s’entraîner avec les soldats états-uniens, mais pas prêts à partager le même lit…
En 2010, on ne pouvait se fonder que sur les déclarations du président des USA, Barack Obama. Il avait écrit : « Le rejet de l’absolutisme, implicite dans notre constitution peut parfois donner l’impression que nos politiques ne reposent pas sur des principes. Mais la plupart du temps, dans notre histoire, il a encouragé le processus même de la cueillette d’information, d’analyse et d’argumentation qui nous permet de meilleurs, quoiqu’imparfaits, choix, non seulement des moyens pour réaliser nos buts, mais également de nos buts eux-mêmes. » (The Audacity of Hope, Vintage Books, New York, 2006, p. 113).

Finalement, ici s’arrête ce petit récit. Le mot de la fin, après les citoyens canadiens, revient au peuple des États-Unis : accepteront-ils que leurs voisins du Nord empruntent une voie différente ou mieux encore; voudront-ils, dans leur majorité, imiter ces habitants qui ne cesseront jamais de les étonner…
Ce jour-là, les exploiteurs de tous crins, n’auront plus grand place pour se réfugier !
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