vendredi, avril 21, 2006

MAI 2006, vol. 6, no. 5

PAS ENCORE LE PREMIER MAI!?

Qu’est-ce qu’on y peut si des jeunes bon chic bon genre, surtout des petits-bourgeois, en ont ras- le-bol d’entendre parler des communistes, du premier mai et de toutes ces "salades" socialistes? Eux, ce qui les intéressent, c’est la configuration virtuelle de leur nombril; alors laissons les pavoiser…
Pour les autres et surtout les jeunes qui ignorent ce que signifie le premier mai, voici une courte histoire. Le premier mai, fête internationale des travailleurs, plonge ses racines dans le mouvement pour les huit heures de travail par jour (on travaillait beaucoup plus que cela auparavant). A Chicago, ce mouvement prit une tournure dramatique alors que le gros patronat fit charger les ouvriers par la police. Il y a eu des morts… Soit-dit en passant, la rédaction de l’hebdomadaire communiste People’s Weekly World est désormais dans la ville des vents. En 1889, à Paris, les représentants d’organisations de travailleurs et la Fédération des travailleurs américains déclarèrent que le 1er mai 1890 serait célébré comme la Fête internationale des travailleurs.
Dans les grands pays socialistes d’Europe par exemple, on fètait cette journée; encore aujourd’hui à Cuba, c’est une journée toute spéciale.
A ce sujet, le jeune ministre cubain des Affaires étrangères, Felipe Pérez Roque, a fait récemment le point sur l’état de son pays, en réponse à des questions formulées par des amis à l’étranger : "que se passera-t-il à Cuba si vous n’arrivez pas à redresser la barre de certaines erreurs et difficultés qui remettent en cause vos principes? Que se passera-t-il lorsque les dirigeants historiques ne seront plus là?" Il a aussi parlé de manière crue et directe des tendances négatives qui se sont faits jour dans leur société ces dernières années : la soif de consommation, la corruption, l’indolence face aux erreurs, la croyance ingénue dans le fait que le capitalisme est le paradis…
M. Roque a répondu que "tant que, dans notre pays, l’autorité des dirigeants sera basée sur la manière d’agir exemplaire, la conduite austère, la consécration au travail, l’absence de privilège si ce n’est celui de servir plus et de se sacrifier plus, tant que toute prébende sera combattue et que la sanction sera d’autant plus forte que le poste est plus élevé…" alors Cuba demeurera socialiste.
Les autorités étatsuniennes n’aiment pas le Premier mai. Elles n’aiment pas le mouvement ouvrier organisé tout court et ceux qui s’opposent à elles. Ainsi en mars 2006, George W. Bush a présenté un document officiel "La stratégie de sécurité nationale" qui autorise un tir nucléaire, y compris comme une "réponse" à une "crise imminente". Ce n’est pas rassurant!
Malgré tout, l’intimidation ne réussit pas partout. Récemment le gouvernement français a dû retirer une loi qui discriminait les jeunes à leur première embauche. Comme le dit un professeur universitaire de Paris dans un entretien accordé au quotidien communiste l’Humanité : "Paradoxalement, l’exception française n’est pas le signe d’un déficit de modernité mais plutôt la préfiguration de combats décisifs à mener partout en Europe et dans le monde pour défendre la démocratie et les droits sociaux". Dans la foulée, les Italiens ont élu la coalition de centre-gauche qui a promis de restaurer les droits des ouvriers inscrits dans la Constitution après la 2ème guerre mondiale par la coalition des partis anti-fascistes.
Le Premier mai, c’est un peu tout cela! Allez les jeunes, prenez le relais. Après tout, tout ce que vous pouvez jouir maintenant, c’est vraiment grâce aux générations antérieures, à vos parents que vous l’avez obtenu.