mercredi, avril 21, 2010

LES ARTS DE LA SCÈNE

vol. 10, no. 3, Nouvelle édition, 26 avril 2010, $ 1.00

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NOTA BENE: La Vie Réelle reviendra le 17 mai 2010.

Le journal Métro du 8 avril titrait « Baisse du budget de Radio-Canada, la programmation écopera », la même journée le quotidien La Presse renchérissait : « La télévision de Radio-Canada devra supprimer l’équivalent d’une série dramatique, de 20 heures d’émissions jeunesse et de 15 heures de documentaires par année pour parvenir à boucler son budget […] Au total, le financement de Radio-Canada chute de 3,7 millions, et celui de son pendant anglophone, la CBC, de 8,9 millions. Toutes deux bénéficiaient auparavant d’une enveloppe protégée garantissant leur financement. » Le gouvernement conservateur minoritaire de Stephen Harper a décidé de mettre fin à cet exercice. Sieg Heil! Excusez-moi : « Nous vaincrons »!? Aurait-il plutôt martelé. (Photo Josette Thibault: l'Internet, source d'information et l'éditeur de La Vie Réelle).

Ce gouvernement n’a pas sévi uniquement dans le domaine de la télévision, puisque La Presse de la journée précédente informait ses lecteurs que « Deux ans après les compressions fédérales, les compagnies de danse montréalaises (les Grands Ballets canadiens, et le Regroupement québécois de la Danse, ndlr) cherchent toujours à reprendre leur souffle. Entre le soutien du gouvernement du Québec, les campagnes de financement et les effets de la crise économique, l’avenir de la danse montréalaise, ici comme à l’étranger, reste à inventer. »

Flagorneur, le journal Métro du début mars, en abordant le prochain exercice financier du gouvernement fédéral, affirmait : « mais la Défense nationale sera épargnée et verra son budget croître à un rythme soutenu, passant d’environ 20G$ cette année à 22G$ en 2017-2018. » Si vous ne voulez pas être considéré comme un traître à la patrie, ne rechignez pas et dites plutôt comme le général Daniel Ménard , à La Presse Canadienne (en janvier de 2010) : « Je crois que nous aurons d’importants développements en 2010 […] Avec le nombre de soldats et les ressources qui m’ont été alloués, je pense pouvoir les (Talibans, ndlr) affaiblir cet été. » (Dites aux violons qu’ils jouent moins fort, s.v.p.!).

Candide ou cynique, il a poursuivi (ce sera un classique de la littérature canadienne-française) : « Je pense que nous aurons des résultats cet été. Ça ne sera sans doute pas terminé, mais nous pouvons préparer la table pour la ronde suivante. Il est maintenant évident que nous avons les ressources nécessaires… » À n’en point hésiter, on peut enfin dire qu’il s’agit d’un « Stand up Comic »!

Haro sur les Canadiens-français


Par ailleurs, rassurez-vous, il y aura « réductions d’impôt pour les sociétés ». Ne vous méprenez pas, il ne s’agit pas de la Société Radio-Canada, mais bien des corporations privées qui empochent les profits au Canada. Même Prions en Église d’octobre 2008, revendiquait un mieux-être en précisant qu’ « il est temps de rétablir le droit des plus démunis et des marginalisés à jouir de la terre et de ses bienfaits, qui sont des dons de Dieu à tous ses enfants. Aussi, nous demandons au gouvernement canadien de mettre en place des mécanismes qui permettront d’encadrer les compagnies minières canadiennes qui exploitent des ressources minières dans les pays du Sud. »

(Photo: manifestation montréalaise de mars 2010, on condamnait déjà le budget fédéral).
Beau temps, mauvais temps, « les budgets des ministères [seront] gelés dès 2011 ». Alléluia!


Vision complémentaire, le ministre des Affaires étrangères démissionnaire du gouvernement canadien, Maxime Bernier (impliqué dans une affaire de mœurs, il y a deux ans), fait désormais campagne pour dénigrer le Québec qui aurait trop de programmes sociaux, soutenant notamment les plus démunis. Le quotidien Métro du 21 avril a affirmé que même le gouvernement du Québec condamnait les « discours » de l’ancien ministre. On pourrait penser aux malades mentaux qui reçoivent une allocation mensuelle supplémentaire de $ 130.00 lorsqu’ils s’inscrivent dans des programmes de travail; on leur donne aussi une carte de transport pour la ville de Montréal, encore $70.00 par mois. Grosso modo, ils vivent comme de très bas salariés, mais souvent heureusement dans des logements subventionnés. Rappelons qu’un Canadien sur cinq vivra une période de maladie mentale dans sa vie et que le salaire moyen au Québec est d’environ $ 30 000 par année par personne, alors que les bénéficiaires de l’Aide sociale reçoivent environ $ 12 000 pendant cette période de 12 mois, lorsqu’ils sont inscrits à un programme d’emploi.

Il va de soi qu’un député conservateur anglophone aurait été accueilli avec « une brique et un fanal » s’il était venu à Montréal livrer une telle déclaration. En fait, il semble que la direction du Parti conservateur tâte le terrain en envoyant leur collègue Maxime sur le terrain, et « au bâton » pour distiller de tels propos. S’il réussit à raviver les protagonistes rétrogrades et pestilentiels de la droite québécoise, il pourra -nul doute- réintégrer le cabinet des ministres, son souhait le plus cher dans l’immédiat; dans l’attente d’une course à la direction du Parti conservateur qui pourrait le couronner futur Premier ministre du Canada; rien de moins, cher Maxime. Au fait comment vont tes amours?


Anecdote : le bulletin d’information de la Confédération des syndicats nationaux (CSN), Webdo Info, du 8 avril 2010, faisait savoir que « les 253 lock-outés du Journal de Montréal ont investi une succursale de Canadian Tire […] Ils ne comprennent pas pourquoi des entreprises de renom continuent de s’associer au pire employeur du Québec ». Quelle fourberie! Quelle ignorance! À vous de choisir. Bien sûr qu’il existe une connivence entre gros patrons. Mais comment peut-on être aussi bêta à publier dans un bulletin officiel qu’on « ne comprend » pas, comme si le capitalisme n’était pas compréhensible. Où est passée la gauche dans le mouvement syndical? À ce titre-là, cessons de protester contre les coupures dans le service public (la télévision), les arts et encourageons la militarisation de l’économie.
(Photo: le secrétaire général de la Ligue de la jeunesse communiste du Canada, Johan Boyden, avec la mascotte des employés du Journal de Montréal en lock-out).


Par bonheur, il existe des artistes qui plongent au cœur de l’humanité et ne voient pas les choses à leur seule surface et n’ont pas peur de les nommer telles qu’elles le sont.


Totem avec Robert Lepage



Un nouveau spectacle de cirque est à l’affiche dans le Vieux-Port de Montréal, monté par le Cirque du Soleil. C’est Robert Lepage qui en est le maître d’œuvre. Comme le souligne La Presse du 9 avril : « Totem fait évidemment référence aux sculptures verticales des autochtones de la côte Ouest, mais Lepage y voit surtout un mot universel qui illustre bien l’esprit de sa nouvelle création : l’évolution de l’homme. »


Voirmontréal de la mi-avril, note que : « Technologie, originalité, poésie et virtuosité se conjuguent pour évoquer l’évolution des espèces et la trace qu’elle a laissée en nous. »

« La narrativité est simple, poursuit Lepage. On commence dans l’eau, on en sort, on rampe, on marche à quatre pattes, on grimpe, on se tient debout comme des êtres humains et ensuite, on veut voler pour explorer le cosmos et peut-être trouver la source du mystère de la vie. » Le metteur en scène de la création du monde a compulsé de nombreux mythes dont ceux des peuples amérindiens.
(Photo: simplement une grenouille géante de jardin à Québec).


Robert Lepage, qui fait la fierté des gens de Québec, conclut : « La grande originalité de cette création est qu’on réinvente les animaux au cirque, mais de façon plus respectueuse, en les incluant dans notre poésie. À l’heure où tout le monde veut faire vert, j’estime que faire un spectacle organique et écologique qui ne fait pas de sermons ni la morale, c’est une réussite. »

Du 22 avril au 27 juin, Sur les Quais du Vieux-Port de Montréal


Dès le 22 juillet, Au Port de Québec.

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mercredi, avril 14, 2010

DES BALADES POUR LA PAIX

vol. 10, no. 2, Nouvelle Édition, 19 avril 2010, $ 1.00

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Si je vous dis que ma première invitée est Britannique, qu’elle est jeune et qu’elle a chanté au State olympique de Beijing – le nid d’oiseau- en République populaire de Chine, à l’ouverture des Jeux de 2008; vous aurez sans doute deviné qu’il s’agit de Sarah Brightman. Une voix pour la paix et le rapprochement entre l’Asie et l’Occident. Ses chansons font rêver. De formation classique, elle interprète tout de même des airs de musique « pop ». Elle n’est pas recluse dans un seul style, mais ouverte aux influences diverses.
(Photo: le karaté, art martial de l'Orient, séduit aujourd'hui les Occidentaux; c'est une discipline de paix).


On pourrait l’imaginer dans les contreforts d’une colline; à ses pieds une vallée anglaise typique et verdoyante. On entend le galop d’un destrier. Il porte le chevalier, recouvert de sa cotte de maille; il accourt rejoindre –la paix retrouvée après la bataille épique, là-bas au loin- sa dulcinée à qui on a déjà appris son retour; émue elle fait les cent pas aux créneaux du château. Le chœur a entonné un hymne à l’amour : Scarborough Fair. Un air traditionnel anglais. C’est l’impatience des retrouvailles après des mois, voire des années de séparation. « Then she’ll be a true love of mine. »

En italien suit : Figlio Perduto (Lost Son). Voix puissante sur une composition de M. Ludwig Van Beethoven : la lutte dans le cœur des hommes entre ce qu’ils chérissent et le mirage qui peut les emporter vers la mort. C’est un crescendo plein de force, libre et saisissant.

(On retrouve ces deux chansons sur le disque La Luna, Nemo Studios, Angel Records, Printed in Canada en l’an 2000).

[Incise] Pour ceux qui parlent l’espagnol, il est très plaisant de comparer cette interprétation avec celle du groupe espagnol « Mocedades ». Dans cette langue, la chanson s’appelle « Cuando tu Nazcas ». Elle date de 1983 et elle emprunte les rythmes du disco. Ce n’est plus une prestation classique, mais bien une chanson populaire. C’est d’ailleurs le genre de ce groupe, peu connu au Canada, mais ayant une très bonne place dans le cœur et l’esprit des peuples d’Espagne et d’Amérique latine.

(Mis 30 mejores Canciones, Sony Music Entertainment, Miami, 2003)

D’ailleurs, dans cette compilation, le titre le plus connu est sans doute “Eres tu”, une grande chanson d’amour poétique, chantée également en espagnol.
(Photo Consulat général de Cuba à Montréal: les Cubains sont de grands amoureux de la belle chanson d'expression espagnole)."
Brisons les armes

Revenons à Sarah Brightman. Un de ses plus beaux disques est « Harem », enregistré en 2002/2003. La guerre bat son plein en Afghanistan et en Irak. La chanteuse assume et produit un disque où se côtoient l’Occident et l’Orient. D’ailleurs une partie du disque a été fait au Liban et en Égypte. L’Orchestre symphonique de Prague a aussi été mis à contribution; les cordes en témoignent.
Dans une de ses plages, The War is over, elle proclame : « In morning dew, a glorious scene came through like war is over now. I feel I’m coming home again. Pure moments of thought. In the meaning of love, this war is over now. I feel I’m coming home again to you.”
(Caricature Argenpress: avec beaucoup d'abnégation le peuple argentin renoue avec une certaine démocratie, après des années de dictature militaire atroces).

(Harem, Angel, EMI Music Canada, 2003)

Dans la même veine, notons la magnifique chanson de la jeune interprète Tina Arena. Née en Australie de parents Italiens, elle fait carrière en France. Elle s’est fait connaître dans la version anglophone de Notre-Dame-de-Paris, montée à Londres, en Grande-Bretagne.

Elle serait étiquetée, selon l’époque, comme chanteuse « commerciale », mais elle a chanté en 2005, un hymne à la paix. On parle de « Je m’appelle Bagdad ». Sur des airs orientaux/arabes, elle est bien droite –on l’a vue à la télévision- et entonne sous la complainte d’un piano lugubre, accompagnée d’un chœur qui renforce la douleur. Cette douleur, c’est la chute de la capitale irakienne. Elle chante : « Je m’appelle Bagdad, et je suis tombée sous le feu des blindés […] Mes contes des mille et une nuits n’intéressent plus personne. Ils (les agresseurs, dont les USA, ndlr) ont tout détruit. »

(Un Autre Univers, Sony BMG Music Entertainment, France 2005)

Quand il faut partir

Chanson préparant un grand voyage, un départ après un dur effort, c’est bien « Time to Say goodbye ». C’est peut-être l’aria qui a fait connaître le plus Sarah Brightman du grand public, que ce soit au Canada ou ailleurs dans le monde. Elle l’interprète avec le fabuleux chanteur d’opéra italien Andrea Bocelli.

Cette fois, le chant s’avère lyrique et classique. D’ailleurs, l’enregistrement, le mieux connu, a été réalisé avec l’Orchestre symphonique de Londres (G.-B.) Ce sont les paroles qui annoncent un grand voyage, qui se fait le porte-étendard de l’amour, du cri vers l’être que l’on ne veut pas quitter, mais il n’y a pas de résignation. Le voyage emmènera les deux amants. On prépare les bagages ; l’aventure, l’inconnu nous attendent : « Time to Say Goodbye, paesi che non ho mai. Veduto e vissuto come te, adesso si li vivro, su navi per mari, che io lo so, no no non esistono piu, It’s Time to Say Goodbye. » (Time to Say Goodbye, Places that I’ve never seen or experienced with you, now I shall, I’ll sail with you, upon ships across the seas, seas that exist no more, I’ll revive them with you.)

Puisque nos parlons de voyage, imaginez que surgit des brumes un formidable aéronef russe Antonov. (Pour ceux qui ne sont pas versés en aéronautique, cet avion –en service- est peut-être le plus prodigieux ; le gouvernement canadien a eu recours à ses services à l’occasion). Donc, notre « tapis magique » fend le brouillard et sous les regards ébahis, il s’approche de la piste de décollage. La musique et la voix de Sarah Brightman le dirigent dans « Naturaleza Muerta ». Son pilote entraînera son étalon moderne et gigantesque vers le bout de la piste, lentement, royalement, en attendant qu’une fenêtre d’accalmie se montre à l’horizon (Espera, espera !) pour annoncer l’élan et l’accélération irrésistible qui propulsera l’appareil bien au-delà des nuages. Pop up ! Nous volerons vers le soleil. Qu’est-ce que la nature et l’environnement peuvent être beaux… en bondissant sur la tête cotonneuse des nuages.
(Photo: vol aérien, ô soleil qu'est-ce que tu peux être beau).
(Time to Say Goodbye, Angel, EMI, 1997,made in Canada)

Enfin, Sarah Brightman puise aussi au répertoire anglais et états-unien, créé pour des spectacles et des émissions de télévision et a interprété de belles chansons rassemblés dans le CD “The Songs that got Away”. (The Really Useful Record Co, 1989, made in Canada).
Elle a une large palette. Sous un autre registre, elle prend bien soin de sa santé : elle ne boit pas notamment. Elle travaille beaucoup, innove et tente de nouvelles expériences musicales avec beaucoup de joie. Elle n’est pas sclérosée par les habitudes et la routine.
(Photo: musée montréalais, on ne pourrait y conserver les chansons de Sarah Brightman qui seront toujours jeunes et vivantes).

Et elle est vraiment si belle.

Toujours avec des mots semblables

Je ne sais pas trop pourquoi, mais dans un « flash » d’inspiration débordante, aux petites heures de la nuit, il me vint à l’’idée de conclure cet article en rappelant au lecteur qu’à l’instar de Sarah Brightman, il y a eu aussi des groupes anglo-saxons qui ont dit tout haut : « Yes, I love you ». dans un anglais clair et limpide.

Je pense ici à « The Moody Blues » dans « Nights in White Satin » où le chanteur Justin Hayward, soutenu par l’Orchestre symphonique de Londres (G.-B.), pouvait dire à tout un peuple, -nous sommes dans les années 1970- que malgré les façons de penser et de vivre, nous les aimons. Ne pourrait-il pas désigner ainsi le peuple états-unien, alors engagé dans la guerre contre les « diables » de communistes au Vietnam ? (Greatest Hits, Polygram Records, 1989, made in Canada).
C’est une grande chanson et d’une profonde actualité. Elle parle de cette nuit qui ne finit pas, de vérité et d’amour sans restrictions. Que pouvons-nous dire de plus à un peuple dont les autorités justifient toutes les guerres par la menace : d’abord communiste et ces jours-ci « terroriste ». Elles dupent leurs commettants et appellent quasi à la croisade pour une goutte d’or noir, alors qu’au bout du compte, c’est fondamentalement pour lui que le pouvoir en place assassine, et ce, sans vergogne…

Ceux qui ne comprennent pas l’anglais pourraient demeurer sur leur appétit, certes.

Alors La Vie Réelle, a revisité « Les grandes succès de Stéphane Venne » ; une chanson a retenu l’attention, celle créée par Nicole Martin en 1981, comme thème musical du film Les Plouffe.
Elle dit : « Il était une fois des gens heureux ». D’une voix poignante, elle clame, en pensant à ces années de tumulte qui furent celles de la deuxième guerre mondiale ; alors que les jeunes hommes du Québec, comme ceux d’autres pays sont mobilisés pour la guerre contre le nazisme allemand, en Europe : « À table, il y eut des chaises vid’s, aux yeux virent les rid’s, il ne resta plus rien de vrai […] Il était une fois des gens heureux, c’était en des temps plus silencieux, parlez à ceux qui s’en souviennent. Ils sav’nt encor’ les mots des romances ancienn’s, où ça disait toujours ‘le monde est beau, le monde est beau ‘ »
(Photo: Construction nouvelle dans la cité des spectacles à Montréal, pour embellir notre monde).
(Le temps est bon, Musicor, Disque Citation, 1998, Canada)

L’Afghanistan, l’Irak et (l’Amérique latine menacée): rien n’a jamais été aussi impérieux et noble pour la classe ouvrière et les communistes aux mille chansons que la lutte pour la paix. N’était-ce pas là le cœur des chansons de Jean Ferrat ?
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jeudi, avril 08, 2010

CHANGEMENT DE VOCATION

vol. 10, no. 1, Nouvelle édition, 12 avril 2010, $ 1.00


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Depuis plus de 10 ans, La Vie Réelle diffusait des commentaires, des analyses et des opinions politiques sur des réalités contemporaines, dans la mesure où celles-ci touchaient les travailleurs canadiens-français du Québec. Aujourd’hui, force est de constater que le Parti communiste du Québec (Canada), qui n’avait aucune publication en français quand le projet La Vie Réelle a démarré, avance solidement au cœur du peuple québécois avec un journal remis à neuf; il s’agit de Clarté.

Aussi La Vie Réelle a choisi de devenir une Pause Culturelle Progressiste.

Comme point de départ, il faut réitérer l’affirmation que les communistes ne forment pas uniquement un parti de contestation; on peut prévoir que ceux-ci assumeront dans l’avenir les fonctions d’un parti de direction et je dirais même plus : un parti de gouvernement. On y retrouve déjà des artistes, des avocats, des syndicalistes, des musiciens, des journalistes, des photographes… bref, de nombreux spécialistes qui accompagnent la classe ouvrière dans sa démarche d’émancipation économique et politique, entre autres. (Photo: rendez-vous saisonnier à la cabane à sucre pour les Québécois de toutes nationalités où des mets du terroir les attendent).

En 1978, quelques mois avant le 11ème Festival mondial de la jeunesse et des étudiants qui eut lieu à Cuba, les deux co-présidents du Comité préparatoire du Canada, Anna Larsen et moi-même (président du Comité du Québec), nous nous sommes rendus à La Havane pour juger de l’état des lieux, à savoir si tout serait prêt pour l’été; nous étions en janvier.

Nos camarades cubains, étaient bien contents de nous entraîner dans des fêtes populaires qui se déroulaient dans des parcs et dans les rues de la ville; plaisir suprême (!) : une visite à un hôtel célèbre où nous avons pu assister à un spectacle genre Moulin Rouge de Paris, avec des danseuses plutôt lascives...

Quels dévergondés me suis-je dit avec réprobation. Quoi de l’exploitation des femmes ici, dans un pays qui se dit socialiste. Anna, elle, ne semblait pas trop s’en offusquée, même si elle était plus proche du mouvement de la femme que moi. En tous cas, je n’en revenais pas…

Pour ma défense, je dois dire que ma formation scolaire reposait sur un séjour de six ans dans un collège « classique » privé de Lévis, de la région de Québec. L’école était portée sur la morale. Certaines mauvaises langues disent qu'on voulait faire de nous des recrues pour le sacerdoce.

(Photo Consulat général de Cuba à Montréal: vue de La Havane)

L’année suivante, je me suis retrouvé (c’était à l’été 1979), en Estonie soviétique –oui, une des quinze républiques socialistes de l’Union- dans une petite ville où à l’hôtel local se donnait un spectacle avec des danseuses –rassurez-vous elles n’étaient pas nues-, mais leurs mouvements étaient plutôt suggestifs. Les dirigeants de la république nous ont toutefois affirmé que finalement le cœur de leur culture nationale reposait sur un grand déploiement annuel où les chorales estoniennes se réunissaient dans un amphithéâtre gigantesque à ciel ouvert et s’unissaient pour entonner des chants folkloriques anciens et plus modernes. En passant, la langue du pays, c’est l’estonien qui ressemble beaucoup au finlandais.

Là-bas, les gens sont aussi fiers que les habitants de la « Vieille capitale » du Québec. En effet, Tallin, la capitale de l’Estonie, a vu son centre-ville rénové. C’est merveilleux ce qu’ils en ont fait. C’est une véritable ville du Moyen-âge sur le pavé, un bourg d’artisans comme autrefois. Et ils sont gentils. Une membre du Comité central du Parti communiste d’Estonie, Marguerite, nous avait donné des friandises pour le voyage en train qui devait nous ramener à Moscou, heureuse d’avoir reçu cette visite de moscovites et d’étrangers. En passant, ils mangent de la soupe aux pois, comme les Canadiens-français, mais ils y mettent du sanglier. Le mélange reçoit une très bonne note.

Des esprits hostiles à tout ce qui s’est vécu en URSS auront tôt fait de rappeler la présence des Russes dans la république. Effectivement, ils constituaient à peu près 40% de la population et s’exprimaient dans leur langue. Ils étaient venus dans cette république parce que l’Estonie manquait avant tout de main-d’œuvre; à l’époque, la petite république faisait partie de toute l’Union et il n’était pas inconsidéré de parler la langue principale de l’Union soviétique, le russe, qui était véhiculaire comme l’anglais l’est aujourd’hui, en Europe notamment et même en Amérique du Nord.

De retour au Canada

Malgré la toute-puissance de la culture de masse importée des États-Unis, les communistes canadiens ont toujours encouragé l’épanouissement de la culture d’ici, qu’elle soit du Canada anglais ou du Québec. Plus près de nous, dans les années 1970, ils avaient encouragé et soutenu la formation du groupe britanno-colombien « Bargain at half the price » qui avait fait une tournée les ayant conduit jusqu’à Québec et Toronto.

Parlant de Toronto, beaucoup d’artistes apparentés ou proches du Parti communiste organisaient des concerts, réalisaient des expositions et des vernissages. À Montréal, les communistes mettaient sur pied des manifestations artistiques, surtout lors de galas ou bals populaires à l’occasion de fêtes spéciales comme celles du Nouvel An ou pour le Premier Mai (Fête internationale des travailleurs).
(Photo: chevaux attendant l'attelage pour une randonnée en forêt après un copieux repas de la cabane à sucre).

Encore aujourd’hui, il arrive –même si c’est une habitude à recréer- que les communistes encouragent de nouveaux talents à faire de la musique et à chanter.

Des amis de La Vie Réelle, comme notre fidèle lectrice Raymonde de Québec, nous a interpellé à juste titre pour qu’on parle des talents qui font connaître le Québec, d’abord parmi ses habitants et aussi à l’étranger comme Robert Lepage, et ce, de façon plus prometteuse et durable que le « fameux » Clotaire Rapaille. Le message a été bien reçu. D’où le changement d’orientation du bulletin.

Instinctivement, parler de l’avenir de la culture québécoise, c’est aussi parler de la sémillante et jeune Lynda Thalie (origine algérienne), des Cow Boys fringants, de Mes aïeux et de tant d’autres dans le monde de la chanson, ou encore d’écrivains tel Claude Braun –qui vient de publier son Québec Athée-.

Également, La Vie Réelle parlera de Fairouz, de Tina Arena et nous tenterons de réaliser des entrevues, de recenser des livres, de reproduire des photographies, de faire connaître des films ou des pièces de théâtre, bref de présenter une culture vivante d’un point de vue communiste.

En fait, on veut démontrer aux travailleurs et à l’intelligentsia progressiste du Canada qu’il y a des artistes au Québec qui œuvrent pour que les gens aient une vie plus belle, plus heureuse et plus stimulante, bien au-delà des «paradis artificiels » et qu’eux aussi peuvent faire quelque chose à partir de leurs dix doigts et puiser dans leur « caboche » des idées tout à fait nouvelles qui les rendront fiers d’eux-mêmes et plus généreux dans leur entourage.
C’est un peu comme si tout en regardant une bûche, ils voient déjà l’élan d’un couple amoureux et que dans les pas hésitants d’un enfant, ils sentiront la chorégraphie d’une danse moderne et entraînante. Peut-être que nous pourrons dire que « tout reste à faire ».

Conclusion : droit de parole à nos camarades cubains. En novembre 2009, a eu lieu la première d’une œuvre théâtrale avec des malades mentaux. Ils étaient plus de 200 participants d’un hôpital du pays dans une pièce musicale, dans laquelle « Le Chevalier de Paris », le Don Quichotte cubain, appartenant au patrimoine national, sert de pont entre les patients et la création artistique.
(Photo Consulat général de Cuba à Montréal: jeunes pionniers cubains).

Plus récemment en 2010, un groupe de jeunes Québécois a visité Guantanamo dans une initiative de solidarité pour mieux comprendre la culture cubaine. Une étudiante du Québec, Myriam Potvin, a conclu : « Ce voyage me laisse une sensation de grand bonheur, que nous emporterons dans nos cœurs… »


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