jeudi, février 25, 2010

SONATE À LA TERRE

vol. 10, no. 9, 1 mars 2010, $ 1.00
if you wish to read in English: http://wwwlavienglish.blogspot.com/

PROLOGUE

C'est connu, La Vie Réelle, ne publie que des textes politiques. Mais le monde ne se résume pas à la politique. La vie culturelle s'avère un univers bien vaste. Au Québec, une riche tradition de conteurs s'est enracinée. Nous en connaissons une; il s'agit de Josette Thibault. Son talent survole l'espace poétique et la fantaisie, même les animaux sont doués de parole et jouent de la musique.
Nous lui avons demandé de partager un moment avec nous par le biais d'un de ses textes. Elle a accepté. Le voici, il n'y a plus besoin de présentation. Josette viendra nous voir de temps en temps, au gré de l'inspiration.

Merci Josette!
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Il était une fois un petit chien. Pas trop petit, ni trop gros, pas trop vieux non plus, ni trop blanc, ni trop noir, ni trop lambin, ni trop vif. Bref, il n'avait rien pour se faire remarquer.

Il habitait un beau pays sur cette Terre, un pays plus froid que chaud, où il y avait des poteaux en quantité, ainsi que des facteurs aux mollets bien dodus. Le pays idéal pour un chien, quoi!

Il était particulier ce chien : il aimait passionnément la musique. Il s'était donc procuré une guitare et, tous les jours, cloîtré dans un sous-sol, il pratiquait ses accords et composait des chansons. Il les chantait d'une belle voix grave, aux intonations chaudes.

Quand notre petit chien se sentit prêt, il chercha d'autres petits chiens comme lui pour former un groupe. (Photo Josette Thibault: Pilou).

Il en trouva deux. Dans tous leurs temps libres, ils jouaient. Chaque jour les voyait s'améliorer de plus en plus. Des mois plus tard, ils enregistrèrent leur premier disque. Quelle extraordinaire aventure! Le même soir, ils allèrent fêter l'événement derrière un restaurant dont la poubelle débordait toujours de victuailles alléchantes ... Quel snack!

Mais ne réussit pas qui veut dans la musique. Leur disque ne se vendit pas. Sans se laisser décourager, ils en firent un autre. La même chose se produisit.

Les autres membres du groupe laissèrent alors tout tomber. Le petit chien se retrouva seul.

Il décida donc de changer de ville. Le même échec l'attendait. Il s'embarqua sur un bateau pour émigrer dans un autre pays. Mais personne ne semblait prêt pour sa musique.

Une nuit, alors qu'il se promenait dans la campagne, sa guitare sur l'épaule, il leva les yeux au ciel. Dans un moment de rêverie, il tomba dans la Lune et s'y trouva tellement bien qu'il décida d'y rester.

Chaque soir, il écoutait, venant de sa planète natale, le concert des loups hurlant à la Lune et son coeur en était ravi.

Sa déception passée, il se remit à jouer. C'était facile, il n'avait pas beaucoup de monde à qui parler sur la Lune.

À partir de ce jour, les habitants de la Terre entendirent tous les soirs s'égrener des notes célestes, si belles qu'ils restaient dehors pour les écouter. Personne ne connaissait leur provenance mais tous étaient sous le charme.


C'était pourtant la même musique que le petit chien avait enregistré sur ses disques. Mais elle venait d'ailleurs, elle était mystérieuse. Personne n'avait l'impression de l'avoir déjà entendue. Sauf ses amis chiens, qui auraient bien voulu avoir un brin de sa popularité. Car même en n'enregistrant pas de disque, le petit chien devint célèbre sur toute la planète. Il était enfin quelqu'un! Il n'était plus noyé dans l'anonymat des milliards de gens plus bas. Et pourtant, personne ne savait qui était ce musicien de l'espace, ni d'où il venait.

Les astronomes s'aperçurent bien un jour qu'il y avait une ombre bizarre sur la Lune, une ombre mouvante. Mais aucun ne put expliquer le phénomène.

Le petit chien ne redescendit plus jamais sur la Terre. Il était heureux sur sa boule avec sa guitare. Il avait compris que c'était en s'expatriant loin de chez lui qu'il avait obtenu le succès. Il ne s'ennuyait pas car, quelquefois, de séduisantes petites femelles poilues à quatre pattes trouvaient le truc pour aller rejoindre l'énigmatique vedette. Il en résultera sans doute une nouvelle race de musiciens qui envahiront bientôt notre belle planète ... et lui apporteront un peu de paix.

Regardez la Lune un soir qu'elle sera pleine. Vous y remarquerez sûrement l'ombre d'un joueur de guitare aux longues oreilles!

Texte de Josette Thibault
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mercredi, février 17, 2010

NOS CAMARADES LES CHATS

L'ESPRIT RÉVOLUTIONNAIRE EN URSS ET EN CHINE

vol. 10, no. 8, 22 février 2010, $ 1.00
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En 2007, est paru l’ouvrage Fuir l’histoire? de Domenico Losurdo. Bon, diront les réfractaires, encore un livre; ou pire encore un livre d’intellectuels souligneront les plus cléments. Ce n’est pas tout à fait le cas. Ce livre est d’abord et avant tout un manuel scolaire qui s’adresse aux élèves et étudiants de secondaire V jusqu’au terme des études universitaires, surtout dans le domaine des sciences humaines et sociales; mais aussi aux curieux des grandes épopées humaines.
(Photo SolidNet: grande manifestation anti-impérialiste à Athènes en 2009)
Comme son nom l’indique, il traite d’histoire, plus particulièrement de la révolution russe et de la révolution chinoise aujourd’hui.

Bon ça y est, un livre de propagande, renchériront ceux qui n’aiment pas trop la lecture, d’autant plus qu’ils ont déjà vu des « films » sur le sujet. Ils en ont déjà plein le casque de tous ces films de guerre et de révolution.

Toutefois, comme on dit au Québec : ils manquent une bonne « game ». Il faut dire que toute la culture ambiante en Amérique du Nord, décourage la lecture d’ouvrages réfléchis sur des sujets qui sortent un peu de l’ordinaire ou qui nécessitent un peu de concentration et d’attention. C’est vrai le travail de Losurdo, ce n’est pas un roman d’amour ou un écrit sur les animaux domestiques, par exemple.

Pourtant, il y a des sujets sur lesquels, les intellectuels québécois ou ceux qui nient l’être tout en travaillant de la tête, n’aiment pas lire; par exemple, sur la politique. Parce que la politique ou les questions d’idées, c’est « sale » et que ça sème le trouble ou la zizanie. Alors, nous choisissons de parler des félins domestiques, eh oui, de nos chats : n’est-ce pas le temps de faire couper leur pelage, de les faire dégriffer, d’acheter la nourriture dont ils raffolent… Ils nous donnent tellement d’affection, ils méritent bien cela.
Si on « n’embarque » pas dans le sujet, tout comme on ignorerait le hockey sur glace, notre cas est suspect. Néanmoins, le contact avec les êtres humains, la discussion et même les polémiques –oui, celles qui entraînent aussi la chicane- contribuent à une vie mieux équilibrée et dé-stressante. Après tout, l’unanimité est-elle vraiment à souhaiter? Faut-il nécessairement faire le consensus et dénicher un rassembleur pour que la société fonctionne?

Mais pour la société québécoise, petite bourgeoise par excellence, l’idéal c’est de toujours confier les responsabilités sociales et politiques aux « élus »; ainsi quand vous entrez dans une manufacture ou que vous mettez les pieds dans un chantier en ayant une question à poser : on vous référera au contremaître ou au « gars » de l’union. Ce n’est pas tout le monde qui ose se mettre de l’avant. De plus, l’individualisme nord-américain fait le reste.

Si on parle de révolution, en général les gens voient immédiatement un bain de sang et la mitraille.

Voilà l’intérêt de lire et de méditer le bouquin de Losurdo, -dans l’ordre que vous désirez-. Bien sûr, il parle de communisme. Il montre les difficultés vécues par les révolutionnaires russes et chinois, les erreurs et mêmes les crimes qui ont précédé la défaite du socialisme en URSS. Nos amateurs de solutions toutes faites concluront : c’était inévitable, car ça ne peut pas marcher; l’homme, étant ce qu’il est, le système parfait ne peut exister. Le livre éclaire aussi sur la situation particulière de la République populaire de Chine.

On comprendra que l’éditorial du directeur du journal communiste français L’Humanité du 7 novembre 2009 (dans l’Humanité Dimanche), sous la plume de Patrick Le Hyaric, consterne l’auteur de ces lignes. Pour avoir croisé l’homme à deux reprises au printemps 2009, candidat du Front de gauche lors de la campagne électorale européenne, tête de liste à Paris, il semblait que celui-ci, particulièrement intelligent et sensible, ne condamnerait pas sans appel l’expérience soviétique. Pour l’éditorialiste, celle-ci est un échec… Toutefois, il ne rappelle pas à ses nombreux lecteurs que les soviétiques ont dû bâtir l’URSS dans des conditions singulièrement difficiles : guerres, famines, instabilité politique, interventions armées étrangères et absence d’expériences antérieures si ce n’est la Commune de Paris de 1871; il n’y avait pas un modèle tout fait d’avance. Bref, La Vie Réelle estime que Patrick Le Hyaric y va « trop raide » dans cet éditorial sur le soviétisme et confond ses lecteurs.

(Page frontispice du quotidien français l'Humanité, 2009)

Mais, il n’est pas le seul à errer. L’auteur même de ces lignes, à son tour, s’est fourvoyé sur toute la ligne en écrivant sur la République populaire de Chine, tout récemment. Losurdo, qui connaît mieux le sujet, explique avec moult arguments que le parti communiste chinois est tout à fait dans le réel en développant le pays comme un vaste chantier où le capitalisme est présent mais régulé. Déjà du temps de Mao, on prévoyait que le retard « féodal » de la Chine obligerait un tel détour économique et historique. Les dirigeants d’aujourd’hui ne peuvent être condamnés sans appel.

Losurdo souligne, du même souffle, l’encerclement militaire du « grand pays asiatique » par l’impérialisme états-unien (qui se paie la bravade d’avoir des bases, il faut le faire, dans certaines anciennes républiques de l’URSS qu’il s’est, - non sans forfanterie- employé à démembrer) et les nombreuses provocations dont le peuple chinois est l’objet de sa part avec le dessein de dépecer la République populaire de Chine, à sa guise. D’ailleurs, Barack Obama dans un ouvrage paru avant son élection présidentielle, The Audacity of Hope et contemporain du livre de Losurdo, explique que la Chine est dans la ligne de mire des milieux dirigeants nord-américains. Errare humanum est, affirme le dicton; mais il faut surtout remercier le communiste français Hervé Fuyet qui a conseillé la lecture du livre de Domenico Losurdo; compte tenu qu’il jette un éclairage critique et nouveau pour les lecteurs de La Vie Réelle.

Par ailleurs, La Vie Réelle est parfaitement consciente que partout dans le monde, l’héritage de Staline entraîne des luttes idéologiques amères et parfois corsées entre communistes. On pourrait dire que parfois les couteaux volent bas. Si un parti communiste, petit, revisite la période stalinienne pour essayer de tirer au clair ce qui s’est réellement passé et appelle à une approche plus circonstanciée de l’histoire, des voix s’élèvent pour le traiter de sectaire. Par contre, si un grand parti communiste se range du côté des historiens « officiels », on l’accuse d’opportunisme et de frôler la dérive à droite.

CHAT ÉCHAUDÉ CRAINT L’EAU FROIDE

Évidemment, on ne peut dire : tout le monde, il est beau; tout le monde, il est gentil; ou encore : accordez-vous et tout ira bien dans le mouvement communiste, et ce, sur un ton benoît. Probablement que dans certains pays, les communistes sont même en ordre de bataille rangée pour faire valoir leur point de vue sur Staline. Pendant ce temps, les tenants du grand capital s’en réjouissent sûrement; ceci dit, il ne faut pas cesser les débats au nom de l’unité contre cette droite. Les débats et les discussions, même les plus critiques doivent se poursuivre; mais il faut ensemble trouver le moyen de le faire dans le respect et l’objectif de trouver l’équilibre vers la vérité et renforcer idéologiquement le mouvement communiste international.

L’important n’est pas de gagner des galons auprès de la presse commerciale et des grands banquiers où qu’ils soient, mais de lire et faire circuler des ouvrages comme Fuir l’histoire? de Domenico Losurdo ou encore Sagesse de la révolution de Georges Gastaud pour qu’ensemble : ouvriers, intellectuels progressistes et artistes, nous cassions le système capitaliste.

Les sinistrés d’Haïti (200 000 morts) nous interpellent dans leur linceul pour que pareille catastrophe n’ait plus autant d’impact. Les victimes du régime d’Uribe en Colombie exigent la démocratie, même à la canadienne.

Les peuples vivant dans l’infériorité, qu’ils soient d’Afrique ou même dans des centres richissimes -même si la vie est comparativement plus agréable- comme au Canada où la question nationale n’est toujours pas résolue pour les millions d’Amérindiens, d’Acadiens et de Québécois, demandent qu’une force politique organisée et répondant à des besoins de plus en plus pressants, tant sur le plan économique que politique, prenne l’avant-scène. Ce pourrait être la contribution politique majeure du Parti communiste du Canada. On ne pourrait être surpris, par exemple, que même au Québec, qui peut être qualifié de « pays » tranquille et stable, couve une colère grandissante; surtout pour tous ces jeunes à qui les mass médias vendent des « concepts » de prospérité, alors que ce n’est pas du tout certain qu’il y ait un avenir pour eux.

Malgré que notre approche ne soit pas similaire et qu’en tout dernier lieu, les communistes qu’ils soient de Grèce, de Russie, de Chine ou bien de France ne soient pas toujours sur la même longueur d’ondes, La Vie Réelle serait d’avis, comme l’Humanité Dimanche que, face à l’avenir : « de nouveaux choix [mettent] désormais l’accent sur les qualités de la vie, l’éducation, la formation tout au long de la vie, des activités utiles au service de toutes et tous, la culture, l’émancipation individuelle, la préservation des ressources naturelles, l’environnement, un changement total des modes de production et de consommation. »
(Photo SolidNet: manifestation en Grèce, en 2009)

Et si la prochaine révolution, au nom de tous ces peuples qui attendent leur entrée dans l’Histoire, se faisait ensemble; et si la mondialisation des marchés n’était que le prélude à un grand revirement de situation? N’est-ce pas le temps pour tous les partis communistes de dialoguer, y compris d’exprimer les différences et de montrer à tous, là où le bât blesse. Les communistes français « n’ont pas la langue dans leur poche », comme on dit au Québec et ils peuvent jouer un rôle précieux auprès de leurs cousins d’Amérique. Nous l’avons vu dans le passé. Leur présence résonnait dans les échanges multiformes avec le Québec dans les années 1970 et 1980; peut-être n’y ont-ils rien gagné, mais les progressistes québécois, eux, ont vu leurs forces se multiplier dans tout ce mouvement entre nos deux nations francophones.

Enfin, toujours au Québec, on peut dire que les travailleurs tout en gagnant bien leur vie, s’interrogent pour les années à venir : et que laisserons-nous aux plus jeunes, à nos enfants? Pour l’instant, ça va, mais demain?

(Photo: nouveau quartier des classes "moyennes" dans la ville de Québec)



Descriptif de l’ouvrage :

Fuir l’histoire?
La révolution russe et la révolution chinoise aujourd’hui
Domenico Losurdo
Éditions Delga, Le Temps des Cerises, 2007, 283 pages,
41,95 $

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jeudi, février 11, 2010

LE QUÉBEC ET SA JEUNESSE

ELLE NOUS AIME, MAIS NE NOUS EN DIT PAS MOT

vol. 10, no. 7, 15 février 2010, $ 1.00

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Décidément, le gouvernement minoritaire conservateur s’enfonce dans la fange d’un hiver printanier où il y a du chaud et du froid. On ne pourrait dire, de mémoire, ce qu’a fait ce gouvernement pour le peuple canadien depuis sa première élection, il y a quatre ans. Les mass médias disent du premier ministre Stephen Harper qu’il veut tout contrôler. Mais que veut-il contrôler au juste? Son incurie? Ses dissimulations?

(Photo: début d'hiver en 2009 à Montréal)

Finalement, tout ce qu’on constate, c’est que le discours dominant, même s’il ne se traduit pas par des lois, annonce une grosse tempête, une grosse bourrasque. Tous les éléments conservateurs et rétrogrades du pays se réorganisent et se sentent emportés dans un vent de contre-réforme et de retour en arrière. Le Canada deviendrait-il un pays conservateur; comme on dit : oui, ils ont une mentalité plutôt conservatrice là-bas? C’est probablement la conclusion que les experts et les profanes dans la défense de la qualité de l’environnement ont dû se dire, après la prestation du premier ministre Harper à Copenhague, lors de la conférence sur l’après Kyoto, où le gouvernement du Canada, alors libéral, s’était mérité ses lettres de noblesse.

CHANGER DE RÉGIME

La population du Québec n’adhère pas à ce genre de politiques. Sur le plan électoral, la réponse est le maintien d’une respectable avance dans les intentions de vote pour le Bloc québécois, qui d’ailleurs détient la majorité des sièges dans la Belle province. Attention, il ne faut pas se tromper! Un vote pour ce parti, ne signifie pas un vote pour la séparation du Québec du reste du Canada. Par contre, le temps passe et les choses ne changent pas. Les conservateurs demeurent au pouvoir. Les libéraux sont timorés et n’osent pas faire face à l’électorat de peur de régresser encore plus dans l’opinion des électeurs, des travailleurs du pays.

Pour ce qui est des communistes, l’Histoire ne les a pas encore appelé à faire la différence au Canada. L’idéal communiste rejoint beaucoup de monde, mais c’est dans la pratique de tous les jours que le parti communiste perd des plumes. Certains trouvent qu’il est un peu sectaire, d’autres qu’il est trop dur à l’égard de certaines sections de la population. Bien sûr, la majorité des membres ne sont pas fermés aux réalités nouvelles, par exemple le fait que de plus en plus de travailleurs canadiens souffrent de maladie mentale, un sur cinq selon les chiffres officiels; mais on ne sait pas toujours comment aborder ces personnes qui peinent et qui se désolent dans une détresse affective et souvent morale. Ça aussi, c’est un enjeu pour la classe ouvrière organisée.

Les dirigeants communistes doivent aussi savoir qu’au Canada, à tout le moins, ils ne sont pas menacés par quiconque pourrait être considéré comme cliniquement « déséquilibré mentalement » et pouvant commettre un crime, par exemple, qui nuirait à la cause; même si c’est le genre d’allégation qui avait prévalu à l’époque de l’Allemagne nazie quand on jugea le présumé incendiaire du Reichstag (parlement) allemand. Ce geste nuisit considérablement au parti communiste allemand.

De nos jours, ce que l’on pourrait dire à nos communistes canadiens : vérifiez. C’est toujours, incidemment, ce que disent les psychiatres face aux situations nouvelles car il faut dissiper les doutes et les incompréhensions…

UNE JEUNESSE QUI SE CHERCHE

Dans un autre ordre d’idées, non pas qu’ils soient tous tombés sur la tête, mais il appert que les « créateurs » de culture aux États-Unis ou ailleurs, ont réussi, -à des fins il n’y a rien de plus mercantiles-, à instaurer un modèle social et culturel où beaucoup de jeunes (surtout au sortir de l’adolescence et à l’âge de jeune adulte), ne jurent que par le « cash », que par le « char » et que par les vêtements griffés. Ils n’ont aucune cause particulière à défendre que la leur propre, leur individualisme devons-nous préciser. Les défis à relever : ce sont pour certains, les courses automobiles dans les rues des grandes villes ou les chemins de village; ou mieux encore les beuveries et la consommation de drogues diverses.

En un mot, la « civilisation » nord-américaine façonne des modes qui élargissent son bassin d’acheteurs de produits, donc de consommateurs. Ce qui fait dire à certains que les jeunes n’ont plus de valeurs. Pour d’autres, on émousse leur esprit naturel de rébellion et de contestation… contre l’ordre établi. En tous cas, les « maîtres » en tout genre ne semblent pas s’en plaindre.
Le mot « Je » semble l’emporter sur le « Nous ». La solidarité serait dépassée. Heureusement, l’élan de générosité pour le peuple haïtien, suite au tremblement de terre, fait mentir cette dernière affirmation.

Par contre, à l’échelle internationale, de belles victoires s’annoncent. Ainsi dans la République tchèque, soit l’ancienne Tchécoslovaquie, l’Union de la Jeunesse communiste (KSM) est redevenue légale après avoir été mise hors la loi par le ministère de l’Intérieur en 2007, parce que cette organisation de la jeunesse visait à remplacer la propriété privée des moyens de production par une propriété commune de ces mêmes moyens. « Une autre raison de dissoudre la KSM (selon le communiqué rendu public par celle-ci, ndlr) résidait dans le fait que l’organisation tentait de convaincre les jeunes de la nécessité de lutter pour une autre société qui ne s’appuyât pas sur les principes capitalistes. »

Auparavant, des centaines de jeunes, d’étudiants et de syndicalistes avaient exprimé leurs protestations contre le ministère de l’Intérieur. En République tchèque, des organisations d’anciens combattants contre le fascisme et des membres du mouvement de résistance ont soutenu la jeunesse communiste, ainsi que les députés du Parti communiste de Bohême et Moravie.

(Photo SolidNet: manifestation de lycéens français en 2009. Il y a un temps pour tout; y compris pour protester)

C’est important pour le Canada. Bien sûr, tout le monde vous dira que nous vivons dans un pays « libre » et que les communistes n’ont rien à craindre. Mais comment peut-on appeler une société qui écrase tout point de vue différent avec le rouleau compresseur des mass médias ne laissant aucune autre place possible pour un autre écho, celui des travailleurs, au Parlement ou à l’Assemblée nationale (à l’exception d’un siège pour le parti Québec solidaire). Quand donne-t-on la parole aux communistes sur Copenhague, la crise financière ou l’Afghanistan? Là, on est dans le réel!

Sans vouloir se moquer de la jeunesse, alors que traditionnellement elle a toujours, sous toutes les époques, voulu se démarquer; aujourd’hui, on l’enferme dans le plus grand conformisme : des pantalons, genre jeans, descendu presqu’aux genoux, des espadrilles plutôt blanches, un manteau de couleur presque uniforme pour tout le monde, une casquette vissée sur le côté et une crête (tel un coq) sur le dessus de la tête avec une démarche nonchalante et quelques borborygmes pour tout langage. Ça, c’est le portrait type des garçons.

C’est comme ça que les propriétaires des grandes chaînes de vêtements et de musique aiment voir les jeunes; quant à un autre uniforme plutôt kaki, on le réserve à ceux qui veulent vraiment du « cash » rapide. La chair à canon sera leur lot dans les lieux désertiques de l’Afghanistan. Après tout pour l’Oncle Sam, il y aura toujours des jeunes en mal de « vivre » mieux. Et vive Lady Gaga!

Malgré tout, et c’est avec plaisir qu’on peut l’écrire, il y a une petite flamme qui vacille dans les yeux de la jeunesse. Elle n’est pas complètement dupe. Quand on lui parle, un peu à l’écart –comme ça, elle est gentille et très sympathique. Ne vous laisseront-ils pas passer « devant » à l’arrêt d’autobus, même si vous protestez : « vous étiez là avant moi! » Non, non, allez-y, monsieur.

(Photo People's World: pendant qu'on entraîne des jeunes à détruire, aux USA, d'autres jeunes états-uniens apprennent à construire en 2009)

Ce n’est pas un jugement scientifique, mais : la jeunesse aime qu’on l’aime. Elle est l’avenir du pays et si parfois, elle adopte une mauvaise attitude, c’est sûrement parce qu’on (la société, les fabricants de mode, les marchands en tous genres…) a voulu faire d’elle des profiteurs et des gens sans âme. Voilà, le défi de la Ligue de la jeunesse communiste du Québec : bâtir un avenir pour la jeunesse.




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