jeudi, octobre 25, 2007

DE MAUVAISE FOI

vol.7, no. 11 Novembre 2007



Avez-vous entendu parler des élections scolaires dans l’est de Montréal, le 4 novembre 2007, et plus précisément à la commission scolaire de la Pointe-de-l’Île? Nous si peu… On savait à peine pour qui voter et personne n’a lancé un mot d’ordre pour quelque candidat que ce soit en estimant que celui-ci ait été proche des travailleurs et donc favorable au succès scolaire des élèves et à la préparation de leur avenir.
Il en va de même au niveau provincial. Il faut voter, mais pour qui? Les travailleurs syndiqués se font parfois dire par des dirigeants du mouvement syndical qu’il n’y a que le choix entre deux formations de gauche : le Parti québécois (PQ) et le Québec solidaire. Ce, alors que la direction du PQ annonce son intention, si elle est reportée au pouvoir, d’interdire à toute personne ne parlant pas le français de «contribuer à la caisse d’un parti politique ni se présenter aux élections québécoises, municipales et scolaires», selon La Presse du 21 octobre 2007. Vaine bataille, car les candidats actuels parlent déjà le français! Toutefois, la dirigeante du Parti québécois, Pauline Marois distrait d’une part l’électorat des enjeux principaux, comme la nécessaire pression sur le gouvernement fédéral pour que les troupes canadiennes en Afghanistan soient rapatriées au pays. D’autre part, elle creuse davantage le sillon entre Québécois d’origine canadienne-française et immigrants, en laissant supposer que ceux-ci créent des problèmes lors de l’immigration au Québec et représentent une menace à «l’identité québécoise».

A ce sujet, Statistiques Canada a publié des données sur l’immigration au Québec. D’abord, en 2001, «la population immigrante était de 707 000 personnes au Québec, soit 10% de la population». De ce nombre, 67,1% sont chrétiens et seulement 10,6% musulmans. C’est-à-dire 324 795 catholiques, 75 280 musulmans et signe des temps 74 615 sans appartenance religieuse, à peu près le même pourcentage que les musulmans.

La revue catholique Notre-Dame du Cap, d’octobre 2007, a recueilli les propos du prêtre Pierre-René Côté. Celui-ci est aussi professeur à l’Université Laval. Parlant des relations entre chrétiens et musulmans, il affirme que «la plupart des conflits que l’on dit d’origine religieuse sont d’abord des conflits causés par l’injustice […]. Nous sommes les héritiers d’une domination économique que nos ancêtres ont acquis il y a environ 500 ans. Face à nous, il y a des masses de populations qui sont infériorisées, dominées et appauvries». Il précise que la majorité «des grandes institutions internationales comme l’ONU sont contrôlées par les grands pays occidentaux. Les règles qui y sont fixées finissent toujours par nous favoriser. […]. Cela engendre même le désespoir et ce désespoir pousse des individus vers des violences aveugles puisqu’ils n’ont plus rien à perdre».

Aurons-nous droit à l’émergence d’une nouvelle Action démocratique du Québec?

Après cette parenthèse, retrouvons nos moutons, soit les prochaines élections provinciales générales pour le Québec. Le PQ ne peut trouver de nouveaux électeurs du côté du Parti libéral (toujours au pouvoir, même minoritaire). Le Parti québécois serait-il en train de se chercher un programme électoral qui séduirait les électeurs désabusés de la social-démocratie et échaudés par les mesures strictes adoptées par le Parti libéral? Ce fut la recette gagnante de l’ADQ qui l’a amené aux portes du pouvoir. Déjà, au début juin, soit deux mois après les élections provinciales, le PQ et l’ADQ étaient au coude à coude avec 29% chacun des électeurs sondés par le journal La Presse, le PLQ se situant à 28% et le Québec solidaire à 5%.

Pour en revenir au milieu syndical qui pourrait être un formidable appui à l’émergence d’un parti de masse des travailleurs au Québec – rôle que pourrait assumer le Québec solidaire - , beaucoup de ses dirigeants sont toujours prêts à appuyer le Parti québécois. Hormis l’opportunisme évident, il n’y a aucune autre raison qui justifie objectivement cette collusion! A leur décharge, on peut dire que le passage des gauchistes au sein des centrales syndicales et des diverses associations populaires ont incité pas mal de membres à la base à s’écarter d’une vision de gauche, même chez les étudiants qui sont d’ordinaire les plus turbulents et déterminés à protester. Ainsi le quotidien Métro du 4 octobre 2007 rapporte que «les étudiants du Cégep du Vieux-Montréal ont voté à 59% contre le recours à une grève illimitée cet automne afin de protester contre la hausse des frais de scolarité comme l’avait annoncé en mars dernier le gouvernement Charest [du parti libéral]».
Malgré tout, lors des élections complémentaires fédérales de septembre 2007, c’est le représentant du Nouveau Parti Démocratique, parti social-démocrate par excellence, qui a été élu dans un comté de Montréal. Son cheval de bataille : la lutte pour la défense de l’environnement et le rapatriement des troupes canadiennes de l’Afghanistan. Presque tous les ténors de la droite et du centre, se sont dépêchés de banaliser cette victoire de la gauche et de ne l’attribuer qu’à la personnalité du nouvel élu, dans la crainte qu’elle fasse tache d’huile lors des prochaines élections fédérales. Rappelons que le gouvernement conservateur à Ottawa est aussi minoritaire!
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[…] Elle m’apprend à parler
Toutes les langues du cœur
Car il n’y a qu’une seule langue au fond
Dans l’abîme des sons…
( Villemaire, Yolande, D’ambre et d’ombre, Écrits des Forges, Trois-Rivières, 2003)


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