lundi, décembre 03, 2007

CE NE PEUT ÊTRE TOUJOURS LA DÈCHE

vol. 7, no. 12, Décembre 2007 $ 1.00

On tressaille, c’est éprouvant et triste de se faire dire par des collègues de travail, pourtant sensibles et intelligents que le droit de grève devrait être supprimé pour les travailleurs, à tout le moins pour les employés du transport en commun. Parfois, c’est du mot à mot répété d’un commentaire lancé par une personnalité ayant accès aux média de masse. Un exemple? Le lobby Transport 2000 par la voix de son directeur général, Normand Parisien, déclare dans l’édition du 26 novembre du Journal de Montréal, à propos du transport en commun à Montréal : «Ça prend la population en otage». Voilà un argument phare qui est repris même par d’autres travailleurs, en plus de nos amis du bureau, alors que les chauffeurs d’autobus et les opérateurs du métro ne cherchent qu’à protéger leurs droits.

Bien sûr, il appert que certains syndicats se servent trop allègrement du droit de grève, sans utiliser d’autres moyens de pression préalablement. Ainsi, on apprend que «le 21 novembre, les 85 travailleuses et travailleurs de la Villa Val-des-Arbres, de Laval, ont déclenché une grève illimitée pour revendiquer…» La publication hebdomadaire de la Confédération des syndicats nationaux (CSN), Webdo Info (27 novembre 2007), a transmis cette information. Ça crée un malaise dans l’opinion publique et prépare le terrain à une dénonciation en règle de la droite contre les syndicats, quels qu’ils soient. Malgré tout, ailleurs au pays (en Ontario), le congrès de la Fédération des travailleurs de cette province, réuni à Toronto avec ses 800 délégués, a adopté une proposition qui stipule que «ce congrès du 50ème anniversaire envoie un message clair à tous les employeurs que le mouvement ouvrier n’abandonnera pas le droit de grève ou le droit à une représentation démocratique dans nos syndicats et nos lieux de travail».

Pourtant les syndicats telle la CSN, ne sont pas là pour nuire aux pauvres. Par exemple, la livraison de décembre 2007 de la revue Unité du Conseil central du Montréal métropolitain, rappelle l’urgence de batailler ferme pour contrer la pauvreté. D’ailleurs, ces mêmes personnes sont impliquées dans la Coordination du Québec de la Marche mondiale des femmes qui «réclame de toute urgence la hausse du salaire minimum à 10,16$ l’heure; la pleine indexation des prestations d’aide sociale…»

Mais pour en revenir au droit de grève, il faut relire La Presse du 26 novembre sous la plume du directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales à Paris, Michel Wieviorka, qui se dépêche d’affirmer que la grève en France, notamment dans le secteur des transports n’a été mené que par une part infime des travailleurs, qu’avec le temps les mouvements grévistes s’essoufflent et il ronge son frein en espérant que le gouvernement saura mieux maîtriser la situation la prochaine fois. Ce n’est pas pour rien que l’on a demandé à cet illustre inconnu de se prononcer à ce moment-ci sur la grève en France. Après tout ne faut-il pas faire réfléchir les travailleurs à l’emploi de la Société des transports de Montréal?

Douce France

Le président français, Nicolas Sarkozy, compromet les avancées démocratiques dans son pays. En Amérique du Nord, aux USA et au Canada (le Québec inclus), la droite s’agrippe au pouvoir. A cela, le chef du Parti communiste des Etats-Unis, Sam Webb, rétorque que «la défaite de l’extrême-droite est à l’avantage et critique pour la survie et la croissance des mouvements populaires […] Cela inclut la lutte pour des emplois industriels, pour les droits d’organisation syndicale…» Les prochaines élections présidentielles auront lieu en 2008. L’hebdomadaire états-unien People’s Weekly World rend compte régulièrement de l’actualité politique de la gauche.

Au Canada, la leader du Parti communiste de l’Ontario, où se sont déroulées récemment des élections provinciales, Liz Rowley, a écrit dans le bi-mensuel ouvrier People’s Voice qu’à l’issue de celles-ci un grand mouvement «d’opposition aux politiques du gouvernement libéral, incluant plus de privatisations des programmes sociaux, de déréglementation, de baisses d’impôt pour les riches et plus d’attaques contre le droit de grève et les droits civils et démocratiques» prendra forme. De toute façon cette dirigeante a bien saisi la situation quand elle a rédigé son papier à la mi-novembre : Ontario rejects far-right policy agenda. Néanmoins, la majorité des Canadiens ignorent l’existence du parti communiste et les mass-media ne tiennent pas trop à en parler, de peur que les travailleurs décident de voter pour lui ou de suivre ses mots-d’ordre.

Consultation constitutionnelle au Venezuela

Le 2 décembre 2007 s’annonçait comme une journée magnifique à Caracas, la capitale du Venezuela. La température se révèle chaude alors qu’ici au Québec, il fait plutôt froid. Toutefois, le peuple de ce beau pays nous envoie des «ondes positives». «On veut vous enlever le droit de grève? Ce n’est rien, ici dans le sud, on voulait nous enlever le droit de respirer en homme libre.» Car telle était l’essence de l'opposition au référendum populaire qui avait pour but de rejeter ou d’approuver la réforme de 69 articles constitutionnels. Première vérité : les pauvres peuvent administrer le pays et les femmes aussi. Les enfants et les jeunes ont le droit d’étudier. La culture, avant tout cinématographique, peut être réalisée sur le plan national. Deuxième vérité : s’il y a dictature, elle origine du peuple et vise les richards et les égoïstes de tout acabit.

Qu’est-ce qui se passe là-bas, me direz-vous? Eh bien, la gauche est au pouvoir depuis 1999 et elle a initié la révolution socialiste avec Hugo Chavez comme dirigeant. Il aime son peuple. Il respecte son peuple. Il a une vision pour les Vénézuéliens. La droite, tant du pays qu’à l’étranger, argumente qu’il veut s’accrocher au pouvoir. Allez donc dire cela à Jean Chrétien qui, lui, a pourtant si longuement servi comme ministre et premier ministre dans des cabinets libéraux à Ottawa. Ce n’est pas la durée qui fait l’homme; c’est sa pensée! Comment ne pourrait-il pas être plébiscité alors qu’avec lui vieilliront et prendront leur retraite des gens qui ne pouvaient même pas y rêver auparavant, que ce soit des domestiques, des chauffeurs de taxi, des artistes, des coiffeurs, des artisans…

Vrai, c’est une rupture historique cette révolution bolivarienne (du nom d’un grand révolutionnaire latino-américain, Simon Bolivar). Au Canada, dont l’origine remonte officiellement à 1867 en tant qu’État indépendant, il n’y a jamais eu de révolution socialiste. Nous avons toujours eu droit à la même soupe capitaliste qui veut dire entre autres : pas de droit de grève, si possible!!! Et voilà, nous sommes reparti à zéro ou presque…


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