mercredi, septembre 22, 2010

DÉMOCRATIE -- DIMOKRATIA

vol. 10, no. 14, Nouvelle édition, 27 septembre 2010

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Revoir les classiques n’a pas pour but d’anéantir le néophyte ou le lecteur qui a un peu oublié ceux-ci. Un lecteur de La Vie Réelle, mis au parfum, avait fait remarquer que cela écraserait ou ennuierait le lecteur. Il fallait donc rendre le tout stimulant et vivant. La Vie Réelle relève donc le défi et vous propose comme sujet : l’histoire de la démocratie, des Grecs… aux Grecs.

L’Antiquité grecque a vu les populations s’installer au sein de Cités-États; certaines atteignaient jusqu’à 300 000 habitants comme Athènes, environ 400 ans avant Jésus-Christ. L’Univers, à cette époque, était sous l’emprise des Dieux, de Zeus en particulier; quant aux dirigeants terrestres, ils étaient très souvent considérés comme des demi-dieux ou des rejetons de certains dieux qui avaient eu une relation particulière avec les être humains, par exemple le Minotaure.
La pièce de Sophocle, Antigone, révèle que les Cités, à Thèbes par exemple, étaient pour la plupart, à ce moment-là, sous la férule de tyrans, tel Créon.

Il n’était pas question de parler de l’égalité des sexes; les femmes étaient minorisées : « We must remember we are women born ». (Dover Thrift Editions, New York, 1993, p. 3). On aurait pu lire d’autres pièces du théâtre antique, sous la plume de Sophocle (Ajax, The Women of Trachis, Electra et Philoctetes), et les thèmes majeurs étaient aussi révélateurs. (Sophocles II, Washington Square Press, New York, 1973, 264 p.).
(Photo: influence de l'architecture gréco-romaine jusqu'à nos jours; ici le Panthéon à Paris).

On a parfois l’impression que les choses ne changeront jamais, que rien ne bouge. Socrate a vécu, son disciple Platon (de 427 à 347 avant le Christ) a livré son héritage dans « The Republic ». Il a voyagé, il a œuvré à Athènes où il a fondé l’Académie. Dans le livre ci-haut mentionné, il commence : « Il devrait donc être clair que l’amour de l’argent et l’autodiscipline adéquate chez ses citoyens sont deux choses qui ne peuvent coexister dans n’importe quelle société; on ne peut accepter les deux à la fois ». Platon met en garde contre l’anarchisme cependant et réaffirme qu’il y a inévitablement « lutte des contraires ». Il observe que la vie est riche d’évènements en démocratie; en vivant selon l’inspiration du moment : « un jour, c’est le dur entraînement physique; le suivant, l’indolence et la nonchalance; et après, l’étude de la philosophie. Souvent, le citoyen s’adonne à la politique et bondit dans l’arène en disant ou faisant ce qui lui passe par la tête […] Il n’y a pas de marche à suivre ou de contrainte dans la vie, et il mène sa vie de façon paisible libre et heureuse au goût du jour (pp. 319-320), [il insiste] La liberté. Vous devez avoir entendu parler que c’est le plus grand mérite de la société démocratique et c’est la seule société dans laquelle un homme libre peut réellement vivre. » (p. 321).
Il rappellera que la tyrannie est la plus sauvage sujétion. Ceux qui tirent le plus d’avantages de la démocratie sont : « les masses populaires, gagnant leur propre vie, prenant peu d’intérêt dans la politique et qui sont peu fortunées. C’est la classe la plus nombreuse en démocratie, et lorsqu’elle est rassemblée, elle est souveraine (Penguin Books, London, 1987, p. 324).

Aristote, un autre grand philosophe de l’Antiquité grecque, né en Macédoine en 384 avant Jésus-Christ a rédigé « The Politics" . Il semble plus rigide que Platon sur ce qu’il définit comme étant le « citoyen », le « travailleur », « l’oligarchie » et la « démocratie ». On dirait parfois qu’il a rédigé des définitions sans prendre partie. Par exemple, il dit : « Une démocratie existe quand ceux qui sont libres ne sont pas riches, en constituant la majorité et assumant le contrôle souverain du gouvernement; l’oligarchie s’exprime par le contrôle des riches et privilégiés, ils sont peu nombreux. » (p. 245).
(Photo: Basilique Marie-Reine-du-Monde -Cathédrale-, influence gréco-romaine à Montréal).

Aristote énumère différents types de démocraties. La plus près de ce que nous vivons au Canada, c’est : « la première variété de démocratie et se fondant sur le principe de l’égalité. Dans une telle démocratie, la loi est la même pour tous, riche ou pauvre, et tous jouissent de droits similaires. La constitution du pays garantit la liberté et celle-ci est la plus complète en démocratie. Mais puisque le peuple est en majorité et que la décision de la majorité est souveraine, l’état des choses doit demeurer une démocratie ». (p. 250). Mais les droits ne sont parfois que formels, dépendamment de la place qu’un citoyen occupe dans la confrontation des classes sociales.

Le philosophe conclut : « Le résultat inévitable est que de tous les principes dans la constitution, il importe d’être gouverné par des hommes respectables, d’une conduite irréprochable et sans préjugés à l’égard de la population, dans son ensemble ». (Penguin Books, London, 1981, p. 369).
Beaucoup plus tard, au Siècle des Lumières, le français Montesquieu a écrit l’essai De l’esprit des lois (vers les années 1740), où il affirme : « L’amour de l’égalité, dans une démocratie, borne l’ambition au seul désir, au seul bonheur de rendre à sa patrie de plus grands services que les autres citoyens […] En naissant, on contracte envers elle une dette immense dont on ne peut jamais s’acquitter (Éditions sociales, Paris, 1977, p. 70).
Voltaire, lui, n’était pas trop favorable à l’idée du système démocratique : « … il fera beaucoup de fautes, parce qu’il sera composé d’hommes. La discorde y règnera… » (p. 81). Il a tout de même souligné que « … le gouvernement populaire est par lui-même moins inique, moins abominable que le pouvoir tyrannique ». (Œuvres philosophiques, extraits, Classiques Larousse, Paris, 1934, p. 80).

En travaillant sur L’Encyclopédie, Denis Diderot exprime le propos, dans les années 1750, que : « Le gouvernement, quoique héréditaire dans une famille et mis entre les mains d’un seul n’est pas un bien particulier, mais un bien public, qui, par conséquent, ne peut jamais être enlevé au peuple, à qui, seul, il appartient essentiellement et en pleine propriété » (p.36). Dans les années 1773-1774, il a voyagé en Russie où la Grande Catherine II impératrice de la Russie l’avait invité à venir terminer L’Encyclopédie. À Voltaire, il confie : « Tout gouvernement arbitraire est mauvais; je n’en excepte pas le gouvernement arbitraire d’un maître bon, ferme et éclairé […] Un despote fût-il le meilleur des hommes, en gouvernant selon son bon plaisir commet un forfait ». (L’Œuvre de Diderot, Libraire Hachette, extraits, Paris, 1953, p. 63).

Quant à Jean-Jacques Rousseau (1712-1778), esprit brillant, il doutait - à la manière de Voltaire- de la capacité des hommes de vivre en démocratie. Toutefois, il affirme que : « Chacun de nous met en commun sa personne et toute sa puissance sous la suprême direction de la volonté générale, et nous recevons en corps chaque membre comme partie indivisible du tout ». (Du Contrat social, extraits, Nouveaux classiques Larousse, Paris, 1973, p. 30).
Et maintenant?

À l’occasion du vingtième anniversaire de la démolition du Mur de Berlin en novembre 1989, le Parti communiste de Grèce (KKE), a publié à Athènes un très beau document qu’il a intitulé « La vérité sur le mur de Berlin », pour faire la part des choses pour les travailleurs vivant auparavant en démocratie socialiste, ce qui signifiait : un emploi stable et garanti, soins de santé gratuits et de qualité, loisirs et repos, une vie culturelle riche et diversifiée, un système de sécurité sociale généralisée, le développement technique et scientifique hors-pair; la conquête de l’Espace au programme! (Logo Internet: le Parti communiste de Grèce - KKE).

Des millions de travailleurs, notamment en République démocratique allemande savent – pouvant comparer le socialisme au capitalisme – ce qu’ils ont perdu. Ce n’est pas étonnant que le taux de productivité au travail soit si bas ou stagnant. Il n’y a rien qui les motive, les salaires sont pitoyables…
Il en va de même dans les pays capitalistes « ordinaires » quand on coupe les salaires. Expérience à l’appui dans les hôpitaux québécois dans les années 1980. Le bulletin de la Confédération des syndicats nationaux (CSN), Webdo Hebdo, expliquait récemment (16 septembre 2010) que dans le conflit de travail chez la compagnie forestière AbitibiBowater, "les travailleurs avaient dû consentir à une diminution de 17% de la masse salariale pour maintenir le plus d'emplois". La classe ouvrière a cédé, le couteau sur la gorge.
Par ailleurs, le dramaturge allemand Bertolt Brecht notait en 1956 : « La séparation des deux Allemagnes est une séparation entre ce qui est vieux et ce qui est neuf. La frontière entre la R.D.A. et la République fédérale sépare la partie où ce qui est neuf, le socialisme, exerce le pouvoir, de la partie où règne ce qui est vieux, le capitalisme. (Les Arts et la révolution, l’Arche, Paris, 1970, p. 178).
Histoire de révolutions
Le Siècle des Lumières dont nous parlions ci-haut a inspiré les révolutions bourgeoises (ou capitalistes) : États-Unis en 1776, France en 1789 et les guerres napoléoniennes ont contribué à essaimer l’Europe avec les idées de ces grands penseurs.

La révolution industrielle qui a émergé de l’Angleterre été déterminante. Elle a créée une nouvelle classe sociale : la classe ouvrière ou le prolétariat. Dans le sillage, de brillants révolutionnaires, battants et surtout généreux, car ils auraient pu vivre très aisément de leurs nombreux talents, ont pris fait et cause pour elle. Nous parlons de Karl Marx et de Vladimir (Oulianov) Lénine. Ils ont préparé et pris part dans le cas de Lénine à une révolution que le journaliste états-unien, John Reed, a tout de suite qualifié comme étant « Les dix jours qui ébranlèrent le monde ».
En octobre 2010, les partis communistes et révolutionnaires marqueront son 93ème anniversaire. C’était un nouveau type de démocratie, la démocratie des travailleurs. Elle a rapidement influencé la classe ouvrière de par le monde entier, au Canada par exemple, mais notamment celle de la patrie de Platon et d’Aristote. Il fallait pour réaliser l’enchaînement avec le « berceau de la démocratie » revenir à la péninsule hellénique.
(Photo SolidNet: manifestation des communistes grecs à l'Acropole, printemps 2010).

La Grèce, qui a connu les occupations étrangères (l’Empire ottoman, plus de 300 ans; et la Grande-Bretagne…) ainsi que la soumission aux pouvoirs étrangers (le PASOK, - le parti socialiste - pour les riches familles grecques; les diktats de l’Union européenne et les manœuvres de l’impérialisme US), veut donc, sous la direction de son parti communiste – le KKE - , instaurer une démocratie d’avant-garde et responsable vis-à-vis des travailleurs : en un mot donner enfin la chance à la classe ouvrière et aux couches populaires grecques de mener de front la modernisation du pays et garantir le bien-être du peuple.

Le quotidien montréalais Métro (22 septembre 2010) relevait que « plus de 2 000 camionneurs grecs ont défilé hier devant le Parlement, dans le centre d’Athènes, au neuvième jour des manifestations contre les réformes gouvernementales […] Le gouvernement grec s’est engagé à entamer ces réformes en échange du plan d’aide de 150 G$ de prêts accordés par l’Union européenne et le Fonds monétaire international ».
(Photo SolidNet: manifestation des camionneurs grecs en juillet 2010 à Athènes).
C’est sûrement propagandiste que d’exprimer ce débordement d’émotions, mais il faut bien l’avouer qu’aujourd’hui – dans le pays de Zorba le Grec - les ouvriers, les retraités, les chômeurs… tous, jeunes et moins jeunes secouent le joug de la démocratie bourgeoisie ou capitaliste. Ils sont de plus en plus nombreux à soutenir le KKE pour la démocratie ouvrière ou socialiste. Comme ils le disent à Athènes : Zito o KKE! Vive le KKE!

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samedi, septembre 18, 2010

LA RÉPUBLIQUE DE CUBA

vol. 10, no. 13, Nouvelle édition, 20 septembre 2010
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Dans sa brochure Economic Problems of Socialism in the U.S.S.R. (1952), Joseph Staline, expliquait que « la nouvelle société doit supporter ‘un mouvement de masse en faveur des fermes collectives’, afin de libérer la paysannerie de la rente et autres dépenses telles que l’achat de la terre ». Il insistait aussi sur les « plans annuels ou quinquennaux qui devaient refléter ‘complètement’ les exigences de la loi du développement équilibré ». Par ailleurs, il soutenait l’idée que l’existence même du socialisme dépend de l’éducation marxiste des nouveaux leaders de la société. Et c’est d’après le marxiste états-unien Bill Preston, « spécialement vrai aussi longtemps que l’impérialisme existe. Dans l’absence d’une solide formation marxiste-léniniste, les dirigeants de pays socialistes progresseront nécessairement ‘à tâtons dans la noirceur’; ce fut le cas de beaucoup de communistes en Union soviétique et en Europe socialiste dans les années 1980. »
(Photo Internet: Joseph Staline).
Staline « soulignait avec énergie qu’il fallait développer la planification économique de manière à ce que l’économie nationale approfondisse le socialisme ». Il a amplement parlé du besoin de maîtriser au minimum les exigences du savoir technique.
Cette longue introduction nous amène à parler de Cuba. Le retour de Fidel facilite les choses. Il est très lucide et au fait des difficultés de son pays. Première question : est-ce que le pays peut vivre éternellement en rêvant de la manne touristique, d’autant plus que les visiteurs sont particulièrement contents de ronger l’âme des travailleurs cubains, sinon de les entraîner vers la délinquance ou même une légère corruption; les effets personnels qu’ils transportent avec eux y contribuent? Notons qu’au Canada, ils passent le reste de l’année à tirer le diable par la queue, ayant fait un voyage, le plus souvent qu’autrement, à crédit!
Cuba, même si elle est la plus grande des îles antillaises, est justement une île et petite, avec une population d’à peine 11 millions d’habitants. Elle a besoin - et les conditions l’imposent- de commercer et d’échanger avec les autres pays pour survivre; elle ne peut s’auto-suffire. C’est pourquoi le blocus, toujours prolongé –y compris par l’administration Obama- fait mal.
(Photo La Jornada: Fidel Castro, été 2010).
Les autres pays occidentaux ne partagent pas tous les orientations de l’administration des États-Unis. Ainsi l’ancien Premier ministre du Canada, le Libéral Paul Martin, s’apprêtait à ouvrir toutes grandes les portes à Cuba, mais le géant du Sud a contrecarré, avec de fortes pressions, le projet.
Cuba n’est pas un pays industrialisé comme le Canada, donc il n’y a pas de classe ouvrière industrielle organisée comme en Amérique du Nord; même si les travailleurs et en particulier les travailleurs de la campagne sont syndiqués. En ce moment, on peut dire que Cuba est une démocratie révolutionnaire assiégée. Mais depuis 1997, il y a eu des changements, par exemple dans les télécommunications (Internet, téléphonie sans fil), les moyens de transport (ferroviaires) et l’énergie, en nette amélioration.
C’est le mouvement coopératif qui semble attirant pour de nombreux Cubains au-delà des entreprises d’État, surtout les plus petites; c’est une pratique commune à la campagne depuis quelques années déjà.

La vaillance et l’héroïsme du peuple cubain
Tous ces facteurs ne justifient pas l’obstination du gouvernement états-unien à vouloir détruire le régime en vigueur à Cuba. Les Cubains sont avant tout patriotiques. Fidel réfère régulièrement au grand héros cubain, José Marti. Ils sont jaloux de leur indépendance, mais ils savent aider : que ce soit lors du tremblement de terre à Haïti et même pendant l’ouragan Katrina aux États-Unis où ils offraient à l’administration Bush l’envoi d’une forte brigade de médecins pour aider la population locale.
Peut-être maladroitement, ils ont tenté de bien faire en s’infiltrant à Miami dans les groupes anticastristes pour que cesse le terrorisme contre Cuba -3 400 personnes en sont mortes jusqu’à maintenant-, toujours est-il que le gouvernement des États-Unis n’a pas agi dans le bon sens. Il a incarcéré cinq jeunes agents cubains. Ils sont en prison depuis plus de 12 ans. La Vie Réelle a une relation épistolaire avec Antonio Guerrero, l’un d’entre eux, depuis plus de 3 ans. Tous leurs amis, autour du monde, demandent la même chose : laissez-les rentrer à Cuba dignement et la tête haute. Ils ont fait honneur à Cuba et… au peuple des États-Unis, lui aussi assoiffé de justice.
(Photo SolidNet: les Cinq de Cuba salués à La Havane).

Fidel Castro
Honnêtement, nous ne nous attendions pas à ce que Fidel puisse reprendre la tête du puissant mouvement mondial pour la paix et le désarmement nucléaire. Nous le soutenons. Il fait campagne présentement pour que le dialogue, la détente et le franc parler succèdent aux menaces –notamment de la direction israélienne- contre le gouvernement de la République islamique d’Iran. Oui, oui, bien sûr, nous savons que ce dernier gouvernement n’est pas blanc comme neige et que le peuple et sa jeunesse en souffrent amèrement. Mais tout de même, rien ne permet les bombardements nucléaires dans cette région du monde –déjà sens dessus dessous depuis l’invasion des USA en Irak et maintenant dans la guerre en Afghanistan. Il n’y a pas d’excuses qui tiennent. Encore une fois, Barack Obama doit agir.
Nous voulions parler de Fidel, bien avant son retour, voici ce que nous avions préparé. Excusez-nous de la longueur inhabituelle du texte :

UN NOUVEAU JOURNALISTE

La confrérie journalistique compte un nouvel épistolier depuis quelques années. Il est Cubain. Son nom : Fidel Castro. En 2010, il a célébré ses 84 ans. Bien portant le collègue pour son âge et malgré une maladie qui l’avait cloué au lit.
Alors, il a profité du temps qu’il était alité pour apprendre un nouveau métier, celui de journaliste. Cette profession ne s’improvise pas; il faut un certain talent et beaucoup de créativité, sans parler de curiosité et d’imagination. Écrire, ce n’est pas aligner des mots, c’est créer un message cohérent, crédible et invitant à partir de faits qui sont têtus et vérifiables.
Fidel Castro a passé l’examen. Il écrit aujourd’hui dans le journal communiste Granma. Il appelle cela : Réflexions du camarade Fidel. Il a suffisamment de recul pour pouvoir persévérer dans le domaine, sans compter une grande expérience.
Il écrit bien.
Voyons quelques Réflexions de son crû. En avant-propos, notons ce qu’il a indiqué le 27 juin 2010 : « À mesure que j’écrivais, chacune de mes Réflexions antérieures, et qu’une catastrophe pour l’humanité s’approchait à toute allure, mon plus grand souci était ce que je considérais un devoir élémentaire : informer le peuple cubain. » C’est tout à son honneur : aimer son public lecteur. Compte tenu du poids de sa notoriété, on doit reconnaître toute son honnêteté lorsqu’il affirme : « Aventurer des hypothèses de ma part serait faire de la science-fiction. »
Si nous allons au 11 juillet 2010, nous nous rendons compte qu’il sait scruter des sources sérieuses et qu’il n’écrit pas uniquement de mémoire, dans « le site web Global Research, le 11 avril 2010, Rick Rozoff [note que les États-Unis sont] un pays qui aspire à rester le seul État dans l’histoire à exercer une domination militaire complète sur terre, dans les airs, sur les mers et dans l’espace. »
Ils dépenseront : « 708 milliards de dollars pour le prochain exercice fiscal. »
Cet analyste va plus loin et précise : « Je suis d’avis qu’aucun président, voire le chef militaire le plus expert, n’aurait un instant pour savoir quoi faire si les ordinateurs ne l’avaient déjà programmé. »
Rozoff, toujours selon Fidel Castro, rappelle l’analyse du Global Security Network : « L’administration Obama a demandé 239,9 millions de dollars à des fins de recherche-développement par les services militaires d’une attaque globale instantanée pour l’exercice fiscal 2011… »
(Photo SolidNet: Fidel Castro présentant une partie de ses Mémoires, été 2010).
Au début du mois d’août 2010, Fidel Castro, à propos de la marée noire dans le golfe du Mexique, et la catastrophe de la British Petroleum (BP), souligne que « c’est le président Obama qui a autorisé ce forage, parce qu’il faisait confiance en la capacité de la technologie moderne en matière de production de pétrole ».
Dans un autre ordre d’idées, il parle du « risque d’une guerre nucléaire après que le Cheonan, un navire de guerre dernier cri, a été coulé, selon le gouvernement sud-coréen, par la torpille d’un sous-marin soviétique –datant tous les deux de plus d e cinquante ans – tandis que d’autres sources donnent la seule cause possible, mais non détectable : une mine posée sur la coque du Cheonan par les services de renseignements étatsuniens. »
Il attire aussi notre attention : « 29 juillet. Une dépêche de l’AFP révélait l’inimaginable : Osama Bin Laden était quelqu’un des services de renseignements étatsuniens. »
Voilà, on peut dire que ce nouveau venu dans le milieu journalistique a les idées claires. Il est lucide et il est prometteur. Entre-temps, il se permet d’écrire ses Mémoires. On les lira aussi.

danieleugpaquet@yahoo.ca


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jeudi, septembre 09, 2010

JOSEPH STALINE



vol. 10, no. 12, Nouvelle édition, 13 septembre 2010
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Behind Blue Eyes

« And no one knows what it’s like to be hated, to be fated. » La traduction n’est pas nécessaire. C’est une ligne d’une chanson du célèbre groupe rock britannique The Who. Quand on pense à Joseph Staline, on ne peut s’empêcher d’avoir cette chanson-là en tête.
Il fallait bien qu’on en arrive là un jour, puisque beaucoup de Canadiens-anglais et de Québécois ont toujours une frayeur disproportionnée de cet homme. Quoique, au souvenir de mes années de travail dans l’industrie de la construction au Québec, je ne me rappelle pas avoir entendu des critiques sur l’époque de Staline en URSS… de la part des ouvriers du bâtiment. La plupart du temps, on ignorait ce qui se passait là-bas. C’était dans les années 1970.
(Photo Internet: Joseph Staline avec sa fille).

Allons donc droit au but : c’est parce qu’il était « dictateur » que Staline est honni de tous. Pourtant qu’a-t-il dit de spécial? Dans un ouvrage récent, le marxiste états-unien Bill Preston souligne que « Lénine et Staline ont aussi compris la réalité que le Président Salvador Allende du Chili comprendrait plus tard à la dure : on ne peut réellement assumer le pouvoir sans le contrôle effectif d’une armée, d’une milice, de la police et d’autres organes de sécurité, incluant une police secrète nationale et des services d’intelligence à l’étranger. L’histoire démontre que les forces révolutionnaires doivent développer leurs propres appareils militaires et de sécurité. » (Stalin on Socialist Construction and the Transition to Communism, USA, 2010, traduction libre, p. 4).
Dans les années 1970, celles du militantisme étudiant, le nom de Staline fut régulièrement évoqué; surtout lors des éternelles disputes entre maoïstes et trotskystes. Le Parti communiste du Québec (Canada) auquel j’ai adhéré affirmait, quant à lui, qu’il était exact que Staline était directement responsable de nombreux crimes. Caution étrange, mais « crédible »; n’était-ce pas généralement et sans réplique ce qui se disait partout, et que cela allait de soi? Cette dénonciation se complétait par la promesse que rien de tel n’existerait sous un régime socialiste au Canada. Alors, nous sommes devenus les avocats de l’anti-stalinisme au sein des organisations populaires où les progressistes de toutes familles voulaient s’associer aux communistes.
Pourtant, des voyages en URSS soulevaient des questions. La principale était pour l’auteur de ces lignes : pourquoi Moscou ressemble-t-elle à un chantier de construction laissé à l’abandon? Nous étions toujours dans les années 1970. L’impression générale de la capitale soviétique, au vu de toutes les grues et infrastructures sans animation, était qu’on avait pris des vacances… dans les années 1950 et que le travail n’avait jamais repris après.
De surcroît, les jeunes communistes du Canada ont côtoyé des responsables soviétiques plutôt petit-bourgeois qui enviaient les biens et vêtements des voyageurs de l’Ouest, sans comprendre les tenants et aboutissants de la lutte des classes à l’échelle internationale et les concessions du grand capital aux ouvriers des pays capitalistes pour qu’ils ne basculent pas dans le camp socialiste (depuis la défaite du socialisme en URSS, les capitalistes se sont dépêchés de reprendre celles-ci). Le terrain a été préparé dès lors pour qu’après, les opposants à Staline plongent l’économie en plein marasme, abandonnant les plans de développement économique et politique en vigueur sous celui-ci, au profit d’une sorte d’économie de marché socialiste qui piétinait. Cela, c’est tout récemment les économistes des partis communistes, dont ceux du Parti communiste de Grèce (KKE), qui l’ont mis en exergue.
QUAND OPTIMISME ET JOIE RIMAIENT AVEC JOSEPH
Par ailleurs, Staline a semé la crainte chez bon nombre « d’intellectuels » en Occident et aussi dans les pays socialistes (n’ont-ils pas contribué à le diffamer après le fameux rapport –la bible - de Khrouchtchev au XXème congrès du Parti communiste de l’URSS?). Au fait, pourquoi se sont-ils dépêchés de le cacher après… (?) Dénonciation sans procès, ça c’est bizarre! Et si on nous avait monté un bateau de toutes pièces, pour freiner l’essor de l’Union soviétique et son ascendant sur les peuples du monde entier?
(Photo Internet: Joseph Staline à son travail de rédaction).
Car ce premier pays socialiste avait rejoint rapidement les niveaux de développement des grands pays capitalistes, dont les États-Unis. Il faudra lire la traduction française, sous la direction du marxiste Hervé Fuyet, de « Betrayed Socialism » (des communistes états-uniens Roger Keeran et Thomas Kenny), ouvrage qui paraîtra en France chez les Éditions Delgas, à l’hiver 2010 et témoignant de ce succès.
Bien sûr, il était matériellement impossible pour Staline de faire disparaître les opposants au socialisme. Ses réalisations économiques, politiques et sociales prouvent que la défense des intérêts du peuple soviétique a primé en tout temps. En passant, Staline vouait un amour inconditionnel pour le peuple russe, alors qu’il était lui-même « immigrant » à Moscou; n’était-il pas Géorgien? Un peu comme le leader communiste Tim Buck, qui même s’il était Britannique a dédié sa vie à l’amélioration des conditions de vie des ouvriers canadiens-anglais et québécois, tout en dirigeant le Parti communiste du Canada dans la lutte pour le socialisme.
Encore aujourd’hui, beaucoup d’immigrants, dont le Club des Amis du KKE à Montréal, ont lié leur sort à l’émancipation de la classe ouvrière du Canada et n’ont pour tout désir que de voir notamment la jeunesse du pays de l’érable, jouir d’un avenir dans notre grand pays, qui sera si riche et plein de possibilités sous ce socialisme pour lequel les communistes luttent, avec confiance dans l’avenir. N’était-ce pas Galilée, condamné par l’Église, qui avait dit parlant des astres, des planètes et de notre Terre : « et pourtant elle tourne… » ?
Finalement, il ne faut pas s’étonner que partout – et désormais- à l’échelle internationale, les communistes étudient par eux-mêmes l’histoire de leur mouvement et l’écrivent honnêtement. Les « historiens » et autres « idéologues » bourgeois et petit-bourgeois n’ont pas comme principale motivation de lutter contre la misère, le chômage et la pauvreté. Ils ne peuvent faire coïncider le progrès pour les travailleurs avec la vérité sociale et politique. Après tout, on ne mord jamais la main qui « nous » nourrit… Leur pitance, ils l’ont touchée parce qu’ils ont su inventer des images plus abracadabrantes les unes que les autres sur les thèmes suivants : communisme, Union Soviétique et Staline… Avec pour résultat que les petit-bourgeois se laisseront « mourir » plutôt que de s’alimenter d’une nourriture plus simple, mais ô combien savoureuse. (Photo Internet: Lénine et Staline). ______________________________________________________________

NOTA BENE : Daniel Paquet a d’abord étudié le Droit à l’Université Laval de Québec et à l’Université du Québec à Montréal. Il était particulièrement intéressé par le droit criminel. Plus tard, il a bifurqué vers les Communications, où il a gradué « with honours » en 1996 en journalisme, toujours à l’UQAM. En 1979, il a étudié à l’École supérieure des cadres des partis communistes, près du Comité central du Parti communiste de l’Union soviétique. S’intéressant au cas de Joseph Staline, il a voulu jeter un éclairage nouveau sur cette grande figure historique afin d'éclairer l’héritage réel de ce leader bolchévique. Il s’est ainsi adressé à la Société des amis de l’URSS aux États-Unis et aux responsables de Northstar Compass, revue spécialisée sur l’URSS (publiée en anglais à Toronto et en français à Montréal), par les éditeurs Michael Lucas et le Dr. Adélard Paquin.
Il est membre du Parti communiste du Canada
et milite activement pour l’implantation de la Fédération syndicale mondiale (FSM) au Québec.

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mercredi, septembre 01, 2010

YOUPPI, ILS ONT GAGNÉ!

vol. 10, no. 11, Nouvelle édition, 6 septembre 2010, $ 1.00

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Le quotidien montréalais La Presse est laconique : « La grève est évitée ». L’Alliance syndicale, regroupant 146 000 travailleurs de la construction (le Québec compte 7,6 millions d’habitants), « a bonifié le régime de retraite, consolidé le régime d’assurance et eu des augmentations de salaire sans doute les meilleures consenties en 2010 », dit Donald Fortin, porte-parole de l’Alliance. La victoire, elle est dûe à l’unité, à la solidarité des ouvriers, et sans doute au fait que dans ces moments-là, ils marchent les poings serrés, prêts à la bagarre.
(Photo: chantier dans le quartier des spectacles à Montréal, en 2010).

Maintenant, passons « aux choses sérieuses ». Il faut songer au prochain voyage de chasse dans les forêts du Québec pour rapporter un chevreuil ou un orignal, après de bonnes soirées entre amis dans les cabanes. L’artiste française, Lyne Renaud, n’avait pas complètement tort quand elle chantait ces cabanes au Canada. De nos jours, elles sont visitées plus rarement. C’est là qu’on échange avec les guides amérindiens.

Et puis, il y aura les Fêtes du Nouvel An pendant lesquelles on pourra faire bombance. Un bon revenu assuré, c’est la joie dans les foyers; surtout pour les fêtes en famille avec les enfants. On peut leur acheter des cadeaux, visionner des films. Les ouvriers regardent beaucoup de films durant cette période, surtout des films de Noël et des films « de femmes » (vous avez compris des films d’amour). Oh, ce sont des « durs de durs », aussi ils se mettent un peu en retrait du téléviseur pour qu’on ne devine pas qu’ils ont la larme à l’œil.
(Photo: demeure du XIXème siècle au Canada-français. Les familles étaient grosses; les rassemblements pendant les Fêtes réjouissaient tout le monde).

Parlant de cadeau, certains d’entre eux vous auront innocemment téléphoné pour prendre une bière; ce qu’il faut comprendre, c’est qu’ils se sont gâtés en achetant une belle voiture de l’année et qu’ils tiennent à vous la montrer.

Les communistes
Les communistes? Tout le monde sait qu’il n’y a pas de communistes au Québec!! Il n’y a que ces ouvriers ou leurs proches qui se réclament d’avoir vu ou entrevu un livre écrit par un Allemand qui s’appelait Marx ou encore un Russe dont le nom était Lénine. Des gens comme çà, les ouvriers les appellent, après un certain temps, comme ils le font pour l’auteur de ces lignes : « mon gros tata ». Ce n’est pas très politique, c’est de l’affection pour des « messieurs » qui donnent tout leur temps à la classe ouvrière.
Et puis un jour, comme ce métallurgiste se nommant Gauthier, ils vous donnent un titre: « président ». Un peu sceptique, vous lui répondez : « je ne suis pas le président de grand-chose ». Courroucé, l’ouvrier vous répondra de ne plus jamais parler comme ça. C’est un rappel à l’ordre amical, car les ouvriers t’ont choisi comme « notre président communiste ». Signe d’une grande complicité et d’optimisme, ils se mettent à vous tirer les oreilles ou à vous tapoter l’estomac pour dénoncer un léger embonpoint, et ils s’en amusent avec une joie non-feinte.
Bien sûr, les ouvriers du Québec sont croyants, mais ils acceptent que vous soyez athées, même s’ils ne le comprennent pas. Oh, et puis ça n’a pas d’importance : « tu t’arrangeras avec le Grand Boss! »
Ils ont aussi leur culture et ils ne tombent pas dans le panneau des « intellectuels » qui ont été mortifiés après l’échec du référendum de 1995, qui a lourdement déprimé les nationalistes, qui veulent la séparation du Québec d’avec le Canada anglais. Ils se doutent bien que les média sont contrôlés par ceux-ci. Aussi, ils se sont rabattus sur l’Internet pour s’instruire. S’il arrive quelque chose en Grèce ou en France, ils savent comment avoir accès à des sites sur ces pays.
(Photo SolidNet: communistes grecs appelant au soulèvement des peuples en Europe au printemps 2010).

Et ils trouvent ça « donc » beau. Vraiment, les ouvriers de ces pays ont fait « de la belle » ouvrage au fil des siècles…
Le grand patronat vient de subir une défaite importante. La victoire des ouvriers de la construction du Québec pourrait stimuler la combativité des ouvriers des autres secteurs de l’activité économique de la Belle Province et encourager les ouvriers du Canada anglais.
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Daniel Paquet a commencé à travailler à 13 ans sur les chantiers de construction à Québec dans le nettoyage. Il est devenu journalier, puis apprenti-charpentier pour payer ses études. En 1977, il quitte, tout juste élu à l’Exécutif de l’Association nationale des étudiants du Québec (ANEQ) et de la Ligue de la jeunesse communiste du Québec (LJCQ).
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