jeudi, février 02, 2006

FEVRIER 2006, vol. 6, no. 2

Cet interprète étonnant

"Monsieur le président, la température est idéale; 85 fahrenheit. Le président d’Irak vous attend au pied de l’escalier.
-Merci, je vous suis."
Les gardes du corps, nombreux, se massèrent devant la porte du Air Force One. Georges W. Bush, souriant, accompagné par sa ministre des Affaires étrangères, Condoleeza Rice, descendit l’escalier.
Le cortège d’un pas alerte, dû au renforcement de la sécurité, se rendit à l’aérogare. Exceptionnellement, c’est le gouvernement irakien qui présenta l’interprète, Salam, au président étasunien. Celui qui jouait ce rôle habituellement, étant tombé malade.
Les salamalecs furent rapidement échangé. L’entourage de M. Bush, avait hâte de se retrouver dans le périmètre de sécurité à Bagdad. Après tout, la mission était d’abord et avant tout de remonter le moral des troupes. Déjà plus de 2000 militaires morts en service, sans compter les dizaines de milliers de civils irakiens, et l’opinion publique aux U.S.A. qui s’opposait à l’occupation militaire à plus de 50%.
En quittant l’aéroport, l’interprète remit un dossier de presse à M. Bush, et en anglais par dessus le marché. Il s’agissait des média locaux et du Moyen-Orient en général. Ils demeurèrent seuls quelques instants.
"Vous parlez l’anglais depuis longtemps, Salam?
-Ma formation universitaire est la littérature anglaise, monsieur le président. Et j’étais secrétaire à l’information de l’Union générale des étudiants irakiens; union clandestine, je tiens à le préciser, sous Saddam Hussein.
-Donc, nous avons bien fait de venir à la rescousse!
-Vous savez, j’ai votre âge et je pense que ça me donne le droit de vous dire que d’abord j’aime le peuple étasunien. Mais il doit savoir qu’une civilisation vieille de 7000 ans comme la nôtre, savait comment lutter pour la démocratie. De plus, comme nous le savons tous, nous ne représentions aucune menace pour quiconque."
Le président, coi, écoutait. Mais écoutait-il vraiment? Salam, amicalement et confiant, profita de ce rare moment de tête-à-tête pour rappeler au président Bush que l’Irak, c’était : les jardins suspendus de Babylone, l’alphabet, la Mésopotamie…
"M. Bush, ramenez vos troupes au pays, conclut Salam, notre peuple saura reprendre le contròle de Bagdad et de l’ensemble du pays. Bon, je ne pense pas que nous aurons encore l’occasion de nous reparler. Aussi, je vous serre la main. C’est en ami qui pensera à vous!"