mardi, janvier 03, 2012

LES PROCHAINES ÉLECTIONS AU QUÉBEC

Commentaire politique

vol. 12, no. 1, 4 janvier 2012

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Attention, que se passe-t-il? Sous le prétexte d’une critique constructive à l’égard du parti Québec solidaire, ne voilà-t-il pas que La Vie Réelle, sans s’en rendre vraiment compte se range derrière la droite. Un ami du Parti communiste du Québec (section du Parti communiste du Canada) nous a heureusement rappelés à l’ordre. Mais qu’est-ce que c’est l’isolement parfois!

Il faut que le lecteur sache que La Vie Réelle rejoint beaucoup de « bourgeois ». Voyons ce que les fondateurs du communisme disent à ce propos :
« … au moment où la lutte des classes approche de l’heure décisive, le processus de décomposition de la classe dominante, de la vieille société tout entière, prend un caractère si violent et si âpre qu’une petite fraction de la classe dominante se détache de celle-ci et se rallie à la classe révolutionnaire, à la classe qui porte en elle l’avenir. De même que, jadis, une partie de la noblesse passa à la bourgeoisie, de nos jours une partie de la bourgeoisie passe au prolétariat, et, notamment cette partie des idéologues bourgeois qui se sont haussés jusqu’à la compréhension théorique de l’ensemble du mouvement historique. De toutes les classes qui, à l’heure présente, s’opposent à la bourgeoisie, le prolétariat seul est une classe vraiment révolutionnaire. » (Marx et Engels, Manifeste du Parti communiste,Londres, 1848, p. 5, http://www.marxisme.fr/)

Les conceptions théoriques des communistes ne reposent nullement sur des idées, des principes inventés ou découverts par tel ou tel réformateur du monde. Elles ne sont que l‘expression générale des conditions réelles d’une lutte de classes existante, d’un mouvement historique qui s’opère sous nos yeux. L’abolition des rapports de propriété qui ont existé jusqu’ici n’est pas le caractère distinctif du communisme. (Marx et Engels, Ibidem, p. 7)

C’est donc avec une certaine joie que nous avons lu dans le journal Métro (Montréal) que « le porte-parole de Québec solidaire, Amir Khadir, se rend sur la ligne de piquetage de l’usine de papiers White Birch, près de Québec, afin d’appuyer les travailleurs mis à pied le 9 décembre. (Métro, Ça se passe aujourd'hui, mardi 3 janvier 2011, p. 3)

Sans doute que les travailleurs en grève de la compagnie Rio Tinto Alcan à Alma au Saguenay-Lac St-Jean recevront l’appui de Québec solidaire aussi.

Les tabloïds diffusés gratuitement dans le métro de Montréal ont, parallèlement évalué la présentation de l’émission de télévision Bye Bye 2011, qui salue la fin de l’année. Métro titre : « La politique écrase le Bye Bye 2011 »; Amir Khadir y est imité par le comédien Joël Legendre : « son Amir Khadir (Capitaine solidaire) restera-t-il gravé dans les mémoires…? Pas sûr. (Métro, La politique écrase le Bye Bye 2011, mardi 3 janvier 2012, p. 12)

Le 24H, lui, écrit :

« Les créateurs du Bye Bye 2011 auraient-ils dû décoller un peu le nez de l’Assemblée nationale et des politiciens...? Même les parodies d’émissions de télévision, habituellement nombreuses dans les Bye Bye, ont presque toutes servi à se moquer de la classe politique. Cette omniprésence de politique municipale, provinciale et nationale (Stephen Harper est passés joyeusement au tordeur) a malheureusement laissé bien peu d’espace aux autres manchettes des derniers mois. » (24H, Un Bye Bye trop politique?, le 3 janvier 2012, p. 12)

On ne souffle guère mot du député Khadir.

Finalement, la critique était un peu courte. Elle témoigne du fait qu’il y a un clivage entre les tenants du progrès et ceux du statu quo. Visiblement, la droite constate que Québec solidaire pourrait jouer un mauvais tour aux partis traditionnels que sont le Parti libéral du Québec, le Parti québécois et la « nouvelle » Coalition de l’ex-ministre péquiste, François Legault.

Une bévue : l’amalgame Ben Laden et Kadhafi; ils étaient des frères ennemis et non pas des comparses. Un doute : les asiles au Québec? Politiques ou pour patients psychiatriques? Une absurdité : réduire la stature du premier ministre Stephen Harper au rang de simple exécutant, alors qu’il est un homme intelligent et habile. Il n’a pas l’heur de plaire aux Québécois, mais il ne faut pas le sous-estimer.

Finalement, il y avait cette interrogation : que vient-il après le progrès économique au Québec? Le Plan Nord? Les réponses sont équivoques. Ne pourrions-nous pas parler de bonheur?

« Néanmoins, de toute évidence le bonheur ne saurait se passer des biens extérieurs, comme nous l’avons dit. En effet il est impossible ou tout au moins difficile de bien faire si l’on est dépourvu de ressources. Car bien des actes exigent, comme moyen d’exécution, des amis, de l‘argent, un certain pouvoir politique. Mais ici se pose une question embarrassante : le bonheur est-il susceptible d’être enseigné, d’être acquis par l’usage ou à la suite de quelque entraînement? (Aristote, Éthique de Nicomaque, Classiques Garnier, Paris, 1961, p. 31) … s’en remettre au hasard pour ce qui est essentiel et souverainement beau, ce serait émettre la plus fausse note. (Aristote, Ibidem, p. 33) Nous avons reconnu comme la plus élevé la fin de la science politique; car celle-ci s’occupe de rendre les hommes tels qu’ils soient de bons citoyens, pratiquant l’honnêteté. (Aristote, Ibidem, p. 33)

Que pouvons-nous attendre de plus de notre société?

« Notre civilisation, envahie depuis longtemps par une mystique unilatérale du travail, nous habitue à penser qu’il constitue une valeur souveraine, dont dépendent totalement les autres. Les antiques avaient une autre conception : ils pensaient que l’homme vrai n’est possible que dans un loisir indéfini, et donc que le véritable humanisme ne peut se développer dans les besognes ingrates de la subsistance. On se rappelle l’expression cicéronienne otium cum dignitate, par laquelle il exprimait la définition de l’homme complet : une 'vie de loisir’ échappant aux contraintes du travail obligé, ‘grâce à un standing socio-économique’; et les Grecs, pour qui l’école (scholè) était synonyme de ‘loisir’, ne pensaient pas autrement : les classes qui vivaient en loisir pouvaient envoyer leurs enfants aux écoles! » (La civilisation des loisirs, Marabout Université, Verviers (Belgique), 1966, p. 61)

Ce n’est pas pour tourner le fer dans la plaie, mais c’est ce qu’on nous promettait au tournant des années 1970. Ne serait-il pas temps de passer de la coupe aux lèvres?

NOTA BENE: Anggun, Mon Meilleur Amour, vous attend sur le titre du présent article.

danieleugpaquet@yahoo.ca