dimanche, août 28, 2011

"LE CANADA SOCIALISTE", DITES-VOUS?

vol. 11, no. 9, 1er septembre 2011




La Vie Réelle est de nouveau diffusée après six mois d'interruption due à une longue hospitalisation.


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« Et je la comprends toujours
Elle m’apprend à parler
Toutes les langues du cœur
Car il n’y a qu’une seule langue au fond
Dans l’abîme des sons »

(Yolande Villemaire, D’ambre et d’ombre, Écrits des Forges, Trois-Rivières, 2003, p. 153).

Malgré que le peuple canadien-français déserte les églises, il demeure profondément croyant. Alors c’est sans hésitation que La Vie Réelle offre sa tribune au père catholique Giraud (chargé de recherche à Paris au Centre de la recherche scientifique –CNRS) afin qu’il donne son opinion sur le système économique dans lequel nous vivons; ce sera la toile de fond du présent article.
« Oui, le système est construit sur le fait que nous devons beaucoup consommer. Ce n’est pas une position que j’encourage. Il y a une réflexion que nous devons faire pour changer le mode de consommation. Nous devons renoncer à changer le téléphone portable aux deux ans. Nous devons avoir une consommation moins énergivore et moins polluante. Cependant notre système économique fait face à une grande contradiction. Les ménages des pays riches n’ont plus les revenus suffisants pour consommer beaucoup parce que la part de la valeur ajoutée de l’économie a été transférée des salaires des gens vers les dividendes des actionnaires. Les actionnaires perçoivent davantage et les salariés moins. Il faut savoir que les actionnaires sont une minorité de personnes alors que les salariés sont la majorité des citoyens. C’est la contradiction que nous vivons depuis les années 1990. » (Gaël Giraud, in la revue Notre-Dame du Cap, Trois-Rivières, avril 2011, p. 11).


À première vue, tout semblait indiquer une grande défaite pour le peuple canadien –suite aux élections fédérales du 2 mai 2011-, mais l’élection du Parti conservateur du Canada aux affaires de l’État à Ottawa annonce plutôt un recul de la droite, qui recueille à peine un peu plus du tiers des suffrages. Conjugué au fait que le parti officiel de l’opposition à la Chambre des communes (le parlement) est le Nouveau Parti Démocratique (NPD) –socialisant-, qui a de surcroît la majorité plus qu’absolue au Québec (la patrie des Canadiens-français); ce, alors que les conservateurs n’ont que cinq sièges sur 75. Le NPD en a 59. (Photo D.Paquet: le quartier des affaires à Montréal, métropole du Québec, 2010)


Rapidement, le Grand Capital a voulu, par le biais de ses mass média, donner un sens à la déconfiture de son parti préféré, le parti conservateur; ainsi le quotidien La Presse de Montréal martèle : c’est un vote émotif des Québécois (sic). Ce n’est pas le cas, nonobstant les vœux des cercles dirigeants de l’économie canadienne. Les travailleurs québécois ont opté pour le changement, sachant très bien que le NPD incarne une certaine idée de la gauche et promeut des politiques plus proches de la classe ouvrière et des couches populaires en général.

Quant au parti conservateur, ses appuis au Québec se fondent sur les milieux généralement sordides, ignares –disons le franchement : illettrés du point de vue politique!-, retardataires et résolument rétrogrades dans certains cas. C’est une minorité. Ainsi, à peine élus, les conservateurs chutaient encore dans l’opinion publique québécoise. Les travailleurs canadiens dans leur ensemble rêvent d’une société plus juste. « Et le marxisme part de ce principe que les goûts et les besoins des hommes ne sont pas et ne peuvent pas être identiques et égaux, en qualité ou en quantité, ni en période de socialisme, ni en période de communisme. […] Il est temps de comprendre que le marxisme est l’ennemi de l’égalitarisme. » (Joseph Staline, Les questions du léninisme, Éditions en langues étrangères, Pékin, 1977, p. 755).

Les communistes


Le moment est venu pour les communistes d’être plus hardis et audacieux. Si les choses n’allaient pas vraiment bien sous Brejnev et consorts en Union Soviétique, le peuple québécois, assez averti et conscient, sait que la situation n’est guère mieux sous le capitalisme, à visage découvert, dans la Russie de Medvedev (président) et Poutine (premier ministre); c’est pire à vrai dire!

La Vie Réelle, elle, propose que les différentes écoles de pensée en faveur du socialisme au Canada discutent à une table commune. Il n’est pas nécessaire de convoquer une réunion où chacun viendrait « avec son bazooka et ses grenades ». Espérons davantage un meeting où les communistes authentiques aborderont d’emblée la rédaction d’un programme politique, peut-être assez succinct, et mettant en exergue la nécessité d’une économie planifiée, avec la réduction du temps de travail sans perte de salaire, l’équité homme-femme à travers tout le pays, la création massive d’emplois –notamment pour les jeunes-, sous la gouverne de la classe ouvrière et de l’intelligentsia progressiste.
(Photo Internet: Karl Marx, un des fondateurs du socialisme scientifique, le marxisme, au XIXème siècle; homme de gauche allemand)

Encore aujourd’hui, il y a des vérités qui ne se sont pas dissipées avec le temps, tout comme les conquêtes des familles ouvrières. Car, « un homme qui ne dispose d’aucun loisir, dont la vie tout entière, en dehors des simples interruptions purement physiques pour le sommeil, les repas, etc., est accaparée par son travail pour le capitaliste, est moins qu’une bête de somme. C’est une simple machine à produire de la richesse pour autrui, écrasée physiquement et abrutie intellectuellement. Et pourtant toute l’histoire de l’industrie moderne montre que le capital, si on n’y met pas obstacle, travaille sans égard ni pitié à abaisser toute la classe ouvrière à ce niveau d’extrême dégradation. » (Karl Marx, Salaire, prix et profit, Éditions en langues étrangères, Pékin, 1970, p. 63).

La naissance d’une coalition active, non seulement en prévision des prochaines élections au Canada, mais encore dans la rue, s’avère impérieuse; d’ailleurs, on ne sait pas vraiment comment la classe ouvrière prendra le pouvoir au pays et jugulera la domination du Grand Capital. On ne se tromperait pas en étant prêt à toute éventualité. « Nous connaissons par l’expérience d’un demi-siècle de mouvement révolutionnaire en Russie une foule d’exemples d’une résistance inopportune à la réaction. Nous, marxistes, avons toujours été fiers de savoir déterminer, en tenant un compte rigoureux des forces des masses et des rapports entre les classes, si telle ou telle forme de lutte était opportune ou non. Nous avons dit : l’insurrection n’est pas toujours opportune; faute de certaines prémisses à réaliser parmi les masses, elle tourne à l’aventure. » (Lénine, Œuvres, Éditions Sociales – Paris/Éditions du Progrès- Moscou, tome 27, 1980, p. 17).

Les parties prenantes à cette nouvelle coalition, qui sont-elles? Eh bien, voici quelques invités : le Parti communiste du Canada, le Parti communiste révolutionnaire, le Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste), les revues Northstar Compass et Étoile du Nord (publiées respectivement en anglais à Toronto et en français à Montréal, ainsi que le NPD. On peut profiter du fait que 2011 marque le 90ème anniversaire de fondation du Parti communiste au Canada (PCC), à Guelph.

Une des tâches de cette coalition serait de doter la classe ouvrière, en particulier au Québec, d’un journal communiste, dont la parution serait régulière et fréquente, pour entraîner la classe ouvrière du Canada à la lutte pour le socialisme et qu'il fasse campagne pour les besoins immédiats des couches populaires : logement abordable, emplois stimulants et bien rémunérés ainsi qu’un nouveau pacte d’union et d’égalité pour toutes les nations et nationalités du pays.

Voilà le défi de la jeunesse du Québec et du Canada anglais, notamment des jeunes travailleurs. Bien sûr, militer… c’est plutôt facile à l’adolescence, car il y a une révolte qui nous habite; on devient révolutionnaire dans beaucoup de cas – toujours jeunes-; la cause l’emporte invariablement. Persévérer, c’est plus exigeant en vieillissant; on prend des habitudes et on jouit d’un certain confort –l’embourgeoisement!-. Durer, ça s’enracine dans la conscience; et la lutte continue. Marx et Engels sont allés au bout de leurs convictions; Lénine a guidé la révolution socialiste victorieuse en octobre 1917; Staline a dirigé la construction socialiste/communiste dans un seul État, l’URSS –ce qu’on disait impossible-. (Photo Internet: grande manifestation à Montréal des travailleurs du secteur public en mars 2010; ils étaient plus de 75 000)

Aujourd’hui, le socialisme est à l’ordre du jour partout, malgré l’inégalité du développement économique entre les différents pays. Il faut terrasser l’impérialisme; ce n’est pas un vœu pieux, c’est un objectif incontournable et réalisable. Voilà pourquoi les communistes ont la nécessité de recréer et rebâtir leur association internationale, la Comintern. Le KKE (parti communiste de Grèce), apporte de fait une contribution remarquable dans le domaine, alors que l’idée est dans l’air en France, aux États-Unis et au Canada.

Le Canada sera socialiste. Mettons l’épaule à la roue dès maintenant!

NOTA BENE: un document sonore accompagnera dorénavant le texte; pour y avoir accès, il suffit de cliquer sur le titre de l'article.






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