jeudi, mars 11, 2010

QUESTIONS DE NATIONS ET DE NATIONALITÉS

vol. 10, no. 11, 15 mars 2010, $ 1.00

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Dans une lettre à son ami Frédéric Engels, en 1867, -tiens l’année de la fondation du Canada!-, Karl Marx écrivit : « Auparavant, je considérais la séparation de l’Irlande d’avec l’Angleterre comme impossible. Aujourd’hui, je la considère comme inévitable, dût-on, après la séparation, aboutir à une fédération. » J’entends les applaudissements des « souverainistes » qui ne comprennent pas pour autant que c’est d’abord pour l’émancipation du peuple travailleur irlandais que Marx entrevoyait cette réalité; il en irait de même pour la classe ouvrière québécoise qui doit prendre la direction politique du mouvement national.

Lénine, qui a poursuivi le combat de Marx, a renchéri dans un ouvrage célèbre Du droit des nations : « Les larges couches de la population connaissent bien, par leur expérience quotidienne, l’importance des liens géographiques et économiques, les avantages d’un vaste marché et d’un vaste État, et elles ne penseront à se séparer que si l’oppression nationale et les frictions nationales rendent la vie commune absolument insupportable et entravent les rapports économiques de toutes sortes. » (Photo SolidNet: en Europe, le grand capital veut asservir les millions de travailleurs du continent, par une union forcée et frauduleuse; au Canada, l'union qui existe pourrait se transformer politiquement et garantir des droits égaux aux nations au-delà du carcan corporatif des sociétés multinationales, au premier chef).

On doit remercier le philosophe communiste français, Georges Gastaud, qui a bien fouillé le dossier pour son essai Patriotisme et internationalisme publié en 2009. Il collabore à la revue ÉtincelleS publiée par le « Pôle de Renaissance Communiste en France », en tant que Directeur de publication adjoint. Il correspond avec La Vie Réelle depuis au moins une bonne dizaine d’années.

Mais pour revenir à la situation en Grande-Bretagne, c’est avec beaucoup de joie qu’on souligne qu’en février 2010, les partis communistes d’Irlande et d’Angleterre (Britain, ndlr) ont émis un communiqué conjoint en solidarité avec les travailleurs grecs, affirmant que « la classe ouvrière grecque est maintenant en première ligne dans la lutte de résistance aux politiques antipopulaires dictées par l’Union Européenne, imposées par le gouvernement du PASOK (parti socialiste grec), soutenues par Démocratie Nouvelle (conservateurs) et tous les secteurs de la bourgeoisie grecque, pour faire payer au peuple grec la crise du système [capitaliste]. »

Question nationale oblige, on ne peut gommer l’histoire récente de Chypre où les Casques bleus canadiens ont d’ailleurs été déployés jusqu’à tout récemment, au nom de l’Organisation des Nations Unies (ONU); pour contenir les forces armées turques dont le gouvernement avait ordonné l’agression contre Chypre et l’occupation par celles-ci d’une partie de son territoire. Les forces de l'ONU devaient aussi maintenir la paix entre les deux communautés. Maintenant, « AKEL (le parti communiste cypriote, ndlr) lance un appel à nos compatriotes cypriotes turcs pour qu’ils exercent leur influence sur [l’autorité cypriote turque], et aussi sur Ankara (capitale de la Turquie, ndlr), demandant le respect de l’accord prévoyant une solution fédérale bi zonale et bi communale qui permettra de réaliser la réunification de notre pays, dans la paix durable et la sécurité pour tous les Cypriotes et la prospérité de notre pays et de notre peuple. » (cf. AKEL Bulletin, no. 29, Feb. 2010, Nicosie, Chypre, p. 11).
(Photo SolidNet: manifestation de fonctionnaires turcs en 2009; au sortir d'un long servage).

Le Canada à la croisée des chemins

Cette question de principe anime les communistes cypriotes. Pour le très conservateur The Gazette de Montréal, la nation canadienne-française ne semble pas mériter un pareil traitement, tel que le droit à l’autodétermination, jusqu’à et y compris la sécession. Au contraire, le quotidien appelle à « la considération d’un pacte entre les partis fédéralistes au Québec ». Ici, il s’agit de calculs mesquins du genre : « mais en termes de leur enracinement et de leur couverture par les médias, chacun des partis (libéral et conservateur, ndlr) devraient concentrer ses ressources en consolidant ses châteaux-forts ». Le journaliste, M. MacDonald, estime que c’est le moyen le plus sûr pour défaire le Bloc québécois, nationaliste. Mais il feint d’ignorer que c’est d’abord et avant tout le contenu populiste du Bloc québécois qui lui vaut autant d’appuis et non pas son penchant indépendantiste. Le Québec, et surtout sa jeunesse, est ancrée à gauche et croit très fermement en des valeurs démocratiques, même si elles sont assez souvent anarchistes et petites bourgeoises.

Dorénavant, le « nouveau » peuple québécois veut bâtir lui-même son nid et établir par lui-même ses relations et ententes, y compris à l’étranger. Ainsi, beaucoup de démocrates québécois seraient bien d’accord si les communistes d’ici rapportaient, à l’instar du Parti communiste du Brésil- PCdoB, (cf. Bulletin Internacional, Sao Paulo, Nr. 5, September 2009, p. 4) « que de 2006 à 2009, nous pouvons souligner la coopération avec le Parti communiste grec en ce qui regarde le mouvement pour la paix et l’organisation des Rencontres des partis communistes et ouvriers, et la coopération avec le Parti communiste portugais ».

Malgré les dissensions entre partis communistes européens sur des questions telles le rôle de Joseph Staline, le caractère de la République populaire de Chine ou la nécessité de la dictature du prolétariat, le PCdoB rend compte qu’ « En Europe, nous avons mis l’accent sur les relations avec les deux partis communistes italiens, le Parti communiste français, les Partis communistes espagnols, le Parti communiste de la République tchèque et le Parti communiste de la Fédération russe, entre autres. Le Parti a aussi maintenu des relations importantes avec les intellectuels marxistes à travers des réseaux et des fondations. » (Photo SolidNet: manifestation de gauche en Grèce contre les mesures d'austérité).

Errances et immigration

Les pays ouest-européens ont accueilli de nombreux immigrants depuis la défaite du socialisme en URSS et le début de la crise économique. Le cas de l’Allemagne est assez révélateur. D’après Argenpress du 27 janvier 2010, « un habitant sur cinq en Allemagne en 2008 était immigrant; soit 15,6 millions sur un total de 82,1s ». Les chiffres ont pour origine le Service fédéral de la Statistique allemand. La majorité des immigrants viennent de Turquie (2,9 millions). Les anciens pays socialistes ne sont pas en reste : URSS, 2,9 millions; Pologne, 1,4 millions; et Yougoslavie, 1,3 millions. À cette liste, il faut rajouter la présence de travailleurs temporaires qui sont citoyens de l’Italie (795,000 personnes) et de Grèce (391 000). Le Parti communiste allemand a des contacts privilégiés avec tous ces travailleurs migrants et saisonniers.

Des affrontements politiques et idéologiques

Même si la conclusion de cette chronique n’est pas directement liée aux questions nationales et de nationalités; on ne peut passer sous silence que tous ces affrontements se font la plupart du temps au nom de la démocratie : le droit de conserver sa langue, le droit de s’établir ailleurs… Tous reconnaîtront que la liberté d’expression est sans conteste, le droit le plus prisé.

The Gazette rappelait récemment que : « La liberté d’expression est un droit humain selon la Déclaration universelle des Droits de l’Homme. C’est le droit de parler sans censure, de partager des idées et de l’information sans interférence. Au Canada et ailleurs dans le monde civilisé, la liberté d’expression est partie prenante de la foi, un rempart contre les forces de la tyrannie […] L’antidote à la liberté d’expression se fonde sur davantage de liberté d’expression. »

Le dramaturge allemand Bertolt Brecht, dans une polémique avec l’auteur anglais Herbert Wells, souligna qu’ « À Londres, il suffit au gouvernement, s’il veut que la parole reste sans effet, que le porte-parole n’ait pas de salle ou pas de journal. » (cf. Les Arts et la révolution, L’Arche, Paris, 1970, p. 69). Qui a vu le film de Costa-Gravas, Z, sur le coup d’État des colonels en Grèce dans les années 1960, comprendra ce que signifiait d’avoir un problème de salle! On peut dire que depuis de nombreuses années maintenant, le Parti communiste du Canada n’a plus de publication régulière en français. Ce qui explique sans doute que, pour bon nombre, ce parti n’existe pas au Canada; on ignore ses politiques eu égard à la crise, à titre d’exemple. Ceci donne le champ libre au cynisme des capitaines d’industrie qui, par leurs moyens colossaux, -et compte tenu de l’opinion publique-, cherchent à faire « partager » les coûts indésirables et « imprévisibles » de la crise sur la place publique auprès des travailleurs, des chômeurs et des retraités.

C’est peut-être très « démocratique » comme procédé, mais cela n’a pas empêché plus d’un travailleur états-unien de crier bien fort en février dernier : « J’en ai marre des rassemblements, je veux batailler! » Ce sont les mots d’un directeur, pour l’État de l’Ohio, de la Fédération américaine du Travail-Congrès des organisations industrielles (AFL-CIO), en s’adressant aux centaines de personnes qui avaient bravé le froid pour soutenir la campagne en faveur d’un nouveau système de santé publique.
(Photo People's World: manifestation syndicale en faveur d'un meilleur système de santé aux USA).

Les sondages d’opinion révèlent que 66% des Américains veulent que la réforme soit adoptée.

Si Obélix se rendait à New York, il dirait sûrement : « mais ils ne sont pas fous ces États-Uniens!
-30-

1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

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11:46 p.m.  

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