jeudi, septembre 09, 2010

JOSEPH STALINE



vol. 10, no. 12, Nouvelle édition, 13 septembre 2010
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Behind Blue Eyes

« And no one knows what it’s like to be hated, to be fated. » La traduction n’est pas nécessaire. C’est une ligne d’une chanson du célèbre groupe rock britannique The Who. Quand on pense à Joseph Staline, on ne peut s’empêcher d’avoir cette chanson-là en tête.
Il fallait bien qu’on en arrive là un jour, puisque beaucoup de Canadiens-anglais et de Québécois ont toujours une frayeur disproportionnée de cet homme. Quoique, au souvenir de mes années de travail dans l’industrie de la construction au Québec, je ne me rappelle pas avoir entendu des critiques sur l’époque de Staline en URSS… de la part des ouvriers du bâtiment. La plupart du temps, on ignorait ce qui se passait là-bas. C’était dans les années 1970.
(Photo Internet: Joseph Staline avec sa fille).

Allons donc droit au but : c’est parce qu’il était « dictateur » que Staline est honni de tous. Pourtant qu’a-t-il dit de spécial? Dans un ouvrage récent, le marxiste états-unien Bill Preston souligne que « Lénine et Staline ont aussi compris la réalité que le Président Salvador Allende du Chili comprendrait plus tard à la dure : on ne peut réellement assumer le pouvoir sans le contrôle effectif d’une armée, d’une milice, de la police et d’autres organes de sécurité, incluant une police secrète nationale et des services d’intelligence à l’étranger. L’histoire démontre que les forces révolutionnaires doivent développer leurs propres appareils militaires et de sécurité. » (Stalin on Socialist Construction and the Transition to Communism, USA, 2010, traduction libre, p. 4).
Dans les années 1970, celles du militantisme étudiant, le nom de Staline fut régulièrement évoqué; surtout lors des éternelles disputes entre maoïstes et trotskystes. Le Parti communiste du Québec (Canada) auquel j’ai adhéré affirmait, quant à lui, qu’il était exact que Staline était directement responsable de nombreux crimes. Caution étrange, mais « crédible »; n’était-ce pas généralement et sans réplique ce qui se disait partout, et que cela allait de soi? Cette dénonciation se complétait par la promesse que rien de tel n’existerait sous un régime socialiste au Canada. Alors, nous sommes devenus les avocats de l’anti-stalinisme au sein des organisations populaires où les progressistes de toutes familles voulaient s’associer aux communistes.
Pourtant, des voyages en URSS soulevaient des questions. La principale était pour l’auteur de ces lignes : pourquoi Moscou ressemble-t-elle à un chantier de construction laissé à l’abandon? Nous étions toujours dans les années 1970. L’impression générale de la capitale soviétique, au vu de toutes les grues et infrastructures sans animation, était qu’on avait pris des vacances… dans les années 1950 et que le travail n’avait jamais repris après.
De surcroît, les jeunes communistes du Canada ont côtoyé des responsables soviétiques plutôt petit-bourgeois qui enviaient les biens et vêtements des voyageurs de l’Ouest, sans comprendre les tenants et aboutissants de la lutte des classes à l’échelle internationale et les concessions du grand capital aux ouvriers des pays capitalistes pour qu’ils ne basculent pas dans le camp socialiste (depuis la défaite du socialisme en URSS, les capitalistes se sont dépêchés de reprendre celles-ci). Le terrain a été préparé dès lors pour qu’après, les opposants à Staline plongent l’économie en plein marasme, abandonnant les plans de développement économique et politique en vigueur sous celui-ci, au profit d’une sorte d’économie de marché socialiste qui piétinait. Cela, c’est tout récemment les économistes des partis communistes, dont ceux du Parti communiste de Grèce (KKE), qui l’ont mis en exergue.
QUAND OPTIMISME ET JOIE RIMAIENT AVEC JOSEPH
Par ailleurs, Staline a semé la crainte chez bon nombre « d’intellectuels » en Occident et aussi dans les pays socialistes (n’ont-ils pas contribué à le diffamer après le fameux rapport –la bible - de Khrouchtchev au XXème congrès du Parti communiste de l’URSS?). Au fait, pourquoi se sont-ils dépêchés de le cacher après… (?) Dénonciation sans procès, ça c’est bizarre! Et si on nous avait monté un bateau de toutes pièces, pour freiner l’essor de l’Union soviétique et son ascendant sur les peuples du monde entier?
(Photo Internet: Joseph Staline à son travail de rédaction).
Car ce premier pays socialiste avait rejoint rapidement les niveaux de développement des grands pays capitalistes, dont les États-Unis. Il faudra lire la traduction française, sous la direction du marxiste Hervé Fuyet, de « Betrayed Socialism » (des communistes états-uniens Roger Keeran et Thomas Kenny), ouvrage qui paraîtra en France chez les Éditions Delgas, à l’hiver 2010 et témoignant de ce succès.
Bien sûr, il était matériellement impossible pour Staline de faire disparaître les opposants au socialisme. Ses réalisations économiques, politiques et sociales prouvent que la défense des intérêts du peuple soviétique a primé en tout temps. En passant, Staline vouait un amour inconditionnel pour le peuple russe, alors qu’il était lui-même « immigrant » à Moscou; n’était-il pas Géorgien? Un peu comme le leader communiste Tim Buck, qui même s’il était Britannique a dédié sa vie à l’amélioration des conditions de vie des ouvriers canadiens-anglais et québécois, tout en dirigeant le Parti communiste du Canada dans la lutte pour le socialisme.
Encore aujourd’hui, beaucoup d’immigrants, dont le Club des Amis du KKE à Montréal, ont lié leur sort à l’émancipation de la classe ouvrière du Canada et n’ont pour tout désir que de voir notamment la jeunesse du pays de l’érable, jouir d’un avenir dans notre grand pays, qui sera si riche et plein de possibilités sous ce socialisme pour lequel les communistes luttent, avec confiance dans l’avenir. N’était-ce pas Galilée, condamné par l’Église, qui avait dit parlant des astres, des planètes et de notre Terre : « et pourtant elle tourne… » ?
Finalement, il ne faut pas s’étonner que partout – et désormais- à l’échelle internationale, les communistes étudient par eux-mêmes l’histoire de leur mouvement et l’écrivent honnêtement. Les « historiens » et autres « idéologues » bourgeois et petit-bourgeois n’ont pas comme principale motivation de lutter contre la misère, le chômage et la pauvreté. Ils ne peuvent faire coïncider le progrès pour les travailleurs avec la vérité sociale et politique. Après tout, on ne mord jamais la main qui « nous » nourrit… Leur pitance, ils l’ont touchée parce qu’ils ont su inventer des images plus abracadabrantes les unes que les autres sur les thèmes suivants : communisme, Union Soviétique et Staline… Avec pour résultat que les petit-bourgeois se laisseront « mourir » plutôt que de s’alimenter d’une nourriture plus simple, mais ô combien savoureuse. (Photo Internet: Lénine et Staline). ______________________________________________________________

NOTA BENE : Daniel Paquet a d’abord étudié le Droit à l’Université Laval de Québec et à l’Université du Québec à Montréal. Il était particulièrement intéressé par le droit criminel. Plus tard, il a bifurqué vers les Communications, où il a gradué « with honours » en 1996 en journalisme, toujours à l’UQAM. En 1979, il a étudié à l’École supérieure des cadres des partis communistes, près du Comité central du Parti communiste de l’Union soviétique. S’intéressant au cas de Joseph Staline, il a voulu jeter un éclairage nouveau sur cette grande figure historique afin d'éclairer l’héritage réel de ce leader bolchévique. Il s’est ainsi adressé à la Société des amis de l’URSS aux États-Unis et aux responsables de Northstar Compass, revue spécialisée sur l’URSS (publiée en anglais à Toronto et en français à Montréal), par les éditeurs Michael Lucas et le Dr. Adélard Paquin.
Il est membre du Parti communiste du Canada
et milite activement pour l’implantation de la Fédération syndicale mondiale (FSM) au Québec.

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