samedi, septembre 18, 2010

LA RÉPUBLIQUE DE CUBA

vol. 10, no. 13, Nouvelle édition, 20 septembre 2010
If you wish to read in English: http://wwwlavienglish.blogspot.com/

Dans sa brochure Economic Problems of Socialism in the U.S.S.R. (1952), Joseph Staline, expliquait que « la nouvelle société doit supporter ‘un mouvement de masse en faveur des fermes collectives’, afin de libérer la paysannerie de la rente et autres dépenses telles que l’achat de la terre ». Il insistait aussi sur les « plans annuels ou quinquennaux qui devaient refléter ‘complètement’ les exigences de la loi du développement équilibré ». Par ailleurs, il soutenait l’idée que l’existence même du socialisme dépend de l’éducation marxiste des nouveaux leaders de la société. Et c’est d’après le marxiste états-unien Bill Preston, « spécialement vrai aussi longtemps que l’impérialisme existe. Dans l’absence d’une solide formation marxiste-léniniste, les dirigeants de pays socialistes progresseront nécessairement ‘à tâtons dans la noirceur’; ce fut le cas de beaucoup de communistes en Union soviétique et en Europe socialiste dans les années 1980. »
(Photo Internet: Joseph Staline).
Staline « soulignait avec énergie qu’il fallait développer la planification économique de manière à ce que l’économie nationale approfondisse le socialisme ». Il a amplement parlé du besoin de maîtriser au minimum les exigences du savoir technique.
Cette longue introduction nous amène à parler de Cuba. Le retour de Fidel facilite les choses. Il est très lucide et au fait des difficultés de son pays. Première question : est-ce que le pays peut vivre éternellement en rêvant de la manne touristique, d’autant plus que les visiteurs sont particulièrement contents de ronger l’âme des travailleurs cubains, sinon de les entraîner vers la délinquance ou même une légère corruption; les effets personnels qu’ils transportent avec eux y contribuent? Notons qu’au Canada, ils passent le reste de l’année à tirer le diable par la queue, ayant fait un voyage, le plus souvent qu’autrement, à crédit!
Cuba, même si elle est la plus grande des îles antillaises, est justement une île et petite, avec une population d’à peine 11 millions d’habitants. Elle a besoin - et les conditions l’imposent- de commercer et d’échanger avec les autres pays pour survivre; elle ne peut s’auto-suffire. C’est pourquoi le blocus, toujours prolongé –y compris par l’administration Obama- fait mal.
(Photo La Jornada: Fidel Castro, été 2010).
Les autres pays occidentaux ne partagent pas tous les orientations de l’administration des États-Unis. Ainsi l’ancien Premier ministre du Canada, le Libéral Paul Martin, s’apprêtait à ouvrir toutes grandes les portes à Cuba, mais le géant du Sud a contrecarré, avec de fortes pressions, le projet.
Cuba n’est pas un pays industrialisé comme le Canada, donc il n’y a pas de classe ouvrière industrielle organisée comme en Amérique du Nord; même si les travailleurs et en particulier les travailleurs de la campagne sont syndiqués. En ce moment, on peut dire que Cuba est une démocratie révolutionnaire assiégée. Mais depuis 1997, il y a eu des changements, par exemple dans les télécommunications (Internet, téléphonie sans fil), les moyens de transport (ferroviaires) et l’énergie, en nette amélioration.
C’est le mouvement coopératif qui semble attirant pour de nombreux Cubains au-delà des entreprises d’État, surtout les plus petites; c’est une pratique commune à la campagne depuis quelques années déjà.

La vaillance et l’héroïsme du peuple cubain
Tous ces facteurs ne justifient pas l’obstination du gouvernement états-unien à vouloir détruire le régime en vigueur à Cuba. Les Cubains sont avant tout patriotiques. Fidel réfère régulièrement au grand héros cubain, José Marti. Ils sont jaloux de leur indépendance, mais ils savent aider : que ce soit lors du tremblement de terre à Haïti et même pendant l’ouragan Katrina aux États-Unis où ils offraient à l’administration Bush l’envoi d’une forte brigade de médecins pour aider la population locale.
Peut-être maladroitement, ils ont tenté de bien faire en s’infiltrant à Miami dans les groupes anticastristes pour que cesse le terrorisme contre Cuba -3 400 personnes en sont mortes jusqu’à maintenant-, toujours est-il que le gouvernement des États-Unis n’a pas agi dans le bon sens. Il a incarcéré cinq jeunes agents cubains. Ils sont en prison depuis plus de 12 ans. La Vie Réelle a une relation épistolaire avec Antonio Guerrero, l’un d’entre eux, depuis plus de 3 ans. Tous leurs amis, autour du monde, demandent la même chose : laissez-les rentrer à Cuba dignement et la tête haute. Ils ont fait honneur à Cuba et… au peuple des États-Unis, lui aussi assoiffé de justice.
(Photo SolidNet: les Cinq de Cuba salués à La Havane).

Fidel Castro
Honnêtement, nous ne nous attendions pas à ce que Fidel puisse reprendre la tête du puissant mouvement mondial pour la paix et le désarmement nucléaire. Nous le soutenons. Il fait campagne présentement pour que le dialogue, la détente et le franc parler succèdent aux menaces –notamment de la direction israélienne- contre le gouvernement de la République islamique d’Iran. Oui, oui, bien sûr, nous savons que ce dernier gouvernement n’est pas blanc comme neige et que le peuple et sa jeunesse en souffrent amèrement. Mais tout de même, rien ne permet les bombardements nucléaires dans cette région du monde –déjà sens dessus dessous depuis l’invasion des USA en Irak et maintenant dans la guerre en Afghanistan. Il n’y a pas d’excuses qui tiennent. Encore une fois, Barack Obama doit agir.
Nous voulions parler de Fidel, bien avant son retour, voici ce que nous avions préparé. Excusez-nous de la longueur inhabituelle du texte :

UN NOUVEAU JOURNALISTE

La confrérie journalistique compte un nouvel épistolier depuis quelques années. Il est Cubain. Son nom : Fidel Castro. En 2010, il a célébré ses 84 ans. Bien portant le collègue pour son âge et malgré une maladie qui l’avait cloué au lit.
Alors, il a profité du temps qu’il était alité pour apprendre un nouveau métier, celui de journaliste. Cette profession ne s’improvise pas; il faut un certain talent et beaucoup de créativité, sans parler de curiosité et d’imagination. Écrire, ce n’est pas aligner des mots, c’est créer un message cohérent, crédible et invitant à partir de faits qui sont têtus et vérifiables.
Fidel Castro a passé l’examen. Il écrit aujourd’hui dans le journal communiste Granma. Il appelle cela : Réflexions du camarade Fidel. Il a suffisamment de recul pour pouvoir persévérer dans le domaine, sans compter une grande expérience.
Il écrit bien.
Voyons quelques Réflexions de son crû. En avant-propos, notons ce qu’il a indiqué le 27 juin 2010 : « À mesure que j’écrivais, chacune de mes Réflexions antérieures, et qu’une catastrophe pour l’humanité s’approchait à toute allure, mon plus grand souci était ce que je considérais un devoir élémentaire : informer le peuple cubain. » C’est tout à son honneur : aimer son public lecteur. Compte tenu du poids de sa notoriété, on doit reconnaître toute son honnêteté lorsqu’il affirme : « Aventurer des hypothèses de ma part serait faire de la science-fiction. »
Si nous allons au 11 juillet 2010, nous nous rendons compte qu’il sait scruter des sources sérieuses et qu’il n’écrit pas uniquement de mémoire, dans « le site web Global Research, le 11 avril 2010, Rick Rozoff [note que les États-Unis sont] un pays qui aspire à rester le seul État dans l’histoire à exercer une domination militaire complète sur terre, dans les airs, sur les mers et dans l’espace. »
Ils dépenseront : « 708 milliards de dollars pour le prochain exercice fiscal. »
Cet analyste va plus loin et précise : « Je suis d’avis qu’aucun président, voire le chef militaire le plus expert, n’aurait un instant pour savoir quoi faire si les ordinateurs ne l’avaient déjà programmé. »
Rozoff, toujours selon Fidel Castro, rappelle l’analyse du Global Security Network : « L’administration Obama a demandé 239,9 millions de dollars à des fins de recherche-développement par les services militaires d’une attaque globale instantanée pour l’exercice fiscal 2011… »
(Photo SolidNet: Fidel Castro présentant une partie de ses Mémoires, été 2010).
Au début du mois d’août 2010, Fidel Castro, à propos de la marée noire dans le golfe du Mexique, et la catastrophe de la British Petroleum (BP), souligne que « c’est le président Obama qui a autorisé ce forage, parce qu’il faisait confiance en la capacité de la technologie moderne en matière de production de pétrole ».
Dans un autre ordre d’idées, il parle du « risque d’une guerre nucléaire après que le Cheonan, un navire de guerre dernier cri, a été coulé, selon le gouvernement sud-coréen, par la torpille d’un sous-marin soviétique –datant tous les deux de plus d e cinquante ans – tandis que d’autres sources donnent la seule cause possible, mais non détectable : une mine posée sur la coque du Cheonan par les services de renseignements étatsuniens. »
Il attire aussi notre attention : « 29 juillet. Une dépêche de l’AFP révélait l’inimaginable : Osama Bin Laden était quelqu’un des services de renseignements étatsuniens. »
Voilà, on peut dire que ce nouveau venu dans le milieu journalistique a les idées claires. Il est lucide et il est prometteur. Entre-temps, il se permet d’écrire ses Mémoires. On les lira aussi.

danieleugpaquet@yahoo.ca


-30-