jeudi, juin 10, 2010

LE GRAND CAPITAL EST PLUTÔT INQUIET

vol. 10, no. 8, Nouvelle édition, 14 mai 2010, $ 1.00

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Fidel Castro écrivait récemment que le « président Obama peut faire des centaines de discours, s’évertuant à accommoder des contradictions irréconciliables au détriment de la vérité; ou il peut rêver de la magie de ses phrases bien articulées en faisant des concessions à des personnalités et des groupes manquant d’éthique. Il peut aussi faire le portrait de mondes fantastiques n’existant que dans sa tête, semés là par des conseillers au fait de ses tendances… » Malgré tout le pire est à prévoir. Sur Wall Street, on mesure soigneusement la valeur des interventions du président : sera-t-il capable de contenir le peuple états-unien longtemps, à commencer par la classe ouvrière?

Au Québec, le quotidien centriste La Presse, propriété de la multinationale canadienne Power Corporation, sonne la fin de la récréation pour les partis pro-business à l’Assemblée nationale et les somme de « s’attaquer au problème de fond (le financement des partis politiques, ndlr) plutôt qu’à jouer aux vierges offensées, endommageant davantage le peu de crédibilité qui reste à la classe politique. » Il faut comprendre ici : la crédibilité des partis bourgeois, car le parti de gauche Québec solidaire a vu, lui, son soutien s’élever dans les sondages d’opinion.
Le mouvement syndical, dont la Confédération des syndicats nationaux (CSN) a saisi la balle au bond pour que le gouvernement du Québec revienne sur sa décision d’imposer une taxe régressive en matière de santé publique. Le ministre des Finances, selon Webdo Info, « semble vouloir reculer », au moment d’aller sous presse.

Le patronat a bien frais en mémoire que des dizaines de milliers de personnes ont marché à Montréal lors de la traditionnelle manifestation du Premier mai, Fête internationale des travailleurs. Ailleurs, c’est la Grèce qui est en ébullition. D’ailleurs un représentant du mouvement syndical grec, PAME, viendra à Toronto et à Montréal, à l’invitation du Parti communiste du Canada pour insuffler ici l’énergie des « sintrofé » (camarades) de la péninsule hellénique.
(Photo SolidNet: manifestation organisée par le PAME en Grèce, 2010).

Ailleurs, plus de 300 000 de travailleurs ont occupé le centre de Lisbonne, à l’appel de la Confédération des travailleurs portugais, dans un élan d’indignation, de protestation et de lutte contre les politiques visant l’appauvrissement de l’ensemble de la classe ouvrière de ce pays.
Non, non, non, pas ce cauchemar! Se désespère le grand patronat anglo-franco canadien, dont Power Corporation.
La question nationale au Canada

Les nationalistes québécois aimeraient bien détourner cette grogne à leur profit. Comme le rapporte le journal Le Devoir : « M. Duceppe (chef du Bloc québécois à Ottawa, ndlr) ne désespère pas de voir le Québec accéder un jour au concert des nations. Citant en exemple l’effondrement brutal du mur de Berlin, en 1989, il a fait une remarque un brin philosophique », précisant qu’il y a des heures qui valent une décennie. Gilles Duceppe est un ancien chef syndical québécois; il fut le chef d’un parti maoïste. Tout comme ses amis, il attend son heure de gloire et la séparation du Québec d’avec le Canada anglais; concrètement la fin des liens entre la classe ouvrière québécoise et la classe ouvrière canadienne-anglaise!
Au Québec, le parti de gauche Québec solidaire a une possibilité réelle de faire élire plusieurs candidats lors des prochaines élections législatives, mais il devra mettre de côté son orientation nationaliste. Les travailleurs sont en faveur de l’égalité nationale entre les deux peuples fondateurs du Canada et le droit à l’autodétermination jusqu’à et y compris l’indépendance, mais ils comprennent qu’un grand marché dans un État qui ne les agresse pas du point de vue de leur origine nationale, mérite que les Canadiens d’expression anglaise et les Québécois poursuivent leurs échanges à tous les niveaux. Ajoutons que les ouvriers québécois sont beaucoup moins « frileux » que les petits-bourgeois de la Belle Province craignant, eux, d’affirmer leur culture et leur langue française où que ce soit au Canada. D’ailleurs, c’est à la classe ouvrière organisée que le Canada doit en très grande partie ses réalisations démocratiques, dont les programmes sociaux. Il faut bien dire les choses telles qu’elles sont!
(Photo: Pierre Fontaine, président du Parti communiste du Québec; une belle interprète inconnue et le leader du Parti communiste du Canada, Miguel Figueroa).
Quant aux nationalistes du Parti québécois (PQ), œuvrant sur la scène provinciale et parti de l’opposition officielle, La Presse dit de lui que le « recentrage amène les péquistes carrément sur le terrain des libéraux, celui du contrôle des dépenses, de la remise en cause des façons de faire de l’État. En fait, le PQ comble un vide. Les libéraux sont impopulaires, surtout en raison de la multiplication des allégations de favoritisme […] Le message qu’a envoyé Mme Marois (chef du PQ, ndlr) ce week-end, c’est qu’un gouvernement péquiste ferait mieux qu’un gouvernement libéral pour bien gérer les finances publiques et améliorer les services. »
La démocratie

Parlant de démocratie, il faudra de nouveau monter au créneau car le gouvernement central conservateur, selon le quotidien Métro, « cherche à trouver une façon de surveiller le contenu des discussions en ligne portant sur des sujets politiques afin de corriger les informations jugées inexactes. »

Au Québec, les communistes ne peuvent être d’accord avec certaines personnes qui, -on ne sait trop comment- ont pu représenter, aujourd’hui, des travailleurs comme à la Confédération des syndicats nationaux (CSN). Celles-ci ont pesé lourd, pour que « la CSN revendique (d’après Webdo-Info, ndlr) la mise en place d’une charte de la laïcité qui comprendrait des balises claires. Elle partage la recommandation du rapport Bouchard-Taylor (commission nommée, à toute fin pratique, par le gouvernement provincial pour étudier les relations entre les Québécois dits de souche et les immigrants, ndlr) voulant que les personnes qui occupent des fonctions d’autorité ne portent aucun signe religieux distinctif, comme les policiers, les magistrats et les gardiens de prison. Les enseignantes, les enseignants et les éducatrices en garderie qui constituent des modèles pour les jeunes élèves devraient être ajoutés à cette liste. »

Les signes distinctifs sont un faux débat. Les femmes musulmanes qui portent le voile sont semblables, si on se souvient réellement de l’histoire religieuse du Québec, aux femmes qui « avaient pris le voile » et entrer dans les ordres dans un passé pas si lointain. Leur tenue ne scandalisait personne. En France, c’est le président Nicolas Sarkozy, de droite, qui s’élève le plus virulemment contre les musulmanes et agite le « drapeau national ». Est-ce un tel mépris et cette haine des femmes, de ces femmes, dont nous avons besoin au Québec? Alors que le respect, l’accueil et l’amitié favorisent la compréhension mutuelle!

Comme l’affirmait Johanne, une amie de La Vie Réelle, récemment et fière de sa féminité : « ces femmes, ce ne sont pas des gourdes, elles ont fait un choix et ce choix n’est pas irréversible, mais ce n’est pas à nous d’en juger; laissons-leur ce droit! » Cette femme, elle-même coordinatrice d’un centre accueillant près de 1300 participations par semaine, est compétente; les clients masculins sauront vous le confirmer…
Enfin, La Vie Réelle a l’occasion de revenir sur un sujet « épineux » pour les nationalistes et bien simple pour les gens ordinaires : l’apprentissage de l’anglais. La majorité des Québécois veulent apprendre à parler l’anglais. Même, s’ils sont fiers de leur langue française, ils sont conscients que c’est une porte ouverte pour les voyages et le travail, même au Québec. Sans compter la connaissance de la culture anglophone, tant du Canada anglais que des États-Unis, nos deux nations voisines.

Le Québec a une population de 7,6 millions d’habitants. Selon La Presse, « depuis 1978, le nombre d’élèves aux écoles anglophones est passé de 250 000 à 100 000 ». En ce moment, on doit prendre des subterfuges pour étudier l’anglais, grosso modo en fréquentant l’école privée de langue anglaise avec les coûts que cela entraîne, alors qu’avant l’élection du Parti québécois dans les années 1970, l’école anglophone était accessible librement. Qui pourrait dire aujourd’hui que les finissants de ces écoles ont dilapidé leur fonds francophone et perdu toute notion de fierté nationale?
(Photo: Université du Québec à Montréal, UQÀM, 40 000 étudiants, la majorité des finissants ne sont pas bilingues ou fonctionnels en anglais!)

Par contre, Pauline Marois, chef du Parti québécois, désireuse de diriger le Québec, -un îlot dans la mer, faut-il préciser-, ne connaît pas cette langue. Il y a une lacune ici qui rend mal à l’aise le moins farouche des partisans du statu quo. Qu’est-ce qui se passe dans ce parti?

Rassurez-vous chers amis nationalistes, le rédacteur de ce bulletin n’est pas un "méchant" immigrant du Maghreb ou du Canada anglais, il ne s’agit que d’un Canadien-français bien ordinaire qui parle –et je m’en excuse- cinq langues, dont l’anglais, l’allemand, l’espagnol, le russe et évidemment le français tout en ayant des bases en italien et en grec moderne. Après tout, il n’y a pas de honte à y avoir, m’a dit un jour ma mère, même si la France, c’est un peu notre mère-patrie, n’en déplaise à ces Québécois d’obédience péquiste…


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