jeudi, juin 17, 2010

MAIN BASSE: LES CONSERVATEURS!

MAIN BASSE : LES CONSERVATEURS DÉBARQUENT
vol. 10, no. 9, Nouvelle édition, 21 juin 2010, $ 1.00

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Ils nous en réservent toute une. Qui donc? Les conservateurs de Stephen Harper. Même le quotidien centriste La Presse annonce : « L’intimidation, elle vient plutôt, selon bien des fonctionnaires et du personnel politique, du bureau du premier ministre, qui a érigé en culte le contrôle maladif de l’information […] On se croirait à Moscou dans les belles années du régime soviétique. »
Et encore, le Parti conservateur au pouvoir est minoritaire. Le journal Le Devoir (nationaliste) rapporte que « l’entourage du premier ministre canadien s’est fait prendre en flagrant délit de contrôle de message […] Des jeunes affirment que leurs questions (préparées dans le cadre des sommets du G8 et du G20, ndlr) ont été réécrites par le bureau de M. Harper de manière à en extraire les éléments potentiellement embarrassants. » On a retiré toute référence à l’avortement.
Maintenant, le gouvernement canadien ne se cache plus sur le choix de ses amis. Le Devoir, rapporte ainsi que « le premier ministre israélien, Benjamin Nétanyahou, n’a pas quitté le Canada aussi rapidement que ce que l’on aurait pu croire hier. En fait, il a effectué l’essentiel de sa visite à Ottawa, démontrant ainsi à quel point le gouvernement Harper est devenu un allié précieux et apprécié par Israël. »
(Photo SolidNet: manifestation de communistes israéliens en mars 2010; les vrais amis des peuples arabes et de celui de Palestine).

Ce journal, toujours, révèle que suite à l’agression israélienne contre la flottille de la paix pour Gaza, « la réaction canadienne a été l’une des plus douces de la communauté internationale ». Le gouvernement fédéral a déclaré : « Le Canada regrette profondément les pertes de vie et les blessures causées dans cet incident. » (sic)

Est-ce cette attaque en mer, surtout dans les eaux extraterritoriales? Toujours est-il que, selon Argenpress, « le Canada a révélé une stratégie de construction de vaisseaux qui coûteront plus de 30 000 millions de dollars canadiens pendant les prochaines 30 années pour construire 28 navires de grande envergure pour la Garde côte et la Marine canadienne, et 100 embarcations mineures, selon le ministre de la Défense, Peter MacKay. »
Pourtant, le Canada a ceci de particulier en termes militaires, qu’il est indéfendable, tant par mer que par terre. Sa frontière très étendue avec les États-Unis en fait une proie facile. On peut dire que c’est un secret de Polichinelle. Nos lecteurs auront vite compris que les seules victimes seront les bénéficiaires des programmes sociaux; le Ministre des Finances a confirmé les coupures budgétaires au printemps.
La flottille

Fidel Castro a déclaré au sujet de l’agression israélienne eu égard à la flottille : « Le dimanche 30 mai dernier, alors que j’écrivais la Réflexion L’Empire et la drogue, l’attaque brutale contre la flottille n’était pas encore survenue; celle-ci transportait des vivres, des médicaments et des articles pour le million et demie de Palestiniens confinés dans l’espace restreint de ce qui avait été leur propre patrie durant des milliers d’années. »
(Photo: dirigeants communistes du Canada, à partir de la gauche -Pierre Fontaine, Bill Sloan et Johan Boyden-, ils sont solidaires du peuple palestinien et rejettent le sionisme des autorités israéliennes).


Pour sa part, le secrétariat du Conseil mondial de la paix, établi à Athènes, Grèce, a condamné « l’attaque militaire durant laquelle plus de 16 civils de différentes nationalités ont perdu la vie et plus de 60 ont été blessés […] Le Conseil mondial de la paix exprime sa solidarité avec le peuple palestinien dans sa juste cause pour l’établissement d’un État indépendant dans les frontières de 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale. »
Du coq à l’âne

Dans un numéro précédent, (Paris au printemps, vol. 10, no. 5, Nouvelle édition, 25 mai 2010), l’auteur de ces lignes disait à propos d’un livre écrit par Jean-Paul Sartre, Situations, que l’ouvrage était un peu ennuyeux… mais qu’il allait le lire en entier.

Ce fut en premier lieu une lecture par souci d’honnêteté; mais par la suite, mue par une curiosité non feinte. Sartre évoque des événements, dont l’insurrection de Budapest en Hongrie fin les années 1950, ainsi que les politiques sordides, -voire criminelles- des dirigeants « communistes » de l’époque, tant dans ce pays qu’en URSS et la complaisance de leaders du PCF qui ont lourdement pénalisé le mouvement communiste par la suite à l’échelle internationale, y compris au Canada.

Et ce n’est pas parce qu’elles ont pénalisé ou ralenti le mouvement qu’elles devaient être condamnées, mais bien plutôt parce qu’elles juraient avec les valeurs profondes du communisme et ses idéaux de démocratie et de bonheur que ce soit pour la classe ouvrière, l’intelligentsia progressiste et tous ceux qui partagent cette vision du monde.
Les Hongrois qui ont quitté leur mère-patrie, lors de ces années plombées, n’étaient pas tous des fascistes. Beaucoup sont venus à Montréal, au Canada. Ils ont quitté cette ville à regret lors des évènements d’octobre 1970 au Québec, lorsque le Front de libération du Québec (FLQ) a enlevé le ministre du travail québécois, Pierre Laporte et un attaché commercial britannique, James Richard Cross. Ce groupuscule, terroriste, a joui dans un premier temps de la sympathie de la jeunesse urbaine et intellectuelle; leurs valeurs anarchistes et nationalistes corrodaient toute pensée politique démocratique. Nos immigrants hongrois, craintifs et échaudés par l’Histoire ont choisi de fuir en masse à Toronto dans la province anglophone de l’Ontario (Canada central).

D’ailleurs, même si le Parti communiste du Canada ne semble pas avoir beaucoup de membres à Montréal maintenant, il ne faut pas oublier que de nombreux immigrants, sûrement des centaines, et des milliers de Canadiens-français seraient prêts à l’appuyer par différents moyens si on les convainc du caractère démocratique du parti, de ses pratiques transparentes et de ses objectifs dans l’esprit de Karl Marx et de Vladimir Lénine. La preuve en est l’influence qu’a eue le parti dans les années 1970 au Québec alors que ses membres exerçaient des fonctions réelles dans les organisations de masse. Ce n’est donc que partie remise.
(Photo SolidNet: manifestation en mai 2010 au Portugal pour les droits des travailleurs. À Montréal, les travailleurs portugais ont joué un rôle très significatif au sein du Parti communiste du Canada).
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Jean-Paul Sartre, Situations, VII, problèmes du marxisme, 2, Gallimard, Paris, 1965

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