samedi, mars 07, 2009

AU CANADA, LA GAUCHE N'EST PAS PRÊTE

vol. 9, no. 10, 9 mars 2009, $ 1.00

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Oui, au Canada la gauche n’est pas encore prête à prendre le pouvoir. Alors, ce sont les institutions traditionnelles (un euphémisme discret pour désigner le capitalisme) qui mènent le jeu et nous gardent sur le qui-vive. En cascades, on apprend par Argenpress le 2 mars que d’après Statistiques Canada « le produit intérieur brut (PIB) se contracte de 3,4 pour cent dans le quatrième trimestre de 2008, la chute la plus forte enregistrée par l’économie canadienne depuis 1991. » Le quotidien montréalais Métro n’est guère plus rassurant en annonçant que « la Banque du Canada est donc revenue sur ses prévisions et a admis que la reprise économique surviendra plus tard que ce qui avait été estimé au départ. » Le journal 24 Heures emboîte le pas et rapporte que « la Banque écrit que les perspectives économiques à l’échelle du globe ont continué à se détériorer depuis la publication de la mise à jour du Rapport sur la politique monétaire en janvier dernier […] La nature de la récession aux États-Unis, dont les secteurs de l’automobile et du logement sont fortement déprimés, est particulièrement préoccupante pour le Canada, dit la Banque. » Les informations publiées dans ces journaux sont parues le 4 mars. Mais auparavant, dès janvier l’éditorial de la revue L’Itinéraire soulignait que « tout n’est pas noir. L’élection d’Amir Khadir de Québec Solidaire dans Mercier ravive l’espoir que la justice sociale fasse davantage partie des programmes des autres partis politiques. »

Malgré tout, la partie ne sera pas facile si on en juge par le communiqué de presse de « Democracy Watch » du 4 mars relatant que « depuis la semaine dernière, les grandes banques du Canada annoncent des profits et des bonus à coups de millions de dollars pour les dirigeants de celles-ci » alors que le gouvernement conservateur leur a littéralement donné 300 milliards $ (sic) en subventions avec la promesse que cela ne s’arrêterait pas là. Comme le signale le président de la Canadian Community Reinvestment Coalition, Duff Conacher:
« les Conservateurs clament que pour aider l’économie, ils doivent couper les taxes pour nous redonner l’argent, mais ils ne font rien pour que les grandes banques cessent de nous arracher l’argent de nos poches, et leur donnent des centaines de milliards de cet argent sans condition de retour. »

À Cuba, pas de complaisance

En date du 3 mars, l’Agence France Presse (AFP) titrait avec « allégresse » -car c’est toujours un bonheur pour certains de pouvoir dénigrer la révolution cubaine-, que deux dirigeants cubains ont été libérés de leur fonction; l’agence de presse reprend de façon alambiquée les termes de la presse cubaine. Par exemple l’AFP parle du changement parce que ces personnes ont eu des « ambitions qui les ont conduits à jouer un rôle indigne. » Sans reprendre toute l’explication de Fidel Castro, arrêtons-nous juste ici quand il dit que « le goût du pouvoir, pour lequel ils n’ont connu aucun sacrifice, a réveillé en eux des ambitions qui les ont conduit à un rôle indigne. » On a beau prétendre que l’on ne parle pas très bien l’espagnol, il y a différence de sens! D’autant plus que très souvent Fidel Castro a insisté sur la responsabilité et l’intégrité des dirigeants investis de la confiance du peuple cubain. Ce n’est quand même pas pour rien que celui-ci accorde depuis si longtemps sa confiance à Fidel, depuis 50 ans…

En français cette fois, le journal du parti communiste de Cuba, Granma (que l’on peut lire sur Internet) disait le 24 février 2008: « […] Les institutions constituent un des piliers de l’invulnérabilité de la Révolution sur le terrain politique, ce qui nous oblige à travailler à son perfectionnement constant. Ne jamais croire que ce que nous avons fait est parfait […] il est nécessaire de continuer à étudier la nouvelle structure du gouvernement dans le but d’en réduire progressivement l’envergure, tout en augmentant son efficacité. » En un mot: éviter toute bureaucratie!

La lutte au terrorisme

Puisque nous survolons la situation cubaine, lisons une partie de la lettre ouverte envoyée par Livio Di Celmo au procureur général des Etats-Unis Éric Holder :

« Monsieur Holder,
Je vous écris en tant que frère de Fabio Di Celmo, citoyen italien et résident canadien, qui a été tué dans une attaque terroriste à La Havane, Cuba, le 4 septembre 1997, à l’Hôtel Copacabana, dans le cadre d’une des nombreuses attaques qui ont eu lieu cette année-là contre les installations cubaines de tourisme
[...] »

La Vie Réelle a déjà parlé des 5 de Cuba dépêchés par le gouvernement cubain sur le sol américain pour observer la scène et faciliter le travail des autorités états-uniennes; travail qu’elles se refusaient à faire, complaisantes devant les agissements de certains ressortissants cubains vivant en Floride et préparant des actes hostiles de tous genres contre la République de Cuba.

Parlant de terrorisme, on ne peut que remettre en question le bien-fondé de l’occupation des Forces canadiennes en Afghanistan. C’est le monde à l’envers, mais même le Premier ministre canadien, Stephen Harper, qui -bon, bien sûr, il traduit la volonté de la majorité des citoyens canadiens- et parle sûrement avec l’aval des dirigeants de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) soutient désormais, en visite aux Etats-Unis: « À mon humble avis, nous ne vaincrons jamais les insurgés. » Il a raison et la suite revient à un mouvement que nous connaissons encore peu au Canada et qui pourtant est très représentatif. Il s’agit de la Revolutionary Association of Women of Afghanistan (RAWA): les femmes révolutionnaires de l’Afghanistan, dont le siège en exil était jusqu’à tout récemment au Pakistan. Elles connaissent le terrain et savent ce qu’il y a à faire pour ramener la paix et la stabilité dans le pays.

On ne peut passer sous silence non plus l’effort de guerre de milliers et de milliers de jeunes États-uniens qui sont allés en Irak, beaucoup croyant à la cause. L’hebdomadaire de gauche de Chicago People’s Weekly World, paru le 28 février, traduit le désespoir de l’un d’entre eux qui ne se gêne pas pour affirmer que l’ironie dans tout cela fait en sorte que lorsque Bush parlait à la télévision pour dire que le pays était en Iraq pour se débarrasser des armes de destruction massive, arrêter le terrorisme et propager la démocratie, celle-ci s’amenuisait aux États-Unis Le vétéran en question, José Hill, ne mâche pas ses mots aujourd’hui et dit:
« J’ai servi mon pays de façon honorable aussi dans l’espoir de revenir à la maison et maintenant on me dit que je n’ai pas le droit d’être représenté par un syndicat. La compagnie a rejeté toutes les cartes et ils ne nous ménagent pas si nous essayons de défendre nos droits. »

People’s Weekly World
du 7 mars soulève aussi un épineux problème: la résurgence de l’organisation la plus terroriste de tous les temps : le mouvement nazi en Allemagne. Ainsi le correspondant du journal à Dresde rapporte que « maintenant, cependant, avec l’horreur des atrocités à Gaza et en Palestine en croissance (malgré l’alliance officielle allemande avec le gouvernement israélien), les Nazis essaient de biaiser ces sentiments pour semer l’anti-sémitisme. Une des ruses de propagande des « législateurs » (certains siègent dans des fonctions publiques, ndlr) est de comparer la destruction de Dresde [pendant la deuxième guerre mondiale] à un Holocauste, en rabaissant ainsi l’ampleur du véritable Holocauste, en attisant les émotions encore fortes des citoyens de la ville, dont certains d’entre eux ont perdu des parents ou des grands-parents lors des bombardements aériens [de 1945].
Ainsi chaque année les Nazis organisent une marche commémorative à Dresde pour souligner l’événement. »

Mais il existe, même à l’extérieur de l’Allemagne, des gens qui se souviennent de l’horreur et de la hideur des actes commis par les Nazis. Dans la revue Notre-Dame du Cap de mars 2009, on s’adresse aux lecteurs pour éveiller en eux la compassion et le courage de dénoncer les exactions et la « banalité » des groupes de droite et d’extrême droite d’aujourd’hui: « Le silence et l’oubli encouragent les futurs criminels et en ce sens, ils tuent deux fois leurs victimes. Le prêtre (Patrick Desbois, ndlr) espère d’ailleurs, par ses actes, avertir les éventuels candidats aux crimes contre l’humanité. ‘Qu’ils sachent que leurs massacres finissent toujours par être mis en lumière, où qu’ils soient commis. ‘ Un génocide, souligne-t-il, n’est pas un tsunami ou un phénomène naturel. « On peut dès à présent contribuer à le prévenir."


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