samedi, mars 14, 2009

CHAQUE MAMAN, UNE ÉCONOMISTE

vol. 9, no. 11, 16 mars 2009, $ 1.00



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« La richesse des sociétés dans lesquelles règne le mode de production capitaliste s’annonce comme une ‘immense accumulation de marchandises’. […] La marchandise est d’abord un objet extérieur, une chose qui par ses propriétés satisfait des besoins humains de n’importe quelle espèce […] Il ne s’agit pas non plus ici de savoir comment ces besoins sont satisfaits, soit immédiatement, si l’objet est un moyen de subsistance, soit par une voie détournée, si c’est un moyen de production. » Ainsi débute la première section du Livre premier du Capital de Karl Marx (Éditions Sociales, Paris, 1971, p. 51).

On parle régulièrement de capitalisme, des éditorialistes états-uniens entre autres condamnent certaines mesures de Washington comme étant socialistes, notamment les nationalisations dans le secteur bancaire; mais que savons-nous du socialisme? Quelles en sont nos connaissances après la contre-révolution en Union Soviétique et dans les autres pays socialistes européens (République démocratique allemande, Pologne…). Aujourd’hui les partis communistes sont de plus en mesure de faire le point sur cette période. Ainsi, « le 14ème Congrès du KKE (1991) et la conférence nationale de 1995 ont formulé l’autocritique suivante: nous n’avons pas évité, en tant que parti, l’idéalisation et l’embellissement du socialisme, tel qu’il a été construit au 20ème siècle. Nous avons sous-estimé les problèmes que nous avons observés, les attribuant principalement à des facteurs objectifs, les justifiant comme des problèmes de croissance du socialisme, ce qui a été prouvé comme non conforme à la réalité. […] La victoire de la révolution socialiste, initialement dans un pays ou dans un groupe de pays, résulte du fonctionnement de la loi du développement économique et politique inégal du capitalisme. Les conditions pour que la révolution socialiste soit à l’ordre du jour ne mûrissent pas simultanément au niveau mondial. La chaîne impérialiste se brisera à son maillon le plus faible. » (Thèses sur le socialisme, Comité central du Parti communiste de Grèce, pour le Congrès de février 2009).

Car le système capitaliste est malade et de plus en plus moribond. La crise financière mondiale en est un symptôme. Toutefois, il faut sortir des sentiers battus qui consistent à répéter ad nauseam que le socialisme est l’alternative. Il faut aussi expliquer ce qu’est le socialisme concrètement. Voilà pourquoi le titre de cet article. Chaque maman ou chaque femme, parce que ce sont elles qui généralement administrent le budget familial, sait ce qu’est la planification. Un bon point de départ pour le socialisme: planifier l’économie. Il faut voir à l’emploi pour chacun des travailleurs; voir aux transports (collectifs ou individuels); voir au logement (abordable et de qualité); garantir l’accès aux soins de santé (n’est-ce pas honteux le sort réservé aux Premières Nations?) et gérer une économie saine et prospère. Bien sûr, il y a d’autres exigences. Mais notre maman, au sein de la famille pourrait tout aussi bien administrer les revenus et dépenses de la grande famille élargie qu’est la classe ouvrière du Canada et résoudre démocratiquement avec la participation de tous les membres les conflits particuliers que sont les inégalités nationales (par exemple la place du Québec dans la Confédération).

Les syndicats peuvent jouer un rôle déterminant pour que les travailleurs s’initient à la gestion de l’État. Avoir une vision d’un Québec et plus largement d’un Canada plus démocratique et vraiment libre des attaches vis-à-vis des multinationales étrangères, c’est aussi être prêts à dénoncer et lutter aux côtés des travailleurs d’autres pays, comme ceux de Turquie qui, par exemple, ont « célébré » le 12 mars dernier l’anniversaire du coup d’État dans leur pays (1971). Savons-nous que « des milliers de personnes ont été jugées par les tribunaux militaires de la loi martiale sous l’inculpation de délits pour la plupart antérieurs à la proclamation de l’état d’exception; et que 28 personnes ont été tuées dans la rue par les forces de l’ordre, dans des circonstances douteuses? » Cela, dans les deux ans après la prise du pouvoir par les militaires. Et la liste des crimes de l’État est longue. La dénonciation vient de Belgique où vivent des réfugiés démocrates, militants de la Fondation Info-Türk.

En Irlande, à Dublin la capitale, fin février, plus de 100 000 travailleurs ont manifesté contre les coupures budgétaires du gouvernement à l’appel de l’Irish Congress of Trade Unions. Le gouvernement veut une réduction de 7 pourcent du salaire des employés de l’État pour financer les pensions. Le quotidien français l'Humanité a largement couvert l'événement.

Au Canada, le Parti communiste s’est lancé dans une campagne pour faciliter l’obtention des prestations d’assurance emploi à un niveau correspondant aux besoins réels des chômeurs de plus en plus nombreux. D’ailleurs, il souligne que « la crise ne fait que commencer. Au moins 50 millions de travailleurs perdront leur emploi dans le monde entier cette année. La production a chuté de près de 50% dans certains pays, et les pénuries alimentaires se répandent. Une véritable reprise économique mondiale pourrait ne survenir que dans plusieurs années. » (Le Parti communiste du Canada, Sur la crise, Toronto, mars 2009).

Au Québec, le parti Québec solidaire prend des mesures pour s’enraciner et donne de l’étoffe à son programme économique; parler économie, c’est entrevoir l’avenir politique et social de la majorité de la population. Avant tout, il urge que les banques, les compagnies pétrolières et les autres multinationales exploitant et transformant les ressources naturelles du Canada soient mises au pas. Nationalisées? Mais pourquoi pas? C’est une question de volonté politique; après tout le Canada n’est pas une succursale des Etats-Unis. Le ciel ne nous tombera pas sur la tête parce que les rentrées d’argent dévolues au grand secteur privé seront orientées vers les pouvoirs publics. Même si Hydro-Québec est une société d’État –qui abuse certes parfois- elle est tout de même bien solide et profitable pour tous les Québécois. Toutes les mamans pourraient vous en convaincre…

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