vendredi, novembre 26, 2010

LE SOCIALISME EN AMÉRIQUE DU NORD

vol. 10, no. 22, Nouvelle édition, 29 novembre 2010
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Nota Bene : Au nom de la justice, de la transparence et de la démocratie, La Vie Réelle demande qu’une commission d’enquête soit créée pour que la vérité voit le jour concernant les allégations répétées de collusion entre le gouvernement et le milieu interlope quant au financement des partis politiques, et l’octroi de contrats aux entreprises de construction.

Personne ne peut vivre que d’espoirs et de rêves, il faut des certitudes comme l’éventualité d’un monde meilleur. Alors, soyez rassurés, le Canada et les États-Unis deviendront un garant de la paix et du respect sur la planète. Il y a encore quelques « petites » choses à régler, mais le mouvement est en branle.
Au Québec, tout comme partout dans le monde occidental, la société est divisée en classes sociales. Elle se manifeste par l’émergence ou l’existence de partis politiques qui se donnent comme tâche de prendre ou de garder le pouvoir pour les intérêts des forces en présence. Le grand Capital ne met pas tous ses œufs dans le même panier et par tous les moyens possibles, il essaie de diriger le sens général de l’économie et de la politique.
(Photo People's World: manifestation aux USA pour l'emploi, organisée par l'AFL-CIO).
Parfois, l’issue est un peu loufoque. Ainsi aux États-Unis, la direction du Parti communiste ne voit l’avenir que dans des recettes à sauce social-démocrate : i.e. davantage de « federal spending ». D’ailleurs, pour celle-ci, « la crise empoignant le pays et le monde en est une de demande insuffisante » sur les marchés. Alors, ces dirigeants communistes prônent la consommation. Le plus surprenant est qu’ils ne jugent pas nécessaire de prendre la tête du mouvement populaire réclamant des changements aux USA. En se rappelant les années Clinton, ils affirment qu’aujourd’hui, « le Caucus progressiste (dans lequel on ne retrouve aucun communiste) est plus important et expérimenté ». (sic)

Ils conçoivent la lutte des classes, en termes de distinctions tout pareil à ce qui survit en Inde dans le cas des castes comme celle des « Intouchables ». Leur bulletin People’s World abonde de pareilles inepties, peu claires pour le lecteur néophyte.

Au Québec, malgré le sentiment qui s’enracine pour des politiques différentes, surtout chez les ouvriers et les jeunes, les directions syndicales s’entêtent dans les formules éculées reprises de chantres de la social-démocratie; toujours attachées au Parti québécois (nationaliste et petit-bourgeois), elles espèrent contrecarrer la montée du parti Québec solidaire –vraiment progressiste-, en mettant sur pied différentes coalitions. La dernière en date, d’après la revue syndicale Unité (décembre 2010) est la création de l’Alliance sociale. Ainsi, « le 5 novembre dernier, une coalition d’organisations syndicales et étudiantes […] a donné le coup d’envoi d’une nouvelle force progressiste au Québec [pour] contrer le discours de droite de plus en plus présent. »
D’après La Vie Réelle, c’est le contraire qui prévaut. Déjà, la droite a tenté de créer deux ou trois mouvements (animés ici par un ancien Premier ministre du Québec, Lucien Bouchard; un autre là par l’ancien ministre François Legault; et enfin notons la tentative de requinquer l’Action démocratique du Québec (ADQ) toujours dans la même perspective). La droite recule idéologiquement. Le Québec solidaire progresse dans l’opinion et la conscience des travailleurs.
(Photo: le Canada va de l'avant; il n'y aura pas de retour en arrière sinon des piétinements. Montréal, c'est une ville développée économiquement).


Même l’Église catholique avait constaté que les choses n’étaient plus figées au Québec. D’après, la revue Notre-Dame du Cap de novembre 2010: « Jusqu’à maintenant, la nomination des évêques québécois était faite en fonction du climat général qui prévalait chez les catholiques d’ici (la majorité des catholiques, même non-pratiquants, vivent au Québec, ndlr) tout en tenant compte de notre portrait social. Cela nous valait des hommes dont les visées pastorales étaient clairement identifiées dans la perspective qui prévaut depuis Vatican II. » Des « libéraux », dira plus loin le commentaire.

La question nationale

Même dans le mouvement communiste international, il y a toujours des camarades qui veulent faire plaisir aux communistes du Québec en les appelants « nos camarades québécois » au lieu de « nos camarades canadiens-français » pour bien démontrer qu’ils ont pleinement « saisi » la situation.
Ça mérite un petit rappel historique. Au XIXe siècle, les patriotes du Bas-Canada (le Québec), selon Le Monde ouvrier de la Fédération des travailleuses et des travailleurs du Québec (FTQ), « ont reçu, ‘au milieu de vives acclamations’ l’Adresse de l’Association des travailleurs de Londres en soutien à leur lutte pour un gouvernement responsable, l’abolition des privilèges aristocratiques et la rupture du lien colonial ».

Ils ont indiqué que « nous désirons, par l’entremise de notre association (le Comité central des patriotes, ndlr), proclamer que, peu importe la voie que nous serons contraints d’emprunter, nous n’avons rien contre le peuple d’Angleterre. Nous luttons uniquement contre les agressions de ses oppresseurs tyranniques, qui sont aussi les nôtres. » (Le Monde ouvrier, novembre-décembre 2010, p. 10).

Dans la foulée des années 1960, des éléments terroristes et nationalistes, connus sous le nom de Front de libération du Québec (FLQ), ont créé des cellules. Ils ont eu -un temps- une sympathie de masse, mais ils n’ont jamais constitué un mouvement de masse. L’Aut’journal d’octobre 2010, affirmait en éditorial qu’ « il est vrai que le nationalisme révolutionnaire a été dévoyé […] par des organisations soi-disant ‘marxistes-léninistes’ au sein du mouvement ouvrier. »
L’éditorialiste avait peut-être en vue les regroupements gauchistes, surtout maoïstes, qui pullulaient au Québec dans les années 1970-1990. Mais il n’a pas de leçon à donner au Parti communiste du Canada (PCC) qui depuis les années 1920 s’est fait le défenseur des droits nationaux de la classe ouvrière canadienne-française. C’est une abomination scélérate de la part des nationalistes que de gommer le rôle joué par les communistes. Les communistes ne sont pas effrayés par l’orientation du jeune parti Québec solidaire, car ils peuvent y faire valoir leur point de vue. De plus et en pratique, l’organisation communiste dans l’ensemble du Canada demeurera toujours unie; et si le lecteur permet une expression en anglais, c’est une unité « set in the stone ».
(Photo: résoudre la question nationale au Canada ne peut se faire sans tenir compte de la présence irréversible de centaines de milliers de "nouveaux arrivants").
Encore aujourd’hui, les communistes ont œuvré inlassablement pour organiser la délégation pancanadienne qui participera au 17ème Festival mondial de la jeunesse et des étudiants ayant lieu en Afrique du Sud en décembre 2010. Le co-président de la délégation, Johan Boyden, a colligé quelques notes pour le journal communiste People’s Voice de novembre 2010 où il souligne que « du Canada, 50 jeunes participeront au Festival, représentant la jeunesse et les étudiants d’un océan à l’autre. Une délégation nationale du Québec y prendra part, unie à toute la délégation du Canada. L’Appel au Festival stipule que : « Nous allons au Festival pour partager nos expériences, nos espoirs et nos rêves pour un Canada meilleur […] et un monde meilleur »!
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vendredi, novembre 19, 2010

QUAND SE NOURRIR DEVIENT SACRÉ

vol. 10, no. 21, Nouvelle édition, 22 novembre 2010

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SORTIE DE L'IMPASSE ÉCONOMIQUE

« Il faut comprendre que la succession des crises depuis 2007 n’est en fait qu’un seul phénomène. Celui-ci a pris naissance dans l’essoufflement et l’éclatement d’une bulle du crédit qui s’est formée durant les années 2000 aux États-Unis. »

Non, il ne s’agit pas d’une déclaration du Parti communiste du Canada (PCC). C’est tiré d’une étude du Mouvement Desjardins. Pour situer le lecteur, disons que cet organisme est « le premier groupe financier coopératif du Canada ». Le Mouvement Desjardins est passé de 2008 à 2009, « du 50e au 34e rang dans le classement des 500 plus grandes entreprises canadiennes sur la base de leurs revenus ».
(Photo: succursale des Caisses populaires Desjardins dans l'Est de Montréal).
Bon, c’est un peu théorique tout ça. L’important à retenir, c’est qu’une visite à l’épicerie du coin est devenue quasiment un pèlerinage dans un lieu saint. Tout commande le respect, à commencer par le prix des aliments. Le blé, dont le Canada est un des principaux producteurs dans le monde, frise des sommets insensés. En témoigne l’escalade rapide du prix du pain. Sans ignorer les autres produits de base : lait, beurre, céréales diverses… Étant donné que le Canada ne parvient pas, malgré des régions au climat favorable (vallée de l’Okanogan et péninsule du Niagara) pendant la belle saison, à faire croître et stocker les légumes et les fruits frais dont se nourrissent les gens; il faut importer ceux de Californie, de Floride et même d’Amérique centrale et parfois même de plus loin : Maroc, Israël et Amérique du Sud (Chili, Brésil…). Ça coûte de plus en plus cher pour les familles ouvrières. On n’a qu’à penser au transport. Pétrole oblige!
Même la viande – dont le Canada est aussi un grand producteur- (qui dépend des prix des céréales pour le bétail) est en hausse. Ça, c’est pour la nourriture. Nous n’avons pas encore parlé du logement. Il y a encore quelques années, les copropriétés (i.e. les condominiums) séduisaient; ainsi que les maisons individuelles en banlieue, notamment dans la région de Montréal. C’est presque hors prix maintenant. Le chauffage par électricité augmente. Et que dire du prix des carburants (dont l’essence). On voyage davantage pour aller au travail lorsqu’on demeure à l’extérieur des villes...
Sobrement, on peut dire que le coût de la vie connaît une forte croissance, alors que le pouvoir d’achat recule. Les Québécois ont cru être à l’abri du phénomène, étant donné que la province est toujours un fournisseur de ressources premières (énergie à bon marché pour le continent nord-américain, bois, minéraux…). Maintenant, il y a contraction sur les marchés mondiaux, en particulier aux États-Unis, qui, lui, a un chômage atteignant les 10 % environ.
Les grandes compagnies canadiennes et étrangères font payer la crise aux travailleurs : réouverture des conventions collectives ou recul lors de l’expiration des contrats avec demandes de réduction salariale ou encore de « réaménagement » des fonds de pension. On gagne moins, on travaille plus longtemps et on reçoit moins à la retraite. Voilà le parcours. Les grands syndicats n’étaient pas prêts à cela; d’autant plus que le Canada s’en sortait assez bien; surtout en comparaison avec les pays européens.
Le journal de la Fédération des travailleurs du Québec (500 000 membres), Le Monde ouvrier, a révélé en novembre 2010 que « selon Statistique Canada, de novembre 2008, soit avant la récession, à août 2010, on enregistre un déficit de 22 000 emplois à temps plein contre une progression de 75 000 emplois à temps partiel. Le secteur de la fabrication, réputé pour ses emplois de qualité, enregistre le recul le plus important et les pertes d’emplois se poursuivent en 2010 avec 25 000 emplois en moins de janvier à août. Au total, depuis octobre 2008, le recul atteint 42 800 emplois. Aucune région n’a été épargnée." Faut-il rappeler que le Québec a une population de 7, 8 millions d’habitants… seulement.
Le journal de la FTQ dénonce aussi les conditions de travail : « Les horaires de travail asociaux, de nuit, de soir, brisés, sur appel, non connus à l’avance, les changements de dernière minute, le travail en heures supplémentaires, parfois même obligatoire, sont autant de contraintes qui ont des effets sur la vie personnelle de nos membres mais aussi sur leur santé. »
Les membres de la Fédération se promettent bien d’en parler puisqu’ils seront en congrès à Montréal du 29 novembre au 3 décembre 2010.
Pour en revenir au Mouvement Desjardins, disons qu’à l’origine, le fondateur, Alphonse Desjardins « voulait que les hommes et les femmes de tous les milieux acquièrent l’habitude de l’épargne et se donnent ainsi les moyens de mieux maîtriser leur avenir ».
Aujourd’hui le Mouvement œuvre dans la cour des grands et ses économistes, traitant de la crise financière en cours, affirment que « l’histoire économique est remplie de tels épisodes […] Ils argumentent que les récessions faisant suite à des crises financières sont souvent plus graves par leur ampleur et leur longueur. Toujours aux prises avec un taux de chômage respectif de près de 10% et de 20%, les travailleurs américains et espagnols sont sans doute largement en accord avec cette conclusion. »
On ne souffle pas un mot dans cette déclaration des baisses d’impôt pour les plus fortunés de la société, on ne pas dit que « c’est surtout la baisse des revenus fiscaux qui a alourdi les déficits des pays industrialisés membres du G-20. […] Des programmes d’austérité trop sévères risquent de freiner une croissance économique qui est encore bien fragile, notamment en Europe et aux États-Unis. »
On peut trouver cette déclaration sous la rubrique suivante : Espace D, Septembre-octobre 2010, vol. 47, no. 4, espaced@desjardins.com .

La crise et les marxistes

(Photo: banlieue typique de l'Est de Montréal). Comme l’avait relevé La Vie Réelle (cf. Sortir de la crise, vol. 10, no.17, 18 octobre 2010), l’Europe est réellement gangrenée par la crise. Le gouvernement britannique a supprimé « quelque 500 000 emplois dans le secteur public ». Il y aura « une baisse de 11G$ des prestations sociales, laquelle s’ajoute à la coupure de 18G$ déjà annoncée cet été ».
Ce, alors que des sommes, un tourbillon de milliards, sont engagées dans les guerres d’Irak et d’Afghanistan et… potentiellement contre l’Iran. À ce sujet, le porte-parole de Canadians for Peace and Socialism, Don Currie, rapporte dans The Valley Voice du 22 septembre 2010 « que face à la tension croissante et aux plans d’action militaire israélo-états-uniens contre l’Iran, le Premier ministre Harper, le Ministre des Affaires étrangères Cannon et le Ministre de la Défense Peter Mackay réitèrent simplement leur appui non-critique en faveur d’Israël et condamnent l’Iran, en n’offrant rien de constructif pour affirmer le caractère indépendant du Canada en matière d’une politique étrangère de paix, à l’instar de la Turquie, de la Russie et du Brésil. »
Voyons voir ce que les communistes réservaient au système capitaliste au début du XXe siècle. Le marxiste états-unien, James Connolly, rappelle que « Lénine et Staline [...] savait qu’à l’époque du capitalisme monopoliste, la loi du développement inégal crée des possibilités –que l’on doit saisir- puisque la révolution prolétarienne mûrit dans des pays moins développés et plus faibles comme la Russie ».
Pour planifier l’économie et rompre avec les crises, James Connolly souligne : « Staline, citant Engels dans Anti-Dühring, décrit ‘la conversion en propriété d’État’ en tant que ‘forme initiale de nationalisation, […] la forme initiale la plus naturelle de nationalisation’ aussi longtemps que l’État existe. » (Economic Problems of Socialism in the U.S.S.R., Moscow, 1953).
James Connolly répond que le socialisme élimine le fléau du chômage. Quiconque peut travailler pourra le faire […] L’abolition du chômage signifie l’abolition de la base matérielle de l’hostilité des travailleurs pour les machines qui « économisent » le travail humain […] Sous le socialisme, elles sont source de temps libre, mais pas de chômage. […] L’État garantit un emploi à chacun peu importe le succès ou son absence réduisant le besoin du travail de celui-ci ou de celle-là.
Une petite note sur le capitalisme
« Notre travailleur, il faut l’avouer, sort de la serre chaude de la production autrement qu’il y est entré. Il s’était présenté sur le marché comme possesseur de la marchandise ‘force de travail’ vis-à-vis de possesseurs d’autres marchandises, marchand en face de marchand. Le contrat par lequel il vendait sa force de travail semblait résulter d’un accord entre deux volontés libres, celui du vendeur et celle de l’acheteur. L’affaire une fois conclue, il se découvre qu’il n’était point un ‘agent libre’ ; que le temps pour lequel il lui est permis de vendre sa force de travail est le temps pour lequel il est forcé de la vendre, et qu’en réalité le vampire qui le suce ne le lâche point ‘tant qu’il lui reste un muscle, un nerf, une goutte de sang à exploiter. » (Le Capital, Livre premier, Tome I, Karl Marx, Éditions sociales, Paris, 1971, pp. 295-296).
(Photo: marché d'alimentation dans l'Est de Montréal).
Conclusion, on se demandera pourquoi Staline fut si respecté par la classe ouvrière. Comme on dit au Québec, il « mettait ses culottes » quand le temps de défendre les travailleurs se pointait à l’horizon.
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jeudi, novembre 11, 2010

QUÉBEC: LE VIRAGE À GAUCHE S'ANNONCE

vol. 10, no. 20, Nouvelle édition, 15 novembre 2010
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You will find at the end the link to L'Humanité in English, a selection of articles from the daily communist newspaper published in Paris (France).
C’est selon! Ou on cite Star Inc* qui a révélé, gros titres à l’appui, juin dernier, que des couples d’Hollywood sont en péril : Justin Timberlake, Infidèle?, Cameron Diaz, Entre Justin et A-Rod – son cœur balance; ou Britney Spears, Au bord de la crise de nerfs! Ou on parle des « vraies affaires ». Soudain, un lecteur, jeune soudeur de son état, a téléphoné à La Vie Réelle pour dénoncer l’action de certains ouvriers de l’entreprise qui l’embauche, ayant opté pour le changement d’allégeance syndicale vers la Confédération des syndicats nationaux (CSN).
Tout ce qu’il sait, c’est que la cause est maintenant pendante devant la cour de justice. Très en colère, il s'agite: « et maintenant le syndicat va protéger les paresseux, les incompétents… » Il faut dire qu’au Canada, on ne se syndique pas individuellement; c’est une adhésion collective pour une ou l’autre des principales centrales dans le milieu industriel, hormis les ouvriers de la construction.
Entre temps, notre jeune travailleur est furieux. Pourquoi? Il devra payer presque trois fois plus cher pour la cotisation syndicale, un changement d’allégeance dont il ne voit pas l’utilité.
LA SOCIAL-DÉMOCRATIE AU QUÉBEC
Comment pourrait-il en être autrement quand la direction de la centrale en cause, la Confédération des syndicats nationaux (CSN), vient tout juste de relancer – par le biais de sa revue Perspectives CSN-, «un débat » sur la social-démocratie : « Le socialisme réel pratiqué en Union soviétique et dans ses pays satellites a connu une fin peu glorieuse avec la chute du mur de Berlin […] le capitalisme est un temps apparu comme la voie incontournable… jusqu’à ce que la crise financière et industrielle frappe de plein fouet… » (Perspectives CSN, octobre 2010, numéro trente et un, Montréal) (Image Internet: logo de la Confédération des syndicats nationaux - CSN).
Le lecteur aura compris que le grand Capital et les représentants des multinationales cherchent une porte de sortie… idéologique et surtout économique pour le Québec. Alors, pourquoi ne pas essayer de ménager la chèvre et le chou, se disent-ils?
Pour certains syndicalistes en vue, « la social-démocratie représente la voie de l’avenir pour le Québec […] dans la grande tradition réformiste des démocraties occidentales. » En fait, le grand capitalisme occidental, se posait déjà la question avant l’élection de Barack Obama à la présidence des États-Unis, en 2008.
Celui-ci a d’ailleurs écrit: « Sans philosophie et direction claires, l’Administration Bush et ses alliés au Congrès ont fait face à la situation en poussant, jusqu’à sa conclusion logique, la révolution conservatrice – que ce soit au chapitre de la baisse des taxes, de règles économiques moins coercitives et même d’un filet de sécurité social moins contraignant pour le patronat. Mais avec cette approche, les Républicains ont mené le dernier combat, celui qu’ils ont entretenu et gagné dans les années 1980, alors que les Démocrates sont maintenant obligés de s’engager dans une lutte d’arrière-garde, en défendant le « New Deal » des années 1930. » (Barack Obama, The Audacity of Hope, Random House, Toronto, 2008, p. 187).
Dans la foulée, le 7 octobre 2010, « la CSN, la FTQ, la CSQ et la CSD ont souligné la Journée mondiale pour le travail décent, [pour] la croissance, […] pour combattre la crise et mettre un terme à la pauvreté… » (Webdo-Info, CSN, 7 octobre 2010).
EN AMÉRIQUE DU NORD ET EN EUROPE
En 1952, Joseph Staline expliquait, à propos du développement des pays socialistes, qu’il se produit « une contraction de la ‘sphère d’exploitation des ressources mondiales […] alors que les opportunités de vente sur le marché mondial’ par les pays impérialistes disparaissent. » (James Connolly, citant J.V. Staline in Economic Problems of Socialism in the U.S.S.R. , Moscou). Le dirigeant soviétique souligne « qu’il faut faire des moyens de production dans l’industrie ‘une propriété du peuple entier’ ».
Voilà, ce qu’offrait la direction soviétique aux travailleurs.
(Photo Internet: Joseph V. Staline alors qu'il était un jeune révolutionnaire en Russie).

Le président Obama présente autre chose aux travailleurs de son pays: « Depuis le début des années 1980, les syndicats ont constamment perdu du terrain, non seulement en raison des changements dans l’économie, mais parce que lois du travail actuelles –et la composition du Bureau des relations de travail – offrent peu de protection aux travailleurs. Chaque année, plus de 20 000 travailleurs sont congédiés ou connaissent une diminution de salaires simplement parce qu’ils tentent d’organiser et d’adhérer à un syndicat. […] un médiateur fédéral devrait être disponible pour aider l’employeur et le nouveau syndicat à parvenir à un accord sur une convention dans un délai raisonnable. » (Idem, Barack Obama, p. 215).
Le grand Capital depuis quelques années sent la souper chaude et, toisant le Québec, préfère utiliser ses soutiens dans le mouvement syndical pour attiédir la situation. Après tout, il a encore frais dans la mémoire ces grandes manifestations de 2010 qui ont réuni 75 000 personnes à Montréal, en mars; 50 000 à Québec au printemps; et plus de 10 000 marcheurs en automne dans la lointaine ville de Rimouski.
Et surtout, la menace d’une grève générale brandie par les travailleurs lui est apparue beaucoup plus réelle et tangible.
L’intention non avouée est de court-circuiter le parti politique Québec solidaire qui gagne en sympathie auprès des travailleurs et qui pourrait l’emporter dans plusieurs circonscriptions, surtout dans la région de Montréal, le poumon commercial et le cœur industriel du Québec ; près de la moitié des 7, 8 millions habitants du Québec réside dans la grande région montréalaise.
En fait, les syndicalistes et universitaires qui ont participé aux travaux sur la social-démocratie ont déploré que « ni le mouvement syndical ni les groupes populaires ne [débouchent] sur une action politique susceptible de porter des changements ». À vrai dire, ils constatent que personne ne s’intéresse réellement à eux et que les regards se portent déjà sur Québec solidaire. Nos « sages » ont une réflexion assez particulière eu égard aux valeurs de la social-démocratie : « Les plus riches peuvent s’enrichir, mais pour autant que les plus pauvres en profitent ». (Perspectives CSN)
On va même jusqu’à affirmer, en niant la nécessité de former un parti des travailleurs de masse : « L’État est là pour assurer une régulation, pour imposer, pour exiger. C’est l’État qui doit être le chef d’orchestre du développement économique et social ». (Perspectives CSN)
Alors là, vraiment on s’éloigne des positions de la Fédération syndicale mondiale (FSM) qui se solidarise des travailleurs français dans leur combat pour les retraites. N’a-t-elle pas été fondée à Paris, en octobre 1945 de surcroît. Elle a mené un parcours historique de 65 ans de lutte de classe exemplaires. Elle regroupe aujourd’hui 80 millions de travailleurs dans plus de 120 pays.
(Photo SolidNet: manifestation organisée par le mouvement syndical pan-hellénique-PAME, membre de la Fédération syndicale mondiale- FSM).
Dans un tract diffusé en France, elle soutient que : « Les partis du néolibéralisme et ceux se réclamant de la social-démocratie, inscrits dans le giron du capital international, forment des mécanismes de l’Impérialisme, soit pour l’Union européenne et ou encore pour les États-Unis […] dont les mesures servent exclusivement à la rentabilité des multinationales ». Pour ce qui est des réformes, que ce soit en France ou en Grèce, « elles ont toujours comme objectif central la réduction du prix du travail, [les gouvernements] réduisent les salaires, ils augmentent l’âge de la retraite, ils diminuent les pensions… »
Les travailleurs canadiens, qu’ils soient à la retraite ou encore actifs, manifestent un élan du cœur pour ces travailleurs européens quand on leur donne la chance de s’exprimer sur le sujet.
« Les meilleurs assistants des gouvernements sont les directions du mouvement syndical qui servent les intérêts des gouvernements et des patrons ». (FSM)
À cela, chez les tenants de la social-démocratie au Québec, on répond que « le renouvellement de la social-démocratie s’inscrit dans la mouvance mondiale », même si « les réponses sont encore floues ». (Perspectives CSN).
« Au Québec, le paradoxe c’est qu’on peut repérer, au cours des 50 dernières années et sous différents gouvernements, des initiatives prises dans le domaine des politiques sociales et des politiques socio-économiques qui relèvent de la social-démocratie, même si on n’a jamais eu de gouvernement qui s’en soit réclamé au moment où il prenait ces initiatives. » (Perspectives CSN).
(Photo Michel Faust: Amir Khadir lors d'une visite au Centre l'Échelon, éditeur de la revue en santé mentale Mentalité; il fut accueilli notamment par Daniel Paquet; les journalistes présents se sont informés des politiques nettement plus à gauche que les autres partis politiques, énoncées par le parti Québec solidaire).

LES TRAVAILLEURS FONT BEAUCOUP POUR LE QUÉBEC
La Fédération syndicale mondiale (FSM) rappelle que « les travailleurs, compte tenu des conditions actuelles du progrès technologique et des richesses fabuleuses accumulées, ne peuvent exiger que la satisfaction absolue de leurs besoins modernes. Rien de moins. Ils doivent revendiquer: un travail stable; des salaires répondants aux besoins modernes; la gratuité et la qualité des soins de santé, de prévention et d’éducation, de la sécurité sociale… »
Comme La Vie Réelle ne prône pas l’anarchie et l’anarcho-syndicalisme, nous rappelons que la discipline au travail se poursuivra même sous le socialisme. Comme l’écrit James Connolly, marxiste états-unien, en reprenant les paroles de Joseph Staline, « jusqu’à ce la production marchande disparaisse, ‘les mesures telles que les frais de comptabilité et les taux de profitabilité, les coûts de production, les prix… seront d’une importance réelle dans nos entreprises.’ »
De façon prémonitoire, Staline, répondait par le biais de Connolly à « nos penseurs » de la social-démocratie : « Les ténors actuels ‘ de l’économie socialiste de marché’ ne semblent pas convenir de la possibilité de fausser compagnie au système moribond qu’est le capitalisme – et ne recherchent activement rien de mieux, d’autre part. En pratique, ils n’entrevoient qu’un avenir sans trêve de privatisations, sans aucune perspective de développer la société socialiste envisagée par Marx, Engels, Lénine et Staline. »

L’AVENIR EST BEAUCOUP MIEUX QUE CE QUE L’ON PENSE
La jeunesse des États-Unis est promise au bonheur. On peut le dire quand on a « l’instinct » de la classe ouvrière, son optimisme et son flair collectif, - généralement juste et constant.
Mais il faut rappeler à Barack Obama (le grand troubadour aux illusions), qui s’est entouré des ombres du passé ; que les politiques émanant de la Maison-Blanche n’ont pas toujours été heureuses, y compris pour les citoyens états-uniens.
Ainsi, le 4 mai 1970, un lundi, la Garde nationale de l’Ohio, tira 67 coups de feu en 13 secondes ; elle fit quatre morts et blessa neuf jeunes, dont un qui a souffert de paralysie permanente, sur le campus de l’Université Kent. C’était lors d’une manifestation contre l’invasion au Cambodge par les États-Unis, prolongement de la guerre au Vietnam.
Quatre millions d’étudiants ont fait grève et une bonne partie de l’opinion publique les a soutenus. Hier… direz-vous, mais en demeurant en Iraq et en Afghanistan, n’est-ce pas un "aujourd’hui" encore possible ?
(Photo Internet: Université de Kent, USA; la Garde nationale vient d'abattre quatre étudiants opposés à l'escalade de la guerre du Viet Nam).
La Fédération syndicale mondiale (FSM), a conclu son message en France de la façon suivante : « Les travailleurs ont des intérêts communs, sans distinction de nationalité, de couleur, de race et de sexe. Ils sont des frères, ils doivent lutter ensemble ; être camarades et solidaires. »
États-Uniens, Canadiens-anglais et Québécois nous en parlerons de vive voix en marge du 16ème Congrès de la FSM à Athènes (Grèce), du 6 au 9 avril 2011.
L'Humanité in English, http://www.humaniteinenglish.com
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