jeudi, avril 08, 2010

CHANGEMENT DE VOCATION

vol. 10, no. 1, Nouvelle édition, 12 avril 2010, $ 1.00


if you wish to read in English: http://wwwlavienglish.blogspot.com/
Depuis plus de 10 ans, La Vie Réelle diffusait des commentaires, des analyses et des opinions politiques sur des réalités contemporaines, dans la mesure où celles-ci touchaient les travailleurs canadiens-français du Québec. Aujourd’hui, force est de constater que le Parti communiste du Québec (Canada), qui n’avait aucune publication en français quand le projet La Vie Réelle a démarré, avance solidement au cœur du peuple québécois avec un journal remis à neuf; il s’agit de Clarté.

Aussi La Vie Réelle a choisi de devenir une Pause Culturelle Progressiste.

Comme point de départ, il faut réitérer l’affirmation que les communistes ne forment pas uniquement un parti de contestation; on peut prévoir que ceux-ci assumeront dans l’avenir les fonctions d’un parti de direction et je dirais même plus : un parti de gouvernement. On y retrouve déjà des artistes, des avocats, des syndicalistes, des musiciens, des journalistes, des photographes… bref, de nombreux spécialistes qui accompagnent la classe ouvrière dans sa démarche d’émancipation économique et politique, entre autres. (Photo: rendez-vous saisonnier à la cabane à sucre pour les Québécois de toutes nationalités où des mets du terroir les attendent).

En 1978, quelques mois avant le 11ème Festival mondial de la jeunesse et des étudiants qui eut lieu à Cuba, les deux co-présidents du Comité préparatoire du Canada, Anna Larsen et moi-même (président du Comité du Québec), nous nous sommes rendus à La Havane pour juger de l’état des lieux, à savoir si tout serait prêt pour l’été; nous étions en janvier.

Nos camarades cubains, étaient bien contents de nous entraîner dans des fêtes populaires qui se déroulaient dans des parcs et dans les rues de la ville; plaisir suprême (!) : une visite à un hôtel célèbre où nous avons pu assister à un spectacle genre Moulin Rouge de Paris, avec des danseuses plutôt lascives...

Quels dévergondés me suis-je dit avec réprobation. Quoi de l’exploitation des femmes ici, dans un pays qui se dit socialiste. Anna, elle, ne semblait pas trop s’en offusquée, même si elle était plus proche du mouvement de la femme que moi. En tous cas, je n’en revenais pas…

Pour ma défense, je dois dire que ma formation scolaire reposait sur un séjour de six ans dans un collège « classique » privé de Lévis, de la région de Québec. L’école était portée sur la morale. Certaines mauvaises langues disent qu'on voulait faire de nous des recrues pour le sacerdoce.

(Photo Consulat général de Cuba à Montréal: vue de La Havane)

L’année suivante, je me suis retrouvé (c’était à l’été 1979), en Estonie soviétique –oui, une des quinze républiques socialistes de l’Union- dans une petite ville où à l’hôtel local se donnait un spectacle avec des danseuses –rassurez-vous elles n’étaient pas nues-, mais leurs mouvements étaient plutôt suggestifs. Les dirigeants de la république nous ont toutefois affirmé que finalement le cœur de leur culture nationale reposait sur un grand déploiement annuel où les chorales estoniennes se réunissaient dans un amphithéâtre gigantesque à ciel ouvert et s’unissaient pour entonner des chants folkloriques anciens et plus modernes. En passant, la langue du pays, c’est l’estonien qui ressemble beaucoup au finlandais.

Là-bas, les gens sont aussi fiers que les habitants de la « Vieille capitale » du Québec. En effet, Tallin, la capitale de l’Estonie, a vu son centre-ville rénové. C’est merveilleux ce qu’ils en ont fait. C’est une véritable ville du Moyen-âge sur le pavé, un bourg d’artisans comme autrefois. Et ils sont gentils. Une membre du Comité central du Parti communiste d’Estonie, Marguerite, nous avait donné des friandises pour le voyage en train qui devait nous ramener à Moscou, heureuse d’avoir reçu cette visite de moscovites et d’étrangers. En passant, ils mangent de la soupe aux pois, comme les Canadiens-français, mais ils y mettent du sanglier. Le mélange reçoit une très bonne note.

Des esprits hostiles à tout ce qui s’est vécu en URSS auront tôt fait de rappeler la présence des Russes dans la république. Effectivement, ils constituaient à peu près 40% de la population et s’exprimaient dans leur langue. Ils étaient venus dans cette république parce que l’Estonie manquait avant tout de main-d’œuvre; à l’époque, la petite république faisait partie de toute l’Union et il n’était pas inconsidéré de parler la langue principale de l’Union soviétique, le russe, qui était véhiculaire comme l’anglais l’est aujourd’hui, en Europe notamment et même en Amérique du Nord.

De retour au Canada

Malgré la toute-puissance de la culture de masse importée des États-Unis, les communistes canadiens ont toujours encouragé l’épanouissement de la culture d’ici, qu’elle soit du Canada anglais ou du Québec. Plus près de nous, dans les années 1970, ils avaient encouragé et soutenu la formation du groupe britanno-colombien « Bargain at half the price » qui avait fait une tournée les ayant conduit jusqu’à Québec et Toronto.

Parlant de Toronto, beaucoup d’artistes apparentés ou proches du Parti communiste organisaient des concerts, réalisaient des expositions et des vernissages. À Montréal, les communistes mettaient sur pied des manifestations artistiques, surtout lors de galas ou bals populaires à l’occasion de fêtes spéciales comme celles du Nouvel An ou pour le Premier Mai (Fête internationale des travailleurs).
(Photo: chevaux attendant l'attelage pour une randonnée en forêt après un copieux repas de la cabane à sucre).

Encore aujourd’hui, il arrive –même si c’est une habitude à recréer- que les communistes encouragent de nouveaux talents à faire de la musique et à chanter.

Des amis de La Vie Réelle, comme notre fidèle lectrice Raymonde de Québec, nous a interpellé à juste titre pour qu’on parle des talents qui font connaître le Québec, d’abord parmi ses habitants et aussi à l’étranger comme Robert Lepage, et ce, de façon plus prometteuse et durable que le « fameux » Clotaire Rapaille. Le message a été bien reçu. D’où le changement d’orientation du bulletin.

Instinctivement, parler de l’avenir de la culture québécoise, c’est aussi parler de la sémillante et jeune Lynda Thalie (origine algérienne), des Cow Boys fringants, de Mes aïeux et de tant d’autres dans le monde de la chanson, ou encore d’écrivains tel Claude Braun –qui vient de publier son Québec Athée-.

Également, La Vie Réelle parlera de Fairouz, de Tina Arena et nous tenterons de réaliser des entrevues, de recenser des livres, de reproduire des photographies, de faire connaître des films ou des pièces de théâtre, bref de présenter une culture vivante d’un point de vue communiste.

En fait, on veut démontrer aux travailleurs et à l’intelligentsia progressiste du Canada qu’il y a des artistes au Québec qui œuvrent pour que les gens aient une vie plus belle, plus heureuse et plus stimulante, bien au-delà des «paradis artificiels » et qu’eux aussi peuvent faire quelque chose à partir de leurs dix doigts et puiser dans leur « caboche » des idées tout à fait nouvelles qui les rendront fiers d’eux-mêmes et plus généreux dans leur entourage.
C’est un peu comme si tout en regardant une bûche, ils voient déjà l’élan d’un couple amoureux et que dans les pas hésitants d’un enfant, ils sentiront la chorégraphie d’une danse moderne et entraînante. Peut-être que nous pourrons dire que « tout reste à faire ».

Conclusion : droit de parole à nos camarades cubains. En novembre 2009, a eu lieu la première d’une œuvre théâtrale avec des malades mentaux. Ils étaient plus de 200 participants d’un hôpital du pays dans une pièce musicale, dans laquelle « Le Chevalier de Paris », le Don Quichotte cubain, appartenant au patrimoine national, sert de pont entre les patients et la création artistique.
(Photo Consulat général de Cuba à Montréal: jeunes pionniers cubains).

Plus récemment en 2010, un groupe de jeunes Québécois a visité Guantanamo dans une initiative de solidarité pour mieux comprendre la culture cubaine. Une étudiante du Québec, Myriam Potvin, a conclu : « Ce voyage me laisse une sensation de grand bonheur, que nous emporterons dans nos cœurs… »


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