mercredi, avril 14, 2010

DES BALADES POUR LA PAIX

vol. 10, no. 2, Nouvelle Édition, 19 avril 2010, $ 1.00

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Si je vous dis que ma première invitée est Britannique, qu’elle est jeune et qu’elle a chanté au State olympique de Beijing – le nid d’oiseau- en République populaire de Chine, à l’ouverture des Jeux de 2008; vous aurez sans doute deviné qu’il s’agit de Sarah Brightman. Une voix pour la paix et le rapprochement entre l’Asie et l’Occident. Ses chansons font rêver. De formation classique, elle interprète tout de même des airs de musique « pop ». Elle n’est pas recluse dans un seul style, mais ouverte aux influences diverses.
(Photo: le karaté, art martial de l'Orient, séduit aujourd'hui les Occidentaux; c'est une discipline de paix).


On pourrait l’imaginer dans les contreforts d’une colline; à ses pieds une vallée anglaise typique et verdoyante. On entend le galop d’un destrier. Il porte le chevalier, recouvert de sa cotte de maille; il accourt rejoindre –la paix retrouvée après la bataille épique, là-bas au loin- sa dulcinée à qui on a déjà appris son retour; émue elle fait les cent pas aux créneaux du château. Le chœur a entonné un hymne à l’amour : Scarborough Fair. Un air traditionnel anglais. C’est l’impatience des retrouvailles après des mois, voire des années de séparation. « Then she’ll be a true love of mine. »

En italien suit : Figlio Perduto (Lost Son). Voix puissante sur une composition de M. Ludwig Van Beethoven : la lutte dans le cœur des hommes entre ce qu’ils chérissent et le mirage qui peut les emporter vers la mort. C’est un crescendo plein de force, libre et saisissant.

(On retrouve ces deux chansons sur le disque La Luna, Nemo Studios, Angel Records, Printed in Canada en l’an 2000).

[Incise] Pour ceux qui parlent l’espagnol, il est très plaisant de comparer cette interprétation avec celle du groupe espagnol « Mocedades ». Dans cette langue, la chanson s’appelle « Cuando tu Nazcas ». Elle date de 1983 et elle emprunte les rythmes du disco. Ce n’est plus une prestation classique, mais bien une chanson populaire. C’est d’ailleurs le genre de ce groupe, peu connu au Canada, mais ayant une très bonne place dans le cœur et l’esprit des peuples d’Espagne et d’Amérique latine.

(Mis 30 mejores Canciones, Sony Music Entertainment, Miami, 2003)

D’ailleurs, dans cette compilation, le titre le plus connu est sans doute “Eres tu”, une grande chanson d’amour poétique, chantée également en espagnol.
(Photo Consulat général de Cuba à Montréal: les Cubains sont de grands amoureux de la belle chanson d'expression espagnole)."
Brisons les armes

Revenons à Sarah Brightman. Un de ses plus beaux disques est « Harem », enregistré en 2002/2003. La guerre bat son plein en Afghanistan et en Irak. La chanteuse assume et produit un disque où se côtoient l’Occident et l’Orient. D’ailleurs une partie du disque a été fait au Liban et en Égypte. L’Orchestre symphonique de Prague a aussi été mis à contribution; les cordes en témoignent.
Dans une de ses plages, The War is over, elle proclame : « In morning dew, a glorious scene came through like war is over now. I feel I’m coming home again. Pure moments of thought. In the meaning of love, this war is over now. I feel I’m coming home again to you.”
(Caricature Argenpress: avec beaucoup d'abnégation le peuple argentin renoue avec une certaine démocratie, après des années de dictature militaire atroces).

(Harem, Angel, EMI Music Canada, 2003)

Dans la même veine, notons la magnifique chanson de la jeune interprète Tina Arena. Née en Australie de parents Italiens, elle fait carrière en France. Elle s’est fait connaître dans la version anglophone de Notre-Dame-de-Paris, montée à Londres, en Grande-Bretagne.

Elle serait étiquetée, selon l’époque, comme chanteuse « commerciale », mais elle a chanté en 2005, un hymne à la paix. On parle de « Je m’appelle Bagdad ». Sur des airs orientaux/arabes, elle est bien droite –on l’a vue à la télévision- et entonne sous la complainte d’un piano lugubre, accompagnée d’un chœur qui renforce la douleur. Cette douleur, c’est la chute de la capitale irakienne. Elle chante : « Je m’appelle Bagdad, et je suis tombée sous le feu des blindés […] Mes contes des mille et une nuits n’intéressent plus personne. Ils (les agresseurs, dont les USA, ndlr) ont tout détruit. »

(Un Autre Univers, Sony BMG Music Entertainment, France 2005)

Quand il faut partir

Chanson préparant un grand voyage, un départ après un dur effort, c’est bien « Time to Say goodbye ». C’est peut-être l’aria qui a fait connaître le plus Sarah Brightman du grand public, que ce soit au Canada ou ailleurs dans le monde. Elle l’interprète avec le fabuleux chanteur d’opéra italien Andrea Bocelli.

Cette fois, le chant s’avère lyrique et classique. D’ailleurs, l’enregistrement, le mieux connu, a été réalisé avec l’Orchestre symphonique de Londres (G.-B.) Ce sont les paroles qui annoncent un grand voyage, qui se fait le porte-étendard de l’amour, du cri vers l’être que l’on ne veut pas quitter, mais il n’y a pas de résignation. Le voyage emmènera les deux amants. On prépare les bagages ; l’aventure, l’inconnu nous attendent : « Time to Say Goodbye, paesi che non ho mai. Veduto e vissuto come te, adesso si li vivro, su navi per mari, che io lo so, no no non esistono piu, It’s Time to Say Goodbye. » (Time to Say Goodbye, Places that I’ve never seen or experienced with you, now I shall, I’ll sail with you, upon ships across the seas, seas that exist no more, I’ll revive them with you.)

Puisque nos parlons de voyage, imaginez que surgit des brumes un formidable aéronef russe Antonov. (Pour ceux qui ne sont pas versés en aéronautique, cet avion –en service- est peut-être le plus prodigieux ; le gouvernement canadien a eu recours à ses services à l’occasion). Donc, notre « tapis magique » fend le brouillard et sous les regards ébahis, il s’approche de la piste de décollage. La musique et la voix de Sarah Brightman le dirigent dans « Naturaleza Muerta ». Son pilote entraînera son étalon moderne et gigantesque vers le bout de la piste, lentement, royalement, en attendant qu’une fenêtre d’accalmie se montre à l’horizon (Espera, espera !) pour annoncer l’élan et l’accélération irrésistible qui propulsera l’appareil bien au-delà des nuages. Pop up ! Nous volerons vers le soleil. Qu’est-ce que la nature et l’environnement peuvent être beaux… en bondissant sur la tête cotonneuse des nuages.
(Photo: vol aérien, ô soleil qu'est-ce que tu peux être beau).
(Time to Say Goodbye, Angel, EMI, 1997,made in Canada)

Enfin, Sarah Brightman puise aussi au répertoire anglais et états-unien, créé pour des spectacles et des émissions de télévision et a interprété de belles chansons rassemblés dans le CD “The Songs that got Away”. (The Really Useful Record Co, 1989, made in Canada).
Elle a une large palette. Sous un autre registre, elle prend bien soin de sa santé : elle ne boit pas notamment. Elle travaille beaucoup, innove et tente de nouvelles expériences musicales avec beaucoup de joie. Elle n’est pas sclérosée par les habitudes et la routine.
(Photo: musée montréalais, on ne pourrait y conserver les chansons de Sarah Brightman qui seront toujours jeunes et vivantes).

Et elle est vraiment si belle.

Toujours avec des mots semblables

Je ne sais pas trop pourquoi, mais dans un « flash » d’inspiration débordante, aux petites heures de la nuit, il me vint à l’’idée de conclure cet article en rappelant au lecteur qu’à l’instar de Sarah Brightman, il y a eu aussi des groupes anglo-saxons qui ont dit tout haut : « Yes, I love you ». dans un anglais clair et limpide.

Je pense ici à « The Moody Blues » dans « Nights in White Satin » où le chanteur Justin Hayward, soutenu par l’Orchestre symphonique de Londres (G.-B.), pouvait dire à tout un peuple, -nous sommes dans les années 1970- que malgré les façons de penser et de vivre, nous les aimons. Ne pourrait-il pas désigner ainsi le peuple états-unien, alors engagé dans la guerre contre les « diables » de communistes au Vietnam ? (Greatest Hits, Polygram Records, 1989, made in Canada).
C’est une grande chanson et d’une profonde actualité. Elle parle de cette nuit qui ne finit pas, de vérité et d’amour sans restrictions. Que pouvons-nous dire de plus à un peuple dont les autorités justifient toutes les guerres par la menace : d’abord communiste et ces jours-ci « terroriste ». Elles dupent leurs commettants et appellent quasi à la croisade pour une goutte d’or noir, alors qu’au bout du compte, c’est fondamentalement pour lui que le pouvoir en place assassine, et ce, sans vergogne…

Ceux qui ne comprennent pas l’anglais pourraient demeurer sur leur appétit, certes.

Alors La Vie Réelle, a revisité « Les grandes succès de Stéphane Venne » ; une chanson a retenu l’attention, celle créée par Nicole Martin en 1981, comme thème musical du film Les Plouffe.
Elle dit : « Il était une fois des gens heureux ». D’une voix poignante, elle clame, en pensant à ces années de tumulte qui furent celles de la deuxième guerre mondiale ; alors que les jeunes hommes du Québec, comme ceux d’autres pays sont mobilisés pour la guerre contre le nazisme allemand, en Europe : « À table, il y eut des chaises vid’s, aux yeux virent les rid’s, il ne resta plus rien de vrai […] Il était une fois des gens heureux, c’était en des temps plus silencieux, parlez à ceux qui s’en souviennent. Ils sav’nt encor’ les mots des romances ancienn’s, où ça disait toujours ‘le monde est beau, le monde est beau ‘ »
(Photo: Construction nouvelle dans la cité des spectacles à Montréal, pour embellir notre monde).
(Le temps est bon, Musicor, Disque Citation, 1998, Canada)

L’Afghanistan, l’Irak et (l’Amérique latine menacée): rien n’a jamais été aussi impérieux et noble pour la classe ouvrière et les communistes aux mille chansons que la lutte pour la paix. N’était-ce pas là le cœur des chansons de Jean Ferrat ?
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