mercredi, février 17, 2010

NOS CAMARADES LES CHATS

L'ESPRIT RÉVOLUTIONNAIRE EN URSS ET EN CHINE

vol. 10, no. 8, 22 février 2010, $ 1.00
if you wish to read in English: http://wwwlavienglish.blogspot.com/
En 2007, est paru l’ouvrage Fuir l’histoire? de Domenico Losurdo. Bon, diront les réfractaires, encore un livre; ou pire encore un livre d’intellectuels souligneront les plus cléments. Ce n’est pas tout à fait le cas. Ce livre est d’abord et avant tout un manuel scolaire qui s’adresse aux élèves et étudiants de secondaire V jusqu’au terme des études universitaires, surtout dans le domaine des sciences humaines et sociales; mais aussi aux curieux des grandes épopées humaines.
(Photo SolidNet: grande manifestation anti-impérialiste à Athènes en 2009)
Comme son nom l’indique, il traite d’histoire, plus particulièrement de la révolution russe et de la révolution chinoise aujourd’hui.

Bon ça y est, un livre de propagande, renchériront ceux qui n’aiment pas trop la lecture, d’autant plus qu’ils ont déjà vu des « films » sur le sujet. Ils en ont déjà plein le casque de tous ces films de guerre et de révolution.

Toutefois, comme on dit au Québec : ils manquent une bonne « game ». Il faut dire que toute la culture ambiante en Amérique du Nord, décourage la lecture d’ouvrages réfléchis sur des sujets qui sortent un peu de l’ordinaire ou qui nécessitent un peu de concentration et d’attention. C’est vrai le travail de Losurdo, ce n’est pas un roman d’amour ou un écrit sur les animaux domestiques, par exemple.

Pourtant, il y a des sujets sur lesquels, les intellectuels québécois ou ceux qui nient l’être tout en travaillant de la tête, n’aiment pas lire; par exemple, sur la politique. Parce que la politique ou les questions d’idées, c’est « sale » et que ça sème le trouble ou la zizanie. Alors, nous choisissons de parler des félins domestiques, eh oui, de nos chats : n’est-ce pas le temps de faire couper leur pelage, de les faire dégriffer, d’acheter la nourriture dont ils raffolent… Ils nous donnent tellement d’affection, ils méritent bien cela.
Si on « n’embarque » pas dans le sujet, tout comme on ignorerait le hockey sur glace, notre cas est suspect. Néanmoins, le contact avec les êtres humains, la discussion et même les polémiques –oui, celles qui entraînent aussi la chicane- contribuent à une vie mieux équilibrée et dé-stressante. Après tout, l’unanimité est-elle vraiment à souhaiter? Faut-il nécessairement faire le consensus et dénicher un rassembleur pour que la société fonctionne?

Mais pour la société québécoise, petite bourgeoise par excellence, l’idéal c’est de toujours confier les responsabilités sociales et politiques aux « élus »; ainsi quand vous entrez dans une manufacture ou que vous mettez les pieds dans un chantier en ayant une question à poser : on vous référera au contremaître ou au « gars » de l’union. Ce n’est pas tout le monde qui ose se mettre de l’avant. De plus, l’individualisme nord-américain fait le reste.

Si on parle de révolution, en général les gens voient immédiatement un bain de sang et la mitraille.

Voilà l’intérêt de lire et de méditer le bouquin de Losurdo, -dans l’ordre que vous désirez-. Bien sûr, il parle de communisme. Il montre les difficultés vécues par les révolutionnaires russes et chinois, les erreurs et mêmes les crimes qui ont précédé la défaite du socialisme en URSS. Nos amateurs de solutions toutes faites concluront : c’était inévitable, car ça ne peut pas marcher; l’homme, étant ce qu’il est, le système parfait ne peut exister. Le livre éclaire aussi sur la situation particulière de la République populaire de Chine.

On comprendra que l’éditorial du directeur du journal communiste français L’Humanité du 7 novembre 2009 (dans l’Humanité Dimanche), sous la plume de Patrick Le Hyaric, consterne l’auteur de ces lignes. Pour avoir croisé l’homme à deux reprises au printemps 2009, candidat du Front de gauche lors de la campagne électorale européenne, tête de liste à Paris, il semblait que celui-ci, particulièrement intelligent et sensible, ne condamnerait pas sans appel l’expérience soviétique. Pour l’éditorialiste, celle-ci est un échec… Toutefois, il ne rappelle pas à ses nombreux lecteurs que les soviétiques ont dû bâtir l’URSS dans des conditions singulièrement difficiles : guerres, famines, instabilité politique, interventions armées étrangères et absence d’expériences antérieures si ce n’est la Commune de Paris de 1871; il n’y avait pas un modèle tout fait d’avance. Bref, La Vie Réelle estime que Patrick Le Hyaric y va « trop raide » dans cet éditorial sur le soviétisme et confond ses lecteurs.

(Page frontispice du quotidien français l'Humanité, 2009)

Mais, il n’est pas le seul à errer. L’auteur même de ces lignes, à son tour, s’est fourvoyé sur toute la ligne en écrivant sur la République populaire de Chine, tout récemment. Losurdo, qui connaît mieux le sujet, explique avec moult arguments que le parti communiste chinois est tout à fait dans le réel en développant le pays comme un vaste chantier où le capitalisme est présent mais régulé. Déjà du temps de Mao, on prévoyait que le retard « féodal » de la Chine obligerait un tel détour économique et historique. Les dirigeants d’aujourd’hui ne peuvent être condamnés sans appel.

Losurdo souligne, du même souffle, l’encerclement militaire du « grand pays asiatique » par l’impérialisme états-unien (qui se paie la bravade d’avoir des bases, il faut le faire, dans certaines anciennes républiques de l’URSS qu’il s’est, - non sans forfanterie- employé à démembrer) et les nombreuses provocations dont le peuple chinois est l’objet de sa part avec le dessein de dépecer la République populaire de Chine, à sa guise. D’ailleurs, Barack Obama dans un ouvrage paru avant son élection présidentielle, The Audacity of Hope et contemporain du livre de Losurdo, explique que la Chine est dans la ligne de mire des milieux dirigeants nord-américains. Errare humanum est, affirme le dicton; mais il faut surtout remercier le communiste français Hervé Fuyet qui a conseillé la lecture du livre de Domenico Losurdo; compte tenu qu’il jette un éclairage critique et nouveau pour les lecteurs de La Vie Réelle.

Par ailleurs, La Vie Réelle est parfaitement consciente que partout dans le monde, l’héritage de Staline entraîne des luttes idéologiques amères et parfois corsées entre communistes. On pourrait dire que parfois les couteaux volent bas. Si un parti communiste, petit, revisite la période stalinienne pour essayer de tirer au clair ce qui s’est réellement passé et appelle à une approche plus circonstanciée de l’histoire, des voix s’élèvent pour le traiter de sectaire. Par contre, si un grand parti communiste se range du côté des historiens « officiels », on l’accuse d’opportunisme et de frôler la dérive à droite.

CHAT ÉCHAUDÉ CRAINT L’EAU FROIDE

Évidemment, on ne peut dire : tout le monde, il est beau; tout le monde, il est gentil; ou encore : accordez-vous et tout ira bien dans le mouvement communiste, et ce, sur un ton benoît. Probablement que dans certains pays, les communistes sont même en ordre de bataille rangée pour faire valoir leur point de vue sur Staline. Pendant ce temps, les tenants du grand capital s’en réjouissent sûrement; ceci dit, il ne faut pas cesser les débats au nom de l’unité contre cette droite. Les débats et les discussions, même les plus critiques doivent se poursuivre; mais il faut ensemble trouver le moyen de le faire dans le respect et l’objectif de trouver l’équilibre vers la vérité et renforcer idéologiquement le mouvement communiste international.

L’important n’est pas de gagner des galons auprès de la presse commerciale et des grands banquiers où qu’ils soient, mais de lire et faire circuler des ouvrages comme Fuir l’histoire? de Domenico Losurdo ou encore Sagesse de la révolution de Georges Gastaud pour qu’ensemble : ouvriers, intellectuels progressistes et artistes, nous cassions le système capitaliste.

Les sinistrés d’Haïti (200 000 morts) nous interpellent dans leur linceul pour que pareille catastrophe n’ait plus autant d’impact. Les victimes du régime d’Uribe en Colombie exigent la démocratie, même à la canadienne.

Les peuples vivant dans l’infériorité, qu’ils soient d’Afrique ou même dans des centres richissimes -même si la vie est comparativement plus agréable- comme au Canada où la question nationale n’est toujours pas résolue pour les millions d’Amérindiens, d’Acadiens et de Québécois, demandent qu’une force politique organisée et répondant à des besoins de plus en plus pressants, tant sur le plan économique que politique, prenne l’avant-scène. Ce pourrait être la contribution politique majeure du Parti communiste du Canada. On ne pourrait être surpris, par exemple, que même au Québec, qui peut être qualifié de « pays » tranquille et stable, couve une colère grandissante; surtout pour tous ces jeunes à qui les mass médias vendent des « concepts » de prospérité, alors que ce n’est pas du tout certain qu’il y ait un avenir pour eux.

Malgré que notre approche ne soit pas similaire et qu’en tout dernier lieu, les communistes qu’ils soient de Grèce, de Russie, de Chine ou bien de France ne soient pas toujours sur la même longueur d’ondes, La Vie Réelle serait d’avis, comme l’Humanité Dimanche que, face à l’avenir : « de nouveaux choix [mettent] désormais l’accent sur les qualités de la vie, l’éducation, la formation tout au long de la vie, des activités utiles au service de toutes et tous, la culture, l’émancipation individuelle, la préservation des ressources naturelles, l’environnement, un changement total des modes de production et de consommation. »
(Photo SolidNet: manifestation en Grèce, en 2009)

Et si la prochaine révolution, au nom de tous ces peuples qui attendent leur entrée dans l’Histoire, se faisait ensemble; et si la mondialisation des marchés n’était que le prélude à un grand revirement de situation? N’est-ce pas le temps pour tous les partis communistes de dialoguer, y compris d’exprimer les différences et de montrer à tous, là où le bât blesse. Les communistes français « n’ont pas la langue dans leur poche », comme on dit au Québec et ils peuvent jouer un rôle précieux auprès de leurs cousins d’Amérique. Nous l’avons vu dans le passé. Leur présence résonnait dans les échanges multiformes avec le Québec dans les années 1970 et 1980; peut-être n’y ont-ils rien gagné, mais les progressistes québécois, eux, ont vu leurs forces se multiplier dans tout ce mouvement entre nos deux nations francophones.

Enfin, toujours au Québec, on peut dire que les travailleurs tout en gagnant bien leur vie, s’interrogent pour les années à venir : et que laisserons-nous aux plus jeunes, à nos enfants? Pour l’instant, ça va, mais demain?

(Photo: nouveau quartier des classes "moyennes" dans la ville de Québec)



Descriptif de l’ouvrage :

Fuir l’histoire?
La révolution russe et la révolution chinoise aujourd’hui
Domenico Losurdo
Éditions Delga, Le Temps des Cerises, 2007, 283 pages,
41,95 $

-30-

1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

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7:55 p.m.  

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