jeudi, février 11, 2010

LE QUÉBEC ET SA JEUNESSE

ELLE NOUS AIME, MAIS NE NOUS EN DIT PAS MOT

vol. 10, no. 7, 15 février 2010, $ 1.00

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Décidément, le gouvernement minoritaire conservateur s’enfonce dans la fange d’un hiver printanier où il y a du chaud et du froid. On ne pourrait dire, de mémoire, ce qu’a fait ce gouvernement pour le peuple canadien depuis sa première élection, il y a quatre ans. Les mass médias disent du premier ministre Stephen Harper qu’il veut tout contrôler. Mais que veut-il contrôler au juste? Son incurie? Ses dissimulations?

(Photo: début d'hiver en 2009 à Montréal)

Finalement, tout ce qu’on constate, c’est que le discours dominant, même s’il ne se traduit pas par des lois, annonce une grosse tempête, une grosse bourrasque. Tous les éléments conservateurs et rétrogrades du pays se réorganisent et se sentent emportés dans un vent de contre-réforme et de retour en arrière. Le Canada deviendrait-il un pays conservateur; comme on dit : oui, ils ont une mentalité plutôt conservatrice là-bas? C’est probablement la conclusion que les experts et les profanes dans la défense de la qualité de l’environnement ont dû se dire, après la prestation du premier ministre Harper à Copenhague, lors de la conférence sur l’après Kyoto, où le gouvernement du Canada, alors libéral, s’était mérité ses lettres de noblesse.

CHANGER DE RÉGIME

La population du Québec n’adhère pas à ce genre de politiques. Sur le plan électoral, la réponse est le maintien d’une respectable avance dans les intentions de vote pour le Bloc québécois, qui d’ailleurs détient la majorité des sièges dans la Belle province. Attention, il ne faut pas se tromper! Un vote pour ce parti, ne signifie pas un vote pour la séparation du Québec du reste du Canada. Par contre, le temps passe et les choses ne changent pas. Les conservateurs demeurent au pouvoir. Les libéraux sont timorés et n’osent pas faire face à l’électorat de peur de régresser encore plus dans l’opinion des électeurs, des travailleurs du pays.

Pour ce qui est des communistes, l’Histoire ne les a pas encore appelé à faire la différence au Canada. L’idéal communiste rejoint beaucoup de monde, mais c’est dans la pratique de tous les jours que le parti communiste perd des plumes. Certains trouvent qu’il est un peu sectaire, d’autres qu’il est trop dur à l’égard de certaines sections de la population. Bien sûr, la majorité des membres ne sont pas fermés aux réalités nouvelles, par exemple le fait que de plus en plus de travailleurs canadiens souffrent de maladie mentale, un sur cinq selon les chiffres officiels; mais on ne sait pas toujours comment aborder ces personnes qui peinent et qui se désolent dans une détresse affective et souvent morale. Ça aussi, c’est un enjeu pour la classe ouvrière organisée.

Les dirigeants communistes doivent aussi savoir qu’au Canada, à tout le moins, ils ne sont pas menacés par quiconque pourrait être considéré comme cliniquement « déséquilibré mentalement » et pouvant commettre un crime, par exemple, qui nuirait à la cause; même si c’est le genre d’allégation qui avait prévalu à l’époque de l’Allemagne nazie quand on jugea le présumé incendiaire du Reichstag (parlement) allemand. Ce geste nuisit considérablement au parti communiste allemand.

De nos jours, ce que l’on pourrait dire à nos communistes canadiens : vérifiez. C’est toujours, incidemment, ce que disent les psychiatres face aux situations nouvelles car il faut dissiper les doutes et les incompréhensions…

UNE JEUNESSE QUI SE CHERCHE

Dans un autre ordre d’idées, non pas qu’ils soient tous tombés sur la tête, mais il appert que les « créateurs » de culture aux États-Unis ou ailleurs, ont réussi, -à des fins il n’y a rien de plus mercantiles-, à instaurer un modèle social et culturel où beaucoup de jeunes (surtout au sortir de l’adolescence et à l’âge de jeune adulte), ne jurent que par le « cash », que par le « char » et que par les vêtements griffés. Ils n’ont aucune cause particulière à défendre que la leur propre, leur individualisme devons-nous préciser. Les défis à relever : ce sont pour certains, les courses automobiles dans les rues des grandes villes ou les chemins de village; ou mieux encore les beuveries et la consommation de drogues diverses.

En un mot, la « civilisation » nord-américaine façonne des modes qui élargissent son bassin d’acheteurs de produits, donc de consommateurs. Ce qui fait dire à certains que les jeunes n’ont plus de valeurs. Pour d’autres, on émousse leur esprit naturel de rébellion et de contestation… contre l’ordre établi. En tous cas, les « maîtres » en tout genre ne semblent pas s’en plaindre.
Le mot « Je » semble l’emporter sur le « Nous ». La solidarité serait dépassée. Heureusement, l’élan de générosité pour le peuple haïtien, suite au tremblement de terre, fait mentir cette dernière affirmation.

Par contre, à l’échelle internationale, de belles victoires s’annoncent. Ainsi dans la République tchèque, soit l’ancienne Tchécoslovaquie, l’Union de la Jeunesse communiste (KSM) est redevenue légale après avoir été mise hors la loi par le ministère de l’Intérieur en 2007, parce que cette organisation de la jeunesse visait à remplacer la propriété privée des moyens de production par une propriété commune de ces mêmes moyens. « Une autre raison de dissoudre la KSM (selon le communiqué rendu public par celle-ci, ndlr) résidait dans le fait que l’organisation tentait de convaincre les jeunes de la nécessité de lutter pour une autre société qui ne s’appuyât pas sur les principes capitalistes. »

Auparavant, des centaines de jeunes, d’étudiants et de syndicalistes avaient exprimé leurs protestations contre le ministère de l’Intérieur. En République tchèque, des organisations d’anciens combattants contre le fascisme et des membres du mouvement de résistance ont soutenu la jeunesse communiste, ainsi que les députés du Parti communiste de Bohême et Moravie.

(Photo SolidNet: manifestation de lycéens français en 2009. Il y a un temps pour tout; y compris pour protester)

C’est important pour le Canada. Bien sûr, tout le monde vous dira que nous vivons dans un pays « libre » et que les communistes n’ont rien à craindre. Mais comment peut-on appeler une société qui écrase tout point de vue différent avec le rouleau compresseur des mass médias ne laissant aucune autre place possible pour un autre écho, celui des travailleurs, au Parlement ou à l’Assemblée nationale (à l’exception d’un siège pour le parti Québec solidaire). Quand donne-t-on la parole aux communistes sur Copenhague, la crise financière ou l’Afghanistan? Là, on est dans le réel!

Sans vouloir se moquer de la jeunesse, alors que traditionnellement elle a toujours, sous toutes les époques, voulu se démarquer; aujourd’hui, on l’enferme dans le plus grand conformisme : des pantalons, genre jeans, descendu presqu’aux genoux, des espadrilles plutôt blanches, un manteau de couleur presque uniforme pour tout le monde, une casquette vissée sur le côté et une crête (tel un coq) sur le dessus de la tête avec une démarche nonchalante et quelques borborygmes pour tout langage. Ça, c’est le portrait type des garçons.

C’est comme ça que les propriétaires des grandes chaînes de vêtements et de musique aiment voir les jeunes; quant à un autre uniforme plutôt kaki, on le réserve à ceux qui veulent vraiment du « cash » rapide. La chair à canon sera leur lot dans les lieux désertiques de l’Afghanistan. Après tout pour l’Oncle Sam, il y aura toujours des jeunes en mal de « vivre » mieux. Et vive Lady Gaga!

Malgré tout, et c’est avec plaisir qu’on peut l’écrire, il y a une petite flamme qui vacille dans les yeux de la jeunesse. Elle n’est pas complètement dupe. Quand on lui parle, un peu à l’écart –comme ça, elle est gentille et très sympathique. Ne vous laisseront-ils pas passer « devant » à l’arrêt d’autobus, même si vous protestez : « vous étiez là avant moi! » Non, non, allez-y, monsieur.

(Photo People's World: pendant qu'on entraîne des jeunes à détruire, aux USA, d'autres jeunes états-uniens apprennent à construire en 2009)

Ce n’est pas un jugement scientifique, mais : la jeunesse aime qu’on l’aime. Elle est l’avenir du pays et si parfois, elle adopte une mauvaise attitude, c’est sûrement parce qu’on (la société, les fabricants de mode, les marchands en tous genres…) a voulu faire d’elle des profiteurs et des gens sans âme. Voilà, le défi de la Ligue de la jeunesse communiste du Québec : bâtir un avenir pour la jeunesse.




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