jeudi, mai 27, 2010

"IL N'Y EN AURA PAS DE FACILE"

vol. 10, no. 6, Nouvelle édition, 31 mai 2010, $ 1.00

if you wish to read in English: http://wwwlavienglish.blogspot.com/
Les travailleurs européens se mobilisent

C’est presque le jeu du chat et de la souris. Chaque année à la veille du Premier mai, le grand patronat français conditionne l’opinion publique, via ses moyens de communication de masse, pour décourager les travailleurs de participer aux marches de protestation lors de l’évènement printanier par excellence pour le prolétariat de l’Hexagone, soit la Fête internationale des travailleurs. "C'est la crise, mais personne n'y peut rien!!!"

Malgré tout, le quotidien communiste l’Humanité rapportait tout juste la veille, suite à un sondage qu’ « à 70%, les Français soutiennent ou expriment de la sympathie pour les manifestations unitaires du 1er mai » organisées notamment par la Confédération générale du travail (CGT), une hausse de 6 points depuis 1995; seulement 2% y sont hostiles.
Des militants de la centrale syndicale ont d’ailleurs distribué des tracts dans les marchés publics où on pouvait lire que « pourtant, loin de la fatalité et de la résignation, dans un nombre grandissant d’entreprises du secteur privé et du secteur public, des milliers de salarié(e)s luttent pour leurs rémunérations, pour l’emploi et l’avenir économique, pour une politique industrielle en France et en Europe. »
(Photo: manifestation du Premier mai 2010 à Paris; cortège de la CGT, solidaire du peuple cubain).

Mais tous avaient les yeux rivés sur la Grèce; incidemment un des dirigeants du Pôle de Renaissance Communiste en France (PRCF), Daniel Antonini, lançait : « le parti communiste de Grèce, KKE, est le fer de lance de la lutte pour le maintien des acquis des travailleurs européens ».

Comme l’a écrit récemment l’ancien directeur de la section internationale et préalablement correspondant de l’Humanité à Cuba (dans les années 1970), José Fort, à propos de la péninsule hellénique : « La Grèce n’est pas en faillite pour tout le monde. Les privilégiés de la fortune vont bien. Très bien même, grâce à leurs sport préféré : la fraude fiscale, estimée à 20 milliards d’euros chaque année (plus de 25 milliards $). » Citant « Le Monde diplomatique », il poursuit : « une partie importante, mais difficile à évaluer, a atterri sur des comptes privés (il fait référence à l’aide internationale, ndlr). Cette dilapidation des fonds et la modération de l’imposition sur les hauts revenus se reflètent dans les yachts et les voitures de luxe, et plus encore dans les villas de week-end des faubourgs résidentiels d’Athènes. »

À peine deux semaines plus tard, un permanent de la CGT, Pierre Judith confiait à La Vie Réelle : « le gouvernement (français, ndlr) vient de nous faire connaître son plan de rigueur, qui toutes proportions gardées, suit ceux du Portugal, de l’Espagne, après celui de la Grèce. L’Europe va se serrer la ceinture… les agents publics avec les salariés du privé vont connaître une nouvelle réforme des retraites en recul des droits. " Une action nationale intersyndicale et interprofessionnelle a eu lieu depuis, le 27 mai. »
(Photo: manifestation populaire le 5 mai 2010 devant une délégation européenne à Paris en solidarité avec le peuple grec; ici bannière de la Confédération générale du travail-CGT).


Ce qui se passe en France

L’Humanité-Dimanche publiée pour le 1er mai a révélé qu’ « en un an, le nombre de chômeurs en France a progressé de 14,4% et flirte désormais autour des 4 millions [alors qu’une firme comme Unilever, produits alimentaires] a dégagé 3,7 milliards d’euros (près de 5 milliards $, ndlr) de bénéfice pour un chiffre d’affaires de 40 milliards en 2009 et les dividendes versés aux actionnaires entre 2007 et 2008 s’élèvent à 1,5 milliard d’euros. »
Voilà, ce que veut dissimuler notre « chat » : une panse gargantuesque et jamais rassasiée; alors prenez garde les « souris »! Dès le premier lundi qui suivit la manifestation parisienne du 1er mai, le journal du milieu des affaires Les Échos, l’air un peu « surpris », titre : Le 1er Mai, la mobilisation a été moins forte qu’en 2009. Le quotidien ne dit mot sur les revendications ouvrières, à peine une interrogation : « Y a-t-il un lien entre la crise grecque et la réforme des retraites telle qu’elle se prépare en France ces jours-ci? » Un spécialiste, conseiller officieux du président Nicolas Sarkozy, Alain Minc, -obscur personnage au Canada- affirme que les politiques gouvernementales doivent être « un signe envoyé aux marchés financiers ».
Le journal l’Humanité conteste : « Les manifestations du 1er Mai ont rassemblé plus de 300 000
personnes en France. Pour les syndicats […] il s’agit d’une ‘base de mobilisation importante’.
Ce que propose le Parti communiste de Grèce (KKE)

« Le temps est venu pour un front populaire et social. […] Pour cette raison, rassembler des forces avec le KKE est nécessaire, peu importe si les travailleurs sont d’accord avec le KKE sur tout, ou si ils ont des interrogations ou des points de vue différents sur le socialisme. […] Les prémisses d’un tel front existent aujourd’hui comme le démontrent le Front militant des travailleurs (PAME), le Rassemblement grec antimonopoliste des travailleurs indépendants et des petits commerçants (PASEVE), le Rassemblement militant des paysans (PASY), le Front militant des étudiants (MAS)… »
Le KKE ajoute : « Nous ne faisons pas nôtre l’opinion selon laquelle les sacrifices du peuple n’iront nulle part. »
Portant son regard sur l’avenir et le socialisme, le parti rappelle que : « La Grèce a un niveau satisfaisant de concentration de la production, des moyens de production, un réseau commercial dense, et un niveau assez élevé de développement dans les technologies modernes. Elle a une main-d’œuvre conséquente, expérimentée, avec un niveau d’éducation et une spécialisation avancés par rapport aux générations précédentes, et une main-d’œuvre importante dans le domaine scientifique. »
« Elle a des ressources naturelles de valeur et productrices de richesses, d’importantes réserves de richesses minérales, qui sont un atout dans la production industrielle et la production de biens de consommation. Elle a le grand avantage de pouvoir assurer une production de nourriture suffisante tant pour répondre aux besoins du peuple que pour exporter. Elle a des capacités pour produire des produits modernes, de machines, d’outils et d’appareils. » Notons en passant que depuis les dernières années, avant la crise, près de la moitié de l'immigration grecque à Montréal (35 000 ou 40 000 personnes) était retournée vivre en Grèce, profitant de "l'embellie".

À ceux-ci et à tout le peuple grec, le KKE propose une économie populaire. Enfin, « la nécessité de satisfaire les besoins modernes diversifiés des travailleurs, la nécessité de développer les moyens de production, de développer la science et la technologie dans les intérêts du peuple, font de la planification centralisée une nécessité vitale. »

Parce que le progrès peut exister
(Affiche dans le métro de Paris. On pourrait paraphraser et attribuer la réplique au grand patronat européen).
Tout comme en Grèce, on lutte aussi en France pour le socialisme. Le Pôle de Renaissance Communiste en France y va d’un mot de Lénine : « Quand ceux d’en haut ne veulent plus gouverner comme avant, quand ceux d’en bas ne veulent plus être gouvernés comme avant, alors s’ouvre une époque de révolution ». C’est pourquoi le Pôle insiste sur l’unité d’action des communistes. Au passage, il souligne que « tant que le PCF (parti communiste français, ndlr) était marxiste-léniniste et privilégiait ses liens avec la classe ouvrière, l’objectif du changement de société inspirait les luttes, les acquis sociaux étaient au rendez-vous et le Capital n’avait qu’à bien se tenir. »
La jeunesse semble lui donner raison. Ainsi l’Union des Étudiants Communistes de France (UEC), par la voix de sa coordinatrice nationale, Marion Guenot, s’est adressée à la Ligue de la jeunesse communiste du Canada : « Notre mouvement, qui organise aujourd’hui plus de 12 000 jeunes communistes, après avoir fêté ses 90 ans de luttes en France lors de son congrès national au mois d’avril, affirme sa volonté de vouloir renforcer ses liens avec les organisations révolutionnaires du monde entier. »
Le monde entier, n’est-ce pas aussi l’afflux "planifié" d’Antillais, Guyanais, Réunionnais qui sont venus par vagues de dizaines de milliers pour travailler en France –sous le signe de la promotion sociale-, de 1963 à 1981. Ils travaillent dans les entreprises nationalisées ou le secteur public, par exemple dans l’automobile; paradoxalement, ceci donne à la CGT un nouveau champ à investir.
Elle a ainsi impulsé la création d’un collectif Confédéral des Originaires de l’Outre-mer qui a organisé en mai un évènement à Paris pour rendre proche à tous, les revendications du peuple haïtien, son histoire et son avenir.
L’union, c’est un cri du coeur de tous les continents. Notamment de l’Asie du Sud-est, du Bangladesh, dont on connaît les vêtements à si bas prix au Canada. Puisqu’on parle des travailleurs de ce pays, on ne peut passer sous silence la fusion en février 2010 du Parti communiste et du Parti des travailleurs. On prévoit prolonger ce rapprochement avec les autres partis de la gauche du Bangladesh. Même si c’est loin du Canada, il fallait en parler. Car, comme l’a dit Karl Marx après Sénèque : « rien de ce qui est humain, ne saurait m’être étranger ».
-30-

1 Comments:

Blogger Maximilien said...

Superbe blog pour la continuité de l'action après la réflexion... bienvenue dans la blogosphère camarade!
http://moissacaucoeur.elunet.fr/index.php/

6:24 p.m.  

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