samedi, janvier 10, 2009

LES COMMUNISTES AU POUVOIR AU CANADA

vol. 9, no. 2, 16-31 janvier 2009, $ 1.00

if you wish to read in english :lavienglish.blogspot.com

Dès le début décembre 2008, le journal Métro annonce que les partis d’opposition « réclament à grands cris un plan de stimulation de l’économie. » Ceux-ci: le Parti libéral (PLC), le Nouveau parti démocratique (NPD), appuyés du Bloc québécois (BQ) se rapprochent. « Les conservateurs ont redoublé d’ardeur, hier [toujours la même journée], pour miner la légitimité démocratique d’un rapprochement des partis d’opposition pour former une coalition, sept semaines à peine après l’élection. » Le journal 24 heures rapportera deux jours plus tard que selon un porte-parole des conservateurs au pouvoir: « On attaque le Canada, on attaque la démocratie canadienne, on attaque notre économie […] Il ne peut y avoir de coalition socialistes séparatistes sans le consentement de la population. »

Alors que le journaliste Johan Boyden relate dans le People’s Weekly World de Chicago que pour le Parti communiste du Canada « n’importe quel gouvernement de coalition sensible à la pression publique pourrait adopter des mesures favorables à la population, […] les organisations devront intensifier les mobilisations extraparlementaires pour exiger des actions réelles et immédiates de n’importe quel nouveau gouvernement […] Il ajoute: « Si Harper n’est pas remplacé en janvier, il semble assez évident que le mouvement pour la défaite des conservateurs croîtra rapidement d’ici le printemps et ouvrira de nouvelles possibilités. » Craignant son renversement, le parti conservateur promet le 10 janvier, tel que le rapporte la Société Radio-Canada, un budget historique en faveur des contribuables canadiens.

Un parti d’extrême gauche, le Parti de l’égalité socialiste, jugera, lui, que la coalition est un coup d’État constitutionnel au Canada et clame: « Non à la saisie du pouvoir par les conservateurs! Aucun soutien à la coalition des libéraux et du NPD! » Le message est plutôt confus et en pratique renforce la position des conservateurs. Ailleurs, Métro titre que « Les verts appuient la coalition PLC-NPD. »

Malgré tout « l’accord signé au Parlement par les chefs Stéphane Dion, Jack Layton et Gilles Duceppe prévoit la formation d’un conseil des ministres de 24 personnes, dont 18 libéraux et six néo-démocrates », toujours d’après le même journal.

La coalition se veut d’abord économique et promet: des investissements dans les secteurs de l’automobile et de la construction; aide aux secteurs manufacturiers et forestier et à la culture; aide à la construction de logements sociaux; soutien aux travailleurs âgés; et objectifs fixes pour le contrôle des émissions de gaz à effet de serre.

Un pas vers le socialisme

Tout de même, le Canada peut être amené à connaître régulièrement des gouvernements de coalition, ne serait-ce que par le réaménagement des représentations électorales, c’est-à-dire par le vote proportionnel. Même si le nouveau chef du Parti libéral du Canada, Michael Ignatieff est moins susceptible d’endosser la présente formule, les pressions des travailleurs feront leur œuvre. Le Canada se rapproche davantage du socialisme. Évidemment les contours de ce type de société n’épousent pas point pour point ceux d’un autre pays, par exemple Cuba. Mais les réussites de Cuba ne se comptabilisent pas non plus au nombre de grosses voitures qui circulent dans les rues de Montréal ou de Toronto; ou dans la valeur des maisons en vente ou encore des biens industriels qui illustrent les richesses du Canada, entre autres.

Mais Cuba partait de beaucoup plus loin et une de leur grande réussite est dans le domaine de la santé publique. Ainsi Argenpress rappelle fin décembre 2008 que l’espérance de vie dans ce pays « avant la Révolution était de quelques 57 ans, dû au retard socio-économique dans laquelle se trouvait cette partie de l’île antillaise (Holguin). Présentement, l’espérance de vie à Cuba est de 77,97 ans, cinq de plus en moyenne qu’en Amérique latine et dans les Antilles. » L’assistance médicale gratuite répond de ce succès. On y vit mieux et plus longtemps.

Au Québec, l’ancien premier ministre du Parti québécois, Bernard Landry, tout en affirmant que « le capitalisme est mûr pour un sévère examen de conscience », lance aux syndicats, lors d’un colloque, le défi de se faire les principaux promoteurs de l’accroissement de la productivité. Cette proposition a été accueillie par un tonnerre d’applaudissements selon Perspectives CSN de décembre 2008. Bien sûr, il défend l’idée d’une plus grande justice sociale, mais il ne semble pas s’empresser d’inviter les syndicats à s’en assurer.

Montesquieu au XVIIIème siècle, écrivait dans De l’esprit des lois (Éditions sociales, Paris, 1977, p. 70), lui, que « l’amour de l’égalité, dans une démocratie, borne l’ambition au seul désir, au seul bonheur de rendre à sa patrie de plus grands services que les autres citoyens. Ils ne peuvent pas lui rendre tous des services égaux; mais ils doivent tous également lui en rendre. En naissant, on contracte envers elle une dette immense dont on ne peut jamais s’acquitter. »

Néanmoins, la démocratie peut s’enraciner davantage et étendre ses ramifications. Ceci se fonde sur la conscience que la classe ouvrière doit jouer un rôle prépondérant et dirigeant dans la vie politique dans le monde et au Canada, non pas uniquement à titre individuel, mais surtout dans un esprit de corps.

Enfin, les communistes doivent apprendre à gérer, soit continuer de s’impliquer dans les syndicats, les associations culturelles et ethniques, les municipalités, les conseils étudiants et les différents mouvements que ceux-ci mettent sur pied avec d’autres progressistes et démocrates pour que la population soit directement impliquée dans la direction et l’orientation de la société.

Aussi, il ne faudra pas s’étonner si un jour un gouvernement de coalition prend le pouvoir au pays. Dans les années d’après-guerre (et à Montréal), un communiste fut élu au parlement canadien. Il s’agit de Fred Rose et il était animé par un programme fondé sur les aspirations populaires et proclamant avant tout que le Canada est indépendant des USA et surtout des multinationales nord-américaines, donc anti-impérialiste, pour la paix mondiale et l’amitié entre les peuples. Voilà la toile de fond à l’action des démocrates canadiens pour les prochaines années, d’ici à ce que des partis progressistes et déterminés prennent le pouvoir à Ottawa et dans les assemblées des provinces, dont l'Assemblée nationale au Québec qui vient d’accueillir un des porte-parole de Québec solidaire, Amir Khadir, défendant les attentes légitimes de la population; lui aussi élu à Montréal.

- 30 -