dimanche, février 01, 2009

LES MÉDIAS ET L'OPINION PUBLIQUE

vol. 9, no. 5, 2 février 2009, $1.00

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Déjà en 1918, le premier chef de l’État soviétique, Vladimir Lénine, affirmait que: « La république bourgeoisie ne garantit cette publicité [l’information dans les journaux, ndlr] que pour la forme; en réalité, elle subordonne la presse au capital, amuse la « populace » avec de piquantes futilités politiques, et cache ce qui se passe dans les ateliers, ou au cours des transactions commerciales, des livraisons, etc., sous le voile du « secret commercial » qui protège la « sacro-sainte propriété. » Il va plus loin en écrivant que « la presse doit servir d’instrument à l’édification socialiste; elle doit faire connaître dans tous leurs détails les succès des communes modèles, étudier les causes de leur réussite… » (Œuvres complètes, tome 27, Éditions Sociales, Paris, 1980, p. 269 et p. 270). Les travailleurs acceptaient ces mesures car enfin ils pouvaient voir clair dans la situation et mieux mesurer l’avenir.

En ce moment, les salariés du Journal de Montréal sont en lock-out; ils demandent à voir les livres comptables de l’entreprise: les chiffres prouveraient leurs allégations à l’effet que celle-ci est très rentable et peut s’accommoder de leurs demandes. Au même moment, les relations de travail semblent particulièrement tendues au quotidien anglophone The Gazette. La direction tente de diviser les employés. Ce qui a amené le syndicat à faire la mise au point suivante: « En fait, les personnels de la publicité, de la rédaction et de la RSS négocient ensemble, ont des problèmes et des intérêts communs et demeurent unis dans leur lutte pour des contrats justes. » Ils revendiquent la nécessité que leur vénérable journal demeure authentiquement québécois de par le contenu, plus spécifiquement dans la couverture de l’information. Ils sont affiliés à la Guilde des journalistes de Montréal.

Par contre, des développements positifs s'annoncent pour le monde ouvrier. Ainsi l’hebdomadaire People’s Weekly World de Chicago rapporte que « les plus grandes centrales du pays se rapprochent pour amener les syndicats américains ensemble sous le parapluie d’une seule fédération nationale. » Le communiqué qu’ils ont émis à l’issue de la réunion tenue au début janvier 2009 annonce que: « Le but de la rencontre est de créer un mouvement uni des travailleurs qui puisse parler et agir à l’échelle nationale sur les problèmes critiques confrontant les ouvriers américains. »

En Amérique du Sud

Si la situation est plus subtile en Amérique du Nord, elle est vraiment très cruelle à certains égards pour les journalistes libéraux, progressistes ou même communistes des pays du Sud.

En Colombie, la Fédération internationale des droits humains a régulièrement dénoncé le gouvernement d’Alvaro Uribe pour les exactions des groupes paramilitaires et l’attitude du pouvoir politique eu égard aux menaces de mort et à l’élimination physique des opposants, dont des journalistes, et des syndicalistes de ce pays.

Argenpress informe aussi que le 12 janvier dernier, fut assassiné au Paraguay, le directeur de la radio communautaire Hugua Nandu FM, Martin Ocampos Paez. « D’après un communiqué de l’Association paraguayenne de communication communautaire (COMUNICA), les forces de l’ordre sont sous l’emprise de groupes économiques qui cherchent à intimider l’opinion publique… »

Au Venezuela, la majorité des médias appartiennent aussi à des groupes privés qui ne se gênent pas pour conspuer la présidence de Hugo Chavez , ses réformes populaires et surtout son amitié pour Cuba. Ailleurs, même le président Correa de l’Équateur subit les foudres du journal national El Comercio pour ses visites à La Havane, ses commentaires favorables sur le système de santé et d’éducation de ce pays et sa condamnation de la politique états-unienne d’embargo comme étant absurde. Ce qui est tout de même loin de l’affirmation du journal des milieux d’affaires qui écrit que le président s’est interrogé publiquement sur « la politique extérieure des Etats-Unis » en termes généraux en laissant supposer que M. Corrrea la rejette tout en bloc.

Ainsi les « médias privés du système « agissent, décident, orientent et discriminent » selon leurs intérêts, mais aujourd’hui « ces médias se sont dépouillés du faux vêtement qu’ils exhibaient autrefois (l’objectivité, l’impartialité et la neutralité). » Voilà ce que rapporte Argenpress du 20 janvier 2009. Mais on peut constater que les populations ne s’en laissent plus imposer comme par le passé. Pratiquement, en France, « un sondage publié par le quotidien Le Parisien cette semaine a révélé que 69% de la population appuie le mouvement de grève » qui a déferlé sur l'Hexagone cette semaine pour la création d'emplois notamment, d’après une dépêche de la Société Radio-Canada en date du 29 janvier. En Allemagne, Unsere Zeit, communiste, titre en s’adressant au grand patronat: « Nous ne paierons pas pour votre crise! C’est le temps d’un virage! »

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