ELLES SONT SI BELLES
vol. 9, no. 3, 1-14 février 2009, $ 1.00
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Pour certains, le souvenir d’un pays passe par l’architecture; pour d’autres, par la littérature. Cher lecteur, sachez que cela peut s’ancrer dans le sourire d’une femme ou un regard plein de tendresse d’une autre. Étudiant en Union soviétique en 1979, j’ai eu l’occasion de rencontrer un couple de Palestiniens. De grande culture et d’une profonde sensibilité, ils me firent connaître le Moyen-Orient: d’abord Fairouz et ses longues mélopées langoureuses nous enveloppant d’amour et d’un soutien inébranlable dans la poursuite vers un avenir meilleur. On dit de cette chanteuse qu’elle est la porte-voix la plus renommée du monde arabe. C’est ce que m’ont confirmé mes amis Libanais et Irakiens. Elle est aussi connue en Orient que Dalida a pu l’être en Occident.
Délégué en 1981 au Parlement de la Jeunesse libre allemande à Berlin, ce fut l’occasion d’une autre belle rencontre avec la secrétaire générale de la jeunesse communiste d’Israël. Pour connaître ici l’état d’esprit qui habitent les jeunes communistes de l’État hébreu, on peut s’arrêter sur la dernière campagne électorale aux Etats-Unis où celle-ci « a favorisé la formation de plusieurs groupes juifs pour Obama qui ont joué un rôle significatif » d’après le People’s Weekly World du 16 janvier 2009. Le journal conclut que « cela indique des perspectives favorables à la renaissance d’une tendance majoritaire progressiste parmi les juifs américains et leur participation dans des alliances […] pour faire progresser un programme renouvelé sous l’administration d’Obama. »
Mais, tout ne va pas si rondement dans les relations entre Israël et la Palestine. Le 19 septembre 2009, le site informatique d’Investig'Action de Belgique (www.michel collon.info) a fait paraître un article fouillé et très documenté sur l’histoire du « peuple juif ».
L’autre histoire
En fait, le journaliste Gilad Atzmon cite abondamment le dernier essai du professeur israélien Shlomo Sand, de l’Université de Tel-Aviv, ancienne capitale de l’actuel État d’Israël. Il affirme que « le peuple juif n’a jamais existé en tant que ‘peuple-race’, [mais que nous devons parler] de différents groupes humains qui, à différentes époques de l’histoire, ont adopté la religion juive. » Il va plus loin en soulignant que « les Palestiniens d’aujourd’hui ont beaucoup plus de chances d’être les descendants du peuple sémitique ancien de la Judée\Canaan. » L’idéologie qui nourrit l’État juif d’aujourd’hui est le sionisme et ses dirigeants ont transformé la Bible, « de texte spirituel qu’elle était », en registre, en cadastre ou même en guide politique et économique.
Sand précise qu’ « il est un fait absolument irréfutable : pas le moindre texte historique juif n’a été écrit, entre le 1er siècle et le début du XIXème. Le fait que le judaïsme soit basé sur un mythe historico religieux y est sans doute pour quelque chose. » D’ailleurs au sein de l’esprit des Lumières, un intellectuel juif, Markus Jost (1793-1860), pensa que « tant les Allemands que les juifs tourneraient le dos à l’institution religieuse oppressante et qu’ils formeraient une nation. » L’Allemagne était morcelée en une kyrielle de petits états et cités.
Plus loin, on peut lire dans l’ouvrage du professeur qu’ « à tout le moins, l’archéologie réfute l’historicité de l’intrigue biblique. Les fouilles ont prouvé cette réalité dérangeante: la Bible n’est rien d’autre qu’une anthologie de fictions littéraires, fussent-elles particulièrement imaginatives […] autant des fouilles, exécutées dans la Vieille Ville de Jérusalem, dans les années 1970, ont révélé que le Royaume de David n’était rien de plus qu’un minuscule campement tribal. » Et le carbone 14 a été mis à contribution pour le prouver.
Quant à l’exil des juifs par les Romains, ce n’est qu’un mythe. « Juif. Un de plus… »
Les premiers dirigeants israéliens ont même eu tendance à croire que les paysans palestiniens étaient effectivement juifs de par leurs origines. Puisque la « culture palestinienne était imprégnée de vestiges bibliques, tant linguistiquement que géographiquement (noms de villages, de villes, de rivières, de montagnes…). » Ben Gurion, le premier dirigeant de l’État d’Israël voyait dans les Palestiniens, au tout début à tout le moins, des « parents ethniques » et dans l’Islam, une « religion démocratique » et amicale.
En fait, dans le passé, ce n’est pas le peuple juif qui s’est éparpillé, mais bien la religion juive, religion axée sur la conversion des non juifs, qui s’est largement répandue et qui a semé « les graines qui allaient germer dans la pensée et dans les pratiques chrétiennes primitives. » Pour ce qui est de l’usage de la langue yiddish, un dialecte allemand médiéval, on l’attribue aux juifs, qui vivaient en Europe orientale et qui dépendaient très largement de la bourgeoisie allemande à l’époque.
Le professeur nous livre cette conclusion: « Les juifs n’ont aucune origine que ce soit en Palestine, et par conséquent leur soi-disant ‘retour’ sur leur soi-disant ‘terre promise’ ne peut s’effectuer autrement que sous la forme d’une invasion perpétrée par un clan idéologico tribal. »
Qui dit invasion, dit guerre
Récemment, le Dr. James Zogby, président de l’Institut arabo-américain, a déclaré qu’avant chaque offensive, Israël lance une campagne propagandiste d’envergure, en s’appuyant sur les médias nord-américains.
« Aussi importante que la guerre elle-même, il s’agit d’une campagne répugnante mais efficace qui a permis à Israël de gagner en grande partie ses guerres et de poursuivre ses offensives avec la permission du pouvoir politique à Washington […] par le biais de porte-paroles spécialisés, pour définir et expliquer aux médias de communication les contenus et la direction des débats. Les faits avancés, la répétition continuelle et l’exacerbation des stéréotypes contre le peuple arabe, voilà le contenu essentiel et primordial de la propagande israélienne. » C’est ce qu’a tenu à rappeler Argenpress dans sa livraison du 15 janvier 2009.
Coexistence possible?
La revue catholique Notre-Dame du Cap de janvier-février 2009, en parlant des acquis de Vatican II, rappelle que « le grand rabbin Cohen a pris la parole lors du dernier synode des évêques. Sans Vatican II, cela n’existerait pas. Je (Gilles Routhier, théologien) ne donne pas cher pour la paix du monde s’il n’y avait pas un dialogue avec l’islam. »
On ne peut se tromper sur les auteurs de la guerre à Gaza: l’extrême droite israélienne, appuyée par l’administration Bush des USA, profitant du « vacuum politique » des Fêtes du Nouvel An, d’après un commentaire de l’hebdomadaire Unsere Zeit du Parti communiste allemand.
Toutefois, la gauche et les organisations populaires à l’échelle internationale se sont mobilisées et ce mouvement va bien au-delà des seuls progressistes juifs et arabes. Ce sont les femmes et les hommes de conscience humaniste qui ont dit non à l’agression. Ils étaient présents et nombreux dans le froid au Canada, et ils seront des milliers encore au beau jour du printemps des peuples quand nous chanterons la paix sous les oliviers de Palestine et d’Israël, là à Jérusalem-Est, cette capitale bien-aimée et retrouvée. El madina l-koubra. Eier shain shtot! À ce moment-là, tout le monde comprendra très bien qu’il s’agit d’une ville chérie.
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