samedi, février 21, 2009

S'ARRANGER COMME ON VEUT

vol. 9, no.8, 23 février 2009, $ 1.00

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Le journal The Gazette du 6 décembre 2008 a souligné la mort du centième soldat canadien en Afghanistan, ainsi que celle de deux travailleurs humanitaires et d’un diplomate canadien. Il donne aussi la parole au professeur de l’Université de la Colombie Britannique, en droit international et en sciences politiques, Michael Byers qui prétend « que c’est le temps pour le Canada de jeter la serviette, de se retirer, tout en rendant les honneurs aux soldats morts au combat, et d’entreprendre une mission plus noble ailleurs; ce, en pointant du doigt les politiciens libéraux et conservateurs qui les ont envoyé là-bas. »

C’est un peu en parallèle avec ce qu’a déclaré le premier ministre du Québec, Jean Charest et qui devrait être le point de vue du monde occidental eu égard au droit à l’autodétermination de toutes les nations, c’est-à-dire de voir à leurs propres affaires sans ingérence étrangère. Il a ainsi déclaré à la presse lors de son dernier séjour à Paris après la déclaration du président français sur l’avenir du Québec: « Ce que je sais, peu importe les circonstances, c’est que les Québécois décideront de leur avenir par eux-mêmes […] Ce sera toujours ainsi. Nous avons depuis longtemps dépassé l’étape où quelqu’un de l’extérieur influencera le débat dans un sens ou dans l’autre. » Le président du Conseil de la souveraineté, Gérald Larose, en faveur de l’indépendance du Québec, abonde dans le même sens: « Le mouvement souverainiste et indépendantiste travaille dans un environnement démocratique exemplaire. » C’est The Gazette du 4 février 2009 qui s’en fait l’écho.

Toutefois, ces politiciens, y compris le nouveau président des États-Unis, Barack Obama, malgré leur bonne foi et leurs intentions, sont corsetés par la logique du système capitaliste qui fait de la guerre un commerce plus que très rentable et suscite incidemment les conflits armés et attise les tensions entre nations: le commerce des armes est un bon « business ». Par contre, en période de crise, surtout comme présentement, on cherche des solutions. Chez nos voisins du sud, le People’s Weekly World, paru le 20 février 2009, affirme que: « Finalement, nous devrons nous diriger vers un système économique plaçant les êtres humains devant les profits, les besoins humains devant l’avidité des corporations. C’est
le socialisme et ça fait de plus en plus de bon sens chaque jour. »

Mais, les communistes n’attendent pas que leur heure arrive comme un fruit mûr, ils contribuent à l’organisation de mouvements populaires. Un peu à l’instar des militants chrétiens, ils tentent de sensibiliser leurs compagnons de travail, leurs amis et les travailleurs en général de la nécessité de lire, d’étudier et de soutenir les travailleurs d’autres pays. À titre d’exemple, Prions en Église de mars 2009 relate que les populations pauvres –mais dignes- s’engagent dans le Sud à « s’organiser et à changer le cours des choses. Et c’est surtout une occasion de rappeler que le partage et la solidarité sont des valeurs incontournables pour les croyants, qu’elles doivent faire partie intégrante de notre vie. » Ce passage est tiré d’un rapport sur l’organisme catholique Développement et Paix.

Les communistes et la crise

À l’occasion, La Vie Réelle a cité des textes religieux ou des extraits de commentaires rédigés par des croyants. Ce serait peut-être utile de lire que Lénine « assurait les croyants du respect de leurs convictions, acceptait l’adhésion de religieux au Parti et avançait la thèse de la subordination de la lutte pour l’athéisme aux exigences de la lutte des classes. » (Lénine, La philosophie et la culture, Jacques Milhau, Éditions Sociales, Paris, 1971, p.120)

Avant lui, Karl Marx écrivit en 1835: « l’Histoire retient parmi les grands hommes ceux qui se sont ennoblis en travaillant pour le bien commun; l’expérience rend hommage à ceux qui ont permis au plus grand nombre d’être heureux; la religion elle-même nous enseigne que l’être idéal que tout le monde voudrait copier s’est sacrifié lui-même pour le bien de l’humanité et qui oserait ridiculiser une telle attitude? » (Collected Works, Vol. 1, International Publishers, New York, 1976, p. 8)

On ne pourrait mettre un terme à cette colonne sans faire état de ce qui sépare malheureusement les communistes des socialistes du Canada sur la crise. Le People’s Voice de la fin février, rapporte que le leader du Parti communiste du Canada, Miguel Figueroa, a affirmé avec beaucoup de détermination que « nous n’avons pas créé la crise économique et que nous n’allons pas payé pour elle. » C’était lors du dernier Comité central du Parti réuni à Toronto le 31 janvier. Paradoxalement, le leader du Nouveau Parti Démocratique (socialiste), Jack Layton, a concédé lors d’un meeting avec la Chambre de commerce de Toronto, le 23 janvier, que « c’est ce courage du peuple canadien qui fait de notre pays un pays fort […] C’est de ce courage que les travailleurs auront besoin pour accepter des coupures de salaire pour que leurs amis puissent conserver leur travail. » C’est impossible de croire que les membres à la base de ce parti de travailleurs partagent ce point de vue; l’expérience l’a démontré dans le passé. Eux aussi sont confrontés au fait que 1 310 000 travailleurs sont en chômage au Canada; comment peut-on accepter que les riches de ce monde puissent dévoyer la richesse du pays vers leurs goussets alors que les travailleurs, même s’ils se serraient tous la ceinture ne recueilleraient que des miettes et qu’en plus on les blâmerait pour leur « égoïsme ». Le Parti communiste, même si ça peut sembler irréaliste, martèle qu’on « doit créer des emplois et assurer les chômeurs d’un revenu adéquat pour tous, incluant des prestations d’assurance emploi au niveau de 90% du salaire précédent pour toute la durée du chômage. » C’est bon à la fois pour les Québécois, et tout autant pour les Canadiens anglais.

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