jeudi, décembre 09, 2010

COMMENTAIRE POLITIQUE SUR LA FTQ

vol. 10, no. 24, Nouvelle édition, 13 décembre 2010

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LA FTQ-CONSTRUCTION, CE SONT MES MEILLEURS!

Au Québec, le parti communiste n’est pas un parti de masse et n’a aucun député à l’Assemblée nationale. Le Parti québécois, qui a fait de bonnes choses pour les travailleurs durant sa « jeunesse » s’est embourgeoisé et souffre d’obésité par manque d’exercice politique et social. Le parti Québec solidaire, socialisant, n’a qu’un seul député sur 125 sièges, Amir Khadir, et il en a plein les bras.
Les travailleurs et les couches populaires face au grand Capital, aux aigrefins de la finance et au gros patronat, n’ont que le mouvement syndical pour contenir ces « prédateurs »; mais il a su développer une tradition de solidarité nationale.
Voilà pourquoi les mass média au service des richards de la Belle Province y vont à qui mieux mieux dans les assauts répétés contre le mouvement ouvrier organisé, surtout à la veille d’évènements particuliers et importants pour les travailleurs, comme un congrès national par exemple; la droite espère toujours qu’elle parviendra à déstabiliser les syndicats et faire vaciller les directions du mouvement.
Ce fut encore le cas avec la Fédération des travailleurs et des travailleuses du Québec (FTQ) ces derniers temps. Au Québec, les allégations et même les accusations de collusion avec la mafia sont tombées drues, surtout contre la FTQ-Construction. Voici quelques réflexions en vrac, teintées de colère : j’ai payé mes études collégiales et universitaires en travaillant contre apprenti charpentier- menuisier, pendant sept ans. J’en ai vu des ouvriers et j’ai même vu des grèves.
(Photo: quartier des affaires à Montréal).
C’est vrai que parfois les ouvriers sont très mécontents; mais on ne peut les accuser d’être des garnements.
La vaste majorité de ces ouvriers, ce sont de bons pères de famille. Ils demandent la stabilité de l’emploi, un bon salaire et de bonnes conditions de travail. Ils n’ont pas peur de se salir les mains (même avec du goudron). Ils aiment blaguer. Ils « s’agacent » entre eux et parfois mêlent « Notre Seigneur » à leurs conversations ou malchances impromptues. Ça fait partie du métier.
J’ajouterais que ce ne sont pas uniquement les syndiqués de la FTQ, puisque chez les syndiqués de la Confédération des syndicats nationaux (CSN), une autre centrale, c’est pareil. J’en veux pour exemple une mauvaise blague que j’ai faite sur l’ignorance des « gars » de la construction par rapport au Bon Dieu. Ils ne l’ont pas trouvé drôle et le porte-parole de la délégation à la grande manifestation de mars 2010 à Montréal (en soutien avec les travailleurs de l’État québécois), m’a bien averti de changer mon style de « jokes ». Tout comme mon père d’ailleurs. J'affirme ainsi que la très vaste majorité des ouvriers de la construction au Québec, ne sont pas des mécréants. Ils aiment travailler, faire « de la bonne ouvrage ». Plus encore, ils apprécient énormément avoir une « petite » femme qui les attend à la maison le soir lorsqu’ils rentrent du travail, boire une bonne bière et raconter leur journée avec leur deuxième famille, les gars du chantier.
J’avais l’intention de relater le discours du président de la FTQ, Michel Arsenault, lors du 29ème congrès national qui s’est tenu à Montréal fin novembre-début décembre, mais l’essentiel, c’est peut-être cette phrase prise au hasard : « Aucune décision, aucun modèle ne peut nous être ultimement et arbitrairement imposé si nous n’en voulons pas ».
La gauche et la FTQ
La FTQ n’est pas une organisation conservatrice. Elle n’est pas non plus indépendantiste, même s’il y a des nationalistes en son sein et qu’elle a appuyé le Parti québécois lors des élections en 2007. Il est évident que plusieurs de ses membres à la base vont appuyer Amir Khadir, du Québec solidaire, lors des prochaines élections.
Et puis, il y a les autres qui « croient » en Karl Marx. Croire, c’est vite dit, mais ils pensent comme lui que « le communisme n’est pas pour nous ni un état qui doit être créé, ni un idéal sur lequel la réalité devra se régler. Nous appelons communisme le mouvement réel qui abolit l’état actuel. Les conditions de ce mouvement résultent des prémisses actuellement existantes. » (Marx-Engels, L’idéologie allemande, Éditions sociales, Paris, 1968, pp. 53-54).
Les mauvaises langues diront : mais les ouvriers québécois, qui justement, ne pensent qu’à prendre une bière et courir après les femmes, ne soutiendront jamais ces idées-là, d’autant plus que là encore, c’est un discours d’intellectuels… Eh bien qu’elles parlent donc, ces mauvaises langues!
(Photo Internet: Tim Buck, secrétaire général du Parti communiste du Canada, 1929-1962).

La classe ouvrière du Québec n’a pas de "problèmes" avec le communisme, en autant que ce soient ses chefs qui dirigent le parti. C’est certain que ce ne sera pas facile à accepter pour les dirigeants actuels du parti, mais c’est la réalité. C’est une question de confiance. D’un autre côté, étant donné que nous sommes voisins des États-Unis, même si c’est Barack Obama qui est président, la classe ouvrière d’ici est capable de mesurer le danger que présente le désir de domination des monopoles nord-américains.
El pueblo unido jamas sera vencido
Encore une citation : « De nos jours, il n’est pas possible de traiter sérieusement les problèmes de la culture si on ignore ou si on néglige l’expérience cruelle que des millions et des millions d’hommes ont faite en un temps où le fascisme international opprimait des peuples entiers et aspirait à la domination de la planète. » (Guy Besse, Lénine, la philosophie et la culture, Éditions sociales, Paris, 1971, p. 175). Quand on parle des « hommes », il faut aussi rajouter les « femmes ».
El pueblo… c’est de l’espagnol et facile à lire : le peuple uni, ne sera jamais vaincu! C’est le constat que nous avons fait un midi, début décembre, dans un restaurant de l’est de Montréal; un ami chilien et moi. Octavio fut réfugié politique au Canada, devenu psychologue. On connaît la dictature fasciste au Chili… Nous parlions de syndicats internationaux.
« Deux unions internationales? », m’a-t-il dit.

- Eh oui, camarade!
Je lui ai alors expliqué mon désir que les travailleurs québécois se rapprochent de la Fédération syndicale mondiale (FSM), 80 millions de membres dans plus de 130 pays. Elle est très combative et a une orientation de lutte de classes. Ça peut glacer les esprits timorés dans le mouvement syndical qui ne veulent pas trop déplaire au grand patronat. Mais pourtant comme le dit le discours du président de la FTQ : « La FTQ a du pain sur la planche, nous avons du pain sur la planche. Au sortir de ce congrès, nous devrons plus que jamais serrer les coudes pour faire échec aux politiques de droite, aux attaques contre les droits syndicaux, aux véritables entreprises de fabrication de la pauvreté que sont les budgets régressifs des différents gouvernements. »
Pour la « galerie » disons que les personnes qui fréquentent la Fédération syndicale mondiale, elles ressemblent à l’auteur de ces lignes, i.e. d’avis qu’il n’y a rien de trop beau pour la classe ouvrière, qu’elle soit syndiquée à la FTQ, à la CSN ou dans l’attente d’un premier contrat. On peut dire que pour la jeunesse, surtout; on doit s’affirmer et faire en sorte qu’il y ait un avenir pour elle; on ne peut tolérer que les jeunes soient laissés à la dérive, faisant du surplace ou sautillant de petit boulot en petit boulot.
Ils ont droit au bonheur, de se faire un conjoint, d’avoir des enfants, de rêver d’aventures et d’escapades, et de pouvoir compter sur les adultes, sur les travailleurs d’aujourd’hui.
Ça, c’est le Québec que nous voulons! Dans ses mots, le président de la FTQ a conclu son discours comme suit : « Privatisation en santé, remise en question des acquis des femmes, régimes de retraite à cotisations déterminées, menaces de délocalisation d’entreprises, attaques sournoises contre la culture, les menaces viennent de plusieurs fronts en même temps et nous devons nous équiper pour y faire face et reprendre l’offensive dans l’intérêt des travailleurs et des travailleuses que nous représentons. »
Ce n’est pas de la langue de bois journalistique, c’est le cri du cœur de la classe ouvrière. Elle retentissait à Montréal au nom de plus de 500 000 personnes. Elle sera entendue même à Athènes, le centre de la Fédération syndicale mondiale. Il faut bien parler pour son clocher, n’est-ce pas? Les syndicalistes de la FTQ n’en feront pas tout un plat…
(Logo de la Fédération syndicale mondiale, cf. Internet).
À bientôt!
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