vendredi, octobre 08, 2010

UN VRAI VIRAGE À GAUCHE

vol. 10, no. 16, Nouvelle édition, 12 octobre 2010

If you wish to read in English: http://wwwlavienglish.blogspot.com/

Ça mijote dans les consciences

Le Grand Capital a lancé un ballon d’essai ces jours-ci : la formation d’un parti politique de droite. Les mass média ont relayé le projet. Pour La Presse du 8 octobre 2010, « il y a très probablement un espace pour un courant comme celui-là ». Vraisemblablement, bon nombre des membres du Parti québécois (PQ), séparatistes, quitteraient leur parti pour celui-ci; d’autres, plus progressistes, joindraient Québec solidaire (QS), social-démocrate; mais ça ne renforcerait pas ce dernier. La venue massive de nationalistes au sein du Parti communiste du Québec (PCQ) dans les années 1990, l’a précipité au fond du gouffre.
Il aura fallu l’intervention du Parti communiste du Canada, de Toronto, pour que le PCQ soit recréé. Maintenant, il a retrouvé une partie de sa vigueur et il travaille à se redonner une crédibilité dans le milieu syndical et à faire grandir son influence au-delà des associations et des mouvements sociaux, notamment de travailleurs immigrants (par exemple l’Association des travailleurs grecs du Québec), qui lui étaient traditionnellement acquis.
(Photo Internet: les communistes grecs vivant à Montréal et membres dans leur pays du PCG/KKE ont toujours joué un rôle important pour garder la flamme "allumée".)

L’avenir n’est pas triste pour la classe ouvrière. Certes, la droite, elle, est décontenancée de la déconfiture du PQ et du Parti libéral du Québec (PLQ) auprès des travailleurs québécois; « … ni le PLQ de Jean Charest ni le PQ de Pauline Marois soulèvent l’enthousiasme. Pis encore, ils ont tendance à faire fuir électeurs et militants », rapporte encore La Presse.
Le quotidien avoue : « Il faut aussi se demander si les Québécois seraient prêts à confier à la nouvelle formation un mandat en faveur des réformes nécessaires; rien n’est moins sûr. » Les grands milieux d’affaires craignent la montée de la gauche, d’autant plus que les travailleurs ont vite rejeté l’Action démocratique du Québec (ADQ) qui intimidait par ses prises de position à droite et même d’extrême droite. Aussi, La Presse affirme que le choix de ce parti « n’est pas souhaitable […] en raison de sa dérive et de sa marginalisation. »
Par ailleurs, la perte d’influence du PCQ depuis ces deux dernières décennies peut expliquer que, d’après le journal Métro du 8-11 octobre 2010, « les présidents de la CSN (Confédération des syndicats nationaux, ndlr) et de la FTQ (Fédération des travailleurs et des travailleuses du Québec, ndlr) estiment qu’il y a déjà suffisamment de porte-parole de la droite au Québec et ne voient pas la nécessité d’un mouvement ou d’un parti qui préconiseraient de telles idées. »
Mais pourtant, cela aurait le mérite de rendre le débat plus clair entre les travailleurs et le Grand Capital dans l’arène politique. Rappelons que la haute direction du mouvement syndical québécois a longtemps, si ce n’est toujours le cas, été associée au PQ, dont le principal leitmotiv est l’indépendance du Québec; en clair, la scission du mouvement ouvrier canadien.
(Photo PCF: manifestation contre les reculs sur les retraites en France, société divisée entre la gauche et la droite; octobre 2010)
Quant aux communistes québécois, ils ont un sérieux problème : doivent-ils continuer de militer au sein du Québec solidaire (QS) et accepter que leur programme en faveur du socialisme soit étouffé dans l’anonymat statutaire le plus complet; négocier avec la direction du QS pour qu’ils aient de l’espace politique tout en s’associant d’égal à égal avec celle-ci pour faire valoir leurs propres idées; ou retrouver leur complète autonomie?
Le PCQ (Canada) doit réellement faire un effort pour que sa voix soit entendue, entre autres par la parution plus régulière et fréquente de son journal Clarté. Car, c’est bien de cela que les grands milieux d’affaires ont peur : la radicalisation à gauche de l’électorat québécois.
Un test déterminant sera le niveau d’adhésion des militants syndicaux et des travailleurs du Québec à la Fédération syndicale mondiale (FSM). Cette Union, nettement à gauche, fondée après la Deuxième guerre mondiale, regroupe déjà 70 millions de membres dans 110 pays. Il n’y a pas encore d’adhérents au Canada ni aux USA. Mais, le climat est au changement au Québec et les choses pourraient évoluer. Les conditions sont maintenant mûres.
Enfin, les travailleurs québécois en général ne nourrissent plus vraiment de crainte à l’égard du communisme. Ils font, leur, l’exhortation de nos curés d’antan : « allez, mais ne péchez plus! »
-30-