QUAND LA JUSTICE DÉRAILLE
Claude Jacqueline Herdhuin
Scénariste, assistante-réalisatrice et auteure
Lynne Stewart en prison : Quand la justice déraille
Montréal, le lundi 30 novembre 2009
Jeudi, le 19 novembre, le Juge John G. Koeltl a ordonné à Lynne Stewart, avocate spécialisée dans la défense des droits civils et militante de longue date, de se présenter immédiatement pour être incarcérée. Condamnée à 28 mois de prison le 16 octobre 2006 pour conspiration et soutien matériel au terrorisme, Lynne Stewart était en liberté conditionnelle. Cette femme de 70 ans a consacré sa vie aux pauvres, aux défavorisés, à la communauté noire et à la justice. Ceux d’entre eux qui n’avaient pas les moyens de payer les services d'un avocat pouvaient frapper à sa porte. Aujourd'hui, Lynne Stewart lutte non seulement pour sa liberté, mais également pour la liberté de tous les Américains.
La justice américaine s’est intéressée au cas de Lynne Stewart seulement après le 11 septembre 2009. Rappelons que sa seule faute est d'avoir contrevenu aux mesures administratives spéciales (Special Administrative Measures, SAM) du bureau américain des prisons (US Bureau of Prisons). Elle avait été obligée de signer ces mesures pour pouvoir défendre le Cheik Omar-Abdel Rahman. Les SAM sont inconstitutionnels : elles violent le Premier Amendement ainsi que le Sixième Amendement de la Constitution américaine selon lequel, tout accusé a droit à un avocat et à être jugé par un jury d’État impartial dans l’État même où le crime a été commis et seulement pour ce crime. L'Administration Clinton n'a pas considéré Lynne Stewart comme une terroriste et une traître. À l’époque, son cas a simplement été considéré comme une faute administrative. Lynne Stewart a reçu une lettre à cet effet, et n’a pas pu rendre visite à son client pendant quelque temps. Puis, elle a pu reprendre ses visites au Cheik en prison et poursuivre son travail d’avocate. Ce n’est que le 9 avril 2002 qu’elle a été arrêtée à son domicile par le FBI, quelques mois après les évènements du 11 septembre 2001 et dans un climat d’hystérie collective. Le soir de son arrestation, John Ashcroft, ministre de la Justice des États-Unis, est allé à l’émission populaire de David Letterman, Late Night Show, et a déclaré à toute l’Amérique que Lynne Stewart était une traître à la nation.
Aujourd'hui, les médias décrivent Lynne Stewart soit comme une terroriste et une traître qui mérite la pire punition, soit comme une héroïne. Mais elle n'est ni l’un ni l’autre. C’est une femme de 70 ans avec des années d'expérience de vie en tant que mère, grand-mère, activiste et avocate. Jeune femme blanche, elle s'est engagée et a lutté pour la cause de ses compatriotes noirs, parce qu'elle croyait dans la justice. Des décennies plus tard, elle a défendu le Cheik Omar-Abdel Rahman, parce qu'elle croyait toujours dans la justice.
Aujourd'hui, elle est en prison et elle croit encore dans la justice. Même si son procès nous ramène des années en arrière, durant la pire période qu’ont connue les États-Unis, à savoir le McCarthism.
Dans sa conférence de presse du 17 novembre, elle a dit être trop âgée pour pleurer, mais que cela faisait trop mal pour ne pas pleurer. Elle a également mis en garde les autres avocats de la défense : « C'est un avertissement pour les autres avocats. [Le gouvernement leur envoie le message] Ne défendez pas vos clients avec trop de vigueur, ne faites pas de zèle ».
Je connais Lynne Stewart depuis cinq ans. La première fois que j'ai entendu parler d’elle, c’est dans les journaux, en 2004. Ils décrivaient Lynne Stewart comme une terroriste et, avec mon mari, nous avons décidé de la contacter pour voir ce qui s’était réellement passé et qui elle était. Nous avons décidé de faire un documentaire sur son cas pour découvrir ce qui est arrivé. Nous nous sommes efforcés d’être aussi neutres que possible.
Des années après, je peux affirmer que la seule erreur de Lynne Stewart a été sa trop grande confiance. Elle croyait en la justice et le gouvernement des États-Unis l’a trahie en :
s’attaquant au droit de la liberté de parole et de presse, et au droit qu’a le peuple d’adresser des pétitions au gouvernement pour obtenir la réparation de torts;
s’attaquant au droit de tout accusé d’être assisté d’un avocat pour sa défense, en intimidant la défense;
s’immisçant dans les conversations privées, les rencontres en privé entre avocat et client, les fax, les lettres et les e-mails pour recueillir des « preuves ».
Pour envoyer une lettre à Lynne Stewart, écrivez :
Lynne Stewart
#53504-054
MCC-NY
150 Park Row, New York, NY NY 10007
Vous pouvez aussi téléphoner ou écrire au Président Obama :
The White House
1600 Pennsylvania Avenue NW
Washington, DC 20500 USA
Veuillez inclure votre adresse électronique
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