mercredi, novembre 25, 2009

SIRÈNE DANS LE BROUILLARD

AUTOMNE 2009, NOUVEAUTÉ

Régulièrement, tôt le matin en automne et près de chez moi, les navires qui entrent dans le port de Montréal, claironnent leur présence comme pour fendre le brouillard épais, causé par la froidure de la température au contact du grand fleuve St-Laurent. On évite ainsi la catastrophe ou on la prévient.

Le philosophe communiste français et enseignant à Lens dans le nord de la France, Georges Gastaud, est comme ce signal. Il a sonné le tocsin, il y a quelques années déjà. D'ailleurs, notre première rencontre s'est faite par le biais d'une publication trouvée au hasard dans la bibliothèque de l'Université du Québec à Montréal (UQAM). Cela remonte à il y a plus de 10 ans.
(Photo SolidNet: assemblée militante d'étudiants universitaires grecs à l'automne 2009)

C'était une époque très difficile pour le mouvement communiste international: éviction de la direction dans les pays socialistes d'Europe, perte d'influence et désengagement massif dans les pays capitalistes développés et recul de l'influence dans les regroupements populaires et associations diverses.

Les milieux très conservateurs, ce qu'on appelle l'extrême droite, et la droite avaient décidé de prendre leur revanche contre les travailleurs pour toutes les concessions -même les plus petites- accordées à ceux-ci depuis une trentaine d'années. Ils ont donc frappé fort contre les progressistes, à commencer les partis communistes.

Certains parmi eux ont presque disparu comme au Canada, et plus particulièrement au Québec. D'autres ont poursuivi, à tout le moins officiellement au coeur de leur direction (ou au sein de certains membres bien placés), une dérive des idées et des opinions vers le statu quo économique et politique. Ils remettaient en question le rôle du parti, de son leadership et même de ses objectifs.

Ce fut le cas du Parti communiste français (PCF), dont Georges Gastaud était membre. Lui et ses amis ont combattu avec esprit de suite et rigueur cette tendance. Ils n'ont pas ménagé leurs efforts pour que le PCF relève la tête et poursuive son combat, vigoureusement et d'avant-garde, afin que le pays des "Lumières" garde bien vivant le patrimoine révolutionnaire.

Georges Gastaud s'est intéressé au sort de la classe ouvrière du Canada. Ce n'est pas -sans une certaine joie- qu'il a appris qu'on voulait lire, aussi au Québec, ses ouvrages philosophiques et politiques.

Son dernier texte -soyons clairs- ne tombe pas dans la facilité. C'est un ensemble d'essais sérieux, qu'on pourrait qualifier de savant. La quatrième de couverture souligne que "les idéocrates du capitalisme prétendument triomphant somment les révolutionnaires de "s'assagir". Et si, à l'heure où "l'exterminisme" devient le "stade suprême du capitalisme" (militairement, socialement, écologiquement...), l'heure venait tout au contraire de "révolutionner la sagesse"?

Même si ce travail a l'air trop "intellectuel", on verra que les thèmes abordés répondent à des questions élémentaires, "ou comment les enjeux les plus apparemment intimes peuvent-ils être pensés, et surtout agis, politiquement."

Enfin, notons que "Sagesse de la révolution" ne s'adresse pas qu'aux seuls communistes, il parle à tous ceux qui chérissent la paix, le progrès et le bonheur. Bien qu'il ait été écrit par un militant français (certaines pages sont de la plume d'une autre enseignante et syndicaliste, Marion Gandiglio), le livre rejoindra bon nombre de francophones d'Amérique, en particulier du Québec. Il interpelle ceux qui ne croient pas en "notre individualisme". Pour les démocrates, c'est un ouvrage qui répond aux questions des gens qui se situent dans le "juste milieu".

Comme le dit Georges Gastaud: "Si je vis bien, si j'ai du plaisir (au moins à titre d'attente ou de souvenir) et plus encore si j 'atteins le stage de la sagesse et la béatitude qui l'accompagne, alors je puis désirer de continuer à vivre." (p. 26)

"Il y a un lien d'essence entre vie et bonheur et le bonheur n'est autre chose que la vie par excellence." (p.29) De façon générale, c'est l'amour du peuple travailleur qui respire tout au long de la lecture de ce beau livre.

Que voilà un cadeau plein d'enthousiasme et de sérénité pour le Nouvel An 2010!

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Fiche technique: Sagesse de la révolution
Georges Gastaud et Marion Gandiglio
Le Temps des Cerises, Pantin, 2008, 277 pages
(Prix: $40.00 cdn + frais de port)

danieleugpaquet@yahoo.ca