vendredi, novembre 06, 2009

LE VENEZUELA DANS LA MIRE

vol. 9, no. 32, 9 novembre 2009, $ 1.00

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W.T.Whiney Jr. (journaliste états-unien)

People’s World (USA)
11 octobre 2009

Le dispositif états-unien pour contrecarrer les changements progressistes en Amérique latine inclut : le financement des groupes d’opposition de droite, le déploiement militaire dans toute la région et la patrouille de la quatrième flotte autour de tout le continent. Cette année, sept nouvelles bases ont été annoncées pour la Colombie, une au Pérou et deux au Panama.

Les efforts pour déstabiliser le gouvernement socialiste du Venezuela faisaient partie du lot. Les forces en présence incluent des militaires aguerris, anciennement au service du Venezuela et de la Colombie. Le coup raté pour destituer le président Hugo Chavez et la tentative de fermer la compagnie pétrolière d’État furent les premiers signes, il y a sept ans. Depuis, les formations paramilitaires colombiennes, liguées au gouvernement fantoche proaméricain de Colombie et les éléments de droite au Venezuela, sèment la pagaille. (Photo SolidNet: Lula et Zelaya, deux présidents de gauche sud-américains)

Des témoignages de source crédible indiquent que les paramilitaires complotaient pour assassiner le président Hugo Chavez.

Le journal El Nuevo Herald de Miami a publié récemment l’entrevue de Geovanny Velasquez Zambrano, présentement emprisonné. Cet ex-paramilitaire a déclaré qu’il avait participé à deux réunions il y a presque dix ans lors de laquelle Manuel Rosales, alors maire de Maracaibo, avait offert 25 millions $ pour tuer Chavez. Il a fait allusion à des sources des États-Unis. Velasquez a rapporté que le chef des paramilitaires, Jorge Ivan Laverde – connu sous le pseudonyme de « el Iguano » - avait accepté l’offre : « J’ai les gars pour tuer ce monsieur. »

Les comploteurs ont établi un camp d’entraînement à Catatumbo pour préparer des incursions vers le Venezuela. Le groupe même de Velasquez est entré au Venezuela en 2000. Selon le Nuevo Herald, un autre prisonnier, a accusé les officiers de haut rang de l’Armée colombienne d’avoir orchestré les aventures paramilitaires.

De 2000 à 2008, Rosales a gouverné l’état frontalier de Zulia. En 2006, il était le candidat de droite pour le poste de président qu’il n’a pas gagné. Cette année-là, il aurait rencontré encore les paramilitaires colombiens dans une ville frontalière. Depuis, il a fui au Pérou en avril.

Fin septembre, la présentation sur vidéo du témoignage de Velasquez devant la justice colombienne a été reprise par le site Internet de Al Jazeera, avec le commentaire de l’avocate Eva Golinger. Interviewée par TeleSur, elle a décrit l’intrusion paramilitaire au Venezuela comme « une partie de ce que les États-Unis considèrent comme une guerre irrégulière [utilisant] des groupes militaires pour promouvoir des actions violentes. » Elle estime que l’assassinat du procureur en chef du Venezuela en 2004, Danilo Anderson, en est un exemple. Citant un document du Commandement sud -états-unien- daté du 13 avril 2003, Golinger a accusé Washington de créer de nouvelles « Forces unies d’autodéfense du Venezuela » organisées par les paramilitaires des Forces unies d’autodéfense de Colombie.
(Photo: Radio Centre-Ville, indépendante, progressiste et multilingue, à Montréal)

Golinger a rappelé l’arrestation en 2004 de plus de 100 paramilitaires colombiens stationnés dans une ferme près de Caracas qui préparaient l’assassinat de Chavez. Elle a estimé que 3 000 paramilitaires colombiens sont actifs au Venezuela présentement. S’appuyant sur les révélations de Geovanny Velasquez, la Procureure générale du Venezuela, Luisa Ortega, a récemment entrepris une enquête sur les menaces des paramilitaires contre le président Chavez.

De tels rapports ne sont pas nouveaux. Dans des entrevues aux média en 2003, en 2006 et le 3 septembre dernier, l’ancien officier colombien pour les questions d’espionnage, Rafael Garcia, incarcéré pour corruption, a clamé que les dirigeants du gouvernement colombien ont conspiré avec les chefs paramilitaires pour créer l’agitation au Venezuela et assassiner les dirigeants vénézuéliens, incluant Chavez. Dans un récent reportage, télévisé par Noticias Uno et diffusé par TeleSur, Garcia a affirmé qu’ « il s’agissait d’un complot généralisé contre le gouvernement vénézuélien dans lequel le DAS (sa propre agence d’espionnage) et des factions du Bloc du nord [des paramilitaires] ont participé. » Des officiers dissidents de l’Armée vénézuélienne étaient impliqués.

Un officier de l’Armée colombienne emprisonné, aussi interviewé par El Nuevo Herald, a confirmé l’information. Mauricio Llorente, un gradué de l’École des Amériques, accusé d’avoir permis les massacres des paramilitaires à Catatumbo en 1999, a indiqué que le « soldat professionnel » José Misael Valero Santa (connu aussi sous le pseudonyme de « Lucas »), alors qu’il était sous son commandement, se préparait à tuer Chavez. Llorente a dit à l’intervieweur que Lucas commande toujours 1 000 paramilitaires.

À Miami, les exilés de droite cubains et les ex-officiers militaires vénézuéliens, ainsi que de riches exilés maintiennent un projet conjoint anti-Chavez. Comme les groupes similaires cubano-américains, la prétendue Union patriotique vénézuélienne organise des séances d’entraînement dans les Everglades.

Le supérieur du FBI, à la retraite, pour la région de Miami, Hector Pesquera, a participé aux activités en 2003 au Panama où selon Nuevo Herald, l’assassinat du Procureur Danilo Anderson a été planifié. Étroitement lié aux honchos Cubano-Américains de Miami, Pesquera a dirigé l’enquête du FBI menant à l’accusation et la sentence truquée des prisonniers politiques, connus sous le nom des Cinq de Cuba. (Photo SolidNet: enseigne à Cuba réclamant la liberté des Cinq, la vérité et la justice)

Eva Golinger a révélé que le but du séminaire organisé conjointement en mai dernier par l’Institut conservateur Cato à Washington et une organisation non gouvernementale financée à même des fonds états-uniens à Caracas était « d’introduire la jeunesse aux tactiques de ‘coup graduel’ et à la subversion. » La déstabilisation et la réduction à néant de l’autorité sont des outils traditionnels des États-Unis pour maintenir leur hégémonie. Par l’Opération Mongoose dans les années 1960, les saboteurs ont plongé Cuba dans des tentatives d’assassinat, des insurrections de guérilla, des sabotages généralisés et le terrorisme. Une décennie plus tard au Chili, juste avant le coup de Pinochet et la mort du président Allende, ils « ont provoqué l’effondrement de l’économie » et entrepris des meurtres sélectifs.

(Traduit de l’anglais par Daniel Paquet, 17 octobre 2009)

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