mercredi, août 20, 2008

BLANCHE ET PURE LA COLOMBE

vol. 8, no. 10, 1-15 septembre 2008, $ 1.00

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Un ancien professeur de sociologie de l’Université de Binghamton (New York), James Petras, y est allé d’une charge au vitriol contre Fidel Castro, suite aux réflexions de ce dernier sur les événements récents survenus en Colombie et plus précisément la libération d’Ingrid Betancourt. Cette critique acerbe de la part d’un homme de gauche avoué, détonne. Elle a été retransmise sur un site du Parti communiste du Québec (section du Parti communiste du Canada).

M. Petras, affirme incidemment que « les remarques de Castro exigent une analyse et doivent être réfutées. » Il fait référence entre autres à l’attitude du révolutionnaire cubain qui a déclaré « qu’à Cuba, nous avons gagné notre guerre révolutionnaire en rendant immédiatement la liberté et sans condition aux prisonniers. Nous remettions à la Croix Rouge Internationale les soldats et les officiers capturés dans chacune des batailles, ne gardant que leurs armes. »

Fidel Castro ne se gêne pas pour rappeler que « jamais le Parti communiste de Colombie (PCC) s’est proposé de conquérir le pouvoir par les armes. » D’ailleurs les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) ont rompu avec le PCC en 1993. De plus, le père de la Révolution cubaine n’a jamais rencontré feu le chef de la guérilla colombienne, Manuel Marulanda (décédé de cause naturelle en 2008). Il se sent toutefois pleinement autorisé à marteler qu’il « a critiqué avec énergie et franchise les méthodes objectivement cruelles de séquestration et de détention des prisonniers dans les conditions de la jungle. » Ce qui ne signifie pas pour autant qu’il appuie la « paix romaine » que l’empire prétend imposer à l’Amérique latine.

La Radio Suisse Romande (RSR) a révélé que dans le cas qui nous occupe « les 15 otages ont en réalité été achetés au prix fort, après quoi toute l’opération a été mise en scène. » Ce qui permet au président de Colombie, Alvaro Uribe, de maintenir la ligne dure avec les FARC. Le Devoir surenchérit: pour celui-ci, « cette libération s’avère un triomphe sur tous les fronts, une victoire envers et contre tous. » (livraison du 4 juillet 2008).

Le ministre de la Défense colombienne, Juan Manuel Santos, lors d’un point de presse à Bogota, a expliqué qu’une opération d’infiltration au sommet de la direction des FARC s’est traduite par ce dénouement où pas une goutte de sang n’a été versée. Quant aux FARC-EP, elles ont émis un communiqué dans lequel elles reconnaissent que la fuite de 15 prisonniers de guerre est la conséquence directe de la « méprisable conduite » de Cesar et Enrique qui ont trahi leur engagement révolutionnaire et la confiance qu’on leur avait accordée.

De la piste d’atterrissage même de la base aérienne militaire de Bogota, Ingrid Betancourt, puisque c’est surtout d’elle que l’on parle, a reconnu le travail de médiateur du vénézuélien Hugo Chavez et de l’équatorien Rafael Correa, dans tout le processus, même si le rôle du président Chavez n’a pas été aussi évident cette fois-ci. Néanmoins, il a tenu à exprimer sa joie; Correa et Morales (de la Bolivie) ont fait de même. Dans la foulée, ils ont exigé la libération de tous les prisonniers aux mains de la guérilla et la fin de la lutte armée. Le quotidien montréalais The Gazette, le 4 juillet, reprend le propos du président Chavez à l’effet que les meilleurs jours des FARC « étaient derrière. » Celui-ci dit « rester disponible pour aider jusqu’à ce que le dernier otage de la guérilla colombienne soit libéré et que l’on parvienne à la paix, la paix complète, en Colombie. » Concrètement, le quotidien britannique The Morning Star explique que dès la mi-juillet, Chavez a rencontré Uribe pour discuter de la normalisation des liens diplomatiques et commerciaux entre les deux pays andins.

Ingrid Betancourt avait interpellé le président vénézuélien et ses collègues d’Amérique latine pour qu’ils renouent avec le président Uribe afin que « tous les otages des FACR soient enfin libres. » On a en vue environ 700 personnes. La Presse s’est fait l’écho de la déclaration. Notons que lors de la rencontre des deux chefs d’État, le Parti communiste du Vénézuela a manifesté publiquement en précisant que « nous voulons saisir cette opportunité pour démontrer notre opposition aux politiques belliqueuses de l’impérialisme nord-américain et du gouvernement colombien, qui ont violé la souveraineté de notre peuple et tenté d’attaquer les mouvements de libération sur le continent. »

Rappelons que Ingrid Betancourt s’est fait élire députée en 1994. En 1998, elle fonde son propre parti et est élue sénatrice. Elle se porte candidate à la présidentielle en 2002. La constante de son programme repose dans la lutte à la corruption et au trafic de drogue. Aujourd’hui, elle est la personne la plus populaire de Colombie, juste derrière le président Alvaro Uribe. C’est ainsi que décrit son cheminement le quotidien français Libération. Argenpress rappelle qu’elle se décrit comme femme politique de gauche : « Mon cœur sera toujours à gauche…Je suis dans une gauche qui est une gauche du cœur. »

L’hebdomadaire du Parti communiste allemand, Unsere Zeit, se penche sur l’histoire de la Colombie et met en perspective les enlèvements, l’existence des FARC et la vie économique ainsi que sociale du pays. En particulier, il parle des 15 000 disparus, des 2500 syndicalistes tués, des 1700 autochtones et des 5000 membres de l’Union patriotique passés par les armes. Le journal, sur un ton consterné conclut que Ingrid Betancourt n’a heureusement pas eu à survivre à tous ces crimes accablants, commis ou inspirés par la droite et l’extrême droite.

Finalement, Fidel Castro tire comme conclusion de ces événements que « la vérité de nos jours navigue par mers orageuses, où les moyens de communication de masse sont aux mains de ceux qui menacent la survie humaine avec d’immenses ressources économiques, techniques et militaires. »



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