SUR LE CHEMIN DE STE-ANNE DE BEAUPRÉ
vol.8, no.2, février 2008, $1.00
Une petite visite chez les communistes
Certes, Karl Marx a écrit que la religion était l’opium des masses. Que voulait-il dire par là? Avec beaucoup de douleur, il a décrit la situation des ouvriers allemands du XIXème siècle, écrasés par le poids d’un travail éreintant, routinier, abrutissant et sans perspectives. Il notait que ceux-ci n’avaient même pas le temps pour réfléchir. Alors que penser du temps pour rêver d’un avenir meilleur? La majorité d’entre eux usaient leur vie dans des «sweatshops» du matin au soir. Il n’y avait que ce jour par semaine, le dimanche, où ils pouvaient se rendre à l’église ou au temple pour se reposer et nourrir leur vide spirituel et songer à un sort plus prometteur après la mort. Pendant le service ou la messe, c’est à cela qu’ils occupaient leur esprit. Voilà ce qu’a conclu Marx. En pensant aux manufactures dans les pays en voie de développement, on se rend compte qu’il avait bien raison.
D’ailleurs, Lénine qui a prolongé son héritage idéologique et politique, n’a jamais entrevu que dans la Russie socialiste, on devrait persécuter les croyants; mais bien plutôt s’engager dans un débat d’idées où seraient confrontées les conceptions du monde et poursuivies les recherches scientifiques dans tous les sens, notamment sur l’origine de l’homme.
Ainsi, la constitution de l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS) adoptée en 1977, 60 ans après la révolution d’octobre, stipulait à l’article 52 que: «Les citoyens de l’U.R.S.S. se voient garantir la liberté de conscience, c’est-à–dire le droit de professer n’importe quelle religion ou de n’en professer aucune, de célébrer les cultes religieux ou de faire la propagande de l’athéisme. Toute incitation à l’hostilité et à la haine pour fait de croyances religieuses est interdite».
Incidemment, en 2008, le dialogue entre les croyants et les communistes est de plus en plus nécessaire. Pensons à l’avenir immédiat… Le directeur de Prions en Eglise de janvier 2008, Jacques Lison déclare en éditorial que «l’accélération des divers problèmes que l’activité humaine fait subir à l’environnement est actuellement telle qu’elle est en train de réduire le monde à un polder […] La solidarité humaine doit se ressaisir à temps».
Pour les communistes du Canada, la solidarité passe entre autres par la réorganisation du mouvement communiste mondial et la coopération avec tous les gens de «bonne volonté». Le leader du parti communiste du Canada, Miguel Figueroa, a prononcé un discours en novembre 2007 lors d’un meeting ouvrier international au Belarus; son titre: The choice today: socialism or extinction (Le choix actuel: socialisme ou extinction). Il déclare à ce sujet: «Nous ne devrions pas nous enfermer dans des débats sémantiques et rhétoriques à savoir s’il faut recréer l’Internationale communiste, mais nous avons l’obligation d’entreprendre des démarches pratiques et concrètes […] qui nous mèneront à des actions réelles, collectives et coordonnées des communistes dans l’arène internationale». Il termine son message en soulignant que nous avons à réaliser cette entraide et cette unité «autant pour l’avenir de nos peuples que pour celui de l’humanité». Le journal People’s Voice de début janvier 2008, qui reprend en partie son allocution, signale que le texte des discours et déclarations de la rencontre de Minsk, qui a réuni des représentants de 60 partis communistes et ouvriers lors de leur conférence annuelle, est disponible sur le site Internet suivant: www.solidnet.org.
Aussi, ce n’est pas un hasard si La Vie Réelle suit -depuis sa fondation- l’actualité catholique, en particulier par la lecture de la revue Notre-Dame du Cap. Un retour en arrière, soit avant la modernisation du Québec, permet un temps d’arrêt sur le rôle de l’Eglise catholique du Québec et le régime politique de Maurice Duplessis. Ce qui fait dire qu’il vaut mieux prévenir que guérir… En parlant de «l’ascension» de Mario Dumont, un lecteur de ce bulletin politique (Denis G.) précise : «je suis particulièrement craintif de voir le retour à des valeurs traditionnelles qui nous ramènent à la domination du clergé et/ou à des dogmes uniques en politique comme en morale».
Pour ce qui est de la politique, le mouvement syndical a la mémoire longue. La Fédération des travailleuses et des travailleurs du Québec (FTQ) qui édite Le Monde ouvrier, a publié en décembre 2007, une chronique sur l’histoire des travailleurs. On souligne que «Maurice Duplessis annonce en 1952 qu’il ne tolérerait plus de «syndicats communistes» au Québec.» Ce, alors que des dirigeants de syndicats locaux ne cachent pas leur admiration pour «le travail des Jackson et Paré», militants communistes avérés. Dans le cas de ce dernier, son syndicat, les United Electrical Workers (UE), sera réadmis au Congrès du Travail du Canada (CTC) en 1970 et «il devient membre de l’exécutif du Conseil du travail de Montréal et directeur du Conseil général de la FTQ. [En 1977], il siégeait toujours à l’exécutif du Parti communiste du Québec».
Finalement, le responsable international des jeunes de Sant’Egidio (en Italie), Paolo Ciani, en entrevue avec Aline Charest de la revue Notre-Dame du Cap –de janvier-février 2008- affirme: «On a envie de dialoguer, non par faiblesse, mais parce que, en tant que chrétiens, nous gardons l’idée de participer à la grande famille humaine, dans laquelle les autres ne sont pas des ennemis». Vous comprenez bien les communistes, monsieur Ciani, beaucoup mieux que Maurice Duplessis, Mario Dumont et consorts!
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