mardi, mai 27, 2008

AU FAIT, POURQUOI LA GUERRE?

vol. 8, no. 6, JUIN 2008 $1.00



Le scénario canadien s’est répété en Italie. À peine élu, le nouveau gouvernement de droite, Berlusconi en tête, souffle un vent différent, « un vent de guerre », dixit La Rinascita della sinistra, hebdomadaire communiste; changement demandé par les États-Unis. La Rinascita d’ajouter: « Cela n’a rien à voir avec l’attitude du gouvernement Prodi, qui a toujours répondu négativement aux requêtes insistantes de renforcer et de modifier les règles d’engagement en Afghanistan » jusqu’au changement de direction en avril. Plus tôt en mars, La Presse de Tunisie, journal proche de la monarchie au pouvoir dans ce pays arabe, soulignait: « L’armée américaine a déjà enterré quatre mille de ses soldats, c’est-à-dire mille de plus depuis que Bush a décidé d’envoyer les 30 000 soldats supplémentaires pour « stabiliser la situation ». Quant aux morts irakiens, leur nombre varie de 200 000 à 1,2 million, selon les sources, sans compter les 4,5 millions de réfugiés que la guerre a déracinés et qui errent à l’intérieur de l’Irak et à l’étranger. » Le même journal, citant des économistes états-uniens, dont Joseph Stiglitz, conclut que la guerre aura coûté jusqu’ici 3 000 milliards de dollars qui « n’ont pas stimulé l’économie américaine de la même manière que s’ils [avaient] été dépensés aux États-Unis. » Voilà, un bien sérieux avertissement pour le gouvernement Harper qui se lance dans les dépenses militaires pour le Canada.

En Irak, le porte-parole du parti communiste, Salam Ali, confirme au People’s Weekly World du début mai 2008, publié à Chicago, que la violence entre les différentes factions irakiennes « joue en faveur des occupants au moment où une politique d’union nationale est nécessaire pour entamer les négociations de la plus haute importance avec les USA. » Ce parti en appelle à la « dissolution des milices et à la possession des armes par l’État seulement », car « plusieurs tiennent pour responsables les groupes islamistes du gâchis dans lequel ils se retrouvent eux-mêmes. »

Les opinions sont encore partagées sur la nécessité de la guerre en Afghanistan, ici au Canada. La revue catholique Notre-Dame du Cap de mai 2008, confie assez sereinement que « soutenir les militaires par nos prières et notre présence n’est pas synonyme d’appui à la guerre… Jésus n’était-il pas lui-même présent là où on avait besoin de lui, particulièrement au cœur de la misère humaine? D’où la présence de l’Église au sein des forces armées canadiennes. »

Ailleurs dans le monde

Un petit pays latino-américain a une politique extérieure différente des États-Unis et de l’OTAN (dont le Canada), et œuvre pour la paix dans le monde depuis 1959. C’est un peu messianique, mais c’est la vérité: il s’agit de Cuba. Agenpress du début mai, nous propose un article qui réaffirme « sa condition de membre effectif de la société internationale, avec des droits et devoirs égaux aux autres nations, peu importe la taille, la population, le pouvoir militaire, l’ancienneté, le développement économique ou toute autre condition. » Si ce n’était des pressions populaires (pour le respect de Kyoto et contre la militarisation en général…) le gouvernement conservateur de Stephen Harper rapprocherait encore davantage la politique étrangère du Canada de celle des États-Unis. En novembre 2008, celle-ci pourrait changer pour le mieux avec l’élection d’un président ou d’une présidente démocrate. Il faut espérer. Après tout, déjà l’engouement chez notre voisin eu égard à la mise en nomination comme candidat présidentiel entre Hillary Clinton et Barack Obama, laisse entrevoir une prise en main accrue des citoyens états-uniens de la chose politique. Voilà la beauté de la campagne en cours…

La même déroute guette le parti conservateur. Le bras de fer avec Élections Canada n’est pas fortuit.
Les conservateurs défient cet organisme indépendant, non pas pour le passé, mais pour l’intimider en prévision de l’avenir. En somme, les conservateurs veulent avoir les coudées franches pour l’emporter aux prochaines élections générales. Il en va de leur survie, parce que les scandales commencent à lézarder la belle façade du parti. Laconiquement, le ministre des transports, Lawrence Cannon, a dit, d’après le quotidien Métro de Montréal: « Notre gouvernement a confiance dans l’institution démocratique fondamentale que constitue Élections Canada, mais nous contestons la façon outrancière dont on a traité notre parti. » En passant cet organisme est appelé à superviser les élections en Irak!

Par ailleurs, Le Devoir du 24 avril titre : « Dumont s’enfonce davantage ». Cela fait suite à un sondage, publié dans ce journal, qui ne donnait plus que 18% du support de la population à l’Action démocratique du Québec (ADQ), pendant que le Parti libéral du Québec –minoritaire- augmentait son soutien à 37%. Les élections partielles de mai l’ont confirmé. Ces deux partis et le Parti québécois s’étaient partagés la faveur populaire avec chacun presque le tiers de l’électorat, un an auparavant. C’est le principal parti de la droite conservatrice au Québec qui prend toute une « raclée ». À n’en point douter, cela représente un recul très important de l’appui des conservateurs de Harper, même si officiellement les deux partis n’ont pas de lien formel. Mais rappelons la visite du premier ministre du Canada au chef de l’ADQ, Mario Dumont, dans son comté de l’est du Québec, peu de temps après sa nomination au poste de chef de l’opposition officielle à l’Assemblée nationale.

Le parti conservateur va probablement jouer son va-tout à l’automne. Attendre, c’est appeler à l’accumulation des scandales et des mesures impopulaires; car les éléments de droite et surtout d’extrême droite dans le parti et son sillage, n’ont pas l’intention de faire les potiches dans la crainte de reculer sur les gains arrachés aux forces de gauche et de progrès au Canada, dont la prolongation de l’occupation canadienne en Afghanistan et la militarisation en cours.

La Vie Réelle ne saurait dire pour qui voter au Canada anglais en prévision des prochaines élections. Elle s’en remet au Parti communiste du Canada qui a ordinairement un bon flair en cette matière. Mais pour ce qui est du Québec, le bulletin croit qu’il faut battre le Parti conservateur dans tous les comtés où il s’est fait élire lors des dernières élections, surtout à Québec. Alors voici le parcours proposé par La Vie Réelle: d’abord soutenir les candidatures du Nouveau Parti Démocratique (NPD), social-démocrate, là où il a de bonnes chances, comme Outremont (Montréal); voter pour le Parti libéral du Canada, centriste, également dans les comtés où il est favori. Pour ce qui est du Bloc québécois (BQ) – nationaliste -, on pourrait mettre sa main au feu et estimer que l’aile gauche de ce parti se rétrécit comme peau de chagrin de mois en mois, même s’il donne toujours l’illusion d’être un parti proche des travailleurs. Il a beau dire, ses propos ne l’obligent à rien. S’il voulait être conséquent, il se liguerait avec le NPD pour vaincre les partis de droite et du centre. Mais ça, il ne le fera jamais! Car le Québec (quel Québec?) passe avant tout…

Le premier objectif du nouveau gouvernement sera de ramener les troupes canadiennes de l’Afghanistan et d’adopter des mesures de paix et de solidarité internationale pour juguler le pouvoir des multinationales, dont les pétrolières. Oui, ça fait jargon politique pour initiés, mais c’est assez clair pour l’ensemble de la population: nous ne voulons plus adopter le langage et les pratiques de l’administration républicaine aux États-Unis et les intérêts qu’elle sert!

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