mardi, juin 10, 2008

ON SERT LE PÂTÉ CHINOIS

vol.8, no.7, 16-30 juin 2008, $1.00

Enfant, j’accompagnais assez régulièrement ma mère lorsqu’elle allait magasiner au centre-ville de Québec, sur la rue St-Joseph. Un jour, à ma grande surprise, je vis une femme en train de farfouiller dans les vêtements sur des cintres. J’interromps maman: « regarde, est-elle malade?
- Pourquoi me demandes-tu cela?
- Mais son visage… »
Il était assez rond, les yeux bridés et le teint ivoire. Ma mère de me répondre: « C’est une Chinoise! »

Quelle découverte, d’autant plus que même aujourd’hui, presque 50 ans plus tard, il n’y a pas beaucoup d’immigrants à Québec. Au sortir de l’adolescence, je complétai mes études secondaires au St.Patrick’s High School. Ce fut un véritable apprentissage de brassage interethnique. Beaucoup de jeunes Irlandais, de Canadiens-français et aussi de Chinois. Dès la première journée, je me liai d’amitié avec Wu. Un grand garçon sérieux et réservé qui arrivait de Hong Kong; son père était restaurateur dans la Vieille capitale. Mon nouveau camarade voulait se lancer dans les sciences pures. En écrivant ce papier sur la République populaire de Chine, je voulais d’abord parler de mes contacts avec les Chinois que j’ai connu; mais je ne pouvais passer outre aux réalisations de ce grand pays. C’est Wu qui m’y fit penser; enfin son souvenir. Il est peut-être physicien aujourd’hui ou quelque chose du genre.

Il aurait de quoi être fier de la station spatiale lancée par la Chine en mai qui va relayer des informations dès le lancement de la mission spatiale habitée Shenzhou VII prévue pour le second semestre de 2008.

Peut-être s’intéresse-t-il à l’étude des océans? Alors, il sera servi avec le périple de 250 jours entamé par une équipe de 145 scientifiques chinois qui ont pris la mer dans le Pacifique; le retour se fera en janvier 2009 à Qindao, une cité portuaire de l’est de la Chine. Bref, l’agence de presse Xinhua (Chine nouvelle) abonde de ce genre d’informations. On comprendra que les Chinois rencontrés sont des bûcheurs et des gens déterminés à progresser.

Je l’avais noté à l’école secondaire. Ces élèves travaillaient fort. Ils veulent réussir. C’est, sans doute, une des raisons pour laquelle la ville de Beijing a postulé pour organiser les Jeux olympiques en août 2008. On a très largement sous-estimé les Chinois dans le passé, y compris au Canada. Les constructeurs du chemin de fer reliant l’ouest à l’est canadien ont eu besoin de leurs bras. Une fois l’œuvre achevée, on s’est dépêché de les renvoyer dans leur pays ou encore de créer d’innombrables tracasseries bureaucratiques pour empêcher la réconciliation des familles.

C’est sûrement une explication pour justifier leur vie en ghetto que l’on désigne sous le vocable de « chinatown ». D’ailleurs, c’est dans le quartier chinois de Montréal que j’ai connu mon professeur de langue chinoise. Fraîchement arrivée au Canada, elle travaillait comme serveuse dans un restaurant chinois. On parla peu, mais juste assez pour qu’elle me dise qu’elle donnait des cours de mandarin. Elle s’appelait Rong Xing. Très jolie jeune femme, elle enseignait la langue et les coutumes de son pays d’origine. Aujourd’hui, elle a sa propre entreprise de traduction: parfaite maîtrise du français, de l’anglais, du mandarin et du cantonnais. Maintenant, sa famille est de nouveau réunie, mais ici au Québec. Et elle est solidaire des personnes qui sont dans le besoin…

Pour revenir à la Chine, on doit ajouter que le passé les intéresse tout autant que l’avenir. Ainsi la région autonome de Mongolie, située dans le nord du pays, a entrepris un vaste projet qui vise à restaurer la Grande Muraille qui couvre 20 000 kilomètres (sic) dans cette région. Tout le battage médiatique eu égard au Tibet démontre que le gouvernement central donne beaucoup de latitude aux régions pour qu’elles investissent dans des projets qu’elles ont à cœur, même si parfois, il y a un décalage économique avec le centre. Le gouvernement chinois s’est expliqué sur ce sujet. La Vie Réelle en a fait écho. Non pas pour gommer les faits: ce que ne font pas les autorités chinoises; mais plutôt pour donner une information équilibrée et documentée sur la Chine d’aujourd’hui et du Tibet contemporain.

La liberté de presse

La grande presse internationale et les mass média privés et… ô surprise! publics, ne se sont pas gênés pour vilipender l’attitude du gouvernement chinois eu égard aux « événements » au Tibet. Voyons un autre « problème »… Comme beaucoup le savent, des élections se sont déroulées en Italie à la mi-avril. Les communistes ne sont plus représentés au parlement pour la première fois depuis la libération en 1945. Comme le dit, avec amertume, le secrétaire national du Parti des communistes italiens, Oliviero Diliberto, à l’hebdomadaire la Rinascita della sinistra : « ceux qui ne sont pas représentés au parlement, n’ont plus le droit de développer leurs idées sur la tribune télévisuelle. » Est-ce que ce droit a jamais existé au Canada? Le journal italien dénonce le fait que « nous assistons au développement d’une télévision qui ne donne la parole qu’à certains sujets et qu’à certaines forces politiques… »

Pendant ce temps, le même journal s’inspire d’un sondage mené par le Financial Times auprès de 8 700 citoyens de France, d’Italie, d’Allemagne, d’Espagne, d’Angleterre, des USA, de Chine et du Japon, où ces personnes affirment que « la fiscalité générale est un instrument social qui obligeraient les riches à payer plus de taxes ». De ce nombre, 60% estiment que le gouvernement doit hausser les taxes de ceux-ci. Une étude de la Banque des règlements internationaux, d’il y a environ un an, soutient que « les profits sont à un niveau inhabituellement élevés; les salaires à un niveau inhabituellement bas. » N’est-ce pas la situation au Canada, malgré la relative prospérité due au boom pétrolier? Les mass média: tabou!

Le tremblement de terre

Le 24 mai, la Presse canadienne, citant le gouvernement chinois, annonçait sobrement que le tremblement de terre en Chine a fait 60 560 morts, 26 221 disparus et [245 000 blessés, en date du 19 mai].

« Le Canada pleure avec la Chine les dizaines de milliers de personnes qui ont perdu la vie. Nous souhaitons un prompt rétablissement à tous les blessés […] Le peuple canadien soutiendra le peuple chinois, en pensée et en prière, tout au long de cette épreuve. J’ai écrit au Président Hu pour lui transmettre mes condoléances et louer les efforts de sauvetage rapides et transparents qui ont été déployés et les élans de solidarité manifestés par le peuple chinois. » Le premier ministre Stephen Harper s’est ainsi exprimé par voie de communiqué; c’était de bon ton. Son homologue chinois, Wen Jiabao, s’était rendu sur les lieux de l’épicentre auparavant.

Les autorités chinoises ont ouvert grandes les portes à tous ceux qui ont bien voulu les aider. Mais les Jeux olympiques ne sont pas un prix de consolation. Car, après une telle épreuve, les êtres humains, sont portés à se replier sur eux-mêmes, afin de pleurer et maudire le mauvais sort, dans la solitude. On n’aime pas en général révéler nos faiblesses. Malgré tout, les sportifs du monde entier et les peuples en général voudront que les Jeux aient lieu avec un succès éclatant à Beijing. Nous désirons voir cette Chine moderne. Les amateurs de sport ont encore en mémoire les minutes incroyables qui ont marqué la fin des Jeux olympiques d’Athènes en 2004 où s’est illustrée la jeunesse sportive de la République populaire de Chine. Que le meilleur gagne! Et nos athlètes canadiens sont bien préparés pour le faire. Xié Xié!
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