jeudi, mars 02, 2006

MARS 2006, vol. 6, no. 3

Pas fous, mais sûrement aliénés


Au terme d’une visite qui aura duré une semaine à Montréal, la rédactrice-en-chef de l’hebdomadaire communiste People’s Weekly World a donné une conférence de presse dans un restaurant du centre-ville.
Un journaliste québécois l’a présentée :
"Chers amis et collègues, en tant que porte-parole d’un groupe de journalistes pigistes, il nous a fait plaisir de recevoir l’envoyée spéciale du PWW. Elle répondra à vos questions en anglais, mais elle a des connaissances de base en français". Alors nous commençons sans plus tarder :
"Au fait qui avez-vous rencontré lors de votre séjour ici à Montréal?
-J’ai rencontré des représentants de groupes populaires, de syndicats, de partis politiques et d’églises, dont l’église catholique, ainsi que de milieux d’affaires.
-C’est un peu surprenant de la part d’un journal qui se dit communiste, à tout le moins de gauche.
-Ce n’est pas étonnant quand on tâte la force des conglomérats financiers et industriels de mon pays; on sait tout de suite qu’est-ce que ça signifie l’union des forces patriotiques.
Le modérateur : "passons à une autre question, histoire de donner une chance à tous…"
-Avec le déclin du syndicalisme aux USA, pouvez-vous prévoir la même chose au Canada?
-Pas vraiment. Je pense que c’est circonstanciel. Les campagnes assez vicieuses de la droite, notamment dans les mass-média, le manque de leadership de certains chefs syndicaux et la possibilité de soudoyer une aristocratie ouvrière a favorisé cette relative débandade. Il revient à la presse ouvrière de stimuler l’organisation des travailleurs, surtout des jeunes, des femmes et des immigrants.
Une autre question :
" Quelle est votre opinion sur la guerre en Irak?
-Nos jeunes doivent revenir au pays immédiatement et nous devons envoyer là-bas l’argent nécessaire à la reconstruction de l’Irak. Cette guerre insensée doit cesser. Nous étions contre avant, nous sommes contre maintenant et nous serons contre après.
-Est-ce que ce n’est pas là un aspect de la mondialisation?
-Vous avez raison. Déjà le dirigeant russe, Lénine, prévoyait que l’impérialisme serait le dernier stade du capitalisme. Deux guerres mondiales ont suivi et ont en quelque sorte retardé la marche au niveau économique. Maintenant, nous avons les deux pieds dedans… Parce que je suis étatsunienne, je combats énergiquement dans mon journal le rôle que joue les USA dans cette mondialisation. J’aspire à un monde de paix, d’égalité et de progrès. Il en va de même pour le parti communiste des Etats-Unis.
Le modérateur : "je vois une main levée derrière".
-Lors de votre séjour au Québec, vous avez sans doute discuté de la place de celui-ci au sein de la confédération canadienne. Où vous situez-vous par rapport à cela?
-Tout comme les communistes à travers le monde, nous soutenons le droit de la nation du Québec à l’auto-détermination jusque et y compris au droit de sécession. C’est une question de principe. Toutefois, nous ne voulons pas intervenir dans le débat et nous savons aussi que le parti communiste du Québec bataille ferme pour maintenir l’unité du Canada dans un nouveau cadre où les deux nations seraient égales politiquement. C’est à eux qu’il faut le demander. Quant à nous, nous ne pouvons pas nous fermer les yeux devant les agissements des multinationales d’origine étatsunienne au Québec, dont Wal-Mart qui a fermé ses portes à Jonquière. La solidarité des travailleurs, c’est précieux et cela doit se manifester concrètement. Il reste à voir ce que fera ce nouveau parti, le Québec solidaire, dont nous avons lu quelques documents. Je n’irai pas plus loin, vous avez suffisamment à digérer l’ingérence des milieux dirigeants de Washington pour que j’en rajoute. Merci beaucoup et je terminerai en disant que le People’s Weekly World est publié à 20 000 exemplaires à partir de son équipe éditoriale à Chicago avec un supplément en espagnol. Abonnez-vous!»