samedi, décembre 03, 2005

DECEMBRE 2005, vol. 5, no. 7

L’ENFANT ET LA COLOMBE


L’enfant s’endort, c’est le crépuscule. Soudain, un grand bruit et des lueurs qui s’élèvent dans la nuit chaude. Le petit se réveille. Est-ce un de ces fameux feux d’artifice dont lui parle si souvent sa mère pour le rassurer?
Mais dans la pénombre, bien réveillé, il ‘avance et ouvre la fenêtre : ça pue le diesel et la chair grillée. Et le feu d’artifice n’est pas tellement spectaculaire, noyé dans la fumée noire épaisse. Le gamin, Ahmed, entend tous les bruits de la ville qui dormait aussi, puisque c’est le Ramadan.
Il n’y a rien à comprendre : est-ce la fin du jeûne qui est annoncée par les cris et le klaxon des voitures et le hululement des sirènes des pompiers et des policiers? Ahmed ne saurait le dire. Qui pourrait le savoir? L’électricité n’est plus branchée; ni chez lui, ni chez les voisins.
Par l’interstice de la porte de sa chambre, il voit ses parents hébétés. Alors il s’habille et quitte subrepticement la maison pour aller voir ce qui se passe.
Chemin faisant, il voit tout d’un coup une lumière qui flashe devant lui : c’est le jardin des oliviers du grand parc municipal qui débouche sur la mosquée plus loin. Et puis une colombe blanche –est-elle égarée?- se pose sur son épaule. Elle reprit son souffle et, à ce moment, lui dit : "Va, mais sois prudent et demain tut iras par les rues de la ville pour dire que la paix doit revenir et qu’Allah aime tous ses fils, et que ceux-ci doivent ouvrir leurs cœurs. Toi, Ahmed, tu prêcheras ce message à tous et en tous lieux, d’ici jusqu’à ton dernier souffle.."
C’est à ce moment qu’Ahmed se réveilla et entendit sa mère qui lui demandait de venir déjeuner. Elle le regarda : "Tu as une mine réjouie ce matin, Ahmed, mon bel oiseau, à quoi as-tu rêvé?
- J’ai rêvé que la guerre était terminée, maman!"