lundi, décembre 19, 2005

JANVIER 2006, Vol. 6, no. 1

Rencontre avec le grand gourou



«Allo, oui allo! Ah, Chantal, c’est toi, imagine-toi donc que je t’invite le 10 janvier après les Fêtes à LE rencontrer. IL n’aura que sa garde rapprochéee avec LUI. Si tu as des questions, fais les parvenir à sa secrétaire au moins deux ou trois jours avant de le voir et dis que ça vient de moi.
- Je te remercie, Lucien.»

Le 10 janvier 2006

Mes très chers électeurs, cette réunion spontanée ME va droit au cœur. NOUS dirions même plus, NOUS va droit au cœur. Le Bloc s’achemine vers une autre victoire éclatante. Il reste encore un petit effort à faire du côté des jeunes et des travailleurs : ceci explique votre présence ici. Alors agissez; après tout vous savez quoi faire!
S’avance près du microphone la secrétaire du chef, LUI tout de bleu vêtu : «Je crois qu’il n’y a pas de questions, alors passons aux réjouissances…
- Excusez votre Honneur, j’ai déjà 50 ans et j’écris pour les jeunes depuis toujours et je crois qu’ils ne suivent plus les consignes du Bloc. Certains ont des idées anarchistes; un peu comme notre Chef estimé, ils sont motivés par des idées de gauche, tout comme VOUS l’étiez quand VOUS étiez jeune avec les maoïstes.
- Faites les vieillir!
- C’est un peu difficile… Mais puisque VOUS le demandez, je me conformerai à vos attentes, maître adoré.
- Excusez, puisqu’on parle de difficultés, notre journal, même s’il est le plus lu, ne rejoint pas les travailleurs sur cette question. D’accord, ils critiquent les magouilles des Libéraux, mais ils sont d’avis qu’on ne ferait pas mieux si on prenait le pouvoir au Québec. Que faire, ô raisonnée lumière radieuse?
- Surtout ne ME mettez pas en colère. Vous savez que je supporte pas la critique et que je n’ai pas de temps à perdre avec des vétilles… Vous n’avez qu’à suivre l’exemple d’Henri et de nos amis dans la grande centrale syndicale du Québec.
- Mais…
- Il n’y a pas de «mais».
- Nous sommes prèts du but, question de mois et le Québec sera nôtre. A nous le contrôle de l’économie! A nous, le contrôle total de la population.
- Chef chéri, l’interrompt une jeune journaliste, mais ce ne sont pas là les thèmes de la campagne électorale.
- Qu’est-ce que vous dites? Le Bloc, comme d’autres partis dans l’histoire, et même du 20ème siècle, n’a pas à dévoiler ses buts ultimes. Nous agissons , voilà tout. Nous voulons le pouvoir et nous l’aurons. A nous la victoire totale!
Des cris d’allégresse fusèrent de partout et la jeune journaliste quitta les lieux précipitamment, effrayée. Pendant ce temps, l’assemblée fit un grand cercle et tous se serrèrent les uns contre les autres, poussant des cris dans une sarabande folle. Ils étaient heureux. Le grande gourou, descendit de la tribune et se promena vers chacun d’entre eux et condescendit à leur donner l’accolade. Jouissif, il jubilait. Chacun son bonheur!

Le 23 janvier 2006

Le grand bulletin de nouvelles, le Téléjournal de la Société Radio-Canada annonça un recul important du vote en faveur du Bloc québécois et une remontée significative du Parti libéral du Canada. Les autres partis n’ont pas passé la rampe. Mais depuis lors presque tout le monde sait au Québec que gauche ne signifie pas d’être séparatiste comme le Bloc et même de pousser quelques slogans progressistes. Quant au Parti libéral, c’est un parti centriste qui n’a pas la prétention de faire au-delà, mais sûrement pas en-deça de ce qu’il a toujours fait.